- Sébastien Zoude
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Sébastien Zoude est né en 1707 à Namur (Belgique) et y est décédé en 1779.
Sébastien Zoude est un pionnier de l’industrie du verre dans les Pays-Bas autrichiens. Cet industriel de Namur crée son entreprise en 1753, avant la manufacture de cristal située à Baccarat ou les cristalleries du Val-Saint-Lambert. Avant aussi Aimé-Gabriel d'Artigues et les cristalleries de Vonêche. Sébastien Zoude produit du cristal luxueusement taillé, mais il concurrence les cristalleries anglaises, en particulier Waterford. En partie grâce à son travail, au siècle suivant, au XIXe siècle, l’industrie verrière wallonne constituera le troisième principal pôle de développement de l’industrie belge derrière l’industrie charbonnière et l’industrie sidérurgique et elle constituera un centre mondial de production verrière[1].
Sommaire
Sa famille
Sébastien Zoude est le fils de Pierre Zoude (1671-1708) et de Martine Parmentier. Son père est maître-batelier. Sébastien appartient à la famille Zoude, originaire de Moustier-sur-Sambre, connue dès le XVe siècle, composée principalement de maîtres-bateliers sur la Sambre[2]. Cette famille se divise en trois blanches :
- La sienne, de gros producteurs de verre et de cristal[3].
- Celle de Léopold Zoude et Charles Zoude.
- Celle de Tournai, puis Denain et Valenciennes, venue en France pour gérer les usines de Jean-François Cail qui emploient sur ces deux sites et Douai 1.000 ouvriers[4].
Sébastien Zoude est certes le fils d’un maître-batelier, mais son oncle Michel Zoude est maître de forges et échevin de Namur. C’est un homme riche, il est seigneur de Ferooz et Beuzet en partie. Les Zoude ne sont pas uniquement des mariniers naviguant sur le réseau des voies navigables intérieures, mais aussi des constructeurs de péniches, depuis des siècles. Sont-ils les descendants de verriers lorrains, de Hongrois des bords du lac Balaton, ou de marins venant des Îles Britanniques ? Leurs armes sont : D'azur au cormoran ravissant d'argent. Or, le cormoran est rare en héraldique et désigne les voyages d'outre-mer[5].
Biographie
Le 24 novembre 1749, Sébastien Zoude est changeur, et bourgeois et juré de Namur[6].
La fabrication du verre dans la province de Namur est une branche très ancienne de l’industrie, comme nous le prouvent les collections de verres du musée archéologique de Namur, du musée d’art ancien et du musée de Groesbeek-de-Croix. Mais, dans les Îles Britanniques, c’est le procédé du cristal qui est déjà connu depuis la fin du XVIIe siècle. En effet, la fabrication du vrai cristal est mise au point pour la première fois en Angleterre en 1676 par Georges Ravenscroft.
La production du cristal à Namur connaît un développement notoire à partir de la moitié du XVIIIe siècle, époque à laquelle François de Colnet, héritier d’une lignée de verriers, crée une cristallerie à proximité de Saint-Martin, en dehors de la porte de Buley, à Namur, en 1743. Mais cette cristallerie n’est en réalité qu’une verrerie et l’entreprise ne survit pas à la mort de son fondateur et l’installation est vendue à Sébastien Zoude, bourgeois de Namur. En 1745, ce dernier entreprend plusieurs voyages afin d’étudier les différentes techniques de fabrication du verre et de se familiariser avec le métier.
Le 9 juin 1753, Sébastien Zoude obtient, soutenu par Charles-Alexandre de Lorraine, de l’impératrice Marie-Thérèse Ire de Hongrie, un octroi l’autorisant à construire une cristallerie sur le site voisin de la porte de Gravière[7]. Après d’intenses recherches et des contacts avec des verriers anglais dont l’un d’eux travaille à la verrerie de Namur, Sébastien Zoude met au point une formule proche ce celle du cristal plombeux à l'anglaise. Il adapte la production aux conditions existantes dans les Pays-Bas autrichiens et améliore rapidement les techniques de fabrication. Les usines vont alors se multiplier à proximité des charbonnages qui fournissent un combustible bon marché.
La fabrication du verre dans la province de Namur est pour produire du verre au plomb plus généralement appelé cristal. Ce verre est composé de 1/6e de potassium, 2/6e de minium, 3/6e de silice. Le manque de bois oblige Zoude à avoir recours au charbon, il doit adapter ses techniques et met au point le système de la fusion à pots couverts. La fumée dégagée par le charbon n’altère alors plus la couleur du verre.
Sébastien Zoude ne fabrique pas de verre pressé et ne produit que du cristal luxueusement taillé. Sébastien Zoude bénéficie même de la clientèle de Charles-Alexandre de Lorraine. En temps normal, Zoude fabrique pour une centaine de florins de marchandises.
Sébastien Zoude est le premier producteur de cristal sur le continent, notamment de 1761 à 1776, comme le confirment ses achats de minium. Son catalogue manuscrit et daté de 1762 appartiendra à la collection Raymond Chambon et sera conservé aujourd’hui au Corning Museum of Glass à New york, contient 460 pièces différentes allant de l’objet ordinaire au plus luxueux. Les prix sont moins coûteux que les productions anglaises.
Le nom des Zoude occupe une place de choix dans les annales de la vie économique de la province. Dans l'histoire du sillon Sambre-et-Meuse, la verrerie est avec le charbon et la métallurgie un secteur majeur de l'activité industrielle. Forte d'une tradition verrière millénaire, cette région deviendra au siècle dernier un centre mondial de production, réputé tant par la qualité des produits que par le savoir-faire de ses verriers. Ce rayonnement international, elle le doit à la somptuosité de ses cristaux, issus des cristalleries de Zoude (Namur), de Vonêche et du Val-Saint-Lambert. C’est l’histoire de grands créateurs et des grands mouvements artistiques. C’est aussi une plongée au cœur des techniques, artisanales comme industrielles, qui rend accessible à tous les mystères de la fusion, du façonnage et de la décoration du verre.
Descendance
Cette dynastie de maîtres verriers développe ses activités à Namur pendant plus d'un siècle, c'est-à-dire de 1753 à 1867.
Sébastien Zoude se marie avec Marguerite Pétiaux (1712-1785). Marguerite Pétiaux, l’épouse de Sébastien Zoude, dirige l’entreprise à la suite de l’internement de son mari dans une maison pour malades mentaux aisés à Bruxelles. Zoude a sous doute été victime d’un empoisonnement au plomb (maladie professionnelle). Après le décès de Marguerite Pétiaux, en 1785, les frères Zoude décident de créer une entreprise familiale. L’acte est ratifié le 21 mars 1787 auprès de maître Derhet, notaire à Namur. Durant cette période, à cause de la qualité des verres livrés, l’entreprise n’a rien fait d’autre que survivre. Parmi les enfants de Sébastien, relevons :
- Hubert (1736-1782), avocat, dont postérité nombreuse, notamment à Jodoigne ;
- Jean-François (1742-1791), brasseur ;
- Georges (1743-1787), orfèvre ;
- Augustin (1747-1828), chanoine et auteur d'abondantes recherches généalogiques sur sa famille (conservées dans les Archives de la Famille Douxchamps)
- François (1737-1797) dirige l’entreprise de 1787 à 1796 et son épouse Marie-Christine Jehu de 1796 à 1818. Ils sont les père et mère de :
- Louis Zoude, qui reprendra la verrerie paternelle[8]. Après trois générations, celle-ci sera absorbée par les cristalleries du Val-Saint-Lambert en 1879.
La branche des verriers adopte d'autres armes, que celles des Zoude, en rapport avec son industrie : D'azur au four de verrerie d'argent, maçonné de sable et enflammé de gueules, à deux lions couronnés d'or et lampassés de gueules, accroupis et brochants sur le four, le tout sur une terrasse de sinople.
Notes et références de l'article
- Revue du Nord - Page 181, de Alexandre Saint-Léger, Université de Lille - France - 1910.
- A.E.N. Cour du Faix, 1480-82, fol. 24 et 26; 1482-88, fol. 256'° en 258
- Sur la famille Zoude
- Section française. Catalogue officiel, de International exhibition, 1862, p.63
- Le Parchemin (bulletin belge d'entraide et documentation héraldique, généalogique et onomastique) 4e année n° 6, article ZOUDE (n° 951. 4.97) écrit par M. Niffle-Anciaux de Faveaux.
- Ramquin, C.J.R., Namur ville, A Namur : chez Guillaume Joseph Lafontaine, 1749.
- abbaye de Floreffe La vie intellectuelle à Namur sous le régime autrichien - page 153, de Th Pisvin - Namur (Belgium). Porte de l’ancienne
- Die Société Louis Zoude et Cie., Namur (1818-1867)
- La Verrerie Zoude et les cristalleries namuroises (1753-1879) : contribution à l'étude de la croissance économique de la Belgique aux XVIIIe et XIX siècles / Alain Douxchamps. - Courtrai, UGA, 1979. - 140 p. : ill. ; 24 cm. – (Anciens pays et assemblées d'états ; 76)
- A propos de Sébastien Zoude, maître de verrerie namurois et son épouse Marguerite Petiaux (1768-1785), J. Bovesse, Namur : Société archéologique de Namur, 1979, Extrait de : Annales de la Société Archéologique de Namur, t. 59 (1979) p. 149-173.
- État Présent de la Noblesse du Royaume de Belgique, 1970, p. 171.
- R. CHAMBON, Les origines de la fabrication du cristal anglais en Belgigue, dans Études d'histoire et d'archéologie namuroises dédiées à Ferdinand Courtoy, Publication extraordinaire de la Société Archéologique de Namur, 1952, pp. 793–804
- R. CHAMBON, L'histoire de la verrerie en Belgique du IIe siècle à nos jours, Bruxelles, 1955, pp. 13, 128-139, 147, 163, 167, 171, 175, 183, 184, 292;
- J. PHILIPPE, Le Val Saint-Lambert, ses cristalleries et l'art du verre en Belgique, Liège, , 1974, pp. 92–93.
- Des archives de cette branche de la famille se trouvent dans le fonds Douxchamps, aux Archives de l'État à Namur, n' 30-49.
- Anciens pays et assemblées d'états, Par International Commission for the History of Representative and Parliamentary Institutions. Belgian Section
Articles connexes
Liens et documents externes
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