- Société mercantile
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Consommation
La consommation est l'acte d'achat et l'utilisation de biens et services, généralement dans le but de satisfaire ses besoins ou ses désirs. Elle est le fait des consommateurs, des entreprises et de l'État.
Les phases complémentaires de la consommation sont la production et la distribution.
Sommaire
Définitions en économie
Deux types de consommations existent:
- consommation intermédiaire
- Consommation productive qui va contribuer à la production d'autres biens (ou services).
- consommation finale
- Quantité des biens et services utilisés qui concourent à la satisfaction directe des besoins des agents individuels, les ménages, soit collectivement (consommation des administrations appelée consommation non marchande). Selon la comptabilité nationale, elle correspond à "l'utilisation de biens et services pour la satisfaction directe des besoins humains", à l'exception des achats de logements comptabilisés comme des dépenses d'investissement et la consommation intermédiaire.
Définitions en comptabilité nationale
Selon la comptabilité nationale, la consommation finale totale étudiée au niveau d'un pays réunit:
La consommation finale des ménages ou la consommation privée: comprend trois éléments: L'ensemble des dépenses ayant permis l'acquisition de biens et services marchands par les ménages pour satisfaire leurs besoins individuels. L'ensemble des dépenses pour les biens et services relevant de la production pour usage final propre, les services domestiques, les services du logement produits par les propriétaires occupants, l'autoconsommation acquis auprès des producteurs non marchands.
- La consommation finale individualisable des APU ou la consommation publique:
Elle correspond à des prestations en nature de biens et services cédés gratuitement ou à des prix non significatifs aux ménages (enseignement, santé, action sociale, des services récréatifs ou culturels).
- La consommation finale des ISBLSM:
Elle correspond aux transferts sociaux non marchands destinés aux ménages.
Cas particuliers
Lorsque les ménages consomment ce qu'ils produisent eux-mêmes, même partiellement, on parle d'autoconsommation. Ce cas se rencontre notamment dans l'agriculture traditionnelle. (Voir agriculture vivrière).
Place de la consommation dans l'économie
La consommation, exercée en tant que fonction économique par les ménages fait partie du cycle économique général. Le budget des ménages comporte comme ressources
- Leurs revenus
- l'argent qu'ils peuvent emprunter
- celui qu'ils peuvent retirer de leur patrimoine (désépargne)
Ces ressources sont employées pour
- leur consommation
- Leurs impôts et taxes
- Leurs remboursements d'emprunts
- Leur constitution d'épargne et leurs investissements (immobiliers...). En principe l'épargne sert à une consommation différée dans le temps.
On voit donc que la consommation dépend des revenus des consommateurs, mais aussi de leurs comportements vis-à-vis de l'argent. Ceux-ci sont souvent conditionnés par leurs anticipations de revenus futurs et leur confiance générale en l'avenir. Voir consommateurs
L'évolution de la consommation est un élément clé de la conjoncture économique.
La Fonction de consommation keynésienne
Quelques définitions
- Le revenu disponible brut TbYd
Il faut tout d'abord admettre le fait que pour consommer, les agents économiques, notamment les ménages, ont besoin d'un revenu.
Ainsi, les ménages perçoivent des revenus du travail (salaires nets des cotisations sociales, revenus non salariaux des travailleurs indépendants) et des revenus de la propriété (dividende, intérêts et loyers). La somme constitue le revenu primaire. A ces revenus, il faut ajouter les revenus de transfert (prestations sociales) et déduire les impôts directs. On obtient ainsi le montant total des ressources qui reste à la disposition des ménages afin de consommer ou épargner.
- La fonction de consommation
Les comportements de consommation des ménages sont déterminés en premier lieu par la décision de partage. Ainsi, leur revenu disponible va se partager entre la consommation présente et consommation future (l'épargne). L'analyse keynésienne suppose que la consommation a une importance première dans l'affectation du revenu. Par conséquent, Keynes suppose qu'elle est en fonction du revenu disponible, soit :
C = c(Yd) - La fonction d'épargne
En comptabilité nationale, l'épargne brute des ménages représente la part du revenu qui "reste disponible pour accumuler les actifs physiques et financiers". Elle constitue le solde du compte d'utilisation du revenu et a deux composantes: L'épargne financière (avoirs liquides, placements) L'épargne non financière (acquisition de logements, achats de biens d'équipement par les entrepreneurs individuels).
L'épargne est nette lorsqu'on déduit l'amortissement du capital des entrepreneurs.
Cette fonction de consommation keynésienne est remise en cause par les travaux de Milton Friedman publiés en 1957 dans Théorie de la fonction de consommation. Alors que le keynésianisme dominait, il remit en cause cette fonction et en souligna les imperfections. A la place il formula en particulier l'hypothèse de revenu permanent, qui postule que les choix de consommation sont guidés non par les revenus actuels mais par les anticipations que les consommateurs ont de leurs revenus. Ces anticipations étant plus stables, elles ont tendance à lisser la consommation, même quand le revenu disponible baisse ou augmente. Ces travaux furent particulièrement remarqués car ils remettaient en cause la validité des politiques conjoncturelles de relance de la demande et le multiplicateur d'investissement keynésien[1].
Sociologie
La sociologie considère la consommation comme un acte essentiel de la vie en société, particulièrement dans le contexte de la société de consommation. Elle étudie la consommation sous un angle éventuellement non financier, étudiant notamment, les motivations de la consommation, les influences, l'usage des biens et services consommés, leur rôle symbolique.
- Dans la théorie classique et notamment marxiste, la consommation est directement corrélée au revenu.
- La sociologie s'est ensuite penchée sur le phénomène de la consommation de masse, notamment les déterminants immatériels (la consommation comme facteur d'identité, l'influence de la publicité et des médias).
Parmi les théories sociologiques de la consommation, figurent :- la consommation ostentatoire de Thorstein Veblen,
- la domination symbolique de Pierre Bourdieu.
Si la théorie classique postule que consommation et qualité de la vie sont liées, certaines enquêtes relativisent ce postulat. Selon l'enquête Trend Observer 2008 de l'institut Ipsos, six français sur dix sont d'accord avec l'idée que, pour améliorer la qualité de vie, il faut réduire la consommation[2].Philosophie
La philosophie pose notamment la question de la consommation d'un point de vue moral.
Les religions portent généralement un regard relativement distancié, voir critique, vis-à-vis de la consommation qui est représente l'attachement aux biens matériels du monde et risque donc, à leurs yeux, de détourner l'Homme d'autres valeurs.
Dans le judaïsme, l'économie du Sabbat et les leçon de la manne apportée par Dieu lors de la traversée du désert par les Hébreux (ne ramasser que ce dont on a besoin, ne pas faire de réserves) ont également été interprété comme des appels à la modération de la consommation.
Pour l'église catholique, le synode épiscopal qui a suivi Vatican II a déclaré que la cause philosophique de la société de consommation était un excès d'immanentisme, c'est-à-dire une forme de sensualisme porté exclusivement vers la vie matérielle. [3] Cette forme de matérialisme est apparentée à l'enseignement de Spinoza.
Dans le bouddhisme, le but de l'Homme est d'atteindre le Nirvāna, qui se caractérise par la libération de tout désir matériel, source de souffrance, la fusion par la méditation dans un Tout spirituel qui fait disparaître la personne et la fin du cycle des réincarnations. Ces objectif apparaissent contradictoire avec une consommation de biens et services allant au-delà de ce qu'exige le maintien en forme de la personne humaine.
La société de consommation
Le terme « société de consommation » est la simplification du terme « société industrielle de consommation dirigée », défini par Henri Lefebvre comme étant l'état du capitalisme d'après la Seconde Guerre mondiale (le Salon des arts ménagers en est le fer de lance au milieu des années 1950).
Description
Une société de consommation est une société dans laquelle l'achat de biens de consommation est à la fois le principe et la finalité de cette société. Dans celle-ci, le niveau moyen de revenu élevé satisfait non seulement les besoins considérés comme essentiels (alimentation, logement, éducation, santé,…) mais il permet aussi d'accumuler des biens (par plaisir, pression sociale ou publicitaire) et de les utiliser ou juste les montrer (pour des raisons esthétiques ou autres), dépenses que certains jugent superflues[4]. Son symbole est l'objet « consommable » qui s'use et qu'il faut renouveler, voire l'objet jetable. S'il est possible de produire des objets plus résistants, celà augmenterait leur coût et leur durée de vie, ce qui nuirait alors à la consommation.
Critiques
Théories
Pour les opposants à la société de consommation, l'idéologie se résume ainsi : le remède à tous les désirs est de les assouvir. Et pour assouvir ses désirs, il faut gagner suffisamment d'argent pour pouvoir se le permettre. Cela suppose que, dans cette idéologie, tout est mercantilisable.
Certaines critiques insistent sur le fait que cette focalisation sur les biens matériels pose un problème moral et philosophique pour le consommateur, une question concernant la finalité de l'Homme et de la vie terrestre.
D'autres critiques insistent sur les implications concrètes de la consommation, à travers ce qu'elle implique en termes de production, transport et distribution. Ces critiques pointent notamment les conséquences en termes de conditions de travail, les conséquences sur l'environnement, les ressources naturelles et la santé. La comparaison du niveau de consommation finale avec la capacité terrestre de production de ressources natruelles et d'absorption de la pollution a conduit à l'émergence d'un concept scientifique de surconsommation.
Sur le plan philosophique, la recherche de bien matériels, quête sans fin, pousserait également selon certains au phénomène moral de surconsommation.
Actions
La critique de la consommation se réalise à plusieurs niveaux qui entraînent parfois des confusions :
- La défense du consommateur, dont le consumérisme, qui ne remet pas en cause la consommation elle-même, mais souhaite renforcer le pouvoir du consommateur face aux producteurs et aux distributeurs.
- La critique d'une consommation qui ne serait pas attentive aux modes de production ou aux conséquences de la production du bien consommé. Elle entraîne le développement des concepts de consommation solidaire (qui aide prioritairement les petits producteurs), de consommation durable (qui ne nuit pas à l'environnement), de consommation citoyenne, etc.
C'est dans cette perspective que rentre la consom'action (néologisme) ou consommation responsable est un phénomène socio-culturel récent, principalement dans des milieux "alternatifs". Il exprime l'idée selon laquelle on peut "voter avec son caddie" en choisissant à qui l'on donne son argent, en choisissant de consommer non plus seulement de manière consumériste, mais en tenant compte du « développement durable ».
- La critique de la surconsommation selon les termes parfois employés, voire du principe de la consommation matérielle elle-même. D'où les mouvements, d'anti-consommation, de simplicité volontaire, les attitudes d'ascétisme à motivation religieuse ou non, etc.
Défense
Un axe de défense de la consommation, repose sur l'idée qu'il s'agit d'une évolution naturelle et inéluctable des sociétés, issue du progrès technique ainsi que de l'enrichissement généralisé. Vue sous l'angle de la micro-économie, cette défense postule qu'une consommation croissante est le fruit du désir naturel de bien-être matériel de chaque individu.
La défense de la consommation repose également sur l'idée que cette décision individuelle, égoïste dans son principe selon le terme utilisé en sociologie de la consommation, abouti à l'enrichissement généralisé de la société. La consommation créé et maintient l'emploi, la hausse du niveau de vie, l'innovation et la créativité humaine, etc. Dans cette perspective, des phénomènes condamnés par la morale classique - le gaspillage, le superflu, l'éphémère et la redondance - constituent en fait des moteurs du développement économique et de l'innovation.
D'un point de vue moral, la quête du superflu serait même l'une des caractéristiques qui distinguerait l'être humain de l'animal, limité dans ses attentes, besoins, envies et aspirations.
La société de consommation a également été présentée comme un élément positif d'un point de vue moral par opposition à d'autres modèles sociaux. La quête de biens matériels et leur possession permettant de canaliser les passions humaines dans des domaines d'où la violence (au moins physique) serait exclue. Par ailleurs, les citoyens des sociétés de consommation seraient moins enclins à désirer la guerre compte tenu de ce qu'ils auraient à perdre (biens, niveau de vie).
Notes et références
- ↑ Les grands économistes, Jean-Claude Drouin, Presses Universitaires de France, 2006, ISBN 2130546250
- ↑ Etude Trend Observer 2008 d'Ipsos, citée dans Aujourd'hui, les consommateurs y regardent à deux fois, in Les Echos, 2 décembre 2008, page 19
- ↑ Discours à la rote romaine, Vatican 1991
- ↑ Société de consommation : société d'un pays industriel avancé qui crée sans cesse des besoins artificiels, (Petit Larousse, 1992)
Voir aussi
Articles connexes
- Consommateur
- Défense du consommateur, Consumérisme
- anti-consommation, consom'action, simplicité volontaire, freegan
- Liste des ministres français de la Consommation
- Culture de jeunesse, consommation ostentatoire,
- Ouvrages : La société de consommation (livre de Jean Baudrillard), la Mcdonaldisation de la société (livre de George Ritzer)
Bibliographie
- Nicolas Herpin, Sociologie de la consommation, Paris, Ed. La Découverte, 2001, ISBN : 2-7071-3492-9
Liens externes
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