Yes men

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The Yes Men

Les Yes Men (Béni-oui-oui) sont deux activistes du canular (Jacques Servin et Igor Vamos, connus sous les pseudonymes de Andy Bichlbaum et Mike Bonanno), qui dénoncent le libéralisme par la caricature.

En se faisant passer pour des intervenants de l'OMC, ils ont entre autres prononcé des discours satiriques sur la privatisation du marché des votes, sur l'apologie de l'esclavage à domicile, qui n'ont pas suscité de réactions particulières de la part des spectateurs et participants présents, si ce n'est des remerciements.

Ils ont ensuite diversifié leurs cibles, parmi lesquelles George W. Bush et le groupe chimique Dow Chemical.

Le 12 novembre 2008, ils ont diffusé à cent mille exemplaires dans les rues de New York un faux numéro du New York Times titrant à la une « Iraq War Ends » (« La guerre en Irak est finie »)[1].

Sommaire

Origine

Les Yes Men font partie des fondateurs du collectif activiste et artistique RTMark qui s'est fait connaître, en 1993, pour avoir échangé les boites vocales de 300 poupées Barbie et G.I. Joe avant de les remettre en magasin. En 1996, ils avaient réussi à faire ajouter au jeu de simulation SimCopter (écoulé à 80 000 exemplaires) des hommes s'embrassant, au nez et à la barbe de Maxis.

Sous le nom de Yes Men, ils se sont fait remarquer avec le site gwbush.com, alors candidat à la présidence, qui était une version légèrement modifiée du site de George W. Bush Jr. Ce dernier avait commenté l'affaire en affirmant qu'il fallait limiter la liberté d'expression sur Internet. Continuant dans le registre de l'imposture, ils utilisent l'ancien nom de l'OMC et créent le site gatt.org, suffisamment proche du site officiel pour leur valoir des propositions d'interventions à des conférences.

Les actions ciblant l'OMC

Les interventions sont filmées, et distribuées commercialement.

Lors de sommet de l'OMC de mai 2000, à Salzbourg, en Autriche, Andy Bichlbaum, intervient sous le nom de Andreas Bichlbauer et fait un exposé alarmiste. Il s'est fait passer pour Hank Hardy Unruh au "Textiles of the Future" à Tampere en Finlande (janvier 2001) pour une intervention spectaculaire.

Privatiser le marché des votes

Sujets abordés :

  • L'éradication des coutumes au nom du libre-échange, en supprimant par exemple les siestes au milieu des horaires de bureau comme cela se fait dans certaines régions d'Espagne ou d'Italie par exemple.
  • La perte de capitaux que représente l'investissement dans le système inefficace des campagnes électorales, et l'avantage que présenterait la vente aux enchères des votes (ancien site vote-auction.com).

Résultat : pas de réactions particulières, si ce n'est des remerciements...

La délocalisation plus rentable que l'esclavage

En 2001, un mail demande à gatt.org l'intervention de l'OMC à une conférence intitulé « Les textiles du futur » en Finlande, les Yes Men répondent à l'appel en poussant jusqu'au grotesque : l'abolition de l'esclavage fut une entrave à la liberté des confédérés. Ils continuent alors en précisant qu'elle aurait de toute façon fini par arriver naturellement. En effet l'esclave coûte cher car il faut le nourrir et l'habiller, alors qu'un employé délocalisé ne coûte qu'un maigre salaire. Aucune réaction ne se fait dans le public jusqu'à la présentation de l'AVE (Appendice de Visualisation des Employés), un accessoire en forme de phallus doré censé être un appareil permettant le contrôle et la soumission totale de l'esclave. Les seules réactions qui suivent sont des éclats de rire, sans que la supercherie ne soit découverte. Plus tard, une femme se dira extrêmement offensée du fait que l'outil ne soit présenté que sous une forme masculine.

Le recyclage des excréments pour le tiers-monde

Devant l'absence de réaction des assemblées, les Yes Men décident de pousser le canular plus loin. Ils le testent sur des étudiants. Lors d'une présentation dans un amphithéâtre, ils distribuent des hamburgers puis énoncent la thèse suivante : la famine dans le tiers monde est un problème pour l'OMC car les personnes qui meurent de faim travaillent mal et produisent peu de richesses. L'OMC propose donc une solution économique : munir les pauvres en filtres permettant de recycler les excréments pour en faire de la nourriture. Ils expliquent qu'un partenariat s'est fait avec McDonald's et qu'il pourrait être judicieux de construire des pipelines important des pays riches la matière première.

Cette fois-ci, l'assemblée réagit, d'autant plus qu'elle apprend que les hamburgers qu'elle mange sont ces produits expérimentaux. Les Yes Men se font huer, quelqu'un élève la voix : « Monsieur, je ne nourrirais même pas mon chien avec ça, et c'est à des êtres humains que vous voulez donner ça ! »

Les Yes Men concluent de ces expériences que les étudiants sont plus intelligents que les précédents parterres de gens qu'une éducation néolibérale a rendu dociles ou inattentifs à n'importe quelle idée qui leur est proposée.

La fin de l'OMC

Les Yes Men, voyant que le canular des excréments est trop gros, décident de le remplacer par un autre, dans la conférence de Sidney qu'ils préparent. À Sidney, ils expliquent que l'OMC a compris que la mondialisation qu'elle voulait avait pour conséquence majeure de fragiliser les plus faibles. Par conséquence, l'OMC va être dissoute pour laisser la place à un organisme qui contrôlera que les entreprises soient responsables envers tous les citoyens du monde.

L'assistance plébiscite la décision et émet même des suggestions pour la nouvelle organisation, comme celle de placer son siège dans un pays du Sud (certains pays ne peuvent pas se payer de bureaux à Genève, là où se trouve le siège de l'OMC). La presse relaie l'information[2] provoquant des réactions auprès de réels responsables officiels[3], avant que l'OMC ne démente l'information.

Autres cibles

George W. Bush

En 2004, les Yes Men, « déguisés » en groupe indépendant appelant à la réélection de George W. Bush, « Yes, Bush Can! » (oui, Bush peut le faire !)[4], ont parcouru les États-Unis dans une camionnette colorée pour, entre autres, encourager les gens à signer un « gage de patriotisme » par lequel ils se portaient volontaires pour accueillir près de chez eux un site de stockage des déchets nucléaires, à envoyer leurs enfants faire la guerre à l'étranger et à abandonner une partie de leurs droits constitutionnels, etc.

Dow Chemicals

Le 3 décembre 2004, vingtième anniversaire de la catastrophe de Bhopal, Andy Bichlbaum apparaît en direct sur la chaîne de télévision BBC World en affirmant s'appeler Jude Finisterra et être un porte-parole de Dow Chemical, géant américain de l'industrie chimique qui a absorbé en 2001 Union Carbide, une compagnie qui détenait 50,09 % de l'usine responsable de la catastrophe de Bhopal qui a fait des dizaines de milliers de morts et d'invalides.

Sur leur faux site Web de Dow[5], les Yes Men avaient commencé par affirmer aussi clairement et nettement que possible que la Dow Chemicals n'avait en aucun cas l'intention de réparer les dommages de la catastrophe. La Dow avait alors été très critiquée et avait nié (tout comme la fausse Dow, celle des Yes Men) cette affirmation, mais sans prendre de mesure concrète. Les Yes Men avaient donc décidé d'augmenter la pression, d'où l'entrée en scène de « Jude Finisterra » annonçant à la télévision que Dow avait prévu de vendre Union Carbide et d'utiliser les 12 milliards de dollars produits par cette vente pour fournir des soins médicaux aux victimes, nettoyer le site et financer des recherches sur les dangers des autres produits de la compagnie. En 23 minutes, les cours de l'action Dow chutent de 2 milliards de dollars[6]. Cette fausse information a été largement répercutée dans les médias pendant deux heures avant d'être démentie par Dow dans un communiqué de presse, ce qui a provoqué une couverture médiatique encore plus importante.

Le 28 avril 2005, lors d'une conférence à Londres devant environ 70 professionnels de la banque, Erastus Hamm, un soi-disant « représentant de Dow », dévoile un calculateur de risque acceptable et la mascotte du risque acceptable, un squelette doré grandeur nature nommé Gilda. Il explique alors que la mort de certains employés est une composante nécessaire de la gestion des intérêts de leur entreprise.

Patrick Balkany

Les Yes Men ont également piégé Patrick Balkany en novembre 2005. Croyant être interviewé en direct par une chaîne de télévision américaine, le député UMP des Hauts-de-Seine affirme alors qu'il n'y a pas de misère en France et que les pauvres vivent très bien. Cet entretien n'a toutefois jamais été diffusé dans son intégralité à la télévision, même s'il a fait le tour du Web[7].

Halliburton

Employant leur tactique habituelle, les Yes Men ont monté un faux site Web[8] ressemblant à celui d'Halliburton, et ont reçu par cet intermédiaire, de la part de personnes confondant ce faux site avec l'officiel, une invitation à une conférence de professionnels de l'assurance se déroulant le 9 mai 2006. Les Yes Men s'y sont rendus en se faisant passer pour des porte-paroles d'Halliburton et ont commencé par mettre en garde leur auditoire contre le réchauffement de la planète avant de présenter une soi-disant invention d'Halliburton, la SurvivaBall (boule de survie), un dispositif gonflable enveloppant destiné à protéger ceux qui l'utilisent des conséquences du réchauffement de la planète. L'auditoire n'a pas tiqué devant l'aspect ridicule de l'objet.

Le Pacte écologique

En mars 2007, les Yes Men se sont fait passer pour des journalistes politiques ultra-réactionnaires d'une télévision de Washington et ont interviewé plusieurs personnalités politiques françaises. Chaque fois, le présentateur, qui simule un duplex transatlantique (mais se trouve en fait dans une pièce voisine), présente au politique un reportage factice dans lequel de grands industriels américains menacent de cesser d'investir en France si le pacte écologique de Nicolas Hulot venait à être mis en œuvre. Outre une menace sur 500 000 emplois, les journalistes américains proposent un plan industriel de transport de glace par avion vers le Groënland, faisant au passage miroiter le fait qu'Airbus pourrait être impliqué dans ce projet de pont aérien.

Trois hommes politiques français ont accepté de participer à l'interview : le député UMP de Paris Claude Goasguen, porte-parole de Nicolas Sarkozy, le député socialiste de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, soutien à Ségolène Royal, et enfin Jean-Marie Cavada, de l'UDF, qui soutenait (à l'époque) François Bayrou.

Jean-Marie Cavada, sans éventer le canular, soulève l'absurdité du projet de pont aérien de transport de glace et explique plutôt fermement à ses interlocuteurs américains les devoirs des États-Unis en matière d'écologie. Claude Bartolone de son côté pense que la France doit tenir tête aux Américains en la matière mais n'est pas choqué par le projet de transport de glace. Claude Goasguen ne tique pas sur le plan américain de refroidissement du Groenland, notant au passage que l'industrie parvient à inventer des solutions rémunératrices pour réparer ses propres bévues, et sous l'insistance du pseudo-journaliste, concède seulement que Nicolas Hulot n'est pas tout mais seulement une partie du futur, et tente de rassurer les hommes d'affaires américains en expliquant que Nicolas Hulot est un journaliste et non un homme politique[9].

ExxonMobil

Le 14 juin 2007, les Yes Men se font passer pour des représentants de Exxon Mobil et du National Petroleum Council (NPC) lors de la plus grande conférence sur le pétrole du Canada (GO-EXPO)[10]. Devant plus de 300 représentants pétroliers, le NPC doit faire part de ses conclusions quant à une étude proposée par le secrétaire américain à l'énergie, Samuel W. Bodman. Le NPC est dirigé par l'ancien président de Exxon Mobil, Lee Raymond, qui est également à la tête de l'étude[11].

Lors de la présentation, le représentant de NPC annonce que les politiques actuelles américaines et canadiennes (notamment l'exploitation massive des sables bitumeux d'Alberta et le développement du charbon liquide) augmentent les risques de catastrophes planétaires. Mais il rassure l'audience, en expliquant que dans le pire des cas, l'industrie pétrolière pourrait continuer son activité (keep fuel flowing) en transformant les milliards de personnes qui meurent en pétrole.

Ce projet, appelé Vivoleum[12] fonctionnerait en totale synergie avec l'extension continue de production de pétrole fossile. Ils proposent alors à leur audience d'allumer des bougies fabriquées à partir d'un ancien employé d'Exxon Mobil. Le public écoute avec attention, allume les bougies et ce n'est que lorsqu'apparaît une vidéo de cet employé, expliquant qu'il voulait être transformé en bougies après sa mort, qu'un responsable de l'événement intervient et les somme de quitter la scène.

Ouragan Katrina

En 2005, après le passage de l'ouragan Katrina, Andy se fait passer pour pour un membre important du ministère du logement et annonce la réouverture de tous les logements sociaux.

Politique israélienne

Les Yes Men[13] lettre au festival du cinéma 2009 de Jérusalem, ils appellent à la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions.

Publications

Sur les conférences relatives à l'OMC sont sortis en France un DVD (The Yes Men) et un livre (Les Yes Men : comment démasquer (en s'amusant un peu) l'imposture néolibérale !, (ISBN 2707145831)).

Notes et références

Articles connexes

Liens externes

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