Relations inter-Corees

Relations inter-Corees

Relations inter-Corées

Dès leur fondation, les deux régimes du Nord et du Sud ont déclaré représenter l'ensemble de la Corée. Au Sud, la Corée du Nord reste toujours officiellement désignée comme la « province du nord »[1]. Le terme de « Corée » se traduit d'ailleurs différemment dans le nom officiel de chacun des deux États. La guerre de Corée est souvent analysée comme un conflit fratricide où la Corée aurait été la victime des antagonismes entre les deux superpuissances de la guerre froide[2].

Séoul et Pyongyang se sont longtemps dépeintes l'une l'autre en des termes très dépréciatifs[citation nécessaire]. La circulation des citoyens nord-coréens à l'étranger est extrêmement limité et la loi de sécurité nationale en Corée du Sud interdit aux Sud-Coréens de nouer des échanges directs, sans autorisation préalable, avec les Nord-Coréens.

Sommaire

Incidents armés et terrorisme

Des affrontements entre les forces armées ou les services secrets de la Corée du Nord et de la Corée du Sud au cours d'opérations d'espionnage, des raids commandos, de terrorisme d'État, ainsi qu'au sujet des zones de pêches ont fait depuis la fin des opérations militaires en Corée des centaines de victimes civiles et militaires [3]; ces deux Etats sont juridiquement encore en guerre, aucun traité de paix n'ayant était signé entre les deux parties suite à l'armistice de 1953.

De 1962 à 1968, le régime nord-coréen crut que le sud se soulèverait de lui-même. Pour hâter l'apparition du "moment décisif," il avait envoyé dans le sud des agents subversifs et des équipes de guérillas qui furent vite neutralisés [4] avec quelques fois de lourdes pertes dans les deux camps. Plusieurs attentats sont commis contre des membres du gouvernements du Sud jusqu'aux années 1980 dont deux contre le président Park Chung-hee.

Les années records d'infiltrations ont été 1967 et 1968 avec 743 agents armés recensés sur les 3 693 infiltrés connus entre 1954 et 1992. [5]

Le 21 janvier 1968, une attaque de la résidence présidentielle par un commando des forces spéciales du Nord de 31 hommes se solde par 28 tués et un prisonnier du côté nord-coréen, 68 morts civils et militaires et 66 blessés du côté de la Corée du Sud, et par trois soldats tués et trois blessés du côté américain [6].

En octobre 1968, ce sont 130 commandos nord-coréens venus par la mer qui tentent un raid sur la côte est de la Corée du Sud; 110 sont tués et 7 capturés.

Le 9 novembre 1983, un attentat à Rangoon contre le président sud-coréen Chun Doo-hwan au Mausolée du Martyr, près de la pagode Shwedagon fait 17 morts dans son entourage, dont quatre ministres [7].

En novembre 1987, un Boeing 707 de la Korean Air reliant Bagdad à Séoul en plusieurs étapes, le Korean Air vol 858, explose en plein vol tuant 115 personnes; la bombe avait été placée par deux agents nords-coréens; le premier s'est suicidé [8] et le second, une femme, Kim Hyun-Hee passant volontairement aux aveux, [9] est condamnée à mort le 25 avril 1989 par le tribunal de Séoul pour cet acte puis est finalement graciée par Roh Tae-woo.

Après la guerre de Corée ou au cours de la période de la Guerre froide, un total de 3 795 Sud-Coréens, essentiellement des pécheurs, ont été enlevés et emmenés en Corée du Nord. Par la suite, par des négociations du gouvernement de la Corée du Sud et des efforts par l'intermédiaire de l'Office coréen de la Croix-Rouge, 3 309 personnes sont rentrées en Corée du Sud. Un total de 480 Sud-Coréens enlevées demeurent en Corée du Nord contre leur volonté en 2007[10].

Dialogue

Le dialogue, amorcé en 1972, s'est approfondi depuis 2000, suite à la visite à Pyongyang du président sud-coréen Kim Dae-Jung et de l'adoption conjointe, par ce dernier et son homologue nord-coréen Kim Jong-il, de la déclaration commune du 15 juin 2000 qui constitue la pierre angulaire des relations entre Pyongyang et Séoul[11]. Un second sommet intercoréen, entre le dirigeant du Nord Kim Jong-il et le président sud-coréen Roh Moo-hyun, initialement prévu à Pyongyang du 28 au 30 août 2007[12],[13], a été reporté du 2 au 4 octobre [14] après que les plus graves inondations en Corée du Nord depuis quarante ans ont entraîné 600 morts et disparus et touché un million de personnes[15]. À l'issue du second sommet intercoréen, organisé à Pyongyang du 2 au 4 octobre 2007, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et son homologue sud-coréen Roh Moo-hyun ont signé un document commun où ils s'engagent à promouvoir la paix et la prospérité économique dans la péninsule[16].

Après 1987, la chute du régime militaire au pouvoir en Corée du Sud et la démocratisation qui s'est ensuivie a favorisé une évolution de la position de Séoul. En 1991, les deux Corée ont été admises conjointement à l'ONU, mettant fin au pendant coréen de la doctrine allemande dite Halstein, selon laquelle les États étrangers devaient choisir de reconnaître et d'établir des relations avec l'une ou l'autre des deux Allemagne.

Position diplomatique

Dans la perspective d'une réunification de la Corée, les autorités sud-coréennes ont choisi de privilégier la voie d'un rapprochement économique et culturel progressif entre les deux Corée, afin de réduire des écarts économiques, plus importants entre les deux Corée qu'entre les deux Allemagne en 1989. Cette « sunshine policy » (« politique du rayon de soleil ») a été comparée à l'ostpolitik de Willy Brandt.

Dans ce contexte compliqué par la crise nucléaire en Corée du Nord, le gouvernement sud-coréen juge inopportunes les déclarations de Washington tendant à stigmatiser Pyongyang comme un pays de l'« Axe du mal » [citation nécessaire], et s'est abstenu lors du vote en 2005 d'une résolution des Nations unies condamnant les atteintes aux droits de l'homme en Corée du Nord. Malgré le maintien de la présence de moins de 30 000 militaires des forces armées des États-Unis en Corée du Sud, Séoul tend ainsi à développer une approche diplomatique vis-à-vis de Pyongyang de plus en plus autonome de celle de Washington. De fait, la déclaration commune du 15 juin 2000 fait état d'une réunification de la Corée indépendamment des autres puissances étrangères[17].

La Corée du Sud est devenue, après la Chine, le second partenaire commercial de la Corée du Nord, le volume des échanges annuel dépassant désormais un milliard de dollars (voir l'article Économie de la Corée du Nord). Située au nord de la ligne de démarcation, la zone industrielle de Kaesong à accueilli à partir de juin 2003 des entreprises sud-coréennes employant une main-d'œuvre nord-coréenne.

Outre les rencontres entre familles séparées, les échanges humains se développent : en 2005, un million de Sud-Coréens avaient ainsi visité le Kumgangsan depuis l'ouverture de ces montagnes sacrées au tourisme sud-coréen, dans le cadre d'un partenariat négocié directement entre les dirigeants nord-coréens et le groupe Hyundai qui gère le site. Le 27 février 2006, plusieurs centaines de Coréens de familles séparées ont aussi pu se parler par liaison vidéo [1].

Avec l'aggravation de la crise du aux essais nucléaires du Nord, en novembre 2008, la Corée du Nord annonce qu'elle ferme ses sites industriels et touristiques ainsi que les liaisons ferroviaires avec le Sud [18].

Début septembre 2009, les relations avec la Corée du Sud se sont à nouveau tendues suite au déversement par le Nord de quelques 40 millions de tonnes d’eau dans le lit de la rivière Lmjin, causant au Sud des inondations et des victimes[19].

Perception en Corée du Sud

La génération des Sud-Coréens ayant vécu la guerre de Corée est la plus réticente à la politique de dialogue avec le Nord [citation nécessaire].

En Corée du Sud, le parti d'opposition de droite du Grand parti national (GPN) critique les échanges que souhaite approfondir le président Roh Moo-hyun et son parti Uri comme des concessions sans contreparties suffisantes de Pyongyang ; toutefois, les conservateurs sud-coréens sont malgré tout hostiles à un changement de régime à Pyongyang [2]. En outre, dans la perspective d'un possible succès à l'élection présidentielle de décembre 2007, le GPN a modifié, début juillet 2007, l'orientation de sa politique nord-coréenne : le GPN s'est rallié au principe d'un rapprochement progressif avec la Corée du Nord, basé sur le développement des échanges intercoréens, tout en soulignant la nécessité, selon lui, que Pyongyang renonce à ses programmes d'armement nucléaire militaire[20].

Le Parti démocratique du travail de Corée, troisième parti sud-coréen (à gauche du parti Uri), soutient la « sunshine policy ». De fait, plus de 60% des Sud-Coréens approuvaient l'orientation de la politique du "rayon de soleil", selon un sondage réalisé en août 2003 [3].

La question de la Corée du Nord constituerait, en Corée du Sud, un clivage plus important que celui existant, par exemple, entre la gauche et la droite en France [citation nécessaire].

Perception des populations

A la fin de leur ouvrage de témoignages de réfugiés nord-coréens ("Evadés de Corée du Nord", Presses de la Cité, Paris, 2004) Juliette Morillot et Dorian Malovic soulignent leurs difficultés d'intégration compte tenu de leur perception par leurs compatriotes sud-coréens.

Malgré un important soutien matériel, la plupart des plus de 13 000 réfugiés nord-coréens en Corée du Sud en 2008 [21] (dont les deux tiers arrivés depuis 2002, selon les statistiques sud-coréennes) ont de réelles difficultés à s'intégrer socialement, stigmatisés par des clichés dépréciatifs qui étaient véhiculés par le régime militaire encore au pouvoir à Séoul au début des années 1980. Beaucoup de Nord-Coréens présents en Corée du Sud continuent d'ailleurs de se considérer comme des Nord-Coréens.

Selon ces mêmes témoignages, les Sud-Coréens voient avec gêne et pitié leurs compatriotes du Nord, qu'ils perçoivent comme plus pauvres et moins éduqués.

Certaines différences linguistiques séparent les Coréens du Nord et du Sud : différences d'accent, introduction de nombreux mots d'origine anglaise dans le dialecte de Séoul parlé au Sud, utilisation du hangeul mais aussi des caractères chinois en Corée du Sud.

Voir aussi

Références et notes

  1. Le site officiel du ministère sud-coréen de la réunification donne ainsi les données statistiques relatives au "district administratif de la Corée du Nord"
  2. Voir "Le nationalisme pancoréen, l'opposition aux grandes puissances et les relations entre les Etats-Unis et la Corée du Sud", conférence de Kim Ji-yul, directeur des études asiatiques à l'US Army War college, publiée dans "Japan Focus" en décembre 2005
  3. (fr)Fin tragique d’une opération d’espionnage, L'Humanité, 20 septembre 1996
  4. (fr)"La 4e dimension de la stratégie militaire de P'yongyang", Georges Tan Eng Bok, Statisc.Org
  5. Vantage Point, Séoul, novembre 1995, p. 17.
  6. (en) CRS report for Congress : North Korean Provocative Actions, 1950 - 2007
  7. (fr) Corée du Nord et Birmanie décident de rétablir leurs relations diplomatiques, 24 avril 2007, Aujourd'hui la Corée
  8. (en) "Suspect in Korean Crash Recovers From Poisoning", The New York Times, 6 décembre 1987
  9. (en)[pdf] United Nations Security Council Verbatim Report meeting 2791
  10. Division de la planification de la coopération humanitaire, Ministère de l'unification sud-coréen, Séoul, 20 septembre 2007
  11. Texte intégral de la déclaration Nord-Sud du 15 juin 2000 sur le site officiel nord-coréen "Naenara". Voir également l'article détaillé Réunification de la Corée
  12. "Two Koreas to Hold Summit", dépêche de l'agence AP, reproduite sur le site du "Washington Post", 8 août 2007
  13. Lire le communiqué commun Nord-Sud, sur le site de l'agence nord-coréenne KCNA
  14. "Koreas put off summit due to floods in North", sur le site du quotidien pakistanais "Daily Times", 19 août 2007
  15. Philippe Pons, "Mobilisation internationale pour aider Pyongyang", in Le Monde, 30 août 2007
  16. "Les deux Corées s'engagent sur la paix et la prospérité économique",^in "Le Monde", d'après APF, 4 octobre 2007
  17. "Le Nord et le Sud ont décidé de résoudre en toute indépendance le problème de la réunification du pays grâce à l'union de notre nation qui en est responsable" : point premier de la déclaration du 15 juin 2000 disponible ici.
  18. (fr) Chronologie des relations entre Corée du Nord et Corée du Sud, L'Express, 28 mai 2009
  19. L'arme de l'eau aux mains de Pyongyang, article d'"Infos-eau" paru le 9 septembre 2009
  20. "The GNP's Leftwing Makeover", sur le site internet du quotidien sud-coréen "Chosun Ilbo", 6 juillet 2007
  21. (fr)Yang Ka-on, «  », dans Courrier International, no 934, 3 décembre 2008 [texte intégral (page consultée le 8 septembre 2009)] 

Liens externes

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