- Révolte de Spartacus
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Spartacus
Pour les articles homonymes, voir Spartacus (homonymie).Spartacus est un esclave et un gladiateur thrace. Il dirigea la Troisième Guerre servile en Italie du Sud entre -73 et -71. Le détail de cette révolte d'esclaves est bien connu, par un chapitre de l'historien romain Florus dans son Abrégé d'Histoire romaine, repris dans les Guerres civiles de l'historien Appien. Un autre historien romain, Eutrope, en a fait un bref résumé au IVe siècle dans son Abrégé d'histoire romaine. Son histoire est célèbre entre autres grâce au film de Stanley Kubrick réalisé en 1960.
Sommaire
La rébellion des esclaves
Article détaillé : Troisième Guerre servile.Appien indique sans grande précision que Spartacus a servi dans une légion, qu'il a été fait prisonnier de guerre et vendu. On peut supposer qu'il ait été enrôlé comme auxiliaire, et qu'il soit un déserteur repris et vendu comme gladiateur.
En -73, les gladiateurs de la célèbre école de Caius Cornelius Lentulus Vatia à Capoue complotent pour retrouver la liberté. Finalement, ce ne sont que 73 gladiateurs qui réussissent à s'évader. Après s'être emparés d'un stock d'armements, ces hommes se réfugient sur les pentes du Vésuve. Spartacus, un parmularius, et ses compagnons parviennent à vaincre les quelques gardes régionales envoyées par la ville de Capoue et complète ainsi une réserve d'armes. Bientôt, 200 gladiateurs les rejoignent et la petite armée commence à organiser des razzias sur les exploitations agricoles de la Campanie. Spartacus ne cesse alors d'attirer non seulement des esclaves mais aussi des petits paysans et des bergers, formant ainsi une véritable armée.
L'armée servile bat alors 3000 Romains commandé par le prêteur Gaius grâce à une ruse de Spartacus. En effet, ce dernier fuit le volcan où il était assiégé par un versant raide et avec l'aide d'échelles faites à partir de sarments de vignes. Dès lors, Spartacus rassemble de plus en plus de combattants. Rome ne le reconnaît pas en tant que menace et le sous-estime grandement. Les romains n'envoient d'abord que deux nouvelles légions dirigés par deux autres prêteurs pour stopper sa rébellion. Les autres légions sont accaparées par la révolte de Sertorius en Hispanie et le conflit contre Mithridate VI en Orient.
A ce moment, l'armée se sépare. 30000 hommes suivent Crixus en Apulie et le gros des troupes monte vers le Nord par les Apennins. Tandis que le gladiateur Crixus est tué et que ses troupes sont massacrées lors d'un premier engagement vers le Mont Gargano, Spartacus vainc dans le Picenum les légions engagées contre lui et dirigées par par le consul Lucius Gellius Publicola, soit 16000 Romains mis en déroute. Pour venger la mort de Crixus, Spartacus organise des jeux funèbres durant lesquels 300 soldats romains faits prisonniers sont contraints de s'entretuer dans un combat de gladiateurs.
Spartacus se dirige ensuite vers Modène dans la plaine du Pô, vainc l'armée du proconsul de Gaule Cisalpine devant la ville et fait demi-tour vers le sud de la botte italienne. Il vainc à nouveau les armées consulaires et s'installe à Thurii. De là, il commerce avec les peuples de la Méditerranée, fait des réserves d'armes, de bronze et de vivres. Il part ensuit pour le Rhegium. Son objectif est de passer en Sicile pour ranimer la Deuxième Guerre servile qui avait ravagé cette île en -100. Mais les pirates siciliens avec qui Spartacus avait passé un accord le trahissent et Spartacus se trouve coincé à la pointe de l'Italie. Pendant ce temps, le Sénat romain confère à Crassus, riche et ambitieux, le commandement d'une armée de quatre légions. Crassus engage les opérations, et finance une armée supplémentaire composée de six nouvelles légions de vétérans sur ses deniers personnels. Il ne cherche pas à engager le combat avec l'armée de Spartacus, dont il se contente de contrecarrer les raids lancés dans un but de ravitaillement. Un de ses légats, désobéissant à ses ordres, attaque une partie des troupes de Spartacus avec deux légions (8000 hommes), et subit un désastre. Pour faire un exemple et impressionner les esprits, Crassus n'hésite pas à remettre en usage un châtiment qui n'était plus pratiqué, celui de la décimation (un dixième du premier rang, principalement responsable de la déroute, furent donc fouettés puis exécutés).
Crassus entreprend de bloquer Spartacus dans le Rhegium par une ligne de retranchements de 55km de long. Spartacus réussit à forcer le blocus par une nuit de neige avec peu de visibilité. Mais il est poursuivi par l’armée de Crassus et subit quelques petites défaites. Installé dans le Bruttium, Spartacus vainc trois légions romaines. Ses hommes, échauffés par les dernières victoires, veulent battre définitivement l'armée de Crassus. L'affrontement a lieu en Lucanie et Crassus bat les révoltés. Spartacus meurt les armes à la main après avoir tué 2 centurions en -71. Son corps ne fut jamais formellement identifié
La répression est sanglante : 6000 esclaves sont crucifiés sur la Via Appia, entre Rome et Capoue. De plus, Pompée entre-temps rappelé d'Espagne par le Sénat, massacre 5000 esclaves en fuite dans le nord de l'Italie. Au final, Pompée recevra les honneurs tandis que Crassus sera laissé dans l'ombre. Néanmoins, l'année suivante, ces deux hommes sont promus consuls alors qu'ils n'ont pas respecté le cursus honorum.
Commentaire
Outre les qualités d'organisateur et de meneur que Appien prête à Spartacus, plusieurs raisons matérielles peuvent expliquer le succès initial et la durée de sa révolte :
- L'insuffisance des premières forces romaines engagées contre lui, qui ne tiennent pas le choc contre ses troupes : au plus fort de ses batailles, l'armée de Spartacus comptera près de 120 000 combattants.
- La situation politique (Rome intervenant sur d'autres fronts) qui freine une mobilisation plus efficace.
- La situation sociale en Italie du Sud, région de grands latifundia (exploitations agricoles) exploitant durement des masses d'esclaves, qui purent se joindre à la révolte.
- En revanche, Appien note l'isolement de Spartacus, aucune cité ne le soutenant, par crainte que la rébellion ne s'étende à leur propres esclaves.
Le retentissement
Spartacus et son mouvement sont considérés par certains modernes comme le plus ancien évènement de l'histoire du mouvement social, quoique ce ne soit pas le cas selon nos connaissances historiques (la révolte des esclaves de Sicile est antérieure, et la première grève d'ouvriers actuellement connue se situe en Égypte pharaonique). C'est en revanche celui qui a eu le plus d'écho. Le symbole reste fort et le mouvement de la gauche communiste allemande, ainsi que l'insurrection lancée par lui, prendront le nom de « spartakiste ».
Karl Marx et Che Guevara étaient des admirateurs du personnage de Spartacus.
Après un film muet des années 1910 du cinéma italien tombé dans l'oubli, plusieurs œuvres ont contribué à une large notoriété :
- 1873 : Spartacus ou la guerre des esclaves par Benoît Malon inspiré par le parallèle entre la révolte des esclaves et la Commune de Paris. (rééd. par Jacques André éditeur 2008)
- 1945 : Spartacus par Arthur Koestler (Agora).
- 1951 : roman de Howard Fast, condamné à la prison durant le maccarthisme.
- 1953 : film italien Spartacus en noir et blanc de Riccardo Freda, avec Massimo Girotti, Carlo Ninchi, Ludmila Tcherina.
- 1954 : Spartacus, ballet de Aram Khatchatourian.
- 1960 : film Spartacus, inspiré du roman précédent de Howard Fast, commencé par Anthony Mann et terminé par Stanley Kubrick.
- 2002 : Spartacus pièce créée par la compagnie Jolie Môme.
- 2003 : Spartacus est le nom du jeune « esclave révolté » du recueil de comic-strips intitulé La Petite Alice d'Anne-Marie Simond, Éditions du Héron.
- 2004 : Spartacus, téléfilm américain de Robert Dornhelm avec Goran Visnjic, Alan Bates et Angus Macfadyen. [1]
- 2005 : Spartacus, révolte des esclaves, roman de Max Gallo, éd. Fayard.
Bibliographie
- Florus, Abrégé d'Histoire romaine livre III, XXI).
- Appien, Guerres civiles livre I, 116 à 120).
- Jean Guiloineau, Spartacus, la révolte des esclaves, éd. Hors Commerce, Paris, 2005.
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