- Au revoir, les enfants
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Au revoir les enfants
Au revoir les enfants Réalisation Louis Malle Scénario Louis Malle Musique Camille Saint-Saëns et Franz Schubert Photographie Renato Berta Société de production Louis Malle pour MK2 Productions (France) et Nouvelles Éditions de Films (France); Stella Films et NEF Filmproduktion (R.F.A.) Budget 17 millions de francs (2,7 millions EUR) Format long métrage Genre Drame Durée 103 mn Sortie 7 octobre 1987 Pays d’origine France Au revoir les enfants est un film français de Louis Malle sorti en 1987.
Sommaire
Synopsis
Le film se déroule durant l'hiver 1944, dans une France occupée. Julien qui a 12 ans, fils d'une famille bourgeoise, est pensionnaire au petit collège Saint Jean de la Croix, tenu par les pères carmes. Il retrouve le chemin de l'école sans joie après les vacances de Noël, pour le second trimestre. Une rentrée presque comme les autres jusqu'à ce que le père Jean vienne présenter trois nouveaux élèves. L'un d'entre eux, le jeune Jean Bonnet, est le voisin de dortoir de Julien.
Les deux élèves se jaugent, Julien est intrigué par Jean, garçon fier, mutique et mystérieux un temps rejeté par l'ensemble de la classe. Après s'être observés mutuellement, ils s'apprivoisent au jour le jour et un lien d'amitié se crée entre eux. Julien finit par comprendre le secret de son ami, son nom n'est pas Bonnet mais Kippelstein, il est juif. Un froid matin de janvier, suite à une dénonciation, la Gestapo fait irruption dans le collège. Le père Jean, résistant clandestin, et les trois enfants juifs sont emmenés. Julien ne les reverra jamais plus. Les enfants sont déportés à Auschwitz et le Père Jean à Mauthausen.
Analyse
Genèse
Ce film est en partie autobiographique. Louis Malle a vécu cette histoire qui a longuement occupé son esprit, selon ses propres dires : « Pendant longtemps, j'ai purement et simplement refusé de m'y attaquer, parce que cet évènement m'avait traumatisé et qu'il a eu une énorme influence sur ma vie. »[1]
Le projet de départ s'intitulait d'ailleurs My little madeleine (en référence à la madeleine de Proust) avant de s'intituler Le nouveau puis finalement Au revoir les enfants[2].
Néanmoins, le réalisateur n'a jamais prétendu raconter la vérité à la façon d'un documentaire, c'est une fiction faite des souvenirs qu'il a de cette histoire vécue, à laquelle il a rajouté des éléments et anecdotes récupérés ailleurs, et des éléments purement fictionnels.
De façon générale, l'amitié approfondie entre Julien et Jean est purement fictionnelle[3]. Le jeune Malle n'a pas réellement développé d'amitié avec le vrai Bonnet (il déclarera dans plusieurs interviews que c'est ce regret qui a motivé le film). Le personnage de Julien corrige ce que Louis Malle n'a pas eu le temps, l'occasion ou la présence d'esprit de faire à l'époque. Sa façon de chercher des indices sur l'identité de Jean (à la façon d'un Sherlock Holmes) peut être vue comme l'investigation que le réalisateur fait a posteriori sur son passé.
Liens avec d'autres films de Malle
Le réalisateur avait déjà abordé le sujet de la collaboration dans Lacombe Lucien où le personnage principal était le collaborateur. Il peut être fait un lien entre le personnage de Lucien et celui du collaborateur Joseph dans Au revoir les enfants. À l'époque de l'écriture de Lacombe Lucien, Louis Malle avait imaginé le personnage de Lucien à l'identique du futur Joseph, mais avait ensuite abandonné cette piste[4]. Louis Malle décrit le personnage de Joseph comme « le petit cousin de Lucien »[5].
On peut aussi faire un parallèle entre Au revoir les Enfants et un autre film de Malle, Le Souffle au cœur, concernant le thème de la relation fusionnelle entre la mère et le fils, le père absent et le milieu bourgeois. Dans les deux films se trouve aussi une scène quasi identique, lorsqu'un prêtre touche la jambe du garçon lors de la confession (dans le premier film cette scène évoque plutôt un attouchement alors que dans le second il s'agit d'un geste tout à fait innocent).
L'histoire réelle
Au revoir les enfants est donc une version romancée d'événements que Louis Malle a vécus. Dans les faits réels, le jeune Jean Bonnet s'appelait Hans-Helmut Michel (6 juin 1930, 6 février 1944)[6] et il est resté environ un an dans le collège d'Avon près de Fontainebleau. Il est en fait arrivé dans cet internat quelques mois avant Louis Malle et son frère Bernard.
Après que la Gestapo l'eut arrêté (avec les autres enfants et le père) le 15 janvier 1944, il fut envoyé à Drancy puis déporté à Auschwitz où il fut immédiatement envoyé en chambre à gaz[6].
Le Père Jean du film a lui aussi existé et s'appelait Père Jacques (29 janvier 1900, 2 juin 1945). Pour avoir caché les trois enfants juifs dans le collège d'Avon, il fut lui déporté à Mauthausen[7]. Il mourut une semaine après la libération du camp[6]. Il est honoré à Yad Vashem en tant que Juste parmi les nations.
Fiche technique
- Titre : Au revoir les enfants
- Réalisation : Louis Malle
- Scénario : Louis Malle
- Photo : Renato Berta
- Opérateur steadicam : Marc Koninckx
- Assistants-réalisateur : Patrick Cartoux et Yann Gilbert
- Musique : Camille Saint-Saëns et Franz Schubert
- Décorateur : Willy Holt
- Montage : Emmanuelle Castro
- Production : Louis Malle pour MK2 Productions (France) et Nouvelles Éditions de Films (France); Stella Films et NEF Filmproduktion (R.F.A.)
- Visa : 64 487
- Genre : Drame
- Durée : 103 minutes
- Dates de tournage : du 26 janvier 1987 au 27 mars 1987
- Lieux de tournage: France, Provins (Seine-et-Marne)
- Budget : 17 millions de francs (2,7 millions EUR)
- Dates de sortie : 7 octobre 1987 (France), 5 novembre 1987 (R.F.A.)
- Nombre de spectateurs en salle: 3,5 millions
Distribution
- Gaspard Manesse : Julien Quentin
- Raphaël Fejtö : Jean Bonnet/Kippelstein
- Francine Racette : Mme Quentin
- Stanislas Carré de Malberg : François Quentin
- Philippe Morier-Genoud : Père Jean
- François Berléand : Père Michel
- François Négret : Joseph
- Peter Fitz : Müller
- Pascal Rivet : Boulanger
- Benoît Henriet : Ciron
- Richard Lebœuf : Sagard
- Xavier Legrand : Babinot
- Arnaud Henriet : Negus
- Jean-Sébastien Chauvin : Laviron
- Luc Étienne : Moreau
- Daniel Edinger : Tinchaut
- Marcel Bellot : Guibourg
- Ami Flammer : Florent
- Irène Jacob : Mlle Davenne (NB: son 1er rôle)
- Jean-Paul Dubarry : Père Hippolyte
- Jacqueline Staup : l'infirmière
- Jacqueline Paris : Mme Perrin
Récompenses
- Lion d'or 1987 à la Mostra de Venise.
- César du meilleur film, César du meilleur réalisateur, César du meilleur scénario original ou adaptation, César de la meilleure photographie, César du meilleur décor, César du meilleur son, César du meilleur montage
- Prix Louis-Delluc.
- Nomination aux Oscars 1988 pour le Meilleur Film Étranger.
Anecdotes
- En 1990, au lendemain de la profanation du cimetière juif de Carpentras, Lionel Jospin, alors ministre de l'éducation nationale, invita les enseignants de collège à projeter le film à leurs élèves[8].
- Le réalisateur américain Quentin Tarantino aurait raconté un jour, qu'il n'avait jamais réussi à prononcer correctement le titre de français "Au revoir les enfants", et que pour se souvenir plus facilement du titre du film, il l'appelait "Reservoir les enfants". C'est ainsi qu'en 1992 lorsqu'il fallut trouver un titre pour son premier long-métrage, il se serait inspiré de ce titre mal prononcé, ainsi que du titre du film Straw Dogs, pour finalement appeler son film Reservoir dogs.[réf. nécessaire]
Voir aussi
Lien interne
Références
- ↑ Conversation avec... Louis Malle de Philip French (1993)
- ↑ Dossier Collège au Cinéma N°129, Centre national de la cinématographie (CNC)
- ↑ Louis Malle, le rebelle solitaire de Pierre Billard, 2003
- ↑ « La vérité, c'est que le tout premier scénario de Lacombe, avant que je ne travaille avec Modiano, commençait dans une école, et le personnage, c'était le Joseph d'Au revoir les enfants (...) puis très vite on l'a enlevé », interview de Louis Malle dans Positif n°320 (octobre 1987)
- ↑ interview de Louis Malle dans Positif n°320 (octobre 1987)
- ↑ a , b et c Article du New-York Times intitulé Malle Confronts Haunting Memory du 7 février 1988 (lien)
- ↑ "Les déportés d'Avon" de Maryvonne Braunschweig et Bernard Gidel
- ↑ Le Monde 2, Les présidents face à l'histoire, Entretien avec Patrick Garcia, par Thomas Wieder, 20 mars 2009
Bibliographie
- Au revoir, les enfants : scénario, Louis Malle, éditions Gallimard, 1987.
- Cinémascopie : propos sur le cinéma contemporain, Jean Désobrie, 1989.
- Les déportés d'Avon: Enquête autour du film de Louis Malle, Au revoir les enfants, Maryvonne Braunschweig et Bernard Gidel.
- Le père Jacques, Au revoir les enfants, M. Carrouges, éditions Cerf.
Liens externes
Vidéos
- Interview de Louis Malle pour la sortie du film le 06/10/1987 (vidéo du site de l'INA, ina.fr)
- Annonce du Prix Louis Delluc récompensant le film le 10/12/1987 (vidéo du site de l'INA, ina.fr)
Autres
- Site sur le film, comprenant notamment des photos du tournage.
- Étude chronologique comparative entre le évènements réels et la transposition dans le film
- Analyse du contexte historique
- Chronologie du père Jacques
- Fiche IMDb
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