- Superstition populaire
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Superstition
Pour les articles homonymes, voir Superstition (homonymie).Le terme superstition peut avoir plusieurs sens :
- Il signifiait au XIVe siècle « religion des idolâtres, culte des faux dieux » ; au XVIIIe siècle, il désignait la religion et les préjugés inexplicables par opposition à la raison.[1] Selon ces acceptions, il peut englober avec une connotation péjorative toutes les pratiques ou croyances d'ordre religieux considérées comme sans valeur ou irrationnelles par le locuteur.
- Il désigne la croyance que certains actes ont toujours une conséquence positive ou négative, que certains objets, animaux ou personnes portent systématiquement bonheur ou malheur, que certains phénomènes sont des présages automatiquement suspicieux ou funestes, et ce pour des raisons que la personne superstitieuse ne saurait expliquer, ou pour des raisons considérées comme irrationnelles, non admises par la science moderne. Il y a parfois attribution d'une signification anthropocentrique et d'une intention à l'événement aléatoire ou l'objet ; on parle alors de pensée magique. Les superstitions sont souvent d'ordre culturel, c'est-à-dire partagées à des degrés divers par le milieu social dans lequel la personne superstitieuse se trouve, et diffèrent d'une culture à l'autre. Néanmoins, il existe des superstitions purement individuelles.
Sommaire
La superstition en tant que psychopathologie
Lorsqu'un individu tombe dans un état de superstition excédant démesurément la superstition commune dans sa culture, il s'agit d'une pathologie mentale. Celle-ci fait perdre toute objectivité, prêtant à des faits, des évènements ou des objets visiblement inoffensifs et non-signifiants (pour le commun) des pouvoirs surnaturels, une force cachée ou au minimum un contenu symbolique signifiant. De ce point de vue, la superstition est à rapprocher de la paranoïa et même de la psychose.
Par ailleurs, le superstitieux pathologique considère l'existence d'un ordre supérieur, invisible, qu'il est rarement capable de décrire, mais qui est là, présent, et impose ses lois. À la différence de la superstition populaire, qui est souvent anodine, la superstition pathologique est fortement individualisée. Le superstitieux se sent en défi perpétuel avec le monde qui l'entoure et il passe son temps à « vérifier » que les augures lui sont favorables. Ainsi, par exemple, va-t-il compter les carreaux d'un parquet, pariant avec lui-même qu'il doit y en avoir un nombre pair (ou impair), se créant ainsi des frayeurs, des angoisses, si le résultat obtenu ne correspond pas à son souhait. De tels comportements entrent dans la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs. Les autistes et les maniaco-dépressifs sont particulièrement enclins à de nombreuses superstitions souvent imbriquées les unes dans les autres.
Dans la préface du "dictionnaire des Superstitions " édité chez Albin Michel, il est expliqué que le terme superstitions provient du latin "superstite" désignant le soldat resté debout après le combat, évoquant ainsi ces croyances ayant survécu aux religions, aux révolutions, à la modernité, à la physique ou à la médecine, à l'oubli et à l'outrage du temps. Ce livre résume en 320 pages les superstitions les plus courantes, classées par ordre alphabétique.
La superstition en tant que cause et / ou conséquence de la religiosité et de la religion
La religion est fréquemment qualifiée de superstition par les athées. C'est du moins ainsi que le baron d'Holbach la considérait, notamment dans son ouvrage La Contagion sacrée, ou Histoire naturelle de la superstition. La superstition suppose en effet la croyance en la réactivité de l'univers (non conforme aux théories scientifiques) ou d'entités surnaturelles face à certains comportements humains, croyance que l'on retrouve dans les religions. Néanmoins, le terme religion désigne un ensemble structuré autour d'une idéologie, alors que le terme superstition désigne une croyance ou pratique considérée isolément, qui peut ne pas se rattacher à une religion. Il n'en demeure pas moins que les doctrines religieuses fournissent aux croyances et pratiques superstitieuses une idéologie clairement documentée (croyance catholique aux saints, anges et les démons, à leurs pouvoirs et à la manière de les utiliser à son profit, par exemple) sur laquelle elles peuvent s'appuyer. On retrouve également des symboles et accessoires religieux parmi le grand nombre d'objets de protection dans lesquels les superstitions se matérialisent : talismans, amulettes, grigris, fétiches africains, trèfle à quatre feuilles...
Superstitions diverses
- Le nombre treize (13). Il est dit qu'il porte malheur en référence au nombre de convives de la Cène et aux conséquences néfastes de ce repas. Raison pour laquelle on ne trouve pas de 13e salle dans un cinéma, de 13e rangée dans les avions ni de 13e étage dans les hôtels et encore moins de chambre numéro 13. En Italie, c'est plutôt le nombre 17 (qui s'écrit en chiffres romains XVII, ce qui est l'anagramme de VIXI, signifiant « j'ai vécu » — partant, « je suis mort » — en latin), le 13 étant plutôt associé à la chance. En Asie de l'Est (Japon, Corée), c'est le nombre 4, homophone en chinois du mot mort, qui est généralement omis (numéro de chambre, étage).
- La couleur verte, couleur des fées, qui seraient furieuses de voir les hommes la porter, et spécialement le vendredi, jour de la mort du Christ sur la Croix et de la rédemption, dont elles sont exclues.
- Répandre du sel pour chasser les mauvais esprits.
- Briser un miroir apporterait 7 ans de malheur.
- Croiser un chat noir peut porter malheur.
- Ouvrir un parapluie sous un toit porterait malheur (les deux protections s'annulant).
- Passer sous une échelle porterait malheur.
- Présenter le pain à l'envers sur une table attire le diable. Cela viendrait du fait que le boulanger gardait le pain destiné au bourreau à l'envers sous l'Ancien Régime. Par ailleurs, une coutume populaire, encore très répandue dans l'Ouest de la France, veut que l'on fasse de la pointe du couteau un signe de croix sur l'envers du pain ; de très nombreuses personnes, même non-croyantes, le font systématiquement.
Porte-bonheur connus
- Patte de lapin
- Échelle à 13 barreaux
- Trèfle à quatre feuilles (voir photo ci contre)
- Fer à cheval (Pour que le fer-à-cheval porte bonheur, il faut qu'il soit posé ou accroché l'ouverture vers le haut, car sinon la chance tomberait - voir photo plus haut)
- Jeter une pièce dans une fontaine
- Voir une étoile filante
- Croiser les doigts
- Le nombre 8 en Chine (prospérité)
- Le nombre 9 en Chine (Durable)
- Toucher du bois
- La fleur de lys
- Glisser du pied gauche sur une Matière fécale
- Coccinelle
Porte-malheur connus
- Voir un chat noir
- Se passer le sel de main en main
- Passer sous une échelle (Cela peut aussi être considéré comme quelque chose de dangereux plutôt que de superstitieux...)
- Ouvrir un parapluie à l'intérieur d'une pièce
- Renverser une salière
- Mettre le pain à l'envers
- Casser une bouteille de parfum
- Perdre ou briser son alliance
- Poser des couteaux croisés sur une table
- Offrir des mouchoirs (pleurs en vue)
- Se lever du pied gauche
- Porter une robe de mariage lors d'une fête (prédit que la personne ne se mariera pas...)
- Porter un vêtement vert lors d'une représentation sur une scène
- Passer le balai ou se couper les ongles après 18h (peut faire entrer les âmes des morts dans la maison)
- Rentrer avant midi quand on va prier pour un mort.
- rencontrer un chacal de bon heure avant de voir un humain
Superstitions des corps de métier
Couture
- Se piquer un doigt avec l'aiguille (chaque doigt à une signification, et chaque main aussi)
- Faire tomber des ciseaux signifie prévoir une coupure
Aviation
- Avant de prendre leur poste de pilotage les pilotes d'avion ne prononcent jamais des mots comme "accident", "chute", "crash", "tomber" et s'interdisent toute plaisanterie sur ces sujets.
Marine
Article détaillé : Superstition des marins.- Lapin est un des nombreux mots bannis sur les bateaux. La légende raconte que ces animaux sont à l'origine de naufrages car une fois échappés de leurs cages, ils grignotent l'étoupe, rendant la coque non étanche. Lorsque cela est nécessaire, le lapin sera appelé "pollop", "animal aux longues oreilles" ou "cousin du lièvre".
- Les fleurs coupées étant utilisées pour l'élaboration des couronnes funéraires et jetées à la mer lors du décès d'un marin , il est souvent déconseillé d'en apporter sur un bateau au risque de provoquer la disparition du marin lors de son prochain voyage.
- Les femmes. On prétend que les femmes portent malheur sur un navire. Par conséquent, les femmes étaient interdites à bord dans le temps.
- Le Hollandais volant : si un bateau croise ce mythique vaisseau fantôme, alors il coulera.
Théâtre
Article détaillé : Superstitions théâtrales.- La couleur verte est réputée maléfique en France, mais c'est le violet en Italie, le vert et le bleu au Royaume-Uni et le jaune en Espagne. Plusieurs hypothèses ont été émises au sujet du vert : le costume de Judas, celui de Molière lors de son décès ou la couleur de l'oxyde de cuivre, colorant toxique utilisé jadis.
- Certains mots sont proscrits :
- « corde » en France, car on l'associe à celle qui sert à tirer la cloche pour saluer les morts ;
- « Macbeth » au Royaume-Uni, dénommée la pièce écossaise.
- Les œillets. Qu'un comédien reçoive ou voie des œillets avant ou après sa venue sur scène porte malheur à sa carrière.
Notes et références
- ↑ Petit Robert 1983
Annexes
Bibliographie
- Index superstitionum (Index de superstitions) : concile de Leptines (743), en latin : Mansi, Amplissima collectio conciliorum, 1901-1927, 53 vol., t. XII, col. 375.
- Jean-Baptiste Thiers, Traité des superstitions, 1741, 4 vol.
- Zouki Maliaka-Zouk, Inventaire de superstitions, collection Folio Junior, édité à Nice en 1955.
- Éloise Mozzani, Le Livre des superstitions (sous-titre : Mythes, croyances et légendes), Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1995, (ISBN 2-221-06830-0).
Articles connexes
Liens externes
- Superstitions et croyances des marins
- Superstitions au Japon
- Salomon Reinach, De l'origine et de l'essence des tabous, Cultes, mythes et religions, Tome II, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1906, pp. 18-22.
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