Siège de Philippsburg (1688)

Siège de Philippsburg (1688)
Siège de Philippsburg
Informations générales
Date 27 septembre 1688 au 29 octobre 1688
Lieu Philippsburg
Issue Victoire française
Belligérants
Royaume de France Royaume de France Saint Empire romain germanique après 1400 Saint-Empire
Commandants
Maréchal de Duras
Lieutenant-général Catinat
Lieutenant-général Vauban
Général Starhemberg[1]
Forces en présence
30 à 40 000 hommes environ 2 000 hommes
Pertes
587 morts et 1 013 blessés environ 600 hommes
Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Batailles
Philippsburg — Sac du Palatinat — Baie de Bantry — Mayence — Walcourt — Fleurus — Cap Béveziers — Boyne  — Staffarda — Cuneo — Mons — Leuze — Aughrim — La Hougue — Namur (1692) — Steinkerque — Lagos — Neerwinden — La Marsaille — Charleroi — Rivière Ter — Texel — Camaret — Bruxelles — Namur (1695) — Dogger Bank — Carthagène — Barcelone — Baie d'Hudson
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Sommaire

Contexte

A la mort de l'électeur de Cologne en juin 1688, deux candidats sont en lice pour lui succéder, un soutenu par Louis XIV, l'autre par l'empereur. N'étant pas départagés, la décision en revient au pape qui choisit le candidat impérial[2]. Cet évènement sera le point de départ de la guerre de la ligue d'Augsbourg et la prise de la place de Philippsburg en est une des premières opérations.

Déroulement des opérations

Les forces en présence

Les premières opérations militaires importantes commencent le 27 septembre 1688 par l'investissement de la forteresse de Philippsburg défendue par le comte Maximilien von Starhemberg. Il n'a à sa disposition qu'un régiment d'un peu de plus de 2 000 hommes dont au début, en raison de maladies, seuls 1 600 à peu près sont en état de se battre. Comme artillerie, il dispose de 17 pièces de batterie et 90 petits canons. L'approvisionnement et les munitions sont disponibles en suffisance ; à vrai dire il manque de vin ainsi que des soldats expérimentés (une vingtaine seulement) et de sous-officiers. Il n'y a sur place que huit officiers, parmi lesquels le neveu du comte, le lieutenant-colonel Reichard von Starhemberg. A contrario, le Dauphin Louis de France qui commande l'armée française peut compter sur 30 000 à 40 000 hommes environ, 52 pièces d'artillerie du calibre le plus lourd et 24 mortiers. Le siège se déroule sous les ordres du Lieutenant-général Vauban.

Les principales opérations

Le 1er octobre, les Français commencent à détruire l'unique liaison, appelée « le pont volant », entre la forteresse principale et la « schanze » du Rhin, une fortification plus petite sur l'autre rive du Rhin et munie de canons. Après que Maximilien remarque que les Français mettent en place des boyaux et une batterie contre la schanze, d'ailleurs inoccupée, il y place 50 hommes, ce qui lui permet d'arrêter l'ennemi pendant 6 jours. Quand les Français commencent le tir le 4 octobre et ouvrent leurs boyaux, les défenseurs se mettent en sûreté de l’autre côté du Rhin sans être aperçus grâce à des embarcations. La perte de la schanze a tout de même un inconvénient. Du fait que la forteresse est assez mal défendue du côté du Rhin, les Français peuvent à présent prendre plus facilement sous le feu de leur artillerie ses ouvrages et ses bastions depuis la schanze. Le 6 octobre, Vauban conçoit un plan d'attaque : partager les unités de défense, peu nombreuses, en lançant trois attaques simultanées sur des points différents pour pouvoir au bout du compte conquérir plus facilement les bastions de la forteresse. Ce plan est mis à exécution. À la faveur d'une attaque de diversion, les unités de sapeurs peuvent avancer malgré le tir des impériaux, mais il n'est pas possible de commencer les travaux de l'attaque principale. Le matériel de siège nécessaire n'est pas encore arrivé sur le site. Pendant ce temps les attaques de diversion se poursuivent jusqu'au 9 octobre et les Français avec leurs sapeurs peuvent s'approcher jusqu'aux fossés des bastions.

Après cela on décide de continuer à avancer, puisqu'on avait voulu attendre que les pièces d'artillerie soient complètement mises en place. À l'aube du 10 octobre, les tranchées prévues pour l'attaque principale sont ouvertes et un feu violent commence sur Philippsburg. Pendant ce temps la forteresse et ses ouvrages de défense sont l'objet de tirs de mortier continuels, si bien que tous les bâtiments se retrouvent détruits, les puits eux-mêmes sont ensevelis. Les dégâts des remparts sont tels ce jour-là que l'on ne pouvait plus y circuler. Pendant les nuits, deux cents hommes s'affairent à combler les trous pour qu'ils soient accessibles de nouveau le matin suivant. La raison de l'attaque principale, cependant, sont les tirs de défense qui causent de lourdes pertes aux Français. Jusqu'au 12 octobre, les sapeurs continuent à creuser des boyaux dont la plus grande partie arrive jusqu'aux fossés de la forteresse. Le jour suivant, ils s'emparent d'un petit ouvrage. Le 14 octobre, les défenseurs tentent une sortie, ils s'avancent contre l'attaque principale jusqu'aux tranchées ennemies et commencent à détruire les travaux de siège. Ce n'est que lorsque les Français sous les ordres du lieutenant-général Catinat lancent une contre-attaque et la troupe opérant la sortie doit se retirer, ayant subi trop de pertes. Une autre sortie contre un point d'attaque secondaire a moins de succès et est repoussée avec des pertes sévères. Devant leur ampleur, les défenseurs demandent un armistice afin de recueillir des blessés et de les soigner. Catinat y consent à la condition que seuls les soldats français soient utilisés pour le transport des blessés. Catinat ne demande pas cela à la légère, car il fait habiller en soldats deux ingénieurs, ce qui leur permet d'inspecter discrètement l'état des ouvrages fortifiés et des alentours. Et tous les deux reviennent effectivement avec des informations importantes. Entre autres qu'un fossé n'avait en eau que deux pieds de profondeur et que, dans le marais devant la forteresse, considéré jusqu'à présent comme pratiquement impénétrable, il existe une digue large de plusieurs mètres.

Les jours suivants, sous une pluie battante, le travail de sape continue et de nouvelles batteries sont construites. Le 17 octobre les assiégés tentent une nouvelle sortie contre les travaux d'attaque, mais ils ne leur causent que peu de dégâts, bien que les Français subissent de grandes pertes. La nuit suivante les Français commencent à vider le fossé des remparts de son eau. Le 18 octobre les assiégés remportent une petite victoire, en réussissant à détruire une batterie et à faire sauter un dépôt de poudre.

Dans la nuit du 19 au 20 octobre les Français commencent à combler le fossé des remparts devant l'aile droite de l'ouvrage saillant, tout en subissant de grandes pertes en raison du feu nourri des défenseurs. Le 20 octobre, après un puissant bombardement sur cet ouvrage, les Français lancent une attaque. Cependant, en raison du bombardement, l'équipe de garde du saillant s'est mise à l'abri, elle ne remarque rien de l'attaque. Les Français lancent des troupes nombreuses dans le fossé déjà asséché et tombent sur l'arrière des défenseurs. La panique saisit alors les équipes de garde qui s'enfuient. Avec 60 hommes le capitaine, le comte Archo, essaie de redresser la situation, mais malgré sa résistance (lui-même périt dans le combat), l'ouvrage est conquis. Parmi les 140 défenseurs seul un petit nombre peut se sauver. Une contre-offensive victorieuse est inenvisageable, du fait que le moral des défenseurs est au plus bas. Il n'y a pratiquement plus de vin et l'on n'a pour boire que de l'eau croupie. En outre on craint une révolte générale des soldats et de la population civile à bout de forces.

La prise de la forteresse

Jusqu'au 26 octobre, les Français continuent leur travail de sape, tout en protégeant les ouvrages et les bastions conquis. Le 26 octobre, Vauban est sûr qu'une victoire ne peut être empêchée que par l'arrivée précoce de l'hiver ou si la ville est secourue. Cependant, l'hiver serait venu avant les secours, car l'empereur n'avait pas encore les moyens de réunir une nouvelle armée pour dégager Philippsburg. Le jour même, Vauban fait tirer pendant deux jours sur le bastion médian du Kronwerk avec 18 pièces d'artillerie du plus gros calibre. Le 28 ce bastion médian n'est plus qu'une ruine, mais il est toujours défendu. Après que, dans la nuit de 28 au 29, deux volontaires eurent discrètement inspecté le bastion médian du Kronwerk et sa garnison, Vauban considére que le Kronwerk est mûr pour un assaut. Une violente attaque a lieu au moment même où le comte Maximilian est réuni avec ses officiers pour discuter d'une capitulation. Déjà depuis plusieurs jours ces derniers pensaient tous qu'il fallait capituler et jusqu'alors seul le comte Maximilian von Starhemberg était d'un avis contraire. Les Français s'installent solidement près du Kronwerk, ce qui oblige Maximilian à lancer une contre-attaque. Mais il n'arrive plus à envoyer ses gens au combat et, lorsque Vauban remarque cette hésitation, il ordonne un assaut général. Après une courte résistance, les impériaux se retirent dans le Kronwerk pour ne pas être submergés par un ennemi supérieur en nombre. À la fin de la journée, Kronwerk est perdu et les défenseurs se limitent à défendre seulement la forteresse principale. Avec des troupes découragées et très affaiblies, il aurait été impossible de repousser un nouvel assaut.

Le 30 octobre la forteresse capitule après 32 jours de siège. Les assiégés reçoivent le droit de se retirer à Ulm librement et en toute sûreté. Le 1er novembre Starhemberg quitte la forteresse avec environ 1 500 hommes, 100 voitures et 6 pièces d'artillerie. Après que les Français ont occupé les lieux, ils y trouvent encore, entre autres, 150 000 livres de poudre, 22 000 boulets, 1 600 sacs de céréales et 124 pièces d'artillerie de tout calibre. Les pertes des Français au cours du siège sont de 587 morts et 1 013 blessés selon leurs propres indications, tandis que les impériaux ont à déplorer environ 600 hommes. Après que le comte Maximilian von Starhemberg est arrivé à Ulm, il est convoqué à Vienne où il doit se justifier devant une commission militaire pour avoir livré Philippsburg. Mais cette commission l'acquitte complètement.

Annexes

Articles connexes

Notes et références

  1. Bernard Pujo, Vauban, Paris, Albin Michel, 1991, 374 p. (ISBN 222605250X), p. 148.
    Disponible à la bibliothèque
     
  2. Ernest Lavisse, Louis XIV : histoire d'un grand règne, 1643-1715, Paris, Robert Laffont, 1908 (réimpr. 1989), 1222 p. (ISBN 2221055020), p. 746 

Sources


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Siège de Philippsburg (1688) de Wikipédia en français (auteurs)

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