- Sac du Palatinat
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Sac du Palatinat
Façade du château d'Heidelberg non restauré après le sac du PalatinatInformations générales Date courant 1689 Lieu Palatinat Issue Victoire militaire française mais défaite politique pour Louis XIV Belligérants Royaume de France Saint-Empire Guerre de la Ligue d'Augsbourg Batailles Philippsburg — Sac du Palatinat — Baie de Bantry — Mayence — Walcourt — Fleurus — Cap Béveziers — Boyne — Staffarda — Cuneo — Mons — Leuze — Aughrim — La Hougue — Namur (1692) — Steinkerque — Lagos — Neerwinden — La Marsaille — Charleroi — Rivière Ter — Texel — Camaret — Bruxelles — Namur (1695) — Dogger Bank — Carthagène — Barcelone — Baie d'Hudson Le sac du Palatinat est aussi appelé second ravage du Palatinat (en référence au premier ravage, exercé en 1674 par Turenne).
Au printemps 1689, Louis XIV, pressé par son ministre Louvois, donne l’ordre de mettre à sac le Palatinat pour assurer une « défensive sur le Rhin ». Cette décision est considérée comme l’une des plus graves erreurs stratégiques du roi de France puisque la plupart des princes allemands se rallieront à la bannière du Saint-Empire Habsbourg et renforceront par la même occasion le parti anti-français en Europe.
Sommaire
Contexte
À ce moment du conflit, la France est uniquement en guerre contre le Saint Empire et veut éviter l'embrasement général tout en se protégeant des incursions ennemies qui pourraient menacer l'Alsace[1]. Ainsi, Louis XIV frappe vite et fort et met le Palatinat à feu et à sang[2]. En septembre 1688, l'armée du Rhin pénètre sans déclaration de guerre formelle[3] sur les hauteurs dominant le Palatinat et sur la rive gauche du Rhin, et s’enfonce jusqu'en Bade. Les villes de Heilbronn, Heidelberg et Mannheim (le 10 novembre) sont enlevées et les fortifications de Philippsbourg sont prises d'assaut.
Déroulement
Pforzheim était occupée depuis le 10 octobre 1688. Le général Mélac stationne ses troupes à Heilbronn sous les ordres du maréchal de Montclar. Depuis Heilbronn il ravage ensuite les pays environnants, y compris Donauwörth, Marbach-am-Neckar et Schorndorf. Sur la fin de l'année il s’empare d'Heidelberg, capitale de l'électorat de Palatinat, et de plusieurs bourgs le long du Neckar, dont Ladenburg. Il fait incendier Pforzheim le 21 janvier 1689.
Les opérations, dirigées par le ministre de la guerre Louvois, commencent le 16 février par l'attaque du château d'Heidelberg et le 2 mars la ville elle-même est incendiée[4]. Habituellement ce type d'opération comprend la destruction des cultures, le massacre ou le vol du bétail ainsi que la destruction des fortifications[5]. Dans le cas présent, en plus de ces actes, les villes, les villages, les châteaux, les églises seront systématiquement rasés, les ponts détruits, les populations chassées[6] : le 8 mars c’est le tour de Mannheim puis de Frankenthal, de Worms, de Spire (dont la cathédrale multi-séculaire est détruite) et d’autres bourgs de la rive gauche du Rhin. Le 31 mai, Louvois fait bombarder le fort de Landskrone et la ville d’Oppenheim. Sur la rive droite du Rhin, les villes de Bretten, Maulbronn, Pforzheim (10-11 août), Baden-Baden etc. connaissent le même sort.
Conséquences
En détruisant le Palatinat, Louis XIV monte l'opinion allemande contre lui. Pierre Jurieu écrit contre le roi Français : « Les Français passaient autrefois pour une nation honnête, humaine, civile, d'un esprit opposé aux barbaries ; mais aujourd'hui un français et un cannibale, c'est à peu près la même chose dans l'esprit des voisins »[7]. En plus de l'opinion, cet acte incite les princes allemands à se joindre à l'empereur et à renforcer la coalition opposée à la France[6].
À ce jugement, on peut joindre celui de Voltaire : « C’était pour la seconde fois que ce beau pays était désolé sous Louis XIV; mais les flammes dont Turenne avait brûlé deux villes et vingt villages du Palatinat n’étaient que des étincelles, en comparaison de ce dernier incendie. L’Europe en eut horreur. Les officiers qui l’exécutèrent étaient honteux d’être les instruments de ces duretés [...] Si le roi avait été témoin de ce spectacle, il aurait lui-même éteint les flammes. Les nations, qui jusque-là n’avaient blâmé que son ambition en l’admirant, crièrent alors contre sa dureté et blâmèrent même sa politique: car, si les ennemis avaient pénétré dans ses États, comme lui chez les ennemis, ils eussent mis ses villes en cendres. Ce danger était à craindre: Louis, en couvrant ses frontières de cent mille soldats, avait appris à l’Allemagne à faire de pareils efforts[8]. ».
Notes et références
- Henry Bogdan, Histoire de l'Allemagne, de la Germanie à nos jours, Paris, Perrin, collection tempus, 1999 (réimpr. 2003), 472 p. (ISBN 2262021066), p. 223
- Ernest Lavisse, Louis XIV : histoire d'un grand règne, 1643-1715, Paris, Robert Laffont, 1908 (réimpr. 1989), 1222 p. (ISBN 2221055020), p. 752
- hebdomadaire allemand Die Zeit le 6 mai 2005. L'auteur de l'article original est l'historien Michael Martin, directeur des archives municipales de Landau. Les assertions relatives aux événements de Pforzheim sont inspirées du livre : "Becht: Pforzheim in der frühen Neuzeit, Pforzheimer Geschichtsblätter 7, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen, 1989". Ce paragraphe est un résumé de l'article (cité ci-dessous dans les liens externes) paru dans l'
- Les habitants parvinrent cependant à éteindre la plupart des foyers, ce qu'un monument commémore aujourd'hui.
- Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, Paris, Perrin pour le grand livre du mois, coll. « Tempus », 1995 édition 2008, 775 p. (ISBN 9782286020477), p. 496
- Jean-Christian Petitfils op. cit. p.497
- Ernest Lavisse op. cit. P.752
- Le Siècle de Louis XIV [lire en ligne], « XVI-De ce qui se passait dans le continent... », p. 371.
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