- Robert Ménard
-
Pour les articles homonymes, voir Ménard.
Robert Ménard Naissance 6 juillet 1953
Oran, Algérie françaiseNationalité Française Pays de résidence France Profession Journaliste Autres activités Fondateur et secrétaire général de Reporters sans frontières Robert Ménard, né le 6 juillet 1953 à Oran, département d'Oran (Algérie française), est un journaliste français, fondateur et secrétaire général jusqu'au 30 septembre 2008 de l'association française Reporters sans frontières (RSF)[1].
Sommaire
Biographie
Fils d'un imprimeur proche de l'OAS[2], d'une famille catholique installée en Algérie depuis 1850, où « on détestait les gaullistes et les communistes », selon ses propres termes, Robert Ménard a neuf ans lorsque sa famille rentre en France pour l'Aveyron, à Brusque.
Il suit les cours d'un collège religieux et envisage de devenir prêtre. Poursuivant ses études à Montpellier, il choisit la philosophie, choix qu'il décrit comme ne répondant pas spécialement à une vocation. À Béziers, Robert Ménard est proche des milieux anarchistes puis trotskistes et milite à la Ligue communiste révolutionnaire, de 1973 à 1979. Il s'inscrit par la suite au Parti socialiste.
Dans la mouvance des radios libres, Robert Ménard crée en 1978 Radio Pomarèdes et devient président de l'Association Consensus Liberté Radio. Il devient alors la cible de très nombreuses poursuites judiciaires. Lors d'un de ses procès, François Mitterrand se porte témoin de moralité à son égard. Toujours à Béziers, Robert Ménard crée un magazine gratuit, intitulé Le Petit Biterrois, puis est contraint de l'arrêter un an plus tard à la suite de difficultés avec ses annonceurs.
Il devient en 1983 journaliste à Radio France Hérault, poste qu'il occupe jusqu'en 1989.
Choqué par la couverture médiatique des conflits dans le tiers-monde, Robert Ménard crée Reporters sans frontières le 25 juin 1985, à Montpellier. Activiste acharné, il réussit à en faire l'une des plus grandes organisations de défense de la liberté de la presse dans le monde. De la Tunisie à Cuba, en passant par la Turquie, l’Algérie ou le Burkina Faso, on ne compte plus les pays dans lesquels il est interdit de séjour, du fait de ses prises de position en faveur de la liberté de la presse[3].
En juin 2004, Robert Ménard relance la revue trimestrielle Médias, en guise de réponse aux critiques lui reprochant de se préoccuper davantage des journalistes emprisonnés à l’étranger que de la situation des médias en France.
Robert Ménard est promu chevalier de la Légion d'honneur le 23 mars 2008[4]. Hasard du calendrier, il ne l’apprend que le lendemain par les médias, alors que des images de quelques manifestants de Reporters sans frontières perturbant la cérémonie d’allumage de la flamme olympique en Grèce[5] font le tour du monde. En effet, afin de protester contre les violations des droits de l'homme en Chine avant les Jeux olympiques en Chine, Robert Ménard a décidé de s’approcher de la tribune officielle lors du discours du responsable chinois à Olympie sous le slogan : « Freedom in China ! » Il organise ensuite un véritable mouvement de contestation lors du passage de la flamme à Paris : plusieurs grimpeurs accrocheront des drapeaux représentant les anneaux olympiques sous forme de menottes, symboles de la campagne de Reporters sans frontières, sur un grand nombre de monuments emblématiques de Paris. Robert Ménard grimpera lui-même, de nuit, sur Notre-Dame, afin d’y brandir ce même drapeau avec Jean-François Julliard, Sylvain Tesson et l'écrivain Priscilla Telmon[6],[7].
Quelques mois plus tard, il est encore une fois interpellé sur les Champs-Élysées alors qu’il proteste contre la présence du président syrien à la tribune officielle du défilé du 14 juillet 2008.
Le 30 septembre 2008, Robert Ménard annonce sa démission et quitte la direction de Reporters sans frontières. En mars de la même année, il avait pris les fonctions de directeur d'un centre pour la liberté de l'information à Doha au Qatar, censé accueillir et soutenir des journalistes persécutés dans leur pays, et doté d'une subvention annuelle de 3 millions de dollars par l'émir[8]. Son conseil d’administration comptait entre autres Patrick Poivre d’Arvor et Dominique de Villepin[8]. Les détracteurs de l'ancien secrétaire général de RSF s'étonnèrent de cette reconversion dans un pays qui n'a rien d'une démocratie : le pouvoir y est transmis par hérédité et la presse n'a pas le droit d'émettre des critiques contre la famille régnante et le gouvernement[9]. Ménard finira par démissionner du centre en juin 2009, estimant qu'il n'a "plus ni la liberté ni les moyens de travailler"[10],[11].
Robert Ménard est marié à Emmanuelle Duverger, rédactrice en chef de la revue trimestrielle Médias, responsable des Editions Mordicus et ancienne juriste à la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH). Ensemble, ils ont écrit plusieurs livres, dont « La Censure des bien-pensants » et « Vive Le Pen ! ».
Entre fin 2009 et juillet 2010, Robert Ménard reçoit un invité chaque matin à 11h05 dans Ménard sans interdit, sur la chaine d'information en continu I-Télé. Toujours sur la même chaîne, il rejoint l'équipe du 17h/20h (L'Info sans interdit) de Julian Bugier et Sonia Chironi pour renouveler son interview déplacé à 17h45 et ses éditoriaux, bien qu'il soit toujours présent dans la tranche 6h-9h de la chaine, pour différents éditoriaux et échanges avec le journaliste Claude Askolovitch.
Après avoir été débarqué de RTL, où il disposait d'une chronique et participait à l'émission "On refait le monde"[12], il a pris la tête de la matinale de Sud Radio[13] (7h-8h30) en août 2011.
Critiques et controverses
Sa défense de la liberté d'expression le porte notamment à donner la parole à Thierry Meyssan[14] ou à l'écrivain Alain Soral, à défendre l'humoriste Dieudonné et le journaliste Eric Zemmour[15], à s'opposer à l'interdiction en France de la chaîne du Hezbollah Al-Manar, et à s'opposer à la loi Gayssot[2],[16], ainsi qu'à toutes les lois limitant la liberté d'expression en France.
Secrétaire général de Reporters sans Frontières, il est accusé de faire deux poids deux mesures dans le traitement de la liberté de la presse dans le monde : Jean-Luc Mélenchon lui reproche de s'attaquer systématiquement aux cibles des néoconservateurs américains[17] ; Michel Collon pointe du doigt le parrainage de RSF par de grands industriels[18] et le gouvernement des Etats-Unis, et critique une obsession injustifiée anti-Cuba et anti-Chavez[19],[20]. Acrimed souligne enfin son abandon de la critique des médias français opéré dans le but d'obtenir leur soutien[21].
En 2007, à propos de l'affaire de l'assassinat de Daniel Pearl, il déclare que l'usage de la torture pour sauver une ou plusieurs vies représente « une vraie question » et que l'on peut s'interroger sur la légitimité de son emploi dans certains cas. Le site Rue89 l'accuse à cette occasion de vouloir légitimer la torture[22],[23].
En février 2010, Robert Ménard tient des propos qualifiés d'homophobes[24] lorsqu'il déclare à la télévision qu'il ne veut pas que ses enfants voient le dessin animé Le Baiser de la Lune évoquant une relation amoureuse entre deux poissons mâles.
En 2011, sa prise de position favorable au Front national, notamment à travers son ouvrage Vive Le Pen !, suscite de vives réactions, en particulier chez RTL où il officie[25] : la radio finira par le licencier[12]. Robert Ménard explique à propos de ce pamphlet :
- « Je ne voterai pas Front National mais je pense que ce parti, qui doit être considéré comme républicain aussi longtemps qu'il ne sera pas interdit, doit bénéficier du droit à la liberté d'expression. Je dirais la même chose du Front de gauche ou de la Ligue Communiste Révolutionnaire. Défendre la liberté d'expression n'est pas défendre l'extrême droite.»[26].
Ouvrages
- Club des 500 : les 500 qui font le Languedoc-Roussillon, Montpellier, Éditions ensoleillées-Intelligence Média, 1990
- Ces journalistes que l'on fait taire, Éditions Albin Michel, 2001
- La Censure des bien-pensants (avec Emmanuelle Duverger), Albin Michel, 2003
- Algérie, le livre noir, 2003
- Les jeux de la honte, 2008
- Des libertés et autres chinoiseries, 2008
- Les Français sont-ils antisémites ? (avec Élisabeth Lévy), 2009
- Mirages et cheikhs en blanc : Enquête sur la face cachée du Qatar, le coffre-fort de la France (avec Thierry Steiner), 2010
- Vive Le Pen ! (avec Emmanuelle Duverger), Mordicus, paru le 21 avril 2011[27]
Robert Ménard a signé plusieurs préfaces :
- Ahmat Zeidane Bichara, prix de journalisme Lorenzo-Natali de l’Union européenne en mars 2006 pour son reportage « Centre de dressage pour les enfants et les épouses »
- Lise Garon, Le silence tunisien : les alliances dangereuses au Maghreb, L'Harmattan, 1998
- Raoul Vaneigem, Rien n'est sacré, tout peut se dire : Réflexions sur la liberté d'expression, Éditions La Découverte, 2003 ;
- André Sibomana et Pierre Creisson, Gardons espoir pour le Rwanda, Mordicus, 2008 ;
- Journal d'un réfugié politique, Éditions Le Bord de L'eau, 2006 ;
- Thomas Dandois et Hervé Deguine, En territoire interdit, Arthaud, 2008 ;
- André Sibomana et Pierre Creisson, Gardons espoir pour le Rwanda, Mordicus, 2008.
Il est également directeur de publication des parutions de RSF.
Bibliographie
- Maxime Vivas, La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone (enquête), Éditions Aden, Bruxelles, 2007, 266 p. (prix « Lire la politique »)
Lien externe
- Site officiel de Robert Ménard
- Site de la revue Médias
- Dossier Robert Ménard Pourquoi Reporters sans frontières s'acharne sur Cuba? par Jean-Guy Allard (en), journaliste canadien travaillant pour le journal du parti communiste cubain Granma.
Références
- Robert Ménard quitte la direction de Reporters sans frontières, Le Point, 26/09/2008.
- « Robert Ménard, le grain de sable des JO », Le Monde, 9 avril 2008. Ariane Chemin,
- Ces journalistes que l'on veut faire taire, Robert Ménard, Albin Michel, mars 2001 et Des libertés et autres chinoiseries, Robert Ménard, Robert Laffont, 2008
- « Robert Ménard nouveau chevalier de la Légion d'honneur », 20 minutes.fr, éditions du 24/03/2008 - 16h03]
- « Nouveaux troubles au Sichuan, incident à la cérémonie de la flamme », RFI, 24 mars 2008.
- « Le drapeau noir flotte sur les JO », Le Figaro, 14 avril 2008. Jean-Louis Tremblais,
- « Ménard le trouble-fête », Le Parisien, 8 avril 2008.
- Le bilan mitigé de Ménard, qui s'est exporté au Qatar, 13 avril 2009 Arrêt sur images,
- Yves Calvi sur France 2 avec Edwy Plenel et Jean-François Kahn, 11 avril 2011 Émission Mots Croisés animée par
- Robert Ménard quitte le centre de Doha pour la liberté d'information, "asphyxié", 24 juin 2009 Le Monde,
- Robert Ménard claque encore la porte, 23 juin 2009 Le Parisien,
- RTL se passera de Robert Ménard à la rentrée, 9 juin 2011 Le Point,
- Robert Ménard matinalier de Sud Radio, 22 juillet 2011 Le Parisien,
- Robert Ménard ouvre son micro à Thierry Meyssan !, 11 septembre 2011 Agoravox TV,
- 2ème jour du procès d'Eric Zemmour : place aux soutiens de Zemmour, 14 janvier 2011 Enquête & Débat,
- « Robert Ménard sur la pétition pour abroger la loi Gayssot », 18 janvier 2011. Enquête & Débat,
- Pour Mélenchon, Ménard est mégalo et incompétent !, 29 avril 2008 Marianne2,
- Qui est Robert Ménard (Reporters sans Frontières) ?, 1er décembre 2003 Michel Collon,
- Les mensonges de Reporters sans Frontières, 5 septembre 2005 Michel Collon,
- Pourquoi Reporters sans frontières s'acharne contre Hugo Chavez, 29 novembre 2007 Michel Collon,
- Robert Ménard (RSF) sanctifié par Le Monde, 26 janvier 2005 Acrimed,
- « Quand Robert Ménard, de RSF, légitime la torture », Rue89, 26 août 2007.
- « Quand Robert Ménard défend la peine de mort », Rue89, 21 mars 2010.
- « Robert Ménard réitère ses propos réacs sur l'homosexualité », Têtu, 11 janvier 2011.
- RTL prend ses distances avec Robert Ménard, 1er avril 2011 Le Point,
- Le Figaro : Vive Le Pen: Ménard reste à RTL et i>Télé.
- « Robert Ménard publie “Vive Le Pen” », Europe 1, 31 mars 2011.
Catégories :- Personnalité de la Ligue communiste révolutionnaire
- Journaliste français
- Naissance en 1953
- Naissance à Oran
Wikimedia Foundation. 2010.