Saint-Jean Bouche d’Or

Saint-Jean Bouche d’Or

Jean Chrysostome

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Saint Jean Chrysostome, né à Antioche en 349, et mort en 407 près de Comana (en), a été archevêque de Constantinople et l'un des pères de l'Église grecque. Son éloquence est à l'origine de son surnom de Chrysostome (en grec ancien χρυσόστομος / khrysóstomos, littéralement « Bouche d'or »). Cependant, sa rigueur et son zèle réformateur l'ont conduit à l'exil et à la mort.

Saint Jean Chrysostome est un saint de l'Église catholique, de l'Église orthodoxe et de l'Église copte.

Jean Chrysostome et Grégoire de Nazianze, icône russe du XVIIIe siècle

Sommaire

Biographie

Sa famille, chrétienne, appartient à la bourgeoisie d'Antioche. Son père, officier dans l'armée syrienne, trouve la mort alors que Jean est encore enfant. Il est alors élevé par sa mère. Devenu adolescent, il aurait reçu, selon certains auteurs chrétiens du Ve siècle, l'enseignement du célèbre orateur et professeur de rhétorique Libanios, mais ce n'est nullement assuré, bien qu'il ait été certainement formé à la rhétorique. Il témoigne avoir mené une jeunesse désordonnée et avoir été « enchaîné par les appétits du monde » (Du Sacerdoce, I, 3), pour s'accuser ensuite d'avoir été gastronome, amateur d'éloquence judiciaire et de théâtre.

À 18 ans, il demande le baptême, après avoir rencontré l'évêque Mélétios. Il commence alors à suivre des cours d'exégèse auprès de Diodore de Tarse. Après avoir terminé ses études supérieures, il reçoit les ordres mineurs, puis s'installe en ermite aux portes d'Antioche, et se consacre à la théologie. Il compose alors son traité Du Sacerdoce, influencé par les idées de Grégoire de Nazianze. Selon Jean, le monachisme n'est pas la seule voie menant à la perfection. Si le moine, menant une vie recluse, éloignée des tentations, peut plus facilement atteindre son but, Jean juge plus méritante encore la voie du prêtre, qui se consacre au milieu des périls du monde au salut de ses prochains (VI, 5) :

« Le moine qui mettrait ses travaux et ses sueurs en comparaison avec le sacerdoce tel qu'il doit être exercé, y verrait autant de différence qu'entre les conditions de sujet et d'empereur. »

Durant l'hiver 380381, il est ordonné diacre par Mélétios à Antioche. Quelques années plus tard, il est ordonné prêtre. Il devient alors prédicateur et directeur spirituel. Il poursuit son travail d'écriture, et rédige de nombreux traités : pour consoler une veuve, sur le remariage, sur l'éducation, sur la pratique de cohabitation de moines et de moniales, etc. Il acquiert une certaine célébrité pour son talent d'orateur : des fidèles prennent des notes de ses homélies.

En 397, saint Nectaire, archevêque de Constantinople, trouve la mort. Au terme d'une bataille de succession acharnée, l'empereur Arcadius choisit Jean. Il s'élève alors avec une grande force contre la corruption des mœurs et la vie licencieuse des grands, ce qui lui attire beaucoup de haines violentes. Il destitue les prêtres, ou les évêques, qu'il juge indignes, parmi lesquels l'évêque d'Éphèse, et ramène de force à leur couvent les moines vagabonds. Il s'attaque également aux hérétiques, aux Juifs et aux païens : « Les Juifs et les païens doivent apprendre que les chrétiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maîtres de la cité » (Homélies sur les statues, I, 12). Il tint un langage ordurier à l'égard des juifs, les traitant de porcs. S'agissant d'eux, il disait : « La synagogue est pire qu’un bordel. C’est l’antre de vauriens et le repaire de bêtes sauvages. Le temple de démons se consacrant à des cultes idolâtres ».

Article détaillé : Adversus Judaeos.

Il impose son autorité aux diocèses d'Asie mineure alentour. Répugnant à ses devoirs de représentation, il prend seul ses repas et impose un mode de vie frugal et austère à son entourage.

saint Jean Chrysostome, panneau byzantin du XIe siècle, musée du Louvre

S'il jouit au départ de la faveur du couple impérial, il s'attire rapidement l'inimitié des classes supérieures et des évêques. Lorsque Jean ordonne le retour des reliques de saint Phocas, l'impératrice Eudoxie, épouse d'Arcadius, se charge en personne de porter la châsse à travers la ville, ce dont Jean la remercie ensuite vivement dans une homélie. En 399, son influence parvient à sauver l'eunuque Eutrope, disgracié et réfugié dans la cathédrale. Cependant, l'inimitié de la cour impériale va croissant. Jean finit par blesser vivement Eudoxie en lui reprochant l'accaparement d'une somme appartenant à la veuve Callitrope et des biens d'une autre veuve : il aurait comparé l'impératrice à l'infâme reine Jézabel de l'Ancien Testament.

En 402, Jean est pris dans l'affaire de Théophile, patriarche d'Alexandrie, accusé publiquement de tyrannie et d'injustice par un groupe de moines disciples d'Origène. Ces derniers font appel à Jean, qui tente de se récuser, mais doit finalement accepter de présider un synode, convoqué par l'empereur, devant lequel Théophile est censé se présenter. Théophile engage alors la lutte contre son juge, en rassemblant tous les mécontents. Arrivant finalement à Constantinople en juin 403, Théophile est accompagné d'une armada d'évêques égyptiens. L'affaire se retourne alors contre Jean : il est convoqué par ces évêques pour répondre des accusations formulées contre lui. Jean est alors déposé et condamné, condamnation ratifiée par Arcadius.

Il est aussitôt rappelé à la demande de l'impératrice qui, ayant fait une fausse couche, y voit un avertissement du Ciel. Cependant, les accusations reprennent contre lui. Jean se montre peu diplomate, commençant un sermon par une allusion à Hérodiade réclamant la tête de Jean le Baptiste. Finalement, il est une deuxième fois condamné et exilé à Cucusus, en Petite Arménie. Peu de temps après, il doit se réfugier au château d'Arabisse pour fuir une incursion des Isauriens. En 407, il est envoyé à Pithyos, sur la mer Noire, aux confins de l'Empire. Affaibli par la maladie, Jean meurt au cours du voyage près de Comana (en) dans le Pont. Selon la tradition, ses derniers mots sont « gloire à Dieu en toutes choses » (doxa to theo pantôn eneken).

Signalons que l'Église romaine est toujours restée fidèle à l'évêque Jean. Le pape Innocent Ier lui écrivit dans son exil pour le consoler. Il condamna le concile du Chêne qui l'avait déposé.

En 438, l'empereur Théodose II fera rapatrier les restes de Jean à Constantinople, qui seront déposés dans l'église des Saints Apôtres. Cette translation est commémorée dans l'Église le 27 janvier.

Œuvres

Saint Jean Chrysostome a beaucoup prêché, beaucoup écrit. Si nombre d'œuvres, autrefois attribuées à son patronage, ont été rendues à leur légitime propriétaire, le nombre des œuvres authentiques n'en reste pas moins considérable. On divise ses écrits (Clavis Patrum Græcorum 4305-5197) en plusieurs groupes :

Les traités 

Exhortations à Théodore ; Traité du sacerdoce ; Apologie de la vie monastique ; Comparaison du solitaire et du roi ; Traité de la componction ; Traité des cohabitations illicites ; Traité de la virginité ; Traités contre les secondes noces ; Traités polémiques

Les homélies et discours 

Homélies diverses

Homélies sur les textes de la Bible (Genèse, Psaumes, Isaïe, Matthieu, Jean, Actes des apôtres, Épîtres aux Romains, aux Corinthiens, aux Ephésiens, aux Galates, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens, à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux)

  • Homélies sur l'incompréhensibilité de Dieu, Editions Albin Michel, 1993.

Les Lettres (en particulier la série des « lettres à Olympiade »)

Enfin, même si elle n'est pas directement de lui, la liturgie habituelle de l'Église orthodoxe porte son nom. De même, l'homélie lue lors de la vigile de Pâques, est attribuée à saint Jean Chrysostome.

Jean Chrysostome et l'Église orthodoxe

Déposé, exilé de son vivant par l'autorité politique, Jean Chrysostome est un des saints les plus marquants de l'Église orthodoxe.

Sur le plan liturgique 

L'Église orthodoxe utilise trois liturgies eucharistiques : Celle de saint Basile (utilisée une dizaine de fois dans l'année, particulièrement durant le Grand Carême et pour la Saint Basile), la Liturgie des Présanctifiés (en semaine, durant le Grand Carême), et la Liturgie de saint Jean Chrysostome, utilisée tout le reste de l'année.

Sur le plan théologique 

Si l'Église orthodoxe se définit souvent comme l'Église des Pères, soulignant la continuité dans la transmission de la foi, elle désigne sous le vocable des « Trois saints hiérarques » (hiérarque = évêque) trois Pères qui, chacun sous un aspect particulier, ont particulièrement compté au IVe siècle : Grégoire de Nazianze, Basile le Grand et Jean Chrysostome. Cette « réunion » de saints si différents les uns des autres par certains aspects, a pour but de montrer que l'unité de l'Église se fait dans la foi unique, et non dans l'uniformité.

Sur le plan social 

Prédicateur inlassable, commentateur infatigable de l'Évangile, saint Jean Chrysostome entrecroise en permanence deux thèmes : la gloire de Dieu et l'amour du prochain. S'il prêche sur le « sacrement de l'autel » (l'eucharistie), c'est pour continuer sur le « sacrement du frère » (l'expression est de lui), et sur la responsabilité des riches en faveur des plus pauvres. S'il parle du Christ ressuscitant, c'est pour souligner qu'il ressuscite « nu », et qu'à son exemple, il n'est nul besoin d'être enterré dans de luxueuses étoffes : les vendre pour soutenir les miséreux étant bien plus « intelligent »...

Relations

Dans le langage courant, un saint Jean bouche d'or est une personne qui s'exprime avec éloquence ou qui parle franchement et nettement. [1]

Stevan Stojanović Mokranjac, Sergueï Rachmaninov, Piotr Tchaïkovski, et Arvo Pärt (Litany) entre autres, ont mis en musique la liturgie de saint Jean Chrysostome. Ivan Rebroff débutait tous les récitals qu'il donnait dans des églises par un chant a capella extrait de la liturgie de saint Jean Chrysostome.

Son éloquence, son audace face aux souverains et l'originalité de son nom sont les raisons pour lesquelles le poète Georges Brassens l'a évoqué dans la chanson « Mourir pour des idées ».

Dans le film Le Rouge et le Noir (1954), Julien Sorel (joué par Gérard Philippe), séminariste, cite saint Jean Chrysostome.

Un quartier de la ville de Lévis (Québec) porte le nom de Saint-Jean-Chrysostome. Ce quartier compte plus de 21 000 habitants.

Liens internes

Références

Bibliographie

  • Hans von Campenhausen, Les Pères grecs, Seuil, coll. « Livre de vie », 1969 (1re édition 1963) (ISBN 2-02-000546-8) ;
  • (en) « Jean Chrysostome », dans Catholic Encyclopedia, 1913

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