- Royal de Luxe
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Royal de Luxe est une compagnie de théâtre de rue française fondée en 1979 par Jean-Luc Courcoult, basée à Nantes depuis le début des années 1990. Son propos est de faire irruption dans l'espace public, notamment par le détournement d'objets et le recours au gigantisme En cela, la compagnie est représentative de la mouvance de la reconquête de la rue et du quotidien par le merveilleux et les arts du spectacle, apparue dans les années 1960 et 70, dans la lignée de Michel Crespin. Parmi les créations les plus connues du Royal de Luxe par le grand public, on peut citer la Saga des Géants. Ce travail sur le gigantisme et la manipulation de marionnettes à fil fait que l'on peut également rapprocher le Royal de Luxe du Bread and Puppet Theatre et de ses marionnettes gigantesques.
Sommaire
Chronologie de la compagnie
Les débuts
Dans la lignée de la pensée Mai-68 et du refus des traditions, des artistes, dont Michel Crespin, élaborent une réflexion originale sur l’espace urbain et sa reconquête. À la fin des années 1970, toute une génération de « cogne trottoirs » et de saltimbanques va vont donner naissance à Délices Dada ou Ilotopie, Royal de Luxe participe à ce mouvement.
La compagnie Royal de Luxe est fondée en 1979 à Aix-en-Provence, mais s'installe rapidement au hameau de La Taule, entre Saint-Jean-du-Gard et L'Estréchure, petite commune cévenole, autour de Jean-Luc Courcoult, étudiant en rupture avec le système d’enseignement académique. Les débuts de l’équipée sont ceux d'une compagnie de rue : pas de chauffage, pas d’argent. Mais les contraintes engendrées par le manque de moyens stimulent l’imaginaire des membres de la compagnie qui possèdent le goût du travail collectif, de la récupération et du détournement d'objets : baignoires, aspirateurs, lits s’animent et deviennent les protagonistes d’un monde extraordinaire. Royal de Luxe commence à se distinguer par ses performances avec les Mystères du grand congélateur (1980), le Bidet cardiaque (1981), la Publicité Urbaine et La demi-finale de Waterclash (1982).
La troupe quitte St Jean du Gard fin 1984, pour squatter un château près de Toulouse. La municipalité tolère l’occupation des lieux mais n’accorde aucune aide financière. Le Royal continue son exploration de différentes formes de théâtre de rue : spectacles de 15 minutes (La demi-finale de Waterclash), spectacles déambulants (La péniche sur les boulevards de Toulouse), spectacles squattant un lieu (La maison dans les arbres). La troupe commence à se construire un réseau de diffusion à l’étranger, notamment grâce au succès de Parfum d’amnésium (créé en 1987 et mieux connu sous le nom de Roman-photos).
Travail à l'international
La même année, l’Agence française d'action artistique du ministère des Affaires étrangères lui confie une mission d’ambassade artistique au Maroc qui sera décisive pour la reconnaissance institutionnelle de Royal de Luxe.
En 1989, la mairie de Toulouse lui refuse son soutien financier. Royal de luxe lance un appel dans la presse nationale, pour trouver un autre lieu d'implantation. Nantes met à sa disposition un hangar de 10 000 m2.
Là, commence la création d’un spectacle qui marque un tournant pour la compagnie : La Véritable Histoire de France. Ce spectacle est présenté pour la première fois à Avignon sur la place du Palais des Papes en juillet 1990, avant de tourner dans dix villes coproductrices, puis en Europe en 1991.
1992 est une année faste, puisque l’équipe traverse l’océan Atlantique à destination de l'Amérique du Sud, à bord d’un cargo en compagnie du groupe la Mano Negra, du chorégraphe Philippe Decouflé et du marionnettiste Philippe Genty. Tous sont représentatifs de la même vague artistique anticonformiste, et boulimique d’univers merveilleux. C’est l’opération Cargo 92, anniversaire anti-conventionnel de la découverte des Amériques. Cette épopée est elle aussi cofinancée par la ville de Nantes. Une de ses rues est reproduite à l’identique à bord du bateau par les soins de Royal de Luxe. La Véritable Histoire de France est jouée sept fois dans des ports de la façade atlantique de l’Amérique latine. C'est également cette année-là que Royal de Luxe en collaboration avec La Machine, fabrique un manège géant pour les vingt ans de la marque de vêtements Catimini. Le Manège Catimini connaîtra quatre transformation jusqu'en 1999[1].
La compagnie subventionnée
Cette même année, le Royal se voit attribuer le statut de compagnie « hors commission ». Cela lui garantit l’attribution de subventions directement négociées avec l’État, évitant l'avis de la commission des experts.
De retour d’Amérique latine, la compagnie s’enferme quatre mois pour créer Les embouteillages, un spectacle où une vingtaine de véhicules parcourent la ville entre 7h30 et 9h. La performance est organisée sans rendez-vous avec le public, ce qui deviendra l’une des particularités de Royal de Luxe. C'est ainsi que Le Géant tombé du ciel, prend possession de la ville du Havre en 1993. Pour la première fois, une troupe raconte une histoire à une cité entière. Le géant voyage durant toute l’année 1994 : à Calais pour l’ouverture du tunnel sous la Manche, à Nîmes, à Nantes et à Bayonne. Sa visite impromptue est toujours un triomphe, le Royal s’engage dans d’autres aventures dans cette lignée.
Après voir créé et présenté une quarantaine de fois à partir de 1995, Le Peplum, (peplum pharaonique théâtral et parodique), la compagnie s’engage en octobre 1997 dans une aventure théâtrale au Cameroun. Royal de Luxe et le Géant reviennent de ce voyage en 1998, accompagnés d’un enfant noir de six mètres de haut. Les visites du Géant et de son jeune ami s’inscrivent dans la même continuité narrative, en France et au Cameroun. En 1999, pour ne pas rester dans le gigantisme, Royal de Luxe crée un spectacle plus léger Petits contes nègres, titre provisoire.
Mais en août 2000, la compagnie reprend ses pérégrinations dans les marionnettes géantes avec des girafes d’une dizaine de mètres de haut dans les villes du nord de la France. Jean-Luc Courcoult définit ses interventions comme : « Dix minutes de choc esthétique ».
Un statut particulier pour une compagnie de rue
Les aides publiques représentent environ un tiers du budget global et les collectivités, essentiellement la ville de Nantes, 18% (soit un tiers du budget total que Nantes alloue à la culture). La subvention versée par la ville s'est élevée à 285 000 euros en 2007 ; il s'y ajoute des aides pour les spectacles, le montant versé par la ville de Nantes pour La révolte des mannequins s'élevant par exemple à 300 000 euros (conseil municipal du 5 octobre 2007). Le reste doit être trouvé par la vente des spectacles et les apports en coproduction. Cette répartition illustre parfaitement le moment de transition qui caractérise l’évolution des troupes des arts de la rue : d’une économie essentiellement fondée sur la vente et sur la débrouillardise typique des années « saltimbanques » jusqu’aux temps présents où les subventions deviennent des enjeux déterminants de la progression des compagnies.
Le parcours de Royal de Luxe est aussi significatif de l’évolution possible des rapports entre l’offre et la demande. Au lieu d'une logique de vente basée sur « beaucoup et pas cher », Royal de luxe a désormais opté pour « rare et précieux ». Aucun spectacle n’est maintenu au répertoire. Chaque création est financée en amont par un groupe restreint de coproducteurs qui investissent et accueillent ensuite les représentations. Le cycle de vie économique des spectacles est ainsi bouclé en amont, ce qui permet de prévoir à moyen terme (un an et demi environ) le volume d’activité. Parfum d’amnésium n’a coûté que 50000 francs (approximativement 7 500 €) et a été joué 270 fois, Peplum a coûté presque 2 millions de francs (environ 300 000 €) et a été joué plus d'une centaine de fois.
Pendant quelques années, la compagnie a créé des spectacles de grand format coûteux (l’apothéose étant la saga des Géants), et elle semblait prise dans une spirale de la démesure (vingt cinq personnes pour la manipulation du Géant). Mais avec Les petits contes nègres, titre provisoire, Royal de Luxe est revenu à des spectacles presque intimistes, avec jauge de public. Le récit ne s’adresse plus à des foules mais à des individus spectateurs. En passant par cette étape puis en revenant à son univers du gigantisme, le Royal semble indiquer qu’une évolution est toujours possible dans les arts de la rue.
Liste des réalisations
- Le Cap Horn*, 1979
- Publicité Urbaine, 1982
- La Demi-Finale de Waterclash, 1982
- L'Incroyable Histoire d'amour d'une péniche et d'un scaphandrier, 1985
- Roman photo
- La Véritable Histoire de France, 1990
- Le Manège Catimini 1992 qui deviendra Le Manège magique en collaboration avec La Machine (association)[1]
- Le Géant tombé du ciel, 1993
- Le Géant tombé du ciel : dernier voyage, 1994
- Le Beau Manège (1994-1995)
- Le Péplum, 1994
- Retour d'Afrique, 1998
- Petits Contes nègres titre provisoire. 1999
- Les Chasseurs de girafes, 2000
- Le Grand Répertoire, 2003 avec lancer de pianos[1].
- Le Tréteau des ménestrels : Soldes! deux spectacles pour le prix d'un, 2004
- La Visite du sultan des Indes sur son éléphant à voyager dans le temps, 2005
- La Petite Géante, 2005
- La Révolte des mannequins, 2007
- Le Géant enterré vivant de Santa Maria, 2008
- La Géante du Titanic et le Scaphandrier, 2009
- le Scaphandrier, sa Main, et la petite Géante, 2010
- Un conte mexicain issus de la saga des géants, 2010
- El Xolo, 2011
Galerie
- Gigantisme de la mise en scène
- Inventivité et technicité
Voir également
Bibliographie
- Jordi Bover, Le Royal de Luxe, photographies, Art Books Intl Ltd., 1994), 176 pages (ISBN 2841100030)
- Collectif, Royal de Luxe, 1993-2001, Actes Sud, 2001, 209 pages (ISBN 2742734295)
- François Delarozière, Le grand Répertoire : machines de spectacle, Actes Sud, 2003, 188 p. (ISBN 2742744932)
- La visite du Sultan des Indes sur son éléphant à voyager dans le temps, texte de Jean-Luc Courcoult, dessins de Quentin Faucompré, éditions MeMo, 2006, (ISBN 2-910391-92-2)
Notes et références
Articles connexes
Liens externes
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