Sam Harris (écrivain)

Sam Harris (écrivain)
Sam Harris

Sam Harris (né en 1967) est un auteur américain proposant le scepticisme scientifique. Il est l'auteur de "The End of Faith" (2004), qui fut récompensé par l'Award Martha Albrand/PEN[1], de "Letter to a Christian Nation" (2006), réplique aux critiques qu'enclenchèrent son premier livre, et de "The Moral Landscape: How Science Can Determine Human Values" (2010).

Sommaire

Biographie

Harris ne s'est pas étendu dans les médias sur les détails de sa vie personnelle[2]. Il fut éduqué par sa mère de confession juive et son père Quaker[2],[3], et expliqua dans Newsweek que dans son enfance, il "refusa d'être bart mitzvé."[4] Il alla à l'Université Stanford mais abandonna rapidement. Il parla publiquement de son expérience avec les MDMA quand il était étudiant et l'inspiration spirituelle et psychologique que cela lui insuffla[5]. Il étudia aussi avec plusieurs maitres dans les traditions bouddhiste. Après onze années, il retourna à Stanford et compléta un Bachelor of Arts en Philosophie. Il entreprit un Phd en neuroscience à l'UCLA[2], utilisant l'Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour conduire des recherches sur les bases neurologiques de la croyance, l'incroyance et l'incertitude[6].

Opinions

Le message principal de Harris est que le temps est venu d'aborder librement la question de l'idéal de tolérance religieuse[7]p. 14-15. Il pense que la survie de la civilisation est en danger à cause du tabou entourant les croyances religieuses. Tout en mettant en lumière le problème particulier posé par l'Islam et le Terrorisme international, Harris critique directement les religions de tout genre et toute forme de persuasion. Il voit dans la religion un frein au progrès vers des approches plus éclairées de la Spiritualité et de l'Ethique.

Athée par définition, Harris affirme que le terme n'est pas obligatoire. Son point de vue est que l'Athéisme n'est pas un point de vue mondial ou une philosophie, mais la "destruction de mauvaises idées". Il déclare que la religion est parsemée de mauvaises idées, "une des plus perverses utilisation de l'intelligence que nous ayons créé"[8]. Il compare les croyances religieuses modernes aux mythes de la Grèce antique, qui étaient acceptés comme faits mais sont obsolètes aujourd'hui. Dans une interview sur PBS en janvier 2007, Harris déclara "nous n'avons pas un mot pour ne pas croire en Zeus, ce qui signifie que nous sommes tous athées vis-à-vis de Zeus. Et nous n'avons pas un mot pour ne pas être un astrologue". Il poursuit en déclarant que le terme sera obsolète quand "nous aurons tous atteint un niveau d'honnêteté intellectuelle où nous n'allons plus prétendre être certain de certaines choses dont nous ne sommes pas certains"[9].

Il rejette aussi l'affirmation que la Bible était inspirée par un Dieu omniscient. Il affirme que si c'était vrai, le livre pourrait « faire des prédictions spécifiques et falsifiables sur des événements humains ». Au contraire, la Bible « ne contient pas une seule phrase qui n'aurait pas pu être écrite par un homme ou une femme du Ier siècle »[10].

Dans "The End of Faith", Harris consacre un chapitre sur la "nature de la foi". Son principal argument est que toutes nos croyances, exceptées celles concernant les dogmes religieux, sont basées sur les preuves et l'expérience. Il dit que la religion permet des points de vue "sacrés" qui autrement seraient considérés comme des signes de "démence". Il porte son attention particulièrement sur la transsubstantiation, la doctrine de l'Eglise catholique romaine qui, durant la Messe, le pain et le vin de l'Eucharistie change en substance en corps et sang de Jésus Christ. Harris déclare que si un individu développe par lui-même cette foi, il ou elle serait considéré certainement comme "dément". Dans le contexte religieux, cependant, de tels enseignements ne peuvent pas -ne doivent pas- être remis en question. Il écrit qu'il s'agit "presque d'un accident de l'histoire qui est considéré normal dans notre société de croire que le Créateur de l'univers peut entendre vos pensées alors qu'il s'agit d'une démonstration de maladie mentale de croire qu'il communique avec vous en faisant taper la pluie en code Morse sur la fenêtre de votre chambre"[7]p. 72.

Dialogue intolérant

Harris reconnaît qu'il prêche pour une forme corrective et bénigne d'intolérance, la distinguant de la persécution religieuse telle qu'on a pu la voir se développer dans l'histoire. Il encourage une forme d'intolérance dans la discussion, dans laquelle les convictions personnelles sont soumises à preuves, et l'honnêteté intellectuelle est réclamée aussi bien dans les idées religieuses comme non-religieuses. Il pense aussi qu'il faut en finir avec les inhibitions qui empêchent la critique ouverte des idées, croyances et pratiques religieuses sous le prétexte de 'tolérance'[11].

Harris explique que ce type de conversation et recherche est essentiel au progrès dans tous les autres domaines de connaissance. A titre d'exemple, il suggère que peu de gens exigerait le 'respect' pour des visions radicalement différentes en physique ou en histoire ; au contraire, il remarque, les sociétés s'attendent à et demandent des raisons logiques et des preuves valides pour de telles affirmations, et ceux qui échouent à fournir des preuves tangibles sont rapidement marginalisés dans ces domaines. Ainsi, Harris suggère que la déférence routinière accordée aux idéologies religieuses constitue un double standard. C'est un double standard qui, suivant les attaques du 11 septembre 2001, pose un grave risque[11].

Dans une interview pour PBS en 2007, Harris expliqua que "l'utilité de la religion, le fait qu'elle donne à la vie un sens, qu'elle permet aux gens de se sentir bien n'est pas un argument pour la vérité d'une doctrine religieuse. Ce n'est pas un argument qu'il est raisonnable de croire que Jésus était vraiment né d'une vierge ou que la Bible est la parfaite parole du créateur de l'univers. Vous ne pouvez croire ces choses ou vous devriez pouvoir croire en ces choses si vous pensez qu'il y a de bonnes raisons de croire en ces choses.

L'Amérique croyante

Harris base sa critique sur la situation et le rôle de la religion aux États-Unis. Harris est inquiet concernant l'influence négative des dogmes religieux sur de nombreux espaces de la culture américaine. Par exemple, il cite des sondages où 44% des américains croient qu'il est soit "certain" ou "probable" que Jésus reviendra sur Terre dans les cinquante prochaines années. Le même pourcentage croit que le Créationnisme devrait être enseigné dans les écoles publiques et que Dieu a littéralement promis la terre d'Israël aux juifs d'aujourd'hui[12],[13].

Ce type de croyances infondées, souvent libre de toute critique objective, empêche de penser un futur durable, selon Harris. Il précise que, à la lumière de la prophétie biblique, un Armageddon général est considéré par beaucoup comme un précurseur nécessaire à la Parousie. Harris suggère qu'une importante proportion de la population américaine pourrait voir un conflit nucléaire au Moyen-Orient comme un événement souhaitable et précurseur de la Fin des temps.

Harris remarque aussi que les mêmes individus qui tiennent ces opinions sont élus ou élisent des présidents, sénateurs et députés, rendant presque impossible pour quelqu'un qui n'exprime pas la même foi d'être élu. Quand George W. Bush invoqua publiquement Dieu dans ses discours concernant soit les affaires étrangères ou de politique intérieure, Harris invite les lecteurs à s'interroger, comment réagiraient-ils si le président citait Zeus ou Apollon de la même manière[12].

Islam

Harris critique toutes les religions, mais considère l'Islam comme particulièrement dangereux envers la civilisation[14]. Harris critique la réponse générale de l'Occident aux attentats terroristes, comme le 11 septembre, il critique l'idée de considérer l'Islam comme une " religion de paix" tout en déclarant la "guerre contre le 'terrorisme'". Harris voit le premier sentiment comme faux si on l'analyse et le second comme n'ayant pas de sens[7]p. 31, p. 28.

Au contraire, il demande que la civilisation occidentale reconnaisse qu'elle est en guerre contre l'Islam, qui, selon lui, prône une doctrine de soumission politique et religieuse, et non pas un message de paix. Il observe que le Coran et les Hadiths contiennent des incitations à la haine, au meurtre des infidèles et la récompense au paradis (comme les 72 vierges) pour ces actes. Harris considère le Jihad, qu'il appelle "métaphysique du martyre", comme une source de danger. Il rejette l'argument qui suggère que de tels comportements soient le résultat de musulmans extrémistes mais pas de la majorité. Il considère que la controverse concernant les Caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten eut lieu non pas parce que les dessins étaient dénigrants mais parce que "la plupart des musulmans croient qu'il est sacrilège de représenter le Prophète ainsi."[15] Harris maintient que l'Occident est en guerre avec "précisément la vision de la vie qui est prescrite à tous les musulmans par le Coran, et plus tard élaborée dans la littérature des hadiths."[7]p. 109-110

Harris reconnait que des religions autres que l'Islam peuvent inspirer et ont inspiré des atrocités. Il discute l'exemple de l'Inquisition et de la Chasse aux sorcières dans "The End of Faith". Cependant, il pense que l'Islam est mieux à même de justifier de tels desseins que la plupart des autres religions. Il résuma cette argument en 2005:

« Quiconque imagine que les problèmes terrestres comptent pour le terrorisme musulman se doit de répondre à des questions de telle manière: Pourquoi n'y a-t-il pas de kamikazes bouddhistes tibétains ? Les Tibétains ont souffert d'une occupation bien plus brutale, et bien plus cynique, que n'importe qui et que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ou Israël n'ont jamais imposé sur le monde musulman. Où sont les foules de Tibétains prêt à perpétrer des attentats suicides contre des non-combattants chinois ? Ils n'existent pas. Quelle est la différence qui fait la différence ? La différence est dans les préceptes spécifiques de l'Islam. Cela ne veut pas dire que le Bouddhisme ne pourrait pas aider à inspirer la violence suicidaire. Il peut et l'a fait (Japon, Seconde Guerre Mondiale). Mais cela ne concède absolument rien aux apologistes de l'Islam. En tant que bouddhiste, il faut travailler extrêmement durement pour justifier un tel barbarisme. En tant que musulman, il ne faut pas travailler aussi durement. La vérité que l'on doit finalement confronter est que l'Islam contient des notions spécifiques de martyre et jihad qui expliquent entièrement le caractère de la violence musulmane[14]. »

Harris appela les communautés musulmanes à pratiquer la critique ouverte de leur foi et d'offrir assistance aux gouvernements occidentaux dans la localisation des extrémistes religieux parmi eux. Il argua que les musulmans doivent être préparés au profilage ethnique comme moyen de combattre le terrorisme, s'il est prouvé que l'adhésion à l'Islam est un facteur statistique pour des comportements terroristes[14].

Bibliographie

Note

Références

  1. The PEN/Martha Albrand Award for First Nonfiction, PEN American Center, 2005
  2. a, b et c David Segal, « Atheist Evangelist », The Washington Post, 26 octobre 2006
  3. Ron Csillag, « Losing faith in religion », Toronto Star, 2 juillet 2005
  4. Erreur dans la syntaxe du modèle ArticleLisa Miller, « Beliefwatch: The Atheist », dans , Newsweek, 30 octobre 2006 
  5. http://video.google.com/videoplay?docid=1817047955646441009&hl=en
  6. "Biography for Sam Harris", IMDb.
  7. a, b, c et d Sam Harris, The End of Faith: Religion, Terror, and the Future of Reason, W.W. Norton & Company, 2004 
  8. Sam Harris, « The Problem with Atheism », The Washington Post, 28 septembre 2007
  9. Interview: Sam Harris, 2005
  10. Reply to a Christian, Council for Secular Humanism
  11. a et b Dans The God Who Wasn't There, extended interviews, documentaire interview de Brian Flemming & Sam Harris, 2005, Beyond Belief Media
  12. a et b The Politics of Ignorance, The Huffington Post
  13. Pew Research Center - Religion and Politics, Pew Research Center
  14. a, b et c Sam Harris, « Bombing our illusions », HuffingtonPost.com, 10 Octobre 2005
  15. Sam Harris, « Who Are the Moderate Muslims? », HuffingtonPost.com, 16 Février 2006

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sam Harris (écrivain) de Wikipédia en français (auteurs)

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