- Symphonie n° 2 d'Anton Bruckner
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Symphonie nº 2 de Bruckner
Dans la même tonalité que la Première symphonie, mais plus claire, plus aérée, plus retenue aussi (elle fut surnommée Symphonie de la Haute-Autriche par August Göllerich, premier biographe de Bruckner), la Deuxième symphonie en ut mineur (A 93), fut écrite principalement à Vienne à partir de 1871 (les esquisses ne furent tracées à Londres lors d'une tournée de concerts d'orgue), et terminée à Saint-Florian en septembre 1872. Des remaniements de détail auront lieu en 1875-1876, puis en 1877 : coupures dans chaque mouvement, et, surtout, remplacement du remarquable solo de cor achevant l'Adagio (jugé d'exécution trop difficile à l'époque!) par un solo de clarinette. Beaucoup de chefs d'orchestre, à présent, rétablissent heureusement ce solo de cor, - ainsi que les coupures "ad libitum" (et les reprises du Scherzo, qui avaient subi le même sort).
Telle quelle, la Deuxième symphonie ne jouit cependant pas de la même audience que ses cadettes, ni même que son aînée. Néanmoins la forme s'agrandit, l'organisation s'approfondit (les mouvement extrêmes comportent des motifs communs), et l'équilibre générale de l'œuvre s'impose avec plus d'évidence que dans la symphonie précédente. Liszt, à qui la Symphonie n°2 fut dédiée et qui s'en montra fort "enthousiasmé", s'efforça aussitôt, mais en vain, de la faire jouer; la création n'interviendra que le 26 octobre 1873 à Vienne, sous la direction du compositeur; et ce sera le succès.
Sommaire
Orchestration
Effectif orchestral : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons; 4 cors, 2 trompettes; 3 trombones; timbales; les cordes
Durée d'exécution (version définitive de 1877) : 1 heure environ.
Analyse
Les quatre mouvements sont Moderato, Adagio, Scherzo et Finale.
1. Moderato
Indiqué Ziemlich schnell, "assez vite" : c'est sur un trémolandos de sextolets, sur accords d' ut mineur (violons et altos), que se fait entendre le thème principal confié aux violoncelles; mélodie prégnante, sur de brefs appels de cors. La trompette soulignera un rythme de base, pointé sur la note ut; et le thème, harmoniquement enrichi, subira quelques transformations avant de s'éteindre dans un pianissimo des clarinettes, des bassons et des cors. Trois légers battements de timbale : une pause générale précède l'énoncé d'un second thème superbement chantant, à nouveau par les violoncelles, dans la tonalité de mi bémol majeur (relatif de l'ut mineur initial). Bref crescendo, avant un autre appel des cors; puis la mélodie calme, intériorisée, du troisième thème (flûtes, clarinettes et hautbois), - sujet lui aussi à plusieurs transformations. De nouveau, une pause de l'orchestre : un solo de cor introduit le développement dont s'accuse la dimension épique. Lors de la réexposition, les violoncelles proposent encore le thème principal; retour des autres thèmes selon leur présentation initiale, avant un nouveau silence que brise la coda - dans le tempo primo - conclue par un tutti héroïque d'ut mineur, que scandent rythmiquement les trompettes.
2. Adagio
Indiqué Feierlich, etwas bewegt, "solennel, un peu animé" : revêt le caractère d'un Andante. Il est une illustration parfaite de la manière dont Bruckner élabore un mouvement de symphonie en nourrissant le matériau thématique de figurations mélodiques et harmoniques. Ton méditatif du thème principal aux premiers violons, - repris par les autres cordes. Belle idée secondaire au hautbois. Le cor solo amène un nouveau thème d'un grande expressivité, - tel un choral ponctué par le pizzicato des cordes. Ce thème est habilement combiné avec le premier par l'entremise d'un solo de basson. Bref et calme intermède des cordes, avant une réminiscence du "Bénédictus" de la Messe en fa mineur (crée la même année - 1872 - que l'achèvement de la présente symphonie) : "Im Namen des Herrn", - citation orchestrale quasi textuelle du chant à la gloire de Dieu... Tout s'évanouira dans l'extrême douceur - triple piano - avec le fameux solo de cor (sinon de clarinette), les cordes jouant avec sourdines.
3. Scherzo
Marqué Schnell, "rapide" : rythmé à 3/4, très terrestre, "terrien", - tandis que la charmant trio prend l'allure d'un Ländler parfois rêveur (les altos, puis seconds violons, clarinettes et violoncelles). Ensuite reprise du Scherzo.
4. Finale
Moderato indiqué Mehr schnell, "plus rapide" : à 3/4, et en ut mineur. Il est construit, comme le Moderato initial, sur trois thèmes. Les deux mouvements entretiennent d'ailleurs des relations thématiques marquées, en particulier par la résurgence d'un ostinato dérivé du thème inaugurale de l'œuvre; ce thème lui-même reparaît au cours du développement, et figurera dans la coda. La base rythmique constitue un autre élément d'unification, notamment dans la péroraison finale. De même remarquera-t-on transformations toanles parentes de celles du mouvement introductif : au la bémol majeur de départ se substitue, avec le second thème, un la majeur qui évoluera vers mi bémol..., avant la conclusion en ut majeur. C'est donc un semblable souci d'organisation, parfois un peu voyant, - avec, cette fois, deux citations du "Kyrie" de la Messe en fa mineur - qui a présidé à l'architecture de ce dernier mouvement; par là même de l'œuvre entière. On regrettera seulement certain "fouillis" de la thématique, trop riche sans doute, et trop fragmentée, - donnant à penser que le compositeur malgré la rigueur de ses intentions, n'a pas complètement dominé leur traduction musicale.
Discographie
- Carlo Maria Giulini avec les Wiener Symphoniker
- Herbert von Karajan avec l'Orchestre philharmonique de Berlin
- Bernard Haitink avec l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam
- Eugen Jochum avec l'Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise
- Riccardo Chailly avec l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam
Liens
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