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Viktor Bout
Viktor Anatolievitch Bout (en russe : Виктор Анатольевич Бут), peut-être né le 13 janvier 1967 à Douchanbé, Tadjikistan[1] actuel, est un des trafiquants d'armes les plus influents et importants au monde. Il est spécialisé dans la vente d'armes dans des pays sous embargo de l'ONU. Il est surnommé « Le marchand de mort » ou « Lord of War »
Profitant de la déréglementation internationale et de la mondialisation économique, Viktor Bout a vendu des armes en recourant à des compagnies aériennes lui assurant la sécurité des livraisons et des relations internationales. Selon des analystes[2], les guerres en Sierra Leone, Liberia, République démocratique du Congo, Angola et Soudan n’auraient pas pu s’étendre et s’entretenir si Viktor Bout n’avait pas apporté des armes.
Sommaire
Officier polyglotte dans l’Armée rouge
Ancien élève de l'Institut militaire des langues étrangères de Moscou (qui forme les officiers du GRU, le renseignement militaire soviétique), il travaille ensuite comme officier dans l'aviation russe[3], comme interprète. Viktor Bout parle russe, farsi, anglais, français, portugais, espagnol, xhosa et zoulou[4].
Militaire à Vitebsk (Biélorussie) lors de l'effondrement de l'URSS et de la dissolution de son unité en 1991, il se reconvertit à 24 ans dans le trafic d'armes[4].
Un trafiquant fréquentable
Bout se fait remarquer sur la scène internationale lorsqu'il s'avéra qu'il fournissait illégalement des armes à de nombreux protagonistes en Afrique dans les années 1990 (Liberia, Sierra Leone, Rwanda, Angola, République démocratique du Congo (où il fournira néanmoins un avion à Mobutu Sese Seko pour lui permettre de fuir)...) et en Afghanistan[3] aux FARC, au Sri Lanka, aux Philippines. Il a également fourni des armes au régime déchu de Charles Taylor au Liberia[5], et est fortement soupçonné d'avoir violé l'embargo sur les armes au Soudan (guerre civile au Darfour). Pendant la guerre civile en Angola, Viktor Bout approvisionne l'UNITA[4], mais aussi l’armée gouvernementale en mines anti-personnelles puis en équipement de déminage[6] Après avoir approvisionné l’Alliance du Nord [réf. nécessaire], il fournit les talibans en armes[5]. Selon le journaliste d’investigation Alain Astaud, Bout a transporté en février 2003 du matériel de déminage pour l’ONG britannique Halo Trust[4].
Néanmoins, en raison de ses considérables capacités logistiques, Bout a quand même été prestataire de services pour transporter hommes et matériels de l’ONU en Somalie (Restore Hope) en 1993, puis en 1994 2 500 soldats français (opération Turquoise au Rwanda, pour acheminer les hommes et le matériel en temps voulu[7]), ou des transports pour le PAM ou les ONG après le tsunami de 2006, et même pour les États-Unis pour la guerre en Afghanistan (jusqu'à fin 2005) et en Irak (plusieurs centaines de vols jusqu'en mars 2005, également affrétés par l’état-major britannique, selon le journaliste Jean-Michel Vernochet[2]), ainsi que pour les firmes de sécurité privée KBR, Halliburton et FedEx en Irak). Il a également collaboré avec l'ONU et le Programme alimentaire mondial[1].
Une organisation impeccable
À la fin de la guerre froide, il a récupéré de nombreux pilotes et une soixantaine d'appareils (Antonovs, Iliouchines, hélicoptères[5]) en Europe de l’Est[2]. En quelques années, Viktor Bout est devenu propriétaire ou utilisait plusieurs compagnies aériennes pour transporter ses armes, comme Air Cess (basée à Sharjah, aux Émirats arabes unis[6]), Aerocom, TransAvia et Centrafican, des avions immatriculés aussi en Belgique, au Kazakhstan, et dans de nombreux pays d’Afrique (Swaziland, Liberia, République centrafricaine, Guinée équatoriale). Il semble avoir disposé d’une soixantaine d’avions, soit la plus grande flotte privée au monde[6]. De part ses contacts professionnels, il assure l’acquisition d’armes dans les stocks de l’ancien bloc de l’Est (Moldavie, Ukraine, Bulgarie), assurant sans intermédiaire leur livraison à ses commanditaires. Plus de mille personnes travaillent pour lui de manière directe ou indirecte[réf. nécessaire].
Des sociétés écrans sont multipliées et permettent de créer dans des pays peu regardants des compagnies aériennes – parfois fictives – et de justifier les vols[2]. Le recours à de faux certificats d’utilisation finale ou des changements de destination en cours de vol permettait d’acheminer les armes. De plus, ses compagnies aériennes transportent également des marchandises totalement licites.
Viktor Bout s'est toujours défini comme un simple homme d'affaires (il a néanmoins fait l’objet de deux tentatives de meurtres en 1998[2]). Il a été interviewé par Peter Landesman pour le Süddeutsche Zeitung le 24 octobre 2003 et également sur la radio russe Écho de Moscou où il déclara « Je n'ai jamais rien fourni ou eu des contacts avec les Talibans ou Al-Qaida ».
Arrêté en Thaïlande par la Drug Enforcement Administration
Faisant l'objet de sanctions de la part de l'ONU et d'un mandat d'arrêt international, il se réfugie en 2001 à Moscou, où il échappe aux tentatives d’arrestation grâce à ses cinq passeports, ses différentes identités et les puissants appuis que dénoncent les enquêteurs belges[5].
À partir de 2002 et d’une plainte de la Belgique pour le blanchiment de 325 millions de dollars, Interpol recherche Viktor Bout. Lors du dépôt d’une demande de sanction au conseil de sécurité des Nations unies contre les trafiquants d’armes, la France cible Viktor Bout mais son nom est retiré par les États-Unis, ainsi qu’en 2004 lors d’une résolution française contre Charles Taylor. Ce n’est qu’en avril 2005, que le Trésor américain gèle ses comptes américains[2].
Viktor Bout a été arrêté en Thaïlande, à Bangkok, le 6 mars 2008, par des agents de la Drug Enforcement Administration qui le soupçonnent d'avoir voulu vendre des missiles sol-air et des lance-roquettes anti-blindage[3] aux FARC[8],[9]. En collaboration avec les polices roumaines, danoises et des Antilles néerlandaises, les agents américains s'étaient fait passer pour des représentants des FARC[10].
Alors que Washington souhaite l’inculper pour terrorisme (aux États-Unis, les FARC sont considérés comme des terroristes[6]), le procureur en chef du Tribunal spécial pour la Sierra Leone a demandé un procès sur l’action de Viktor Bout en Afrique[11] Journal Le Monde du 11 août 2009.
En août 2009, la justice thaïlandaise refuse l'extradition de Viktor Bout vers les États-Unis pour le juger pour trafic d'armes avec les FARC et complot envers les ressortissants américains. Les États-Unis se sont déclarés déçus. Viktor Bout pourrait être relâché prochainement [12]
Dans les médias
- En 2005, le personnage interprété par Nicolas Cage dans le film Lord of War est grandement inspiré par Viktor Bout.
- En 2007, Stephen Braun et Douglas Farah ont publié un livre sur Bout intitulé Merchant of Death: Money, Guns, Planes, and the Man Who Makes War Possible (Le Marchand de mort, argent, armes, avions et l’homme qui rend les guerres possibles).
- En 2009, Viktor Bout : le trafiquant qui a armé le monde, Un documentaire de Tom Mangold (diffusé par: la BBC en Grande Bretagne, Canal + en France).
Notes et références
- ↑ a et b Viktor Bout, « le marchand de la mort », évite une extradition vers les États-Unis, Le Monde, 13 août 2009
- ↑ a , b , c , d , e et f Jean-Michel Vernochet,Le marchand de mort le plus puissant du monde s’appelle Victor Bout, Mondialisation.ca, 6 février 2007
- ↑ a , b et c « Le marchand d'armes russe Viktor Bout arrêté en Thaïlande ». Dépêche Reuters du 7 mars 2008, par Nopporn Wong-Anan.Lire en ligne sur le site de Libération.
- ↑ a , b , c et d A Bout portant, par Alain Astaud sur amnistia.net
- ↑ a , b , c et d Benjamin Valverde, Le Trafic illicite d'armes légères, travail universitaire de DESS de géopolitique, université Paris-I Panthéon-Sorbonne/ENS, 2004, p.65
- ↑ a , b , c et d Saïd Aït-Hatrit, Viktor Bout, « marchand de mort » de l’Afrique, interpellé en Thaïlande, Afrik, 7 mars 2008 .
- ↑ Laurent Léger, Trafic d’armes, Bout Turquoise, Bakchich, 20 septembre 2006
- ↑ (en) Russian Charged With Trying to Sell Arms, The New York Times, 7 mars 2008
- ↑ Le « marchand de mort » est arrêté en Thaïlande, Le Devoir, 7 mars 2008
- ↑ « Un géant du trafic d'armes arrêté à Bangkok », Libération, vendredi 7 mars 2008. Lire en-ligne
- ↑ Canoe.com, Détention prolongée pour Viktor Bout en Thaïlande.
- ↑ Journal Le Monde du 12 août 2009
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