Snuff movie

Snuff movie

Le snuff movie (ou snuff film) est un film, généralement pornographique, qui met en scène la torture et le meurtre d'une ou plusieurs personnes. Dans ces films clandestins, la victime est censée ne pas être un acteur mais une personne véritablement assassinée.

La réalité de ces films est toutefois discutée et pourrait relever de la légende urbaine. Le thème du snuff movie est devenu un élément de la culture populaire et un certain nombre de films ont abordé ce thème, que l'on retrouve également dans la littérature et le jeu vidéo.

Sommaire

Présentation

Le snuff movie (du terme anglais to snuff out, « mourir[1] ») est un film, dans lequel une ou plusieurs personnes sont torturées et tuées. Dans un tel film, il est suggéré que ce n'est pas un acteur qui mime la mort mais une personne qui est véritablement assassinée. Ce genre de film circulerait ensuite dans un circuit fermé de riches amateurs de crimes où les cassettes s'achèteraient à prix d’or.

Les rumeurs sur l'existence des snuff movies existent depuis les années 1970, ces films restent toutefois considérés comme une légende urbaine[2],[3]. Le débat sur les snuff movies pose aussi la question de la fascination de l'Homme pour la violence réelle[4].

Toutefois, certains (comme Boomer) croient que Snuff 102 a été tournée exprès de façon underground et de mauvaise qualité, mais ceci est du à un mauvais budget. Dommage pour la réalisation.

Polémiques sur l'existence

Un certain nombre d'éléments autour des snuff movies sont caractéristiques de ce qu'on nomme une légende urbaine[réf. nécessaire], ce qui mène beaucoup de personnes à penser que ces films n'existeraient pas[réf. nécessaire], ou seulement de façon très exceptionnelle, sans qu'existe un marché organisé.

En 2001, la journaliste française Sarah Finger a publié un ouvrage relatant son enquête de deux années sur le phénomène des snuff movies, notamment auprès d'Interpol et du FBI[2]. Sarah Finger y explique pourquoi elle met en doute à ce jour l'existence de ces films et semble les ranger dans le domaine des légendes urbaines et des rumeurs circulant sur Internet. Le sociologue Jean-Bruno Renard estime également que les snuff movies sont sans doute une légende[5],[6].

D'après un article du journal anglais The Observer[7], les autorités russes ont en l'an 2000 procédé à l'arrestation du Russe Dmitri Vladimirovich Kuznetsov, 30 ans, réalisateur de vidéos de type snuff où l'on voyait le viol, la torture et le meurtre réels d'enfants. Toujours d'après l'article, l'enquête montre que l'individu écoulait à prix d'or sa production dans des pays comme la Grande-Bretagne ou l'Italie à destination d'une clientèle sadique et pédophile.

Toutefois, en définitive, la justice russe ne semble pas avoir retenu contre lui la qualification de meurtre : Kuznetov semble avoir été condamné à 3 ans de prison pour production et distribution de pornographie infantile[8].

Historique

Scandales

Dans les années 1970, un certain courant cinématographique était à la recherche d'un réalisme le plus cru possible dans la violence et la mort. Entre autres, plusieurs réalisateurs italiens ont mis en scène des récits de cannibalisme dans quelques films relativement célèbres : Cannibal Holocaust, Le Dernier monde cannibale, Mondo Cane, etc.

Ces films ont fait scandale, des rumeurs accusant certains réalisateurs d'avoir été trop loin en filmant des mises à mort réelles d'animaux ou d'être humains ou même en les provoquant. Ces derniers s'en sont défendus, évoquant la seule qualité de leurs effets spéciaux.

En 1976, Carter Stevens décida de rajouter une scène choc au film méconnu de Michael Findlay, The Slaughter, que Stevens renommera Snuff. Cette scène avait pour but de faire croire au spectateur que le pseudo-scénariste du film Snuff violait une des actrices du film The Slaughter avant de la tuer de manière très barbare. Cette scène créa une polémique gigantesque qui déboucha sur des enquêtes policières. La légende du snuff movie était née.

Cannibal Holocaust (1980) de Ruggero Deodato présente des scènes de meurtres d'animaux et humains d'une rare violence, mais également le viol d'une femme qu'on verra par la suite empalée. La barbarie animale fut cependant avérée.

La série de films japonais Guinea Pig d'Hideshi Hino, notamment le second opus Flowers of Flesh and Blood, crée la polémique en embrouillant volontairement le spectateur. L'aspect du film est si réaliste qu'il laisse croire au spectateur qu'il regarde d'authentiques snuff movies, bien que tout soit factice.

Phénomènes affiliés

Si le snuff movie tel que représenté par l'imaginaire collectif semble plus appartenir à la légende qu'à une réalité tangible, les agressions et les meurtres filmés existent effectivement.

Face à la mort (en anglais Faces of Death) est encore un autre genre : c'est un film qui se veut documentaire sur les différentes formes que peut revêtir la mort. Il mélange des morts réelles (d'animaux et d'humains) avec des mise en scène évidentes (exécution d'un condamné sur la chaise électrique).

Avec Internet, la tendance est au développement de la diffusion de ce genre de films[9]. Sur la toile circule des vidéos montrant des mises à mort ou tortures en temps de guerre ou de guérilla, des lynchages, des morts violentes par accident, etc.

En 2004 et 2005, certains de ces films ont beaucoup fait parler d'eux car ils ont collé à l'actualité : il s'agit des vidéos diffusés par des groupuscules extrémistes et montrant la décapitation d'otages, notamment américains, après la seconde guerre d'Irak.

Si les raisons de la consommation de tels films ou images ont quelques ressemblances avec celles qu'on prête aux consommateur de snuff movies (fascination pour la violence et la mort, pulsion de destruction, voire de perversion dans certains cas), leur production n'obéit pas à la même logique. Dans le snuff movie tel qu'il est défini, la mise à mort elle-même n'a pour objectif que l'excitation morbide voire sexuelle qu'elle peut engendrer et donc par derrière le profit financier que peut apporter un tel matériel. Dans ces autres types de films, les mises à mort ont d'autres raisons (guerre, idéologie, extrémisme religieux, haine et colère d'une foule, etc.) et leur captation est souvent fortuite ou bien effectuée également pour des raisons idéologiques (frapper l'opinion publique, etc.).

Dans la culture populaire

Cinéma

De nombreux films se sont inspirés de la légende du snuff movie[10]. Dès 1960, Le Voyeur de Michael Powell raconte l'histoire d'un homme qui assassine de jeunes femmes tout en les filmant avec une caméra portable. Suite au succès de Snuff qui popularise le mythe des snuff movies dans les années 1970, d'autres films se mettent à aborder ce thème. En 1979, Hardcore de Paul Schrader est le premier film hollywoodien à s'intéresser au phénomène et à parler des liens entre le milieu pornographique et le snuff movie[11]. En 1976, le film érotique Black Emanuelle en Amérique de Joe D'Amato a d'ailleurs fait parler de lui avec une scène très réaliste de snuff movie[12].

Le snuff movie sert d'intrigue à de nombreux thriller comme dans 8 millimètres de Joel Schumacher (1999), où un détective privé enquête sur la véracité d'un snuff movie qu'un milliardaire récemment décédé aurait gardé en secret, ou bien dans Strange Days de Kathryn Bigelow (1995), où un enquêteur doit visionner un snuff movie pour trouver des indices et retrouver le coupable du meurtre d'un proche, ou encore dans Tesis (1996), premier long-métrage de Alejandro Amenábar, plusieurs fois récompensé. Dans le film multi-primé Vidéodrome de David Cronenberg (1985), un dirigeant d'une chaîne télévisée découvre une transmission pirate entièrement dédiée aux snuff movies.

Le film d'horreur et le cinéma gore exploite évidemment le thème. La nouvelle vague du cinéma d'horreur, incarné par le Splat Pack, s'en inspire fréquemment comme Saw de James Wan et les Hostel d'Eli Roth[10].

Certains films underground essaient volontairement de brouiller les pistes entre ce qui relève de la réalité et la fiction, parfois en travestissant volontairement leur film en snuff movie (August Underground). Le court-métrage Pig (1998) fait intervenir un tueur incarné par le chanteur gothique Rozz Williams (également co-réalisateur) qui torture sa victime et la tue. Si la mort est bien simulée, les blessures infligées à la victime sont bien réelles, Rozz Williams désirant exorciser ses propres démons avec le film. En 2007, Snuff 102 de l’argentin Mariano Peralta, montrant les tortures d'un psychopathe sur trois femmes, devient célèbre en créant un scandale lors de sa diffusion au festival international du film de Mar del Plata. Sa réputation de film le plus choquant jamais réalisé lui vaut d'être interdit dans de nombreux pays.

Le snuff movie dans les films peut aussi servir à amener une réflexion sur le pouvoir des images et les rapports entre l'Homme et la violence, comme dans Tesis d’Alejandro Amenabar (1996)[11],[10].

Dans les années 1970, la rumeur voulait que ces films soient tournés en Amérique du sud mais après la chute du mur de Berlin et le développement de la mafia russe, les cinéastes ont commencé à déplacer le snuff movie dans les pays d'Europe de l'est (Témoin muet, Gunblast vodka, Hostel…)[11],[10].

Autres supports

Le snuff movie est aussi devenu un thème exploité dans la littérature. Maurice G. Dantec aborde ce sujet dans son roman la Sirène rouge (1992) où la jeune héroïne fuit sa mère après avoir découvert qu'elle est productrice de snuff movies[9]. Le roman policier Nécroprocesseurs de Jacques Vettier (prix Sang d'encre, Vienne 1999) a pour toile de fond le snuff movie. Rafael, derniers jours de Gregory Mcdonald (1991) raconte les derniers jours d'un homme qui a accepté de jouer dans un snuff movie pour sauver sa famille du besoin ; il a été adapté au cinéma par Johnny Depp sous le titre de The Brave. Le lit de béton de Laurent Fétis raconte l'histoire d'un réalisateur de snuff movies. La mort en prime time de Jean-Luc Bizien (prix du roman d'aventure, 2002) raconte l'histoire de jeunes gens qui s'entretuent dans une émission de télé-réalité. La mort leur va si bien de Peter James (2006) est un thriller ayant pour thème la création et la diffusion de snuff movies par des malfaiteurs. Snuff de Chuck Palahniuk (2009) suit une reine du porno qui plonge dans l’univers glauque des snuff-movies. Dans Bikini, de James Patterson (2009), le personnage principal enquête sur un tueur en série qui vend ses services à un groupe de riches amateurs de snuff movies en filmant ses exécutions.

Le snuff movie se retrouve aussi dans la bande dessinée, comme dans le diptyque Golden Gate (2000) / Shadow (2002) de la série Largo Winch où le sujet des snuff movies représente une bonne part de l'intrigue. Un autre exemple est la série Le Réseau Bombyce de Cecil et Corbeyran qui commence par la découverte d'un snuff movie par deux voleurs.

Certains jeux vidéo exploitent également cet univers. Dans Manhunt (2003), le joueur contrôle un condamné à mort dont la vie a été rachetée pour participer à une gigantesque chasse à l'homme filmée. Bloody Good Time (2010) met en scène des acteurs qui doivent s'entretuer devant les caméras d'un réalisateur. Dans Vampire: The Masquerade - Bloodlines, le joueur est amené à enquêter sur un film dans lequel une jeune femme est mise en pièce par des monstres (qui s'avèrent être des goules).

Notes et références

  1. André Roy. Dictionnaire général du cinéma: Du cinématographe à internet : art, technique, industrie. Les Editions Fides, 2007, p. 406 (ISBN 2-7621-2787-4).
  2. a et b Sarah Finger. La mort en direct, Snuff movies, Le Cherche Midi éditeur, Paris.
  3. Barbara Mikkelson, A Pinch of Snuff, Snopes.com, 31 octobre 2006 (page consultée le 12 janvier 2011).
  4. Pierrette Poncela. Délinquances des jeunes: quels actes ?, quelles réponses juridiques ?. Editions L'Harmattan, 2009, 157-158 (ISBN 2-296-09064-8).
  5. Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard. Légendes urbaines - Rumeurs d'aujourd'hui, éditions Payot, Paris, 2002.
  6. Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard. De source sûre : Nouvelles rumeurs d'aujourd'hui. éditions Payot, Paris, 2002, 383 p.
  7. (en)The Observer, 1er octobre 2000, http://observer.guardian.co.uk/uk_news/story/0,,375883,00.html
  8. (en)In two recent convictions, a Moscow court sentenced a man identified only as Kuznetsov to three years for distributing child pornography - The St. Petersburg Time, http://www.sptimes.ru/index.php?action_id=2&story_id=15650 ;
    For example, Moscow’s Dorogomilovsky district court reviewed a criminal case against citizen, Kuznetsov, for distribution of child pornography, including sexual acts with children, on the internet network. Kuznetsov was sentenced to three years imprisonment. - HUMAN TRAFFICKING IN THE RUSSIAN FEDERATION report (UNICEF), [PDF] http://www.unicef.org/russia/unicef_english_book_child_protection.pdf
  9. a et b Mathieu Bollon. Snuff Story. RING, 2 mars 2007, (page consultée le 12 janvier 2011).
  10. a, b, c et d Romain Le Vern, Le snuff movie au cinéma, Excessif.com, 27 juillet 2007, (page consultée le 12 janvier 2011).
  11. a, b et c Manu, Tesis, Trouver Objet Caché, 30 septembre 2001, (page consultée le 12 janvier 2011).
  12. Black Emanuelle en Amérique, Psychovision.net, (page consultée le 12 janvier 2011).

Voir aussi

Bibliographie

  • Sarah Finger (2001)La mort en direct, Snuff movies. Le Cherche Midi éditeur, Paris, 213 p. (ISBN 2-86274-866-8).
  • Mikita Brottman (2005). Offensive Films. Vanderbilt University Press, 205 p. (ISBN 0-8265-1491-X).
  • Murielle Gagnebin, Julien Milly (2006). Les images honteuses. Éditions Champ Vallon, Seyssel, 437 p. (ISBN 2-87673-452-4).

Articles connexes

Liens externes


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