- Leopold Trepper
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Leopold Zakharovitch Trepper (23 février 1904 à Nowy Targ, Pologne – 19 janvier 1982 à Jérusalem), alias Leiba Domb, « Jean Gilbert » et « Le Grand Chef », est un organisateur politique polonais et espion soviétique, ayant participé à la Résistance allemande au nazisme.
Sommaire
Biographie
Il naît à Nowy Targ, en Galicie (à l’époque en Autriche-Hongrie) de Juifs polonais. Au décès de son père, en 1917, la famille reste sans le sou, alors que le traité de Versailles place la Galicie dans le territoire polonais naissant. Dès sa jeunesse, il milite dans l’organisation de jeunesse juive sioniste Hachomer Hatzaïr.
En 1920, il accède à la direction centrale du mouvement, quitte le lycée et devient apprenti chez un horloger. En 1921, sa famille s’installe à Dombrowa en Silésie, où il découvre l’affreuse condition ouvrière. En 1923, il est l’un des meneurs de la grève générale de Cracovie, contre laquelle le gouvernement polonais lance ses cavaliers. Il est contraint de se cacher, puis emprisonné avant de quitter le pays.
En 1924, il part en Palestine avec une dizaine de camarades. En 1925, il adhère au Parti communiste palestinien ; son objectif est d’unir l’action des Juifs et des Arabes contre les militaires britanniques. En 1928, il est enfermé à la prison de Saint-Jean-d'Acre. Libéré, il se rend en URSS où il est recruté par le GRU, le renseignement militaire soviétique. Il est ensuite envoyé en France, où il prend contact avec le Parti communiste français. À Paris, il exerce divers métiers. Il crée un hebdomadaire en langue yiddish : Die Morgen.
À partir de 1938, Trepper met en place un réseau d’information entre la Belgique et la France, appuyé par quelques-uns de ses camarades ayant participé à l’aventure palestinienne (notamment Hillel Katz). Quelques mois avant l’attaque allemande contre l’URSS, Trepper parvient — de même que d’autres espions soviétiques comme Richard Sorge — à envoyer des informations à Moscou sur la date de l’opération Barbarossa. Mais Staline prend toutes ces informations pour de la propagande britannique, et n’en tient pas compte.
Depuis la France, Trepper crée un vaste réseau de résistance particulièrement efficace, l'Orchestre rouge, opérant en Allemagne avec notamment Harro Schulze-Boysen et Arvid Harnack, en France, en Belgique, en Suisse (sous la direction de Rado), au Danemark et aux Pays-Bas. Ce réseau sera démantelé par l'Abwehr durant l'année 1942. Trepper est arrêté le 16 novembre 1942. La Gestapo le force à révéler la plupart de ses contacts, et tente d’en faire un agent double, mais il parvient à informer le GRU de ce retournement. En réalité le Kriminalrat Heinz Pannwitz avait mis au point un plan d'intoxication de Moscou appelé Funkspiel, basé sur l'ambiguïté de possibles négociations de paix avec tour à tour l'Ouest et l'Est. Trepper fit mine d'y participer tout en parvenant à envoyer par le biais d'un émetteur du Parti communiste français un rapport à Moscou détaillant le retournement du réseau par le Kommando.
Par la suite, en octobre 1943, Trepper parvient à s’échapper et à se cacher dans la « Maison Blanche », maison de retraite de Bourg-la-Reine dans les Hauts de Seine avec sa pseudo garde-malade Mme Ray, qui sera arrêtée. Trepper a pu échapper à la Gestapo grâce à l'aide de Suzanne et Claude Spaak. La directrice de l'établissement, Madame Parrend et son adjointe, ignorantes et innocentes furent déportées en Allemagne. Il réapparaît dans la résistance intérieure française après la libération de Paris.
Après la Seconde Guerre mondiale, les autorités soviétiques le font venir en Russie. Mais, au lieu de le récompenser, ils l’enferment dans la Loubianka. Après une vigoureuse défense de sa position, il évite l’exécution en raison d’amis bien placés, mais reste en prison jusqu’en 1955.
Libéré, il retourne en Pologne avec son épouse dont il a trois fils. Il devient chef d’une association culturelle juive. En 1967, l'historien Gilles Perrault publie son livre enquête sur l'Orchestre rouge, qui devient un best-seller et fait connaître Trepper au grand public de l'occident. Après la guerre des Six Jours et l'aggravation de l’antisémitisme en Pologne, Trepper décide d’émigrer en Israël. Le gouvernement polonais refuse jusqu’à ce qu’il soit forcé, par les protestations internationales, de permettre à un certain nombre de Juifs d’émigrer.
Trepper s’installe à Jérusalem en 1974. En 1975, il a publié son autobiographie, Le Grand Jeu.
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Gilles Perrault, L'orchestre rouge, Paris, Fayard, 1989 (1re éd. 1967), 556 p. (ISBN 9782213023885) [présentation en ligne]
- Léopold Trepper, Le grand jeu : Mémoires du chef de l'orchestre rouge, Paris, Albin Michel, 1975, 417 p. (ISBN 9782226001764)
- Jean-Paul Liégeois, « L'espion malgré Staline - Entretien avec Léopold Trepper », dans L'Unité - L'Hebdomadaire du Parti Socialiste, no 160, 30 mai 1975 [texte intégral (page consultée le 21 septembre 2009)]
Filmographie
- L'Orchestre rouge, film de Jacques Rouffio, sorti en 1989.
- Émission Apostrophes de Bernard Pivot du 23 mai 1975, avec Léopold Trepper, Dusko Popov, Roger Gheysens, Gilles Lapouge : les espions (Visualiser sur le site de l'INA)
Catégories :- Espion soviétique
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