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Juif yéménite
Juif yéménite

Les Juifs yéménites (Hébreu: תֵּימָנִים, Teimanim, sing. תֵּימָנִי, Teimani) sont des Juifs qui vivaient, ou dont les ancêtres récents vivaient au Yémen (hébreu תֵּימָן, Teïman, le « sud profond »), dans la pointe sud de la péninsule arabique. Ils forment un groupe majeur de Juifs orientaux.

L'une des communautés juives les plus anciennement établies, ils ont émigré à partir du XIXe siècle en Israël, où ils se trouvent actuellement pour leur majeure partie.

Sommaire

Aux premiers temps

La montée de l'islam au Yémen

Les Juifs du Yémen et Moïse Maïmonide

Mouvements messianiques yéménites au XIXe siècle

Indépendance d’Israël et exode des Yéménites

La communauté juive avait déjà en grande partie quitté la péninsule Arabique avant la Seconde Guerre mondiale mais l’effet cumulé de la mort de l’imam Yahia (garant de la paix civile durant de nombreuses années) et de l’indépendance d’Israël précipita brusquement le mouvement. À cela s’ajoute le fait que la population juive du Yémen, traditionnellement très pieuse, vit dans la fondation d’Israël un accomplissement prophétique précédant le rassemblement des exilés[1].

En 1949, pratiquement toute la population juive du Yémen choisit l'émigration. Un camp de transit nommé Guéoulah (rédemption) avait été organisé à Aden pour les accueillir, parfois durant de longs mois avant qu’ils puissent partir en Israël. De là un pont aérien avait été monté par les autorités israéliennes pour accomplir le transfert. L’opération concerna en tout 49 000 personnes, seuls 1200 juifs décidant de rester au Yémen[1].

Difficultés d’adaptation en Israël

Passés les premiers moments euphoriques de retrouvailles avec la terre d’Israël, les émigrants du Yémen comme d’autres communautés issues du monde musulman rencontrèrent de grandes difficultés d’adaptation dans la société de l’État d’Israël naissant. Cette communauté, pétrie de traditions religieuses mais absolument pas formée pour affronter les embûches d’une société moderne, se retrouva rapidement parmi les couches sociales inférieures de la société israélienne[2].

Regroupés dans un premier temps comme tous les immigrés de l’époque dans les ma'abarot, des camps de toiles où les conditions de vie étaient très précaires, ces réfugiés subirent des traumatismes de divers ordres. Les enfants yéménites furent envoyés dans des écoles d’enseignement laïc faisant une totale abstraction de leurs traditions sociales et religieuses, ce qui provoqua de graves problèmes d’acculturation. Des enseignants en arrivèrent même à couper les longues péots de leurs élèves[2].

Les manuscrits et livres rares des Yéménites avaient du être acheminés séparément depuis Aden en bateau, quand des membres de la communauté vinrent pour les récupérer, on leur expliqua que l’entrepôt où ils étaient stockés avaient brûlé. Ce désastre, qui n’a jamais fait l’objet d’enquête, provoqua des rumeurs selon lesquelles ces documents avaient été donnés à des instituts de recherche[2].

Une autre rumeur, celle-ci sans aucun fondement courut selon laquelle la nourriture servie dans les maabarot n’était pas cacher.

Mais la plus grande affaire, non encore élucidée à ce jour, qui constitua le traumatisme le plus durable pour les Yéménites, est l’affaire dite des «enfants du Yémen». Il s’agit de la disparition dans des hôpitaux d’un nombre non déterminé d’enfants yéménites dans la période succédant immédiatement leur arrivée. En effet, à l’arrivée de la communauté, beaucoup d’enfants, éprouvés par leur périple, étaient très affaiblis et furent envoyés en convalescence dans des hôpitaux. Certains ne réapparurent pas (les estimations les plus hautes évoquent plus d’un millier d’enfants[2]).

Trois commissions d’enquête ont été réunies sans parvenir à des conclusions certaines. Selon le personnel médical, certains enfants décédés furent enterrés sans que l’on puisse prévenir leurs parents en raison de la désorganisation entourant l’arrivée des Yéménites et notamment du mauvais enregistrement des noms. Des rumeurs persistantes au sein de la communauté yéménite évoquent le fait que ces enfants aient été donnés à des familles ashkénazes[2].

En tout état de cause cette affaire comme les autres a provoqué un ressentiment et une méfiance durable des Yéménites envers l’establishment ashkénaze israélien.

Traditions religieuses

Mariages et traditions matrimoniales

Groupes religieux

Les Juifs yéménites se subdivisent en trois grands groupes religieux:

  • les Baladi
  • les Shami
  • les Maïmonidéens ou « Rambamistes »

Les différences entre ces groupes, outre leur localisation géographique différente à l'origine, concerne largement la balance entre influences respectives des anciennes traditions yéménites, basées en grande partie sur les écrits de Moïse Maïmonide, et d'autre part des traditions issues de la kabbale lourianique, qui exerça une influence grandissante à dater du XVIIe siècle.

  • Les Juifs Baladi (de l'arabe balad, pays) suivent généralement les règlements légaux édictés par le Rambam, basés sur leur interprétation du Mishneh Torah. Leur liturgie fut développée par le Maharitz (Morenou HaRav Yihye Tzalahh), dans une tentative de concilier tant les sectateurs de Maïmonide que les adhérents d'Isaac Louria. La liturgie se base largement sur l'ancienne tradition yéménite, avec quelques concessions seulement à l'Ariza"l. Tous les Juifs Baladi n'acceptent pas la Kabbale d'un point de vue théologique, et lorsqu'ils le font, estiment, conformément à l'opinion d'Isaac Louria que chaque Juif doit suivre sa propre tradition.
  • Les Juifs Shami (de l'arabe ash-Sham, le nord, c'est-à-dire, dans ce cas-ci, la terre d'Israël ou Damas) sont ceux qui ont accepté la Kabbale, et modifié leur liturgie pour se conformer de façon maximale aux usages de l'Ari. Le texte de leur livre de prières suit largement la tradition sépharade, bien que la prononciation, la cantillation et les coutumes yéménites n'en aient pas totalement disparu. Leur halakha est en règle générale basée tant sur le Rambam que sur le Choulhan Aroukh. Leur interprétation de la halakha démontre une forte influence des sépharades de Syrie, bien qu'ils aient rejeté les codes de loi juive ultérieurs originaires d'Europe, et aient sur ces points préféré suivre les décisions de Moïse Maïmonide[3]
  • Les Talmidei HaRambam sont, ainsi que leur nom le laisse entendre, des adhérents stricts à la loi talmudique telle que compilée par Moïse Maïmonide. Ils suivent, ou ont été au moins en grande partie influencés par le mouvement Dor Daïm. Ils se considèrent comme des Baladi, maintenant la tradition dans sa forme la plus pure, rejetant tant le Zohar que la Kabbale lourianique.

La dispute entre les Dor Daïm et les Iqshim

Vers la fin du XIXe siècle, de nouvelles idées, en provenance de l'étranger, commencèrent à affleurer parmi les Juifs yéménites. Des journaux rédigés en hébreu arrivèrent, et des relations accrues se nouèrent avec les Juifs sépharades, qui arrivaient au Yémen depuis diverses provinces de l'Empire ottoman, pour y nouer des relations avec des personnalités de l'armée et du gouvernement.

Deux voyageurs juifs, Joseph Halévy, un orientaliste juif de France, et Edward Glaser, un astronome juif venu d'Autriche, exercèrent une influence considérable sur la jeunesse juive yéménite, et en particulier sur le rabbin Yihhyah Qafahh. Celui-ci introduisit, suite à ses contacts avec Halévy et Glaser, des notions modernes dans le système éducatif, inaugurant une nouvelle école au programme des cours de laquelle figuraient, outre les sujets traditionnels, l'arithmétique, l'hébreu, l'arabe et la grammaire de ces deux langues, les sciences naturelles, l'histoire, la géographie, l'astronomie, les sports, etc[4]. Rabbi Qafahh, un maïmonidéen, fonde le mouvement des Dor Daïm (la « génération des savants »). Comme l'ensemble des Talmidei HaRambam, ainsi que certains Juifs sépharades espagnols et portugais, les Dor Daïm rejetaient le Zohar, l'un des piliers de la Kabbale, qu'ils jugeaient irrationnel, étranger et inconsistant avec la véritable nature, raisonnable, du judaïsme.

En 1913, alors que Rabbi Qafahh, alors directeur de la nouvelle école juive et collaborant étroitement avec les autorités ottomanes, semblait jouir d'un support politique suffisant, les Dor Daïm rendirent leurs opinions publiques, et tentèrent de convaincre la communauté juive yéménite de revenir dans son entièreté à la méthode d'interprétation maïmonidienne du judaïsme qui prévalait avant les années 1600s.
Cependant, de nombreux membres de la communauté n'adhérant pas au mouvement des Dor Daïm, rejetèrent leurs conceptions. Les opposants, menés par Yahya Yitzhaq, le Hakham Bashi du Yémen, se dénommèrent les Iqshim et refusèrent de dévier des coutumes établies et de l'étude du Zohar.

La dispute entre les Dor Daïm et les Iqshim éclata en 1913, enflamma la communauté juive de Sanaa, et mena à la constitution de deux groupes rivaux, possédant chacun leurs institutions communautaires, qui furent maintenues séparées jusqu'à la fin des années 1940.
Les Iqshim s'en prirent particulièrement à l'école moderne turco-juive instaurée par Rabbi Qafahh[4]. Cette école dut fermer 5 ans après son inauguration, avant que le système éducatif ne puisse former des jeunes formés à ses idées[5].

L'hébreu yéménite

La prononciation de l'hébreu des Yémenites est différente de celle des autres communautés séfarades. le Sègol est prononcé comme un A grave, et celle du Holam, comme un é mouillé,un peu ressemblant à la pronociation lituanienne, ou comme un eu. Le Kamats n'est pas comme un A, mais comme un O fermé. Ils font la différence entre le Sheva et le Tséré. Il en résulte que le mot éhad, (un) et le mot aher (un autre) ont une ressemblance, et nous voyons une trace de ce problème dans un texte de la Guemarah. Certains en déduisent que cette prononciation est plus proche de celle qui était à l'origine.

Écrits et écritures

Testing de l'ADN

Livres de prière

Autres travaux

Voir aussi

Notes et références

  1. a  et b Yehuda Nini, Le monde sépharade (tome I), Éditions du seuil, 2006, pp.471-491.
  2. a , b , c , d  et e Yehouda Nini, La mémoire collective des Juifs du Yémen, Pardès n°28, pp.89-109.
  3. Rabbi Yitzhaq Ratzabi, Ohr Hahalakha: Nusakh Teiman Publishing, Bnei Braq
  4. a  et b The Jews of the Middle East and North Africa in Modern Times, by Reeva Spector Simon, Michael Menachem Laskier, Sara Reguer editors, Columbia University Press, 2003, pages 403-404
  5. Sephardi Religious Responses to Modernity, by Norman A. Stillman, Harwood Academic Publishers, 1995, page 19
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