Transport en République de Moldavie

Transport en République de Moldavie

Cet article présente la situation des infrastructures de transport en République de Moldavie. Plus précisément, l'article décrit l'état des infrastructures actuelles, leurs faiblesses et les projets pour y remédier.

Train en Moldavie, 2006

Sommaire

Introduction

Latout majeur de la Moldavie est sa situation géographique

« La Moldavie est à la croisée des chemins », comme lindique Florent Parmentier dans son ouvrageModèle:La Moldavie à la croisée des chemins, 2003 de 2003. Le pays se situe dans le sud-est européen, aux confins des Balkans, encastré entre les Carpates, les grandes plaines ukrainiennes et la Mer Noire.

Cela signifie quelle se trouve au cœur dune zone géostratégique de premier ordre. Le fait que, dans lHistoire, elle ait été disputée par les grandes puissances autour delle le prouve. De plus, la présence militaire russe en Transnistrie nest pas anodine : elle permet à Moscou de garder un œil vigilant sur l'imprévisible Ukraine. Par ailleurs, si les États-Unis décidaient d'installer des bases militaires américaines sur le littoral roumain de la mer Noire, la présence de soldats russes en Transnistrie pourrait rééquilibrer la donne stratégique.

La région est aussi le carrefour de trois civilisations : la latinité, le monde slave et la civilisation musulmane. La proximité de la Mer Noire lui offre une ouverture sur le bassin économique de lAsie centrale et par extension sur la route de la soie. Il suffit de sy rendre pour se rendre compte de la diversité ethnique, linguistique et culturelle du pays (65 % de Roumains, 27 % de Russes et dUkrainiens, 8 % de minorités : Gagaouzes, Juifs, Allemands, Bulgares). Ce brassage de cultures est un indicateur de lintérêt porté à cette région depuis longtemps et dans une moindre mesure la trace des grandes vagues migratoires organisées sous Staline.

Cette situation géographique est un atout pour la Moldavie. Elle pourrait lui permettre, grâce à une politique dintégration dans les grands programmes européens et de la CEI, dêtre le lien entre les deux Europes et avec lAsie, en offrant une alternative aux grandes routes maritimes (canal de Suez).

La donne internationale actuelle[Quand ?]

Du point de vue de Guy-Pierre Chomette[ ?], la Moldavie fait partie de « lautre Europe », celle de lEst, repoussée derrière le « nouveau rideau de fer » que lUnion risque de créer. Le constat de ce journaliste est quau terme de son élargissement, en 2007, l'Union possédera une nouvelle frontière orientale :

« Une nouvelle ligne de partage du continent va donc se dessiner. Même si elle n'est en rien comparable au Rideau de Fer, fracture douloureuse qui a opposé l'Ouest et l'Est de l'Europe pendant quarante ans, cette future limite orientale de l'Union européenne crée de nouveaux enjeux et soulève déjà de nombreuses questions. Elle va notamment souligner les divisions économiques et commerciales de part et d'autre et bouleverser des relations de voisinage progressivement rétablies depuis 1989. »

La position de la Moldavie est dautant plus délicate sur cette nouvelle carte que ses débouchés vers lEst (Ukraine, Russie) passent obligatoirement par la Transnistrie, région sécessionniste à majorité russophone, ce qui fragilise ses échanges.

Ce serait donc un pays totalement isolé que nous risquons de trouver aux frontières de l'Union Européenne avec les dangers que cela comporte : émigration clandestine massive, frustrations voire extrémismes.

Lenclave moldave

L'actuelle Moldavie correspond à l'ancienne République socialiste soviétique de Moldavie qui a proclamé son indépendance le 27 août 1991 dans les mêmes frontières, délimitées par Staline en 1940 et confirmées en 1947 par le traité de Paris. Celle-ci ne couvre que 32 % de la principauté roumaine moldave médiévale (Bessarabie et Bucovine) et se trouve amputée au sud de son accès à la mer Noire et affublée à lEst dune bande de terre auparavant ukrainienne, la Transnistrie. Il sagissait dune volonté délibérée des autorités de Moscou pour empêcher le retour de la province dans le giron roumain. De plus, si lon écarte la Transnistrie, on remarque que le pays est encerclé par deux fleuves : le Prout et le Dniestr, accentuant son isolement.

La Moldavie est donc une enclave, au sens d'absence d'accès au marché dans un espace donné. Cette absence peut être d'ordre matériel (obstacles aux communications) ou économique (coût de transport prohibitifs) conduisant à des effets d'isolement assez analogues à ceux provoqués par l'insularité. En Moldavie, le phénomène denclavement est à deux causes :

  • linsuffisance dinfrastructures, de points-frontières (actuellement, les délais dattente sont de 6 h avec la Roumanie et de 8 h avec lUkraine)
  • le manque de trésorerie des particuliers mais aussi des entreprises qui nont souvent même pas le choix du mode (situations monopolistiques).

Lenclavement est une catégorie spatiale de référence. Mais, à force den user sans précaution, la question de sa pertinence finit par se poser. Il est donc nécessaire den ressaisir rigoureusement les significations. Ce travail théorique est un préalable à létude des territoires dits « enclavés », identifiés généralement par leur éloignement des réseaux dynamiques. Cette investigation trouve un champ dapplication fécond en République de Moldavie. Posé comme la condition des difficultés de développement qui y sont concentrées, lenclavement nest pas un attribut spatial qui donnerait une identité aux territoires concernés par rapport à une position continentale. Cest un processus fondé sur des discontinuités produites par des mécanismes historiques et qui aboutit à des inversions territoriales. Ce sont les stratégies des acteurs publics qui suscitent lenclavement, mais ces stratégies sont réversibles.

Aéroport de Chisinau

En effet, les politiques pro-roumaines et pro-soviétiques se sont succédé dans l'histoire et l'inversement territorial de la Moldavie est aujourd'hui vérifiable :

  • il nexiste plus louverture maritime du temps de la Bessarabie ;
  • les connexions historiques avec la Roumanie sont devenues rares ;
  • les incompatibilités techniques demeurent, en particulier dans les chemins de fer (gabarits et électrification) ;
  • seul, laéroport de Chișinău permet un accès au ciel européen mais il est en concurrence avec laéroport de Iași, capitale provinciale de la Moldavie roumaine.

En termes dinfrastructures, la Moldavie ne peut être facilement identifiée :

  • comme État indépendant, car son réseau nest pas complètement structuré autour dun point précis ;
  • comme un territoire roumain, car les réseaux des deux pays sont peu reliés entre eux ;
  • comme un « finisterre » russe ou soviétique, car ce réseau ne ressemble pas complètement à une terminaison de lignes.

C'est le « paradoxe moldave » : celui d'être au cœur de l'Europe, au sens géographique du terme, et d'avoir été mis à l'écart du processus de développement continental, faute de structures et à cause de politiques contradictoires.

Leffet structurant des transports

Laction de désenclaver est donc une volonté politique, assortie ou non dune viabilité économique. Dun point de vue politique, leffet structurant des transports se traduit dabord territorialement : ils assurent la continuité territoriale et lunité du pays. Dailleurs, malgré son autonomie, si la Transnistrie est toujours « moldave » et non indépendante, cest en partie grâce aux liens physiques qui relient son réseau au reste de la Moldavie mais peu à lUkraine. Cest le résultat du plan soviétique des transports qui conférait à la RSS de Moldavie une identité territoriale propre en cherchant par tous les moyens à les différencier des Roumains.

Pour les décideurs politiques daujourdhui, il sagit dinverser ce phénomène en recréant les liens historiques entre la Moldavie et ses pays voisins. En effet, avant 1940, la rive droite du Dniestr était roumaine et sa rive gauche, ukrainienne. Le fait que ces deux parties se retrouvent dans une entité territoriale unique est une chance. La Transnistrie peut jouer le rôle de lien avec la CEI et la Moldavie occidentale avec lUnion élargie de 2007. Le préalable indispensable à ce type de projet est la stabilité interne de la Moldavie, en particulier en ce qui concerne le statut de la Transnistrie sécessionniste .

Le désenclavement de la Moldavie, pays de petite taille, doit donc se faire dans le cadre dune cohérence territoriale régionale pour assurer sa pertinence économique, au-delà du pacte de stabilité de lEurope du Sud-Est : une zone déchanges comprenant la Moldavie, la Roumanie et lUkraine dans un espace économique plus large qui comprendrait lUnion européenne au 1er janvier 2007, la CEI et le bassin de la mer Noire (Turquie, pays du Caucase).

En plus de sa stabilité politique, le désenclavement de la Moldavie peut donc avoir des conséquences macro-économiques positives, à long terme. Ce désenclavement passe par une politique de transports intégrée à la stratégie européenne (corridors de transport) ainsi quaux programmes de la CEI (couloirs de lOSJD).

État des lieux du réseau et analyse des faiblesses actuelles des infrastructures

Infrastructures internes

Structure des réseaux

Les réseaux routiers et ferroviaires moldaves diffèrent par leur structure et leur répartition géographique. On peut réaliser une analyse comparative entre les deux réseaux afin de comprendre les difficultés de circulation des Moldaves.

La différence entre réseau routier et réseau ferroviaire est frappante en Moldavie, comme sil sagissait de deux pays différents, avec des plans de déplacements distincts. Nous allons voir ce qui explique cette différence.

Réseau routier

Le réseau routier est structuré en « étoile » autour de Chișinău. Ce schéma est à limage de la centralisation politique qui existait dans ce pays avant son indépendance. Ces liaisons permettent dabsorber la majorité du trafic interne actuel, mais risquent de se trouver rapidement saturées.

Dans le détail, les routes principales en Moldavie sont gérées par le Département Routier du Ministère des transports et des communications via l'Administration d'État des Routes divisée en régions (similaires aux DDE en France).

Le réseau routier existant date de la période soviétique. Le réseau des routes locales fut le premier à être formé, et a été ensuite intégré au réseau routier international : le schéma en « étoile » se distingue par quatre grands axes nord-sud et est-ouest avec en plus, un axe latéral allant du nord au sud de la Transnistrie.

Cette structure présente quelques avantages :

  • les communications sont efficaces entre la province et la capitale Chișinău, lieu de décision et de consommation ;
  • Il existe une cohérence territoriale avec un centre et une périphérie.

Mais aussi beaucoup dinconvénients :

  • les infrastructures routières transversales sont assez peu développées avec des routes non goudronnées ou étroites sur lesquelles il est difficile de se croiser. Cette situation ne permet pas de relations importantes entre villes de province ;
  • en labsence de rocade autour de Chișinău, le centre-ville est souvent encombré, phénomène accentué par la présence en plein centre de la gare routière internationale ;
  • la liaison est-ouest pour le trafic de transit nest pas directe et passe par le nord de Chișinău, à un nœud reliant aussi la province de Bălți (M 14, M 21, A 253, secteur de Cricova).

Au 1er octobre 2001, la longueur totale du réseau ouvert à la circulation publique en Moldavie était de 10 500 km, dont 3 200 km de routes nationales (30,5 %) et 7 300 km de routes locales (69,5 %). La densité était de 315 km de routes pour 1 000 km², niveau relativement élevé pour un pays de lex-URSS. Laccès au réseau routier est donc assez facile.

En plus des routes publiques, il faut compter les 10 700 km de routes non publiques (routes et chemins de douaniers, routes privées, chemins agricoles) dont 6 100 km non goudronnées, mais la circulation est possible.

Le réseau public est entièrement propriété de l'État et ne peut pas faire lobjet de privatisation ou de péage, pour linstant. Un système de concession est cependant à létude.

Les routes sont de deux types : routes à grande circulation (M comme Magistrale), servant principalement au transport à longue distance, et routes républicaines (A comme Auto), servant de liaison entre Chișinău et les centres des pouvoirs publics locaux. Lensemble de ces voies de circulation constitue « létoile » du réseau principal.

Dans lhypothèse dun futur développement économique du pays, ce schéma devrait engendrer une saturation de certains axes alors que de grands espaces resteraient non desservis, en particulier les points les plus éloignés de Chișinău.

Avant 1991, la volonté des autorités de la RSS de Moldavie était dunifier les deux composantes territoriales du pays, Moldavie historique et Transnistrie. À cette époque, six grands ponts ont été construits sur le Dniestr, convenablement répartis du nord au sud pour assurer cette unification. Toutefois, ces ponts, de taille modeste, ne permettront pas dabsorber le trafic international en plus du trafic intérieur.

Le réseau ferroviaire

gare de Chișinău

La politique soviétique avait deux objectifs pour ses républiques :

  • lidentité territoriale propre à chacune et qui sest traduit par les réseaux routiers développés autour des capitales notamment en Moldavie par la structure étoilée du réseau ;
  • lintégrité de lensemble soviétique dans son fonctionnement économique planifié et centralisé, qui sest concrétisé par un réseau ferroviaire axé sur le fret et les longues distances, donc construit dans le but unique de faciliter les échanges au sein de lURSS et en particulier avec Moscou.

Au contraire de la route, le réseau ferroviaire ne connaît aucun centre névralgique en Moldavie. Le réseau est dans la continuité du réseau ukrainien et fait fi des frontières en passant dun pays à lautre selon les facilités géographiques, noffrant que trois points de passage vers la Roumanie (dont un seul au gabarit ISO). Cest un schéma de fin de lignes, les chemins de fer moldaves nétant qu'un appendice du réseau ukrainien. De grandes zones ne sont pas desservies par le rail.

La disposition de ce réseau engendre de gros handicaps pour la Moldavie :

  • il nexiste pas daxe principal autour duquel organiser le réseau, puisque laxe le plus développé est celui de UngheniChișinăuTiraspol et nécessite dabord un accord politique avec la Transnistrie ;
  • certains points de province ne sont desservis qualéatoirement ou pas du tout à cause de létat de linfrastructure. Par exemple, pour se rendre à Ocnița, il faut presque 8 h contre 4 h 30 en autocar à cause de la détérioration des voies.
  • il subsiste des problèmes de continuité territoriale et certaines relations Chișinău-province se font dans le cadre dun transport international : chaque voyageur est dans lobligation de posséder un passeport. Le meilleur exemple est la relation Chișinău-Cahul pour laquelle le trajet ferroviaire dure 16 h, contre 4 h en car parce que la voie passe en Transnistrie et en Ukraine.

En outre, Chișinău nest quun lieu de passage parmi dautres. Labsence de chute de ligne ne permet pas à la capitale moldave dassurer le rôle centralisateur quelle possède avec le réseau routier. Cela deviendra une difficulté supplémentaire lors de la structuration du réseau.

Cette situation comporte tout de même deux points positifs :

  • le réseau ferroviaire moldave est parfaitement relié aux réseaux de la CEI, lui assurant un marché en expansion et un accès au port maritime le plus proche, Odessa, ainsi quau Danube ;
  • la présence de voies au gabarit ISO à la frontière dUngheni permet à la Moldavie de rester reliée à la Roumanie en lui assurant un accès vers lextérieur sans passer par la Transnistrie. De plus, en cas de rapprochement entre la Moldavie et lUnion européenne, ou de durcissement avec la Transnistrie, laxe Ungheni-Chișinău deviendrait le « poumon » du pays.

En revanche, la majeure partie des lignes ferroviaires sont à voie unique. Leur exploitation est plus contraignante.

Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut se pencher sur lhistorique de la formation du réseau ferroviaire : le chemin de fer en Bessarabie a été officiellement lancé le 28 août 1871, avec le premier tronçon de l'itinéraire Tiraspol-Chișinău. Cette liaison entre la Bessarabie et les chemins de fer ukrainiens et russes de lépoque a servi de base au développement du système des transports en Moldavie.

Cest à partir de cet axe, aujourdhui le plus développé, que sest construit le réseau moldave pendant la période soviétique. Il a été prolongé jusquà la frontière roumaine (Ungheni) avant que deux autres ramifications ne viennent sy attacher : une au sud-ouest à partir de Tighina et lautre au nord pour rallier Kiev.

Le réseau ferroviaire moldave couvre une longueur utile de 1 139,3 km, dont 13,9 km à l'écartement UIC entre Ungheni et la frontière roumaine. La longueur développée des voies est de 2 318 km (avec les triages, embranchements et voies de service). Au total, ces infrastructures couvrent une superficie de 10 800 hectares. Le densité est de 0,34 km de voie ferrée pour 1 000 km².

Un programme délectrification, abandonné en Moldavie en 1994, a toutefois été mené à bien sur le tronçon Kutchurgan (Ukraine) – Tiraspol afin déviter le changement de locomotive en frontière. Cependant, ce programme ne concerne que la partie transnistrienne de la Moldavie.

Depuis le 30 mars 1992, le chemin de fer national moldave était une administration dépendant du Ministère des Transports et des Routes (maintenant le Ministère des Transports et les Communications). Le 1er janvier 2001, lentreprise publique « CFM » fut créée, avec des charges structurelles sélevant à 4,92 milliards de lei (585 M€) dont 1,764 milliard de lei (209 M€) doit être autofinancé. Lentreprise emploie 12 300 personnes. Les CFM sont constitués de 37 divisions, disposant d'une grande autonomie au sein de lentreprise nationale.

La restructuration se poursuit, avec la séparation de la gestion des infrastructures et de lexploitation ferroviaire et la distinction entre transport de voyageurs et transport de marchandises.

Actuellement[évasif], l'entreprise nationale (EST CFM ), en pleine restructuration, satisfait tout juste les demandes internes en transport de voyageurs et de marchandises, ainsi que le transport international avec les pays de la CEI et le sud-est de l'Europe, principalement la Roumanie et lUkraine.

Les changements géopolitiques de la région et la transition vers l'économie de marché en Europe aussi bien quen Asie mèneront sans aucun doute au développement rapide du processus d'intégration au XXIe siècle à savoir :

  • modernisation des lignes existantes ;
  • participation aux programmes des Corridors Pan-Européens ;
  • doublement des lignes à voie unique ;
  • création dune ligne au gabarit ISO jusquà Chișinău.

Le réseau navigable

En ce qui concerne les voies navigables, la Moldavie possède un petit réseau pouvant être utilisé dans les axes nord-sud et dans le transport international.

Le transport fluvial est y peu développé à cause de labsence de grands fleuves traversant le pays.

Hors Transnistrie, la Moldavie historique est enclavée entre deux fleuves de taille moyenne et peu entretenus :

  • le Prout à louest, qui délimite la frontière avec la Roumanie et qui se jette dans le Danube à Giurgiulești,
  • le Dniestr (ou Nistru en roumain) entre la Moldavie et la Transnistrie, qui se jette dans la mer Noire en Ukraine.

La Moldavie possède 3 ports fluviaux :

  • Ungheni sur le Prout, à 407 km du confluent avec le Danube, et relié à la gare de fret internationale,
  • Tighina / Bender sur le Dniestr en territoire transnistrien à 228 km de lestuaire sur la mer Noire),
  • Rîbnița, sur le Dniestr en territoire moldave, à 434 km de lestuaire.

Au total, la Moldavie compte 1 356 km de voies navigables (dont 716 km sur le Prout et 640 km sur le Dniestr). Les navires supérieurs à 249 TPL y sont proscrits. Le transport fluvial moldave traite environ 50 000 TPL de fret par an, dont la majorité sur le Dniestr.

Les fleuves moldaves présentent le double inconvénient d'être limités dans leur utilisation par leur gabarit et par le fait quils délimitent tous deux des frontières, officielles ou non. Il nexiste dailleurs pas de traité international pour lutilisation de ces fleuves.

De plus, aucun canal est-ouest ne vient relier les deux fleuves, interdisant le trafic de transit de matériaux lourds par la Moldavie. Il nexiste donc pas de réseau structuré de voies navigables en Moldavie.

En fait, le salut de la Moldavie vient du Danube. En 1993, la Moldavie se faisait « rétrocéder » par lUkraine un petit bout de terre à lextrême sud du pays : le village de Giurgiulesti. En effet, Staline avait fait découper les frontières sud de la RSS de Moldavie de façon quelle ne dispose daucun accès à la mer, même via le Danube.

Le gouvernement a décidé dy construire un terminal pétrolier, avec des projets de terminal à marchandises et de port pour passagers dans l'embouchure du Prout. Ce terminal aura une capacité totale de 500 000 tonnes par an.

La Moldavie a rejoint l'Organisation maritime internationale (OMI) et adhère à laccord de Belgrade des pays regroupant les riverains du Danube. Ce premier pas allait servir de base juridique pour le développement du transport maritime en Moldavie. Au début 2001, le parlement a adopté le Code de la navigation commerciale. De plus, le parlement moldave doit ratifier un certain nombre de conventions internationales gérées par lOMI, tel que SOLAS, MARPOL, MPPS, LOAD MARK, PDNV, etc. Cela permettra aux navires moldaves dobtenir tous les certificats de conformité aux normes internationales et le pavillon moldave pourrait être utilisé par la flotte internationale grâce à la souplesse de sa législation et les niveaux de salaires bas, avec les rentrées fiscales sy rapportant.

Létat des infrastructures fluviales constitue un grand point faible pour la Moldavie, qui ne peut pas accueillir de gros tonnages de fret, en particulier en vrac. Par exemple, limportation de céréales ou de pétrole est encore problématique.

Plusieurs points sont donc à améliorer :

  • il faut réhabiliter et entretenir les cours deau existants ainsi que leurs berges ;
  • les ports d'Ungheni et de Tighina / Bender doivent être développés afin de créer des nœuds multimodaux avec le fer et la route ;
  • un traité international est nécessaire pour lutilisation du Prout ;
  • le complexe de Giurgiulesti doit être convenablement relié aux centres de consommation, et en particulier à Chișinău (oléoduc, route M 3) ;
  • un axe fluvial est-ouest est souhaitable pour les trafics de transit entre le Danube et Tiraspol, passant par Chișinău.

Vieillissement des infrastructures

Cimetière ferroviaire en Moldavie

Le manque dinvestissements publics pendant la période de la perestroïka et la transition économique douloureuse de la Moldavie ont eu comme résultat de laisser une infrastructure désuète et sujette à incidents.

La démonstration de la désuétude des infrastructures est simple à faire. En regardant les statistiques de transport depuis 1985 (début de la perestroïka), on constate une diminution chronique du fret et une répartition modale très favorable à la route : en 2001, 46 000 camions, 260 000 voitures et 15 000 autocars étaient enregistrés.

Les tendances principales observées dans l'histoire récente des transports routiers sont :

  • un déclin spectaculaire des volumes de transport depuis 10 ans (réduction de 90 % en volume, de 80 % en tonnes-km et de 85 % en nombre de passagers) ;
  • une augmentation considérable du nombre de voitures (de 170 000 à 260 000 en 6 ans) ;
  • la détérioration progressive des infrastructures en raison du manque de financements (détérioration des revêtements et des trottoirs, absence générale daccotements stabilisés et de signalisation horizontale, qualité médiocre des réparations et niveau dentretien hivernal insuffisant).

Le ralentissement des échanges en termes de fret et la diminution des voyages pour les passagers montrent un manque de confiance dans les infrastructures du pays, aussi bien en termes de qualité que de sécurité et que de coût de transport, devenu au fil du temps très prohibitif.

Lentretien et la réparation des routes est souvent médiocre en raison du sous-financement public chronique aboutissant à une politique dachat de matière première de mauvaise qualité, de sous-qualification des ouvriers et de leur encadrement. Pour la période 2001-2002, le financement total pour les routes locales était d'un million de dollars, ce qui était absolument insuffisant.

Un rapport sur « les conditions des routes, des rues et des ponts », établi après consultation de la population entre novembre 2002 et mars 2003 montre que quasiment toutes les routes du pays (nationales, locales, urbaines et les rues de villages) ainsi que de nombreux ponts sont dans une situation désastreuse et ont un besoin urgent de réparation. La totalité des demandes soumises au ministère dépassait de plus de 8 fois le budget annuel d'entretien des routes du Ministère. Il faut souligner que ces demandes ne concernaient que les besoins absolument urgents.

À la fin des années 1990, la Moldavie était donc un pays à reconstruire dans sa totalité. La chance de cet état de fait est quil était possible de repenser complètement les réseaux afin doffrir aux Moldaves des plans de déplacements adéquats et dintégrer la Moldavie aux grands itinéraires européens.

Le réseau daéroports

Le transport aérien en Moldavie est en grande partie limité au trafic voyageurs. Les volumes aériens en termes de fret sont restés limités en raison dune capacité réduite du traitement du fret. Les grandes expéditions aériennes utilisent les aéroports de Budapest, Bucarest et Francfort avec post-acheminements routiers. Certaines interventions gouvernementales récentes ont affaibli l'industrie, ont limité les initiatives privées et les investissements étrangers dans le transport aérien et les services aéroportuaires .

Il nexiste quun seul aéroport international en Moldavie : celui de Chișinău. Il reçoit en moyenne 5 000 mouvements davions par an et gère 250 000 passagers et 3 000 tonnes de fret. Il peut accueillir jusquà 44 appareils de toutes tailles, les pistes ayant été rallongées et réhabilitées à loccasion du sommet de la CEI en octobre 2002. Il relie les principales capitales européennes, le Proche-Orient, et la CEI.

En dehors de Chișinău, il existe dautres aérodromes non utilisés commercialement, ou seulement pour le fret : Tiraspol et Bălți et une trentaine dautres sites (aérodromes privés, militaires ou en friche), avec ou sans tarmac, vestiges de la guerre froide.

Laéroport de Tiraspol a fait lobjet dune réhabilitation par la Russie pour permettre latterrissage davions gros porteurs de larmée afin dévacuer les armements soviétiques encore présents en Transnistrie. Par la suite, cet aéroport pourra être utilisé commercialement en particulier pour le fret, car les infrastructures militaires mises en place peuvent facilement trouver une application civile sans un gros effort de financement. Tiraspol pourrait alors jouer le rôle de second aéroport du pays, en délestant Chișinău du fret lourd et en développant le partenariat entre les deux aéroports.

De plus, laxe terrestre entre les deux villes (autoroute et chemin de fer) pourra être utilisé et contribuera à lessor de léconomie locale et au rapprochement entre les deux « États moldaves ».

Laéroport de Bălți pourra se spécialiser également, en particulier sur le court-courrier avec les pays proches.

Cette concentration daéroports pour ce petit pays, résultat des investissements militaires soviétiques dans cette région, est une opportunité douverture internationale et pourra permettre le développement des bassins économiques autour des grandes villes, décentralisant ainsi léconomie. Le « hub » régional voyageurs pour les destinations lointaines restant Chișinău.

En effet, Bucarest et Kiev, les capitales les plus proches se trouvent toutes deux à plus de 400 km et leurs droits datterrissage sont beaucoup plus élevés. Lapport des aéroports internationaux de Iasi (Moldavie roumaine) et dOdessa (Ukraine) nest pas non plus à négliger ; en développant laxe terrestre déjà existant.

Cette stratégie de séparation entre le fret et le passage est indispensable au développement moldave, en regard au taux de croissance du trafic international de voyageurs prévu par la CEMT (de 80 à 90 % entre 2000 et 2015). Laéroport de Chișinău, par sa petite taille, risque dêtre saturé avant 2015.

Connexions aux réseaux européens

Peu douvertures existantes

La Moldavie est un pays enclavé aussi bien au niveau géographique (pas daccès maritime) quau niveau des infrastructures (déplacements difficiles). Parmi ces problèmes, on constate labsence chronique de passage vers lextérieur ou leur limitation extrême (pont sur le Prout avec limitation de tonnage, changement de bogies pour les trains) et lobstacle transnistrien vers lest.

Si ce dernier relève de la détermination politique, la question de linfrastructure dépend plus dun manque dinvestissement en équipement :

  • les frontières constituent des goulets détranglement les délais dattente dépassent les six ou huit heures ;
  • les infrastructures sont dangereuses et certains axes sont en surcapacité.

Le manque de points-frontière

Officiellement, trois aéroports moldaves sont un point de sortie autorisé :

  • Chișinău (le seul réellement utilisé) ;
  • Bălți (employé occasionnellement pour le fret) ;
  • Tiraspol (naccueille aucun vol international).

Pour le mode aérien, la frontière de Chișinău est encore suffisante pour traiter la majorité des flux entrants et sortants de la Moldavie. Toutefois, dans lhypothèse de développement du mode, comme expliqué à la page précédente, les services douaniers, sanitaires et dimmigration pourraient se trouver rapidement saturés.

Il en est de même pour les gares ferroviaires, qui ne sont que quatre :

  • Basarabeasca (sud de la Moldavie vers lUkraine, très peu utilisé) ;
  • Cantemir (sud de la Moldavie vers la Roumanie, très peu utilisé) ;
  • Pervomaisc (Transnistrie vers lUkraine, fonctionnement aléatoire) ;
  • Ungheni (Passage obligé vers lEurope, au gabarit ISO).

Les deux premières noffrent un débouché que peu intéressant vers létranger, dans des régions elles-mêmes enclavées ou dont les infrastructures ne permettent pas de rallier les grands axes européens. La troisième, sur la ligne d'Odessa et permettant de rejoindre le reste du réseau de la CEI, se trouve en Transnistrie et ce point-frontière est soumis au bon vouloir de ladministration locale.

Pour la route, les points-frontières, déjà insuffisants pour écouler les flux en 1992, ont été encore diminué par lexistence de la Transnistrie, même si certains flux y transitent encore.

Le transit par la Transnistrie est extrêmement problématique. Le passage en « frontière » y est lent, la corruption active, les vols fréquents. De plus, pour juguler les exportations sauvages et le marché noir, la Moldavie a fait changer les sceaux de ses tampons de douane. La Transnistrie a répondu par une discrimination continue des trafics par de nombreuses barrières tarifaires et administratives, empêchant ou ralentissant tout transit par son territoire des exportations vers lUkraine et la Russie. Cet état de fait est problématique pour la Moldavie qui se prive de nombreux accès vers la CEI, son marché historique. Seul subsiste laccès par Cosăuti (district de Soroca), au nord du pays, distant de plus de 150 km de Chișinău. Cet accès navait pas été prévu pour recevoir la quasi-totalité des échanges entre la Moldavie et le reste de la CEI et jouit dun monopole de passage entre les deux pays. Ce point de convergence est sans cesse encombré. Le taux de fret est souvent revu à la hausse à cause du détour considérable effectué par les transporteurs et de lattente de plus en longue à ce point-frontière.

Pour contourner ce problème, lÉtat Moldave a innové en créant des postes de douane mobiles qui se déplaceraient au gré de la demande sur certains points frontières. De plus, cette brigade spécialisée pourrait rapidement se placer en frontière, le jour venu de la réunification de la Moldavie. Ce projet est soutenu et financé par le programme européen TACIS pour la formation du personnel. Ce projet est encore peu avancé, faute de candidat.

Les incompatibilités techniques

Lenclavement de la Moldavie est aussi au développement de normes à lépoque soviétique qui empêchent aujourdhui les échanges pour cause dincompatibilité technique.

Lexemple le plus frappant est celui de lécartement des voies qui diffère de Moldavie à Roumanie. Le point nodal de Ungheni est fortement encombré tout le long de lannée à cause du temps dattente technique pour le changement des bogies qui vient sajouter au temps administratif de procédures douanières.

Dans l'est de la Moldavie, cest le courant de traction ferroviaire qui pose problème. On change trois fois dénergie : électrique, 15 kV en Ukraine, puis 3 000 V continu en Transnistrie puis traction diesel de Tiraspol à Chișinău. De plus, les locomotives ne sont pas toujours disponibles. Il en résulte une perte moyenne de deux heures en plus du temps dattente administratif.

Sur la route aussi, des barrières techniques se mettent en travers des transporteurs moldaves. Les véhicules Euro 0 de fabrication soviétique nont plus le droit de circuler en Roumanie depuis le 1er janvier 2002, comme dans les autres pays dEurope, alors que le commerce moldave dépend en grande partie de ses échanges avec les régions frontalières.

Les projets : présentation et analyse

Quels axes de développement ?

Il faut insérer la Moldavie dans son double contexte Européen et de la CEI en passant par une politique transport régionale intégrée avec ses voisins directs. Son développement passera par une plus grande ouverture vers de nouveaux partenaires économiques tout en ne renonçant pas aux partenaires historiques.

Dans ses recommandations aux PECO à la suite du rapport « la politique des transports dans les pays d'Europe centrale et orientale », la CEMT note quil faudrait toujours garder à lesprit les dimensions locale, sub-régionale, inter-régionale, nationale et globale du développement du réseau dinfrastructures de transport. En particulier, létude régionale des infrastructures de transport dans les Balkans (TIRS) a été considérée comme un tâche urgente.

Concernant la politique à mener, toujours selon la CEMT, l'élaboration d'une politique de transports devrait tenir compte des prévisions d'évolution de la demande des différents modes de transport. La mobilité personnelle devrait progresser de 40-50 % dans les PECO entre 2000 et 2015 (peut-être un peu plus tard en Moldavie), soit à peu près deux fois plus vite que le taux prévu pour l'UE. Le parc automobile devrait doubler, ce qui se vérifie déjà en Moldavie (voir p. 13), tandis que le volume de transports privés pourrait aller jusqu'à tripler durant cette période. Le taux de croissance prévu des transports publics de voyageurs être inférieur à 10 % et sa part dans la répartition modale devrait encore se contracter. Le taux d'expansion prévu du trafic international de voyageurs devrait avoisiner 80-90 %, trafic qui sera pour l'essentiel acheminé par la route et par voie aérienne. Le taux de croissance prévu du transport de marchandises dans les PECO avoisine 50-60 %, soit une progression très proche de celle prévue dans l'UE, la croissance des transports routiers pourrait atteindre 60-70 % contre 20-30 % pour le transport ferroviaire. L'essor du transport international de marchandises devrait dépasser 100 % : le fret routier pourrait tripler tandis que la progression du fret ferroviaire serait inférieure à 50 %.

La stratégie de la Moldavie en termes dinfrastructure doit donc prendre en compte ces trois objectifs :

  • stratégie interne de croissance économique et de réduction de la pauvreté (SCERP) ;
  • politique économique régionale avec la Roumanie et lUkraine ;
  • transition et croissance économique durable dans la perspective de l'intégration européenne (y compris l'adhésion à l'Union européenne).

Il faut améliorer laccès des moldaves aux grands itinéraires et donc les rapprocher dun accès à une grande infrastructure, laissant le moins possible de régions insularisées par un manque d'équipement.

Concrètement, la Moldavie doit développer ses infrastructures autour de trois axes, eux-mêmes insérés dans les grands projets pan-européens  :

  1. Laxe international Iași / Odessa incluant Chișinău, Tighina et Tiraspol, les trois villes les plus importantes du pays ; ainsi que le point-frontière multimodal de Ungheni, déjà existant. Cet axe sintègre complètement dans le IXe corridor pan-européen.
  2. Laxe international Giurgiulești / Orhei / Rîbnița passant par Chișinău afin de relier le port danubien du pays à la capitale, de désenclaver la région autonome gagaouze et doffrir aux moldaves un axe direct vers Bucarest et Kiev. Cet axe ne sinscrit que dans un objectif politique (désenclavement, rapprochement des capitales) et économique régional : relier Chișinău au VIIe corridor (Danube).
  3. Laxe intérieur Chișinău / Bălți / Edineț, permettant une meilleure coordination et un équilibre national dans le développement : rapprocher la seconde ville du pays à sa capitale, permettre dutiliser laéroport de Bălți et raccorder le nord du pays aux axes internationaux (IXe corridor et « hub » aéroportuaire de Chișinău).

Ces axes généraux permettent de dessiner un premier plan dinfrastructures. Cest un schéma directeur qui permet un développement homogène du pays tout en le faisant tourner résolument vers lextérieur et respecte les contraintes naturelles. Tous les modes sont concernés :

  • aérien avec le réseau daéroports,
  • fluvio-maritime avec le développement de Giurgiulești et le lien vers Odessa et Constanța,
  • routier et ferroviaire avec le développement terrestre des axes et des points nodaux comme les points frontières.

De plus, ce schéma est complémentaire et améliore les infrastructures existantes.

Le financement dinfrastructures internes

Les priorités de financement dans les infrastructures de transport, dépendant des décisions stratégiques du ministère des transports et des communications (MTC) sinscrivent dans une politique plus globale résumée dans la loi-cadre de stratégie nationale ratifiée en 2002 : « Stratégie pour la Croissance Économique et la Réduction de la Pauvreté » (SCERP). Cette loi-cadre est laboutissement des négociations entérinées 3 ans auparavant avec lOSCE, lUE, les États-Unis et la Russie et fait partie intégrante du pacte de stabilité de lEurope du Sud-est.

Les objectifs et les priorités de développement du secteur des transports ont récemment été présentés dans deux ou trois documents stratégiques. Ces documents ont été rédigés avec la contribution de l'administration de route :

  • « Les routes moldaves au XXIe siècle », élaboré à l'initiative du Président pour la période 2003-2015 ;
  • « Concept dintégration et de développement du réseau national dans les corridors Internationaux de transport ». Il est développé sur une période allant jusqu'à 2015 et détermine les principes généraux d'établissement et le développement de grands axes de transport nationaux afin d'intégrer la Moldavie dans le système européen des transports ;
  • « Organisation à moyen terme et développement des transports routiers de passagers dans la République de la Moldavie ». Il a été développé conformément à la stratégie à moyen terme pour le développement économique et social de la Moldavie et détermine les priorités, des décisions stratégiques et des mesures prioritaires pour le développement des transports routiers de passagers jusqu'en 2005.

Voyons dabord un exemple dinvestissement réussi, un projet en cours et enfin la stratégie globale de transport terrestre de la Moldavie pour les prochaines années.

La réussite de laéroport de Chișinău

Aéroport de Chișinău (2008)

Il nexiste quun seul aéroport international en Moldavie : celui de Chișinău. Il reçoit en moyenne 5 000 mouvements davions par an et gère 250 000 passagers et 3 000 tonnes de fret. Il peut accueillir jusquà 44 appareils de toutes tailles. Il relie les principales capitales européennes (Paris, Francfort, Berlin, Varsovie, Budapest et Bucarest entre autres), le Proche-Orient (Tel-Aviv) et la CEI (Minsk, Kiev, Simferopol, Moscou, Saint-Pétersbourg, Rostov sur le Don).

Cet aéroport, construit en 1974 par lURSS, devait être réhabilité pour le rendre conforme aux normes de lOACI et recevoir le statut daéroport international afin dintégrer la Moldavie au réseau de transport aérien international.

La BERD et le gouvernement moldave lancèrent le programme de réhabilitation de laéroport en 1996. Lappel doffres fut remporté par la société turque AKFEN et la britannique HALCROW pour un montant total de 11,5 millions deuros (financement BERD : 74 %). Le programme prévoyait :

  • La réhabilitation du terminal à passagers (y compris une route daccès et le parking) ;
  • Lacquisition et linstallation déquipements aéroportuaires spécialisés ;
  • La fourniture et la mise en place dun système dinformation ;
  • La formation des personnels ;
  • La consultation de projets de services annexes (transports urbains, office de tourisme).

Les travaux durèrent de 1998 à 2000, sans suspendre lexploitation de laéroport.

En 1998, il a accueilli 16 à 18 avions par jour (plus dune trentaine de mouvements) et 160 000 personnes. 400 000 étaient espérés en 2010 par la direction de laéroport. Cette prévision a été fortement revue à la hausse en 2002 avec une crainte dencombrement de laéroport pour 2015.

Par ailleurs, un « intégrateur » célèbre désirait il y a 3 ans installer sa plate-forme régionale à Chișinău pour sa position stratégique entre Europe et Proche-Orient. Les lenteurs administratives ont eu raison de ce projet.

La pertinence du point nodal de Giurgiulești

Ce port, seule ouverture maritime moldave possible, est stratégique à plus dun titre :

  • Il est à la rencontre de deux cultures, de trois frontières et constitue un point de ralliement naturel ;
  • Il permettra une indépendance énergétique de la Moldavie par rapport à la Russie ;
  • Il se trouve au croisement des deux écartements de chemin de fer et dun réseau routier européen ;
  • Il est proche de la mer Noire et de son bassin économique et des grandes routes eurasiennes du programme TRACECA (liaisons avec la Turquie et la Géorgie).

De plus, il est le premier port dimportance du Danube après le Delta et rentre ainsi en concurrence directe avec les ports dOdessa (Ukraine), Varna (Bulgarie), Constanța et Galați (Roumanie) pour attirer les flux de transit entre la mer Noire et le VIIe corridor (Rhin / Main / Danube) surtout en trafic régional vers les Balkans, lEurope centrale voire, dans une moindre mesure vers la mer du Nord.

Dailleurs, linvestissement dans ce port vient à point nommé pour la reprise du trafic sur le Danube, qui avait été longtemps interrompu par la guerre en Yougoslavie en 1993 puis par la reconstruction des ponts et des berges endommagées. Ce trafic ira croissant au fur et à mesure de lintégration des pays du sud-est européen à lUnion européenne. Il est mieux protégé que ses concurrents et pourra accueillir tout type de navire (roulier, vraquier, porte-conteneurs) jusquà 10 000 tonnes de port en lourd et aussi bien des bâtiments fluviaux que maritimes. Son hinterland a une forte capacité de développement. De plus, son statut de zone franche lui permet de faciliter les régimes de transit (transbordements sur reefers vers dautres ports, régimes de perfectionnement, etc.)

Les stratégies en transports terrestres

Avec le système de financement prévu par ladministration moldave, la stratégie globale du SCERP dans le secteur des transport prévoit de dégager les grands axes du pays permettant un développement économique et social égal pour tous ainsi quune gestion moins aléatoire des fonds publics pour lentretien des routes.

Selon l'administration des routes, les objectifs de la stratégie du secteur des infrastructures de transport routier sont :

  • améliorer les conditions du réseau routier existant ;
  • établir un environnement financier et technique adéquat pour élever le réseau routier aux niveau des standards européens ;
  • développer par étapes un réseau routier express. Les objectifs spécifiques à courts et à long terme sont présentés ci-dessous :

Objectifs à court-terme : Objectifs à long-terme (2004-2013: Réadaptation et lentretien du réseau routier pour arrêter sa dégradation ; Élever le réseau routier principal (environ 400 km) au niveau des standards européens ; Changement de la structure législative pour donner à l'administration des routes un statut autonome, avec ses propres ressources financières. Élever au même titre que le réseau principal, le réseau national secondaire (2 000 km) et relever le réseau local (750 km) à des conditions acceptables ; Développer graduellement un réseau routier express sur les axes principaux du pays, en corrélation avec la croissance du trafic interne et de transit.

En relation avec l'élaboration du SCERP, LE MTC a élaboré sa stratégie. Il inclut une vue d'ensemble de l'évolution des infrastructures pendant la transition, avec les difficultés et les solutions, les objectifs et les priorités, les aspects environnementaux.

L'économie de la Moldavie, et ses exportations, sont en grande partie basées sur l'agriculture et l'industrie agro-alimentaire. Un des objectifs principaux de la stratégie du pays est daméliorer l'accès au marché pour les agriculteurs et toute leur filière, augmentant ainsi leur compétitivité. Cela dépend fortement de la qualité de l'infrastructure de transports routiers et les services connexes. En tenant compte de la situation déplorable actuelle de l'infrastructure, elle peut poser une barrière sévère dans l'accomplissement de cet objectif (c'est vrai également pour d'autres buts généraux qui sont liés à la qualité de l'infrastructure). Un traitement superficiel opportun ou un revêtement bitumeux pourraient éviter ou diminuer ces types de problèmes en attendant mieux. De plus, il doit être mentionné que les priorités principales du SCERP dans le secteur des transports concernent non seulement les transports routiers mais aussi les chemins de fer.

Actuellement[Quand ?], les Chemins de fer moldaves possèdent une personnalité juridique (entreprise nationale) et bénéficient dune autonomie financière, managériale et organisationnelle ; elle établit un bilan consolidé à la clôture de chaque exercice. Linfrastructure ferroviaire nest pas encore séparée des services de transport. En 1999, un premier programme de modernisation et de restructuration des chemins de fer a été arrêté par lÉtat et le ministère des finances a effacé une partie des dettes héritées du passé. Des plans dinvestissement visant à développer linfrastructure le long du IXe corridor figurent aux programmes TACIS depuis 1996. Pendant la dernière décennie, la restructuration des chemins de fer a été un phénomène mondial, particulièrement dans les pays entrants dans l'UE (PECO) et ceux de la CEI. En Moldavie, les conditions économiques ne sont pas favorables au transport ferroviaire. Cest un pays de petite taille et peu industrialisé. Le seul facteur positif est quil est un pays de transit (sur le IXe corridor).

Actuellement, les infrastructures des CFM sont un état transitoire (avec des renouvellements de voies ces dernières années), le matériel roulant est âgé, en particulier la traction et la productivité humaine est faible. Les résultats financiers positifs des années 20012003 déguisent un faible niveau d'investissements autant dans les infrastructures, les installations, la traction et le matériel roulant que dans la formation du personnel.

Ces problèmes et le besoin de restructuration qui en découle avaient déjà été inscrits dans le plan de restructuration de 1999. Cependant, ce rapport interne ne donnait pas dobjectifs quantifiables et les responsables pour leur mise en œuvre nétaient pas clairement identifiés. Les avancées réelles ont donc été en dessous des résultats escomptés.

En 2003, en rapport avec le SCERP, lentreprise nationale a entrepris un plan de restructuration approfondi en prenant en compte des processus externe et interne :

  • le processus externe se réfère au développement institutionnel (la réglementation) comme les procédures en frontière et l'accès à l'infrastructure.
  • Le processus interne se concentre sur la transformation par phase de l'organisation des CFM et les transitions spécifiques sy rapportant (investissement, exploitation, commercialisation et gestion).

La modification de la législation est un préalable indispensable à la restructuration. Le développement institutionnel vise à clarifier les rapport entre l'État et les CFM cest-à-dire séparer les fonctions régaliennes et de gestion. De nouveaux rôles et responsabilités ont été clairement définis dans un projet de loi encore en débat en août 2004. Les responsabilités régulatrices de lÉtat seront transférées à une agence spécialisée (une autorité de contrôle), indépendante du ministère des transports. Le projet de la loi comporte aussi clairement la notion de service public (« exécutés dans l'intérêt général » notamment le transport social à bas tarif, financé au budget). Elle comporte également un chapitre sur le libre accès à linfrastructure ferroviaire (principe du Livre Blanc européen) ainsi que les règles relatives à la sous-traitance (contrats de services publics).

Le processus interne expose la mise en œuvre de la réorganisation des CFM avec la séparation de la gestion de l'infrastructure et de lexploitation, la séparation en centres de profits des activités opérationnelles : le fret, le passage, (avec leur matériel de traction et leurs matériel roulant dédiés) et l'administration. Les trois phases de la restructuration interne :

  • phase 1 : réorganisation en pôles structurels de coûts (1 an) ;
  • phase 2 : nouvelle évolution en centres de profits (2 ans) ;
  • phase 3 : Établissement d'unités d'affaires.

Ces unités daffaires auront une gestion propre et indépendante. Leurs interactions pouvant se matérialiser par des imputations à leurs budgets via des jeux décritures comptables, voire facturations internes. Pour ses unités daffaires, les CFM suivront les mesures stratégiques suivantes pour la mise en œuvre de la politique dentreprise :

  • investissements / réformes structurelles (entretien périodique de linfrastructure, leasing des wagons, mise en place dun système dinformation efficace…)
  • révision de lexploitation (fermeture de gares ou de lignes non rentables…)
  • mise en place dune politique marketing (analyse de marché, segmentation des produits, relations clients…)
  • administration et système de gestion avec une approche coûts / profits par unité daffaire.

Au début de la troisième phase, lentreprise dÉtat CFM deviendra une société par action dont lÉtat sera lactionnaire unique. Dans une phase postérieure, on pourrait envisager une privatisation partielle si des investisseurs sy intéressaient mais aussi en bourse avec une cotation publique.

Dans son texte général, les buts principaux de la stratégie du SCERP sont :

Économie : Secteur social : Croissance de PIB (et par conséquent croissance des revenus de lÉtat) et par effet mécanique, réduction des dépenses de transport ; Augmentation du niveau de vie de la population par la satisfaction de la demande en transport, réduction des coûts de transport pour lusager de la route et réduction des temps de trajet ; Diminution des pertes financières inhérentes à la situation déplorable des routes. Situation sociale améliorée par la création de travail dans le secteur routier ; Sécurité routière améliorée et environnement respecté à lamélioration des conditions de trafic.

Et, comme moyen de cette stratégie, les objectifs pour le transport sont :

  • établissement d'un réseau d'infrastructures modernes pour un système de transport efficace et qui facilitera la croissance ;
  • amélioration de l'efficacité des dépenses transport ;
  • amélioration de l'efficacité économique, de la sécurité et de lenvironnement ;
  • facilitation daccès au réseau et fluidification grâce aux standards européens ;
  • intégration des routes « magistrales » et du chemins de fer dans le système européen des transports ;
  • développement graduel d'un réseau express basé sur les études de faisabilité en relation avec les Corridors Pan-Européens de transport.

Lintégration dans les grands axes internationaux

Lintégration de la Moldavie aux grands espaces qui lentourent est la clé de son désenclavement. À ce titre, il est nécessaire pour la Moldavie de participer activement aux différents programmes et projets émanant des organisations internationales et en particulier à ceux proposés par ses voisins les plus proches : lUnion Européenne (programmes TACIS et PEV ) et la CEI.

Intégration régionale : la Moldavie doit dabord souvrir à ses voisins en facilitant les échanges trans-frontaliers. Dailleurs, elle bénéficie depuis 2003 du programme TACIS de Coopération transfrontalière (CTF). Les différents projets passés et présents financés par le programme de coopération transfrontalière sinscrivent dans le prolongement des principes du programme daction 2003. Ils visent à améliorer lefficacité des frontières :

  • formation des douaniers et des garde-frontières ;
  • fourniture déquipement ;
  • réhabilitation des infrastructures frontalières ;
  • Création dun poste frontière mobile avec une brigade spécialisée afin de faciliter la surveillance de la frontière « mouvante » avec la Transnistrie.

Et aussi à réduire la contrebande, la migration clandestine et à favoriser le commerce légal.

Ces objectifs revêtent une importance capitale dans le cadre de la PEV et contribuent également à laide au développement économique de la Moldavie. Par exemple, le projet CTF «Coopération transfrontalière à Ungheni» soutient des entreprises communes moldaves et roumaines, encourage les exportations et semploie à canaliser les investissements à lest du fleuve Prout. Il sagit dactivités importantes, a fortiori pour un pays sans accès à la mer. À ce jour, les points de passage des frontières situés sur les principaux corridors ferroviaires et routiers entre la Moldavie et la Roumanie ont été pris en ligne de compte et le programme CTF 2001 financera la reconstruction dun pont dans le nord de la Moldavie, désenclavant toute une « eurégion » commune à lUkraine, à la Roumanie et à la Moldavie (la Bucovine). Tout travail dinfrastructure de grande envergure sera soumis à une procédure détude dimpact sur lenvironnement (EIA) similaire à celle requise par la directive de lUE. La facilité de petits projets transfrontaliers est également opérationnelle en Moldavie (pour le moment, 6 projets totalisent 1,2 million deuros). Les secteurs visés sont laide au développement local, les problèmes sociaux, la protection de lenvironnement.

Intégration pan-européenne : Ensuite, la Moldavie doit participer aux grands programmes de développements des infrastructures de transport pour assurer son rayonnement économique, faciliter les initiatives individuelles des Moldaves et attirer les investissements privés. Et dans un souci déquilibre, la Moldavie doit tendre la main à tous les projets, quils viennent de Bruxelles ou de Moscou. La déclaration dHelsinki du 25 juin 1997 intitulé « vers une politique européenne des transports » avait pour objectif global est de promouvoir des systèmes de transport durables et efficaces répondant aux besoins économiques et sociaux des citoyens européens ainsi quà leurs attentes en matière denvironnement et de sécurité, contribuant à réduire les disparités régionales et permettant aux entreprises européennes daffronter avec succès la concurrence sur les marchés mondiaux.

Les axes terrestres

Les VIIe et IXe Corridors Pan-Européens (TINA)

Le VIIe corridor pan-européen est laxe fluvial « Rhin Main Danube » et la Moldavie est intégrée à ce programme en tant que pays Danubien, signataire du traité de Belgrade.

Ce programme, à lorigine essentiellement destiné à la réhabilitation des berges et des ponts du Danube dans les pays de lex-Yougoslavie, a été élargi pour permettre un passage facilité des navires vers tous les ports du sud-est européen. Pour cela, linfrastructure fluviale bénéficie de financements pour ses berges, ses ponts, son fond et ses infrastructures portuaires. Lobjectif de ce corridor est multiple :

  • Il doit permettre le développement économique autour de son axe, sur une bande de plusieurs kilomètres et ainsi assurer une viabilité économique aux régions traversées.
  • Il doit désenclaver les pays dEurope centrale nayant pas douverture sur la mer ;
  • Il doit faciliter le transport de grosses charges ;
  • Il doit rendre possible les échanges économiques régionaux en jouant le rôle de lien trans-frontalier ;
  • Enfin, il doit permettre de désengorger les axes routiers dans les trafics longs ou de transit, en particulier en utilisant le transport combiné (barges à conteneurs).


Le IXe corridor est un double axe routier et ferroviaire devant relier du nord au sud, Helsinki à Alexandroupolis en Grèce. Laxe routier passe en Moldavie dest en ouest en passant par la capitale. Cet axe permet un accès direct au pays et un transit minimum pour les transports internationaux. Le dessin de cet axe répond parfaitement aux besoins du pays en termes de transport routier car il permet une sortie rapide du pays et de rejoindre rapidement les très grands axes européens vers les lieux de consommation. Au contraire, laxe ferroviaire passe en Moldavie sur un axe sud-est nord-ouest en passant par Chișinău et Tiraspol (voir page 19, axe 1). Ce tracé vise à intégrer la Moldavie dans lespace ferroviaire européen en faisant delle un territoire charnière entre les deux types décartements de voies. Cette grande traversée de la Moldavie permettra limplantation de zones industrielles ou logistiques permettant à la Moldavie dapporter une valeur ajoutée (transformation ou conditionnement) aux produits destinés au marché, quil soit local ou international. Laxe permet aussi de rapprocher le port dOdessa, dans le même objectif. Les bénéfices escomptés

Pour la Moldavie, le corridor danubien permettra de viabiliser la région sud du pays, encore très pauvre en attirant industrie et logistique. La construction du port de Giurgiulești avec un hinterland développé pourra accélérer cette croissance. De même, le IXe corridor permettra à la Moldavie de sintégrer à lespace européen ; étant un facteur de désenclavement et douverture. On pourra citer en exemples dopportunités :

  • Tourisme vert et culturel ;
  • Exportation de produits traditionnels (vin, tabac) ;
  • Indépendance maritime et énergétique, en particulier sur limportation du pétrole ;
  • Coopérations scientifiques et culturelles ;
  • Hinterland du port dOdessa ;
  • Zone logistique dentrée en Europe : travail à façon sous un régime de perfectionnement, reconditionnement, transit (zones franches).

Lintégration aux réseaux de la CEI ou les corridors de lOSJD

Dans lHistoire récente, la Moldavie faisait partie de lURSS et son réseau ferroviaire sest développé sous les normes soviétiques. De plus, léconomie moldave dépend encore beaucoup de la Russie et continuera à en dépendre en tant que partenaire économique privilégié. Enfin, les statuts de la CEI prévoient le principe de continuité territoriale au sein des anciens pays membres de lUnion Soviétique pour permettre aux citoyens séparés par les nouvelles frontières de continuer à voyager par le mode ferroviaire, toujours privilégié.

Cest donc naturellement que la Moldavie a adhéré à lOSJD et participe à la coordination des réseaux à écartement 1,52 m ainsi quaux projets de corridors ferroviaires eurasiens .

Par ce moyen, la Moldavie compte :

  • conserver ses liens historiques tout en souvrant à dautres marchés ;
  • éviter une fuite définitive de sa population slave ;
  • attirer le fret de transit entre lEurope, la CEI et lAsie.

Toutefois, le problème de la traversée de la Transnistrie par chemin de fer nest toujours pas résolu : la continuité de service entre la Moldavie et le reste de la CEI est toujours conditionné par la bonne volonté de ladministration transnistrienne. À titre dexemple, en été 2004, après que la Moldavie a prononcé des sanctions économiques contre la Transnistrie, cette dernière a fait fermer le tronçon entre Bender et Kutchurgan (Ukraine) à laide de blocs de bétons. Ainsi, la Moldavie sest retrouvée isolée du reste de la CEI pendant deux semaines.

Ce différent entre les deux « États moldaves » souligne la fragilité de la continuité territoriale du pays, tant au niveau interne quinternational. Il vient se rajouter aux problèmes chroniques des infrastructures qui vieillissent faute dinvestissements.

Les autres programmes

Le programme TRACECA ou « Route de la Soie »

Le programme Traceca (Transport corridor Europe Caucasus Asia) est aujourd'hui le principal outil de coopération de l'Union européenne dans les huit pays du Caucase et de l'Asie centrale. Le but est de désenclaver la région en créant un corridor de transports de marchandises (notamment énergétiques), terrestres et maritimes, relié aux réseaux trans-européens et à la Chine, en passant par la mer Noire. Il s'agit aussi de favoriser l'indépendance économique de ces pays et une future coopération régionale. Lancé en 1993, ce projet a réellement commencé à prendre forme en 1995, à la suite des -programmes européens d'aide alimentaire destinés à cette région et dont le difficile acheminement a révélé les énormes besoins en infrastructures. L'acte fondateur est signé à la conférence de Bakou en septembre 1998 en présence de représentants de trente-deux pays et de nombreuses organisations internationales. Des projets d'investissement et d'assistance technique, financés par l'UE, mais aussi la BERD et la Banque mondiale, sont élaborés pour harmoniser les politiques de transport, réhabiliter et informatiser, créer des conditions de concurrence, assurer la sécurité du trafic... Ce programme rencontre néanmoins des obstacles politiques et sa viabilité économique est parfois contestée. Il n'en reste pas moins que, de 1993 à 2000, le trafic est passé de 300 000 à 11,4 millions de tonnes.

La Moldavie fait partie intégrante du programme, comme lUkraine, au titre de pays voisin de la mer Noire, cest-à-dire comme pays de débouché européen au corridor de transport de lAsie Centrale.

Ainsi, la Moldavie est déjà considérée comme un pays-charnière dans les grands flux de transport eurasiens et est sans-doute appelée à se développer au fur et à mesure de lavancement du corridor.

Le projet de zone déchange dans le bassin de la Mer Noire

Champ de confrontation idéologique Est-Ouest durant les années de la guerre froide, le bassin de la mer Noire est devenu une région dont les riverains recherchent les voies dune existence pacifique fondée sur des intérêts mutuels. Ces pays sont au nombre de sept : Turquie, Bulgarie, Roumanie, Moldavie, Ukraine, Russie, Géorgie.

Cest dans le cadre de la nouvelle conjoncture internationale du début des années 1990 que lancien président de la Turquie, Turgut Özal, a lancé lidée dun nouveau schéma de coopération économique dans la région de la mer Noire, afin de développer et diversifier les relations économiques entre les pays riverains et limitrophes, en insistant sur les avantages de leur proximité géographique et de la complémentarité de leurs économies.

Ainsi, la Coopération économique de la mer Noire (CEMN) a pour objectifs de promouvoir la coopération économique afin déviter les conflits et daider les États participants à sintégrer dans léconomie européenne. Les domaines de coopération sont notamment le commerce, les investissements, les transports, lénergie, les communications et lenvironnement.

Le Sommet des chefs dÉtat et de gouvernement du 25 octobre 1996 à Moscou a lancé le projet et celui du 5 juin 1998, à Yalta entérine lexistence et les activités de la CEMN par la signature dun traité de coopération, marquant sa transformation en une authentique organisation économique régionale à caractère et statut internationaux.

Lun des volets de la CEMN est la création dune « PEtrA » ou zone pan-européenne de transport. Il sagit dun programme rassemblant tous les projets existants en termes dinfrastructures pour les coordonner dans le cadre du bassin économique et les relier aux autres Corridors Pan-Européens de transport. Cette zone sétends du littoral de la mer Noire pour senfoncer jusquà 300 km dans les terres. La totalité de la Moldavie est comprise dans la zone dinfluence de la PEtrA, par dérogation, afin de ne pas pénaliser le nord du pays.

Cette structure de coopération permet à la Moldavie davoir accès à de nouvelles lignes de crédits via les grandes institutions financières mondiales (BERD, Banque Mondiale) et des investissements privés. À titre dexemple, les investissements turcs en Moldavie ont triplés depuis la création de la PEtrA.

Conclusion : être le carrefour entre lUE et la CEI

Le secteur des transports en Moldavie se caractérise par une infrastructure désuète et peu entretenue, du fait de la pauvreté du pays, de son instabilité politique et du peu dintérêt de la part des institutions internationales. Une lente mutation a été amorcée depuis 1999 avec un secteur aérien rationalisé et un secteur ferroviaire en conversion, le tout dans une volonté politique générale ambitieuse. Toutefois, cette mutation est lente à cause des lourdeurs administratives qui caractérisent les pays de lancienne URSS et surtout de la présence de la Transnistrie qui annihile toutes les velléités douverture économique.

Louverture de la Moldavie est tout de même indispensable. Il en va de lintégrité territoriale de ce jeune pays et de la stabilité de toute la région sud des Balkans. Isoler la Moldavie constituerait un danger pour lUnion européenne, surtout après son élargissement ; et la repousser vers lest priverait lEurope dun partenaire très bien placé sur la carte eurasienne. De plus, les transports sont des moyens de communication assurant un lien social important en plus de lutilité économique. La Moldavie, par son histoire mouvementée est un pays multiracial et pluriculturel. Elle a besoin dinfrastructures pérennes pour assurer la paix sociale et éviter les isolationnismes des nombreuses minorités. Elle doit donc désenclaver et se désenclaver.

Pourtant, aujourdhui, la Moldavie doit faire face à une crise interne sans précédent. Lactualité nous rappelle que la Moldavie est le pays le plus pauvre dEurope et le plus instable aussi. Le 30 juillet 2004, la Transnistrie a fait fermer « manu militari » la voie de chemin de fer reliant lUkraine à la Moldavie, en faisant installer par larmée des blocs de béton. Le territoire autonome répondait ainsi à une décision moldave délever des barrières administratives contre les exportations transnistriennes. La Moldavie se trouve aujourdhui plus isolée que jamais, privée de laxe majeur la reliant à son principal partenaire économique. Lexistence même de la Moldavie actuelle est remise en cause par Moscou et Bucarest qui pourraient bien se « partager » les restes du petit pays à bout de souffle : lancienne Bessarabie en Roumanie et la Transnistrie à la Russie, comme territoire stratégique au même titre que lenclave de Kaliningrad. Aujourdhui donc, deux hypothèses se dessinent : la réunification de la Moldavie (projet de confédération) ou sa disparition.

Dans les deux cas, la région est extrêmement bien placée en termes géographiques et la population locale souffre de rester en marge du développement européen. Également dans les deux cas, elle peut servir de lien entre les deux Europes et devenir une zone de transit grâce aux apports des projets paneuropéens en plus des infrastructures existantes.

Les organisations internationales commencent à peine à comprendre lurgence de la situation moldave. Par exemple, la Politique Européenne de Voisinage (PEV) décidée en juin 2004 intègre la Moldavie aux partenaires privilégiés de lUE et lOSCE prend le problème transnistrien très au sérieux. Donc, pour assurer cette ouverture et la viabilité économique de la région, de gros efforts en termes dinfrastructures de transport sont nécessaires avec les décisions sy rapportant :

  • des infrastructures en énergie et en communication ;
  • louverture des marchés ;
  • la libre utilisation des infrastructures par tout opérateur (libre circulation).

La Moldavie tournée vers la logistique est une hypothèse plausible, en prenant en compte sa faible industrialisation, sa position géographique proche de la mer Noire et ses infrastructures, existantes et en projet (double écartement des voies de chemin de fer, par exemple).

Avec une politique adéquate dinvestissement dans les grosses infrastructures et dincitation à létablissement (zones franches, défiscalisation), la Moldavie pourrait attirer beaucoup dentreprises désireuses de se positionner sur un marché « eurasien » dont les produits doivent être adaptés à chaque marché : travail à façon sous un régime douanier de perfectionnement, reconditionnement, etc. permettant à la Moldavie dapporter une valeur ajoutée substantielle aux produits transitant par son sol.

Ce secteur pourvoirait à la Moldavie les emplois dont elle a besoin et la viabilité économique qui lui manque : la zone logistique dentrée / sortie en Europe.

Bibliographie

  • Guy-Pierre Chomette, Lisières dEurope, éditions Autrement, collection Frontières, 248 p. avril 2004, (ISBN 2-7467-0501-X),
  • Florent Parmentier, La Moldavie à la croisée des chemins, édition Editoo.com, collection Universitoo, octobre 2003 315 p. (ISBN 2-7477-0071-2),
  • State Department / CIA, Handbook of International Economic Statistics, 1994

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