- Superstition théâtrale
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Les superstitions théâtrales sont des superstitions particulières aux acteurs ou au monde du théâtre. Certaines (comme celle concernant le mot corde) sont héritées de superstitions de marins : autrefois, de nombreux machinistes et monteurs de décor de théâtre étaient recrutés parmi les anciens charpentiers de marine.Sommaire
Les fleurs
Il ne faut jamais offrir de bouquet d'œillets à une actrice, en revanche les roses sont très appréciées. L'origine de cette tradition vient de ce qu'à l'époque où les théâtres avaient encore des acteurs permanents, le directeur offrait un bouquet de roses aux comédiennes dont le contrat était renouvelé. Mais pour ne pas faire de dépenses inutiles, celles qui étaient renvoyées recevaient des œillets, fleurs qui coûtent moins cher... Au Royaume-Uni on ne donne aucune fleur avant la représentation, il faut attendre la fin de la pièce.
Mots interdits
Vendredi
Le mot vendredi est porte malheur pour les comédiens sur scène
Marteau
Superstition pratiquement disparue. Le mot était remplacé par "darraque".
Bonne chance
Cela porte malheur de souhaiter bonne chance à un acteur ou un membre de la production. Au lieu de cela, pour éviter un désastre, l'expression la plus utilisée est simplement Merde !.
Cette expression daterait de l'époque où les spectateurs se faisaient déposer en calèche devant l'entrée, halte au cours de laquelle les chevaux ne manquaient pas de garnir de leur crottin le parvis du théâtre. Cette "garniture" étant directement proportionnelle au nombre de spectateurs, c'était faire preuve de bienveillance que de souhaiter "beaucoup de merdes" aux artistes.
Au Royaume-Uni, le sort est conjuré par Break a leg ! (casse-toi la jambe !) ; en Allemagne on dit Hals und Beinbruch ! (bris de cou et de jambe) ou bien Toï, toï, toï, répétition de la première syllabe de Teufel (diable).
En Italie, il convient de dire : « In bocca al lupo » (Dans la gueule du loup) auquel le comédien se doit de répondre « Crepi il lupo» (Que le loup meure).
Sifflet
Ne jamais siffler sur scène ou en coulisse. On prétend que cela attire les sifflets du public. En fait cette superstition vient de ce que les régisseurs de théâtre (anciens chefs gabiers dans la marine à voile) utilisaient autrefois des sifflements codés pour communiquer entre eux les changements de décors. Un acteur sifflant pouvait alors semer la confusion dans le bon déroulement technique du spectacle. Une autre explication viendrait de l'époque de l'éclairage au gaz. L'allumage des rampes se faisait par la veilleuse, constamment allumée. Si la flamme était éteinte, le gaz s'échappait et il y avait risque d'explosion. L'échappement libre du gaz produisait un sifflement caractéristique, d'où interdiction de siffler dans un théâtre.
Corde
Il est interdit de le prononcer, il est remplacé par "guinde", parfois par ficelle. Comme en marine chaque lien a un nom propre (guinde, drisse, fil, chanvre, etc.) mais le mot corde est totalement proscrit. Selon les lieux et les époques, il est considéré comme « fatal », portant la mort ; ou au contraire, le mal est moindre, et celui qui le prononce ne s'attire que l'obligation de payer la tournée à tous ceux qui l'ont entendu. Le terme est autorisé lorsque l'élément est muni d'un nœud de pendu. En effet, cette superstition viendrait de la marine où la corde désignait l'instrument de supplice. Sur le plateau de l'Opéra National du Rhin à Strasbourg, le terme "ficelle" est remplacé par le mot alsacien "Schnutzgigerle". La guinde devient "à Schnürr"
La seule corde présente dans un théâtre s'appelle la corde à piano. Nullement musicale, elle est faite d'acier de forte résistance pour servir de guide à un rideau.
Couleurs
La couleur verte est aussi considérée comme maléfique, dans le monde du spectacle (exception faite des clowns). Cette superstition aurait pour origine les dispositifs d'éclairage de scène du XIXe siècle, qui ne mettaient pas en valeur les tons verts, ou encore la couleur de l'oxyde de cuivre ou du cyanure, utilisés pour colorer les vêtements jadis mais à proscrire en raison de sa toxicité. Si la couleur verte est réputée maléfique en France, c'est le violet en Italie, le vert et le bleu au Royaume-Uni et le jaune en Espagne. Dans ce dernier cas, l'explication vient de la Tauromachie : en effet, la cape du torero étant lie de vin à l'extérieur et jaune à l'intérieur, si le Torero est encorné, la dernière couleur qu'il verra sera le jaune.
Une autre superstition existe à propos du vert, couleur du costume de Molière, lors de sa dernière représentation.
Macbeth
Au Royaume-Uni, la pièce de Shakespeare Macbeth est réputée maudite, ainsi les acteurs évitent de prononcer son titre (l'euphémisme la pièce écossaise est utilisé à la place).
Les acteurs interprétant les rôles principaux sont eux-mêmes désignés sous le nom de M et Lady M. On prétend que de graves conséquences peuvent survenir pour quiconque n'utilise pas l'euphémisme. Cependant, on dit que des membres de la distribution sont protégés contre la malédiction - mais cela reste contesté. On dit également que Macbeth n'a jamais été mis en scène sans qu'au moins un des acteurs ne soit mort ou sérieusement blessé pendant le spectacle. Il n'y a aucune preuve objective créditant ou démentant cette superstition, mais il est intéressant de préciser que la pièce inclut davantage de scènes de combat et d'autres fortes occasions d'accident que la moyenne des pièces de Shakespeare. L'origine habituellement attribuée à cette superstition est que Macbeth, étant une pièce très populaire, est généralement programmée par des théâtres en déséquilibre budgétaire, ou encore que les coûts de production élevés de la pièce mettent le théâtre dans l'ennui financier.
Bibliographie
- Éloïse Mozzani, Le Livre des superstitions, Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1995, (ISBN 2-221-06830-0)
- Agnès Pierron, Dictionnaire de la langue du théâtre, Le Robert, collection les usuels, Paris, 2003. ISBN 2-85036-689-7
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