- Tueur d'enfants
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Infanticide
Le terme infanticide appartient au vocabulaire juridique et désigne à la fois le meurtre d'un enfant, particulièrement d'un nouveau-né, et l'auteur d'un tel acte.
Par extension, on parle également d'infanticide en zoologie pour désigner la même pratique dans le règne animal.
Sommaire
Infanticide chez l'homme
Différents types d'infanticides
- Le filicide[1], qui vient du latin filius (fils), est le meurtre par un père ou une mère de son propre enfant. Il peut également désigner le meurtrier. Dans certaines cultures, il arrive souvent à un parent d'assassiner sa fille lorsque l'on considère qu'elle a déshonoré sa famille (voir crime d'honneur).
- Le néonaticide[2] désigne l'homicide d'un enfant né depuis moins de 24 heures. Ce crime est commis presque exclusivement par la mère de l'enfant.
Dans l'histoire
Infanticide dans l'Antiquité[3]
- En Grèce, le βρεφοκτονία désignait le meurtre d'un enfant en bas âge commis soit par un de ses parents soit par une personne responsable de l'enfant. L'infanticide était considéré comme un homicide. Souillé par son acte, le criminel devenait un excommunié (προστρόπαιος ou αλάστωρ) forcé d'aller se purifier à l'étranger. La loi condamnait alors son auteur à l'exil et lui interdisait d'assister aux funérailles de sa victime.
L'infanticide était pratiqué à Sparte sur les jeunes garçons qui semblaient incapables de défendre la cité.
- A Rome, le droit romain ne disposait pas de terme technique propre pour désigner l'infanticide. Infanticidium et infanticidia, qui sont les racines étymologiques du mot en français, sont des termes qui viennent du bas latin. À Rome, on ne conservait en général que la fille aînée. La mention de deux filles dans une famille romaine est tout à fait exceptionnelle. «Tous les juristes ont relevé ce qu’on appelle la disparition forcée des cadette[4]». Chez les garçons, il fallait qu’il soit jugé chétif ou victime d’une malformation. Ce n’est qu’à la fin du IVe siècle que le droit de vie et mort sur ses enfants est retiré au pater familias.
En ce qui concerne la vie du nouveau-né, le monde grec et romain, comme le rapporte R. Étienne[5], n’en ont jamais fait grand cas. «La médecine antique semble avoir fait peu de cas de la vie du nouveau-né. Hippocrate pose comme naturelle la question de savoir "quels enfants il convient d'élever". Soranos, sans s'émouvoir, définit la puériculture comme l'art de décider "quels sont les nouveau-nés qui méritent qu'on les élève". Cette impitoyable sélection ne caractérise pas seulement une attitude scientifique, mais également celle d'une société tout entière. En effet, Cicéron, que l'on ne peut accuser d'inhumanité, pensait que la mort d'un enfant se supporte aequo animo (d'une âme égale). Sénèque jugeait raisonnable la noyade des enfants débiles et faibles. Tacite qualifie d'excentrique la coutume des Juifs à ne vouloir supprimer aucun nourrisson; et quand Justin évoque le respect des chrétiens pour la vie de l'enfant il précise: "fût-il nouveau-né".»
Infanticide au Moyen-âge
Infanticide contemporain
En Inde et en Chine Après avoir été fréquent durant des siècles en Inde et en Chine, l'infanticide des filles reste pratiqué aujourd'hui, mais de manière marginale, dans ces deux pays. La naissance d’une fille est en effet considérée comme une honte, et en Inde, de plus, comme un désastre financier, puisque ses parents doivent, pour la marier, payer une forte dot. Depuis les années 80, les parents sélectionnent donc les naissances par l’échographie et l’avortement, afin de donner le jour à des garçons (voir l'article sur la démographie de l'Inde). Mais l’infanticide postnatal n’a pas totalement disparu : aujourd’hui, dans les campagnes de l'Inde, on trouve encore des bébés filles empoisonnées ou étouffées. En outre, les négligences volontaires dont elles sont l’objet (manque de soins et de nourriture) expliquent que les fillettes ont une mortalité infantile bien supérieure à celle des garçons.[6]
Chez les indiens d'Amazonie Dans plusieurs tribus amazoniennes telles que les Suruuarras ou les Yanomamis, l'infanticide des individus très faibles ou mal formés évite à la communauté de porter le poids de membres qui seront très peu utiles à la vie du groupe. Chez les Suruuarras, l'exécution doit être effectué par les parents. Aujourd'hui certains anthropologues défendent cette pratique au nom de la culture indienne. Mais plusieurs députés du gouvernement brésilien ainsi que des membres d'organisations représentant des ethnies indiennes veulent voir interdire cette pratique. [7]
Infanticide dans le règne animal
Dans le règne animal, l'infanticide est relativement courant de la part des mâles, en particulier dans les espèces polygynes. Ce comportement s'explique par la théorie de l'évolution : le mâle s'assure par ce biais que les enfants dont il aura la charge sont bien ses descendants.
Dans les espèces strictement polygynes dans lesquelles les femelles se reproduisent avec un seul mâle dit mâle dominant ou mâle alpha, il arrive souvent que, lorsque ce mâle est détrôné par un autre mâle à la tête du groupe, ce dernier tue les petits du groupe qu'il rejoint. Ces infanticides peuvent être l'occasion de combats entre les mères du groupe et le nouveau mâle dominant, mais le mâle (souvent plus fort) l'emporte généralement.
La théorie de l'évolution pourrait expliquer ce comportement: en effet, l'évolution favoriserait les individus engendrant le maximum de descendants. Or, les femelles qui élèvent un petit ne sont en général pas sexuellement réceptives. Pour pouvoir se reproduire pendant qu'il a le statut de mâle dominant, le mâle va donc tuer les petits des femelles du groupe. N'étant plus occupées par l'éducation de leur(s) jeune(s), celles-ci redeviennent fécondables et retrouvent un œstrus permettant au mâle de s'accoupler avec elles et ainsi de transmettre ses gènes à la génération suivante. C'est l'un des exemples biologiques de la guerre des sexes ou co-evolution antagoniste.
À l'inverse, une fois qu'il s'est assuré qu'il est le père des petits du groupe, le mâle dominant aura tendance à les protéger des attaques des autres prédateurs.
Cependant, l'infanticide de la part des femelles existe aussi. D'une part, celles-ci peuvent tuer un jeune malformé ou malade afin de ne pas mettre en danger la vie des autres jeunes de la portée ; d'autre part, lors des combats entre groupes rivaux, les femelles et les mâles n'hésitent pas à tuer les petits de leurs adversaires. En fait, l'infanticide a été documenté chez de très nombreuses espèces depuis les primates (chimpanzés, gorilles), les carnivores (putois, lions), les zèbres, jusqu'aux écureuils terrestres américains, grenouilles, crapauds, grands dauphins[8] et aux corneilles, aux goélands etc. Néanmoins, le comportement de certains mâles tueurs reste encore sujet à controverse et pourrait aussi résulter du conflit sexuel.
Articles connexes
Références
- ↑ http://en.wikipedia.org/wiki/Filicide
- ↑ Érudit | SMQ v28 n2 2003 : Dubé : Cinq cas de néonaticide au Québec
- ↑ Voir "Infanticidium" article du Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio.
- ↑ Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Paris, Ed. Stock, 1980, p. 22.
- ↑ Voir: Robert Étienne, «La Conscience médicale antique et la vie des enfants», Annales de démographie historique, 1973, numéro consacré à Enfant et Société.
- ↑ « Quand les femmes auront disparu. L’élimination des filles en Inde et en Asie », Bénédicte Manier, enquête publiée aux éditions La Découverte en 2006.
- ↑ Courrier International n°878 page 17
- ↑ (en) Andrew Read, Porpoises, Voyageur Press, 1999 (ISBN 089658420-8)
Liens externes
- Videos d'un lion tuant les lionceaux d'un autre mâle : [1] (attention, ces vidéos peuvent choquer les personnes sensibles)
- Portail de la zoologie
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