- Semi-groupe
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En mathématiques, un semi-groupe est une structure algébrique, en quelque sorte intermédiaire entre un magma et un groupe. Pour les besoins de l'informatique, les propriétés propres aux semi-groupes sont étudiées depuis les années 1950[1]. En analyse sont étudiés les semi-groupes d'opérateurs, en particulier pour comprendre les solutions d'équations différentielles[réf. nécessaire].
Sommaire
Définitions
Un semi-groupe est un magma (E, * ) dont la loi de composition interne est :
- Unifère : elle possède un élément neutre bilatère (à droite et à gauche) ;
- Associative : pour tous x, y et z dans G, on a : (x * y) * z = x * (y * z) ;
- Régulière : si x * y = x * z, alors y = z (régularité à gauche) et si y * x = z * x, alors y = z (régularité à droite).
Un semi-groupe est donc plus structuré qu'un monoïde (c'est un monoïde dont les éléments sont réguliers), mais moins qu'un groupe : tout élément d'un semi-groupe ne possède pas forcément d'inverse. La définition anglo-saxonne du semigroup est différente : semigroup désigne en anglais tout magma associatif ou demi-groupe ce qui peut entraîner des confusions.
Un morphisme de semi-groupes est simplement un morphisme de magmas entre semi-groupes. L'image et le noyau sont des semi-groupes. Plus généralement, un sous-magma (sous-ensemble stable par produit) d'un semi-groupe est un semi-groupe.
Un semi-groupe topologique est un semi-groupe dont l'ensemble sous-jacent est muni d'une topologie pour laquelle la loi de groupe est une application continue.
Exemples
Quelques exemples de semi-groupes :
- L'ensemble des entiers naturels muni de l'addition ;
- Tout groupe ;
- Un anneau est, pour la loi de multiplication, un demi-groupe ; privé de 0, c'est un semi-groupe si et seulement si l'anneau est sans diviseur de zéro ;
- Tout sous-ensemble d'un semi-groupe qui est fermé sous sa loi de composition interne est un semi-groupe ;
- L'ensemble des mots finis sur un alphabet (éventuellement infini), muni de la loi de concaténation, est un semi-groupe.
Symétrisation
Il est toujours possible, à partir d'un semi-groupe commutatif (E, + ), de construire un groupe le contenant : c'est la procédure de symétrisation du semi-groupe. Plus exactement, à isomorphisme près, il existe un unique morphisme de semi-groupes de E dans un groupe commutatif G tel que tout morphisme de semi-groupes de E dans un groupe commutatif G se factorise à travers f. Un tel morphisme f est nécessairement injectif.
La symétrisation de E répond à un problème universel : le groupe G peut être décrit comme l'objet initial d'une certaine catégorie. L'unicité à isomorphisme près s'obtient donc immédiatement. L'existence repose sur l'argument ensembliste suivant. On considère pour cela la relation d'équivalence dans E×E définie par :
- .
L'ensemble des classes d'équivalences de E×E pour est alors un groupe. Par identification d'un élément x de E avec la classe d'équivalence contenant ( x , 0 ) (où 0 est l'élément neutre de la loi +), il est possible de plonger E à l'intérieur de ce groupe.
Cette construction est utilisée, entre autres, pour construire le groupe des entiers relatifs à partir du semi-groupe des entiers naturels . Elle intervient aussi pour introduire le groupe des tresses.
Historique
L'étude formelle des semi-groupes vint tardivement dans l'étude des structures algébriques. Les groupes et les anneaux ont été étudiés au milieu du XIXe siècle. Selon certaines sources[réf. nécessaire], le terme semi-groupe est attribué au mathématicien français J.-A. de Séguier pour la première fois utilisé dans Éléments de la Théorie des Groupes Abstraits en 1904. Le terme a été traduit ensuite en anglais en 1908 par Harold Hinton dans Theory of Groups of Finite Order. En 1970 seulement apparaît le premier périodique consacré à la théorie des demi-groupes, appelé Semigroup Forum (actuellement édité par Springer Verlag)[réf. nécessaire].
Le premier résultat non trivial sur la théorie des semi-groupes est souvent attribué à Anton Suschkewitsch qui détermina en 1928 la structure des semi-groupes simples finis[2]. Il démontra que l'idéal minimal d'un semi-groupe fini est simple. Des travaux fondateurs ultérieurs furent menés par David Rees (en), James Alexander Green, Evgenii Sergeevich Lyapin, Alfred H. Clifford et Gordon Preston.
La théorie des semi-groupes finis est beaucoup plus développée. Elle est liée aux variétés de langages formels dont les liens ont été particulièrement utiles pour les besoins de la théorie des automates[3].
Références
Wikimedia Foundation. 2010.