Saint-Pierre-aux-Nonnains

Saint-Pierre-aux-Nonnains

Église Saint-Pierre-aux-Nonnains de Metz

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Église Saint-Pierre-aux-Nonnains
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
Non renseigné
(Chercher ce lieu) 
Pays France France
Région Lorraine
Département Moselle
Ville Metz
Culte Catholique romain
Type Salle de concert et d’exposition
Rattaché à Évêché de Metz
Début de la construction 380 ap. J.-C.
Fin des travaux années 1970

L’église Saint-Pierre-aux-Nonnains est un édifice religieux datant de 380 après J.-C. situé au centre-ville de Metz en Moselle. À l’époque romaine, le bâtiment est utilisé comme palestre et intégré à un ensemble thermal. Au VIIe siècle, il devient la chapelle d’une abbaye de bénédictines. La nef romane est construite vers l’an 1000, ce qui correspond à l’époque ottonienne pour le Saint-Empire romain germanique dont Metz fait alors partie.

Sommaire

Histoire

L’édifice est construit au IVe siècle par les Gallo-Romains et serait alors la palestre d’un ensemble thermal. On reconnaît les murs romains à leurs chaînages de briques, séparant des rangées de pierres taillées. Au VIIe siècle, il devient l’église d’une abbaye de femmes et un chancel – une balustrade en pierre de taille – est installée pour séparer le chœur de la nef. Ce chancel est actuellement conservé aux musées de Metz.

À l’époque romane, aux Xe siècle et XIe siècle, l’empereur Othon enrichit l’abbaye et de grands travaux sont entrepris.

Aux XVe siècle et XVIe siècle, des voûtes gothiques sont construites au-dessus de la nef et des bas-côtés. Malheureusement, le siège de Charles Quint en 1552 ruine en partie l’église. À partir de 1556, au moment de la construction de la citadelle par les Français, Saint-Pierre-aux-Nonnains devient un entrepôt militaire et le restera jusqu’au XXe siècle.

La restauration du bâtiment débute dans les années 1970 et aujourd’hui, Saint-Pierre-aux-Nonnains est devenu une salle de concert et d’exposition.

Problèmes de datation

Spanmetz.JPG

L’histoire de Metz reste floue entre la seconde moitié du Ve siècle et l’an 561, date à laquelle la ville devient la nouvelle capitale d’Austrasie. Durant cette même période, l’évolution de Saint-Pierre-Aux-Nonnains est également inconnue.

Des briques estampillées portant respectivement les mots CAPI, CAPOX, ADJUTEX ou ADJUTICE ont été trouvées. Grâce à l’archéo-magnétisme, il a été possible de dater ces briques de 370 à 400. Les mots latins ici en gras ont également été retrouvés à Trèves. Saint-Pierre-Aux-Nonnains ne serait alors pas une construction mérovingienne mais reprendrait une basilique romaine, contemporaine de l’Aula Palatina de Trèves.

Il y aurait peut-être une liaison organique entre l’édifice basilical et le monument balnéaire, ce qui ferait de Saint-Pierre-Aux-Nonnains la première église dotée de son propre baptistère.

Deux thèses s’affrontent au sujet de la datation : la première est celle en faveur d’une fondation au VIIe siècle. Elle aurait eu lieu à l’époque mérovingienne car des éléments seraient d’inspiration paléochrétienne. De plus, elle est soutenue par les spécialistes de l’orfèvrerie mérovingienne, les décors animaliers ne pouvant, selon eux, être postérieurs à la fin du VIIe siècle.

L’hypothèse d’une fondation au VIIIe siècle, c’est-à-dire à l’époque précarolingienne, peut être plausible si l’on rapproche le chancel d’autres connus sur Metz. Cela correspondrait alors à l’œuvre rénovatrice de Chrodegang qui commande de nouveaux chancels pour la cathédrale et Saint Pierre le Majeur[1], les aménagements liturgiques étant nombreux sous son épiscopat (742-766). L’étude de datation est également basée sur des critères d’ordre stylistiques : une parenté avec l’art lombard du VIIIe siècle est soupçonnée, notamment au niveau de la représentation du Christ. Cette perspective consoliderait encore la thèse d’une fondation datant de la seconde moitié du VIIIe siècle. Toutefois, on peut se demander si les fragments retrouvés font ou non partie d’une même phase de construction.

L’hypothèse la plus couramment retenue est celle d’une fondation datant du VIIe siècle.

Références documentaires

Vue depuis les vestiges du cloître.

Le premier des textes plus ou moins officiels faisant mention de cette abbaye est la Vita Sanctae Walrade (vie de sainte Valdrade ou Valdrée), datant de l’époque carolingienne. La fondation de Saint-Pierre-aux-Nonnains serait, selon cette source, attribuée à un certain duc Eleutherius, sous Théodebert II (595–612) et Thierry II (mort en 613) ou sous Théodebert III et Thierry III. La sainte morte en 620 aurait été enterrée devant l’autel de sainte Agathe. Eleutherius est également cité par le Pseudo-Frédégaire en 643. Ces indices placeraient donc la fondation au VIIe siècle, la dédicace à Saint Pierre n’étant toutefois attestée qu’à l’époque carolingienne.

Le fait que Saint-Pierre-aux-Nonnains soit une possession royale ou impériale a permis de conserver quelques actes majeurs qui attestent sa fondation à l’époque mérovingienne. Cette origine est corroborée par un diplôme d’Otton Ier, répété même chez Otton II et Otton III. Référence y est faite au privilège du roi Thierry accordant aux moniales le droit d’élire leur abbesse et de choisir leur avoué.

Deux autres textes anciens traitent de Saint-Pierre-aux-Nonnains : le premier mentionne un testament de Waldrade en faveur de l’abbaye aux alentours de 600, et le second, un diplôme de Charlemagne, mentionne pour la première fois le monastère, en 781.

Architecture

Plan et caractéristiques générales

L’église du monastère est installée dans une salle à une seule nef, mesurant extérieurement 36,8 mètres par 2 mètres. À l’est, elle est dotée d’une abside extérieurement polygonale et semi-circulaire de l’intérieur, large de 9,85 mètres et profonde de 5,1 mètres. La salle est accessible à l’ouest par une porte monumentale.

L’abbaye subit plusieurs modifications, au cours des VIIe et VIIIe siècles notamment.

Au VIIe siècle :

  • transformation de l’église ;
  • l’abside est définitivement occultée, obturée par la construction d’un mur actuellement noyé dans la construction médiévale ;
  • création d’un chœur surélevé et profond de 10 m à l’est de la salle ; une plate-forme similaire, mais plus étroite, occupait certainement le revers de la façade occidentale ;
  • le mur de soutènement de la plate-forme orientale a peut-être supporté un premier chancel (un sol correspondrait en effet à ce remaniement à 45 cm au dessus du béton romain) ;
    • la salle rectangulaire est divisée transversalement en trois parties de superficies inégales ;
  • la façade est recouverte d’un enduit rouge.

Au VIIIe siècle :

Le chancel

Constituée de douze plaques et vingt-et-un piliers en calcaire blanc ou jaune, cette barrière de pierre séparant le chœur des fidèles est relativement bien conservée, ses plaques ayant été protégées car scellées dans les piliers, face sculptée vers l’intérieur.

Les plaques ont une hauteur de 1,09 à 1,10 m en hauteur, de 50 à 74 cm en largeur et de 18 à 24 cm en épaisseur. La hauteur des piliers est de 1 à 1,10 m.

L’assemblage se fait par des languettes dans les plaques correspondant à des rainures dans les piliers, c’est-à-dire par un système tenons et mortaises. Un des piliers présente trois mortaises, ce qui laisse penser au départ d’un couloir à cet endroit et ce qui prouve la présence d’un plan non rectiligne.

La technique utilisée pour la réalisation des décorations est le semi-méplat, le relief étant constitué de deux plans parallèles, celui du fond, évidé, et celui de la surface des formes, reliés l’un à l’autre par une surface courbe.

Les éléments décoratifs témoignent d’une inspiration variant de motifs paléochrétiens à un art « barbare ». Ces derniers sont de trois sortes :

  • tout d’abord sont présentes des représentations végétales : arbre de vie sortant d’un calice, palmettes, rinceaux, terminés parfois par une tête de serpent ;
  • ensuite viennent les décors géométriques, constitués d’arcades, de damiers…
  • pour finir, les entrelacs animaliers, faits de serpents surtout. Le corps est constitué d’un ruban composé, dont la tête en « canard » marquée d’un œil à l’orbite circulaire traitée en relief.

Le chancel présente également le Christ : placé entre deux piliers supportant un arc en mitre, nimbé et vêtu d’une longue tunique à encolure carrée et d’une toge, il présente sa main droite, et tient, dans la gauche un disque. Diverses interprétations sont proposées à ce sujet : une première voudrait que la main soit levée en signe de bénédiction et que le disque soit issu d’une symbolique du pouvoir. On peut aussi y voir une représentation de l’Eucharistie, le vin étant alors symbolisé par un calice sans pied et le disque correspondant au pain de la consécration. Parfois, le disque est analysé comme étant une fibule.

Restauration

Intérêt de l’édifice

Ce bâtiment religieux de la période des VIIe et VIIIe siècles illustrent l’acculturation lisible dans la décoration du chancel, à mi-chemin entre paganisme et christianisme[réf. nécessaire]. L’on peut remarquer la permanence de signes de la culture romaine à travers la civilisation barbare, l’édifice ayant trouvé une affectation nouvelle à cette période. Les problèmes liés à la datation sont également partie intégrante de cette période. Enfin il est possible d’étudier les relations entre religion et royauté, matérialisées par la mention de l’abbaye sur des actes officiels liée au rôle de la cité dans la réforme carolingienne.

Cet édifice conserve le témoignage multiple des évolutions successives esthétiques et historiques : styles roman, gothique, puis son intégration à la citadelle militaire dans laquelle il est forclos lorsque la ville devient une place forte défendant le royaume de France.

Bibliographie

  • Marie-Thérèse Baudry, Les premiers monuments chrétiens de la France.
  • François Heber-Suffrin, Saint-Pierre-Aux-Nonnains.
  • Xavier Delestre, Saint-Pierre-Aux-Nonnains.

Notes et références

  1. D’après Paul Diacre.

Lien externe

  • www.mairie-metz/arsenal
  • [1] Visiter la reconstitution 3d temps réel du monument historique tel qu’il était en 2003 ainsi que ses alentours (pour PC équipé d’une carte 3D, plug’in vrml Cortona à télécharger sur la page).
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