- Série harmonique
-
En mathématiques, la série harmonique est une série de nombres réels. C'est la série des inverses des entiers naturels non nuls.
Elle fait partie de la famille plus large des séries de Riemann, qui sont utilisées comme séries de référence : la nature d'une série est souvent déterminée en la comparant à une série de Riemann et en utilisant les théorèmes de comparaison.
Sommaire
Définition
Le terme général (un) de la série harmonique est défini par
On note classiquement Hn la n-ième somme partielle de la série harmonique, qui est donc égal à
- .
La série harmonique diverge
Calcul des premiers termes
En calculant les premières sommes partielles de la série harmonique, il apparaît que la suite de nombres obtenus est croissante, mais à croissance lente : on pourrait croire qu'il s'agit d'une série convergente.
Valeur de n Valeur de Hn Valeur de n Valeur de Hn 1 1 11 3,019877345 2 1,5 12 3,103210678 3 1,833333333 13 3,180133755 4 2,083333333 14 3,251562327 5 2,283333333 15 3,318228993 6 2,45 16 3,380728993 7 2,592857143 17 3,439552523 8 2,717857143 18 3,495108078 9 2,828968254 19 3,547739657 10 2,928968254 20 3,597739657
En fait, la série harmonique diverge, elle tend vers .Valeur de n Valeur de Hn 10 2,928968254 100 5,187377518 1 000 7,485470861 10 000 9,787606036 100 000 12,09014613 1 000 000 14,39272672 10 000 000 16,69531137 100 000 000 18,99789641 1 000 000 000 21,30048150 Dans le tableau ci-dessus, à chaque fois qu'on multiplie la valeur de n par 10, il semble qu'on rajoute une constante à Hn, de l'ordre de 2,3. Ce comportement apparent est de type logarithmique en n. C'est bien ce qu'on obtient on faisant une étude asymptotique plus poussée.
Démonstrations de divergence
La première démonstration de la divergence de la série harmonique est due à Nicole Oresme, parue dans Questiones super geometriam Euclidis (1360). Elle consiste à remarquer que :
et ainsi de suite, les H d'indice une puissance de 2 augmentant indéfiniment.
On peut aussi utiliser un raisonnement par l'absurde. Si la suite de terme général Hn convergeait vers une limite finie, la suite de terme général H2n, en tant que suite extraite, convergerait vers la même limite, et donc la suite de terme général H2n − Hn convergerait vers 0. Or, on peut minorer les termes de cette suite :
- .
Ainsi, la suite de terme général Hn ne peut converger vers une limite finie. En tant que suite croissante de réels, elle diverge donc vers .
On peut aussi comparer la série harmonique à une série télescopique bien choisie
Alors vn est le terme général d'une série divergente, à termes positifs, donc par comparaison la série harmonique diverge elle aussi.
On peut aussi montrer le résultat à l'aide de la méthode de comparaison série-intégrale (c'est un peu ce qui est caché, d'ailleurs dans le choix « judicieux » de la série télescopique).
Développement asymptotique de Hn
Tous les termes du développement asymptotique peuvent s'obtenir par la méthode de comparaison série-intégrale.
Équivalent de Hn
En utilisant l'encadrement suivant, lié à la décroissance de la fonction inverse
et en sommant de 2 à N et en ajoutant 1, on arrive à
Puis, en calculant les deux membres et en constatant qu'ils sont tous deux équivalents à ln n, on obtient :
Second terme du développement asymptotique
La suite admet une limite finie qui est traditionnellement notée γ et appelée constante d'Euler. On a donc la formule d'Euler
, Les 25 premiers chiffres du développement décimal de la constante d'Euler sont :
Pour la démonstration de la formule d'Euler, et la généralisation à d'autres séries, voir l'article comparaison série-intégrale.
Termes suivants du développement asymptotique
La méthode est détaillée dans l'article comparaison série-intégrale ; les premiers termes du développement sont
La série harmonique alternée
Le terme général (un) de la série harmonique alternée est définie par
C'est donc une variante de la série harmonique. L'alternance des signes change tout puisque cette série converge, par le critère de convergence des séries alternées. On peut se servir de l'étude effectuée avec la série harmonique pour déterminer la nature et la somme de la série harmonique alternée.
En séparant termes pairs et impairs dans le calcul des sommes partielles, et en appliquant la formule d'Euler précédente, on prouve que la série harmonique alternée converge et a pour somme
Démonstration détaillée : on décompose les sommes partielles d'ordre pair
Une formule d'Euler pour chaque terme
Pour conclure il faut encore signaler que si on prend une somme partielle d'ordre impair, elle a aussi pour limite - ln 2 (on ajoute en effet à la somme d'ordre pair précédente un terme qui tend vers 0).
Variante : on peut utiliser la théorie des séries entières en établissant la formule plus générale
Série harmonique et entier naturel
Pour tout entier , Hn n'est jamais entier.
L'argumentation s'appuie sur le postulat de Bertrand : pour tout entier , il existe un nombre premier p compris (au sens large) entre k + 1 et 2k.
Soit , et soit k la partie entière de n / 2. Il existe donc un nombre premier p compris entre k + 1 et 2k. Ce nombre premier p est donc inférieur à n et son double est strictement supérieur à n. On en déduit que p ne divise alors aucun des entiers de 1 à n sauf lui-même.
Soit l'entier K vérifiant
D'après la remarque précédente, p ne divise aucun des entiers de 1 à p sauf lui-même, il ne divise donc pas leur produit, il ne divise donc pas K.
On multiplie alors Hn par K
Or pour tout , K / i est un entier donc la somme des K / i est un entier noté A, donc
A est un entier, K / p n'est pas entier donc KHn n'est pas entier et Hn n'est pas entier.
Représentation sous forme d'intégrale
La série harmonique peut aussi se calculer à partir d'une intégrale simple, et par ce biais on peut obtenir un prolongement analytique sur :
Voir aussi
Wikimedia Foundation. 2010.