- Quartier de la Goutte-d'Or
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Pour le roman de Michel Tournier, voir La Goutte d'Or (roman).
Goutte d'Or
La rue de Chartres, avec en arrière-plan le Sacré-Coeur.Administration Pays France Région Ile-de-France Arrondissement 18ème Ville Paris Sociologie Population 29 000 hab. (année inc.) Densité 27 000 hab./km² Transport Gare Gare du Nord Métro 2, 4, 12 Bus 31, 60, 302 Géographie Coordonnées Géolocalisation sur la carte : Paris
Superficie 1,09 km2 modifier Le quartier de la Goutte-d'Or est le 71e quartier administratif de Paris situé dans le 18e arrondissement, à l'est de la butte Montmartre. Il était rattaché avant 1860 à l'ancienne commune de La Chapelle.
Sommaire
Localisation et accessibilité
La Goutte-d'Or s'étend sur une superficie de 109 hectares[1], délimitée par[2]:
- au sud : le boulevard de la Chapelle ;
- au nord : la rue Ordener ;
- à l'ouest : le boulevard Barbès ;
- à l'est : la rue Stephenson.
Le quartier est traversé du nord au sud par les voies ferrées de la gare du Nord.
Il est très bien desservi par les transports en commun. En effet, plusieurs stations du métro se trouvent dans le quartier où à proximité immédiate : sur la ligne 2, les stations La Chapelle et Barbès-Rochechouart ; sur la ligne 4, les stations Barbès-Rochechouart, Château Rouge et Marcadet - Poissonniers ; et sur la ligne 12, les stations Marcadet - Poissonniers, Marx Dormoy et Porte de la Chapelle. Quartier proche de la gare du Nord (10 à 15 minutes à pied en longeant l'hôpital Lariboisière ou par l'accès souterrain reliant la gare du Nord à la station de métro La Chapelle), il est aussi directement relié aux stations des lignes B, D et E du RER, ainsi que les lignes du Transilien Paris-Nord: lignes H et K et aux grandes lignes TGV, Thalys et Eurostar. Enfin, sa proximité avec les portes de Clignancourt, des Poissonniers et de la Chapelle permet de rejoindre rapidement le boulevard périphérique parisien[3].
Du fait de sa situation sur le flan Est de la butte Montmartre, le quartier présente de nombreuses rues légèrement pentues. Il est aussi connu pour son sous-sol où subsistent encore de nombreuses carrières souterraines de gypse. Dans ses rues étroites, la circulation automobile est peu dense et contraste fortement avec le trafic élevé des boulevards qui l'entourent.
Un quartier populaire parisien
Histoire
Le quartier de la Goutte d'Or, dont le nom viendrait de la couleur du vin blanc que ses vignes produisaient, est un des derniers bastions populaires de la capitale, mais en gentrification progressive. Il a été chanté par Aristide Bruant dans sa chanson À la goutt' d'Or ainsi que par François Hadji Lazaro dans une chanson du même nom. Dans L'Assommoir, Émile Zola situe l'action au cœur de la Goutte-d'Or, et en fait un espace fermé dont il semble impossible de s'échapper — l'alcoolisme sert alors de toile de fond — en insistant sur la détresse et la misère des habitants de ce quartier au XIXe siècle. Alain Bashung, qui habitait la Villa Poissonnière, a de son vivant, beaucoup œuvré pour les associations du quartier.
Démographie
En 1999, d'après l'Insee, ce quartier comptait 28 524 habitants[1]. C'est toujours l'un des plus cosmopolites et multi-ethniques de la capitale, la proportion de la population étrangère (n'ayant pas la nationalité française), en baisse depuis les années 1980, étant aux alentours de 30 % (contre à peu près 17,5 % pour toute la ville de Paris) : c'est notamment un grand rendez-vous pour les populations maghrébines et africaines subsahariennes de la région.
Sociologie
La Goutte-d'Or est célèbre pour ses ambiances typiques particulières. Au sortir du métro Château Rouge, « l'exotisme » du marché Dejean attire de nombreux Parisiens et touristes à la recherche de produits frais exotiques et autres épices, venus pour la plupart d'Afrique. Cependant de nombreuses nuisances subsistent: station de métro continuellement saturée, camion de livraisons bloquant les rues étroites, mono-activité, problèmes sanitaires, envahissement de la vente à la sauvette et de produits de contrefaçon...ont fait naitre un certain rejet des habitants du quartier pour ce dernier, qui réclament plus de sécurité. Pour répondre à cela, la mairie du 18e promeut un projet de marché des cinq continents porte d'Aubervilliers[4].
Le quartier est aussi réputé pour le marché Barbès, en dessous du métro aérien. À peu près au centre du quartier, du boulevard Barbès à la rue Marx-Dormoy, la rue Doudeauville est certainement la plus commerçante et la plus animée jusque tard le soir. Enfin, de nombreux festivals et repas sont organisés afin de réunir la population très hétéroclite et tenter de maintenir une cohésion sociale fragilisée par une insécurité sporadique: petite délinquance, vol à la sauvette, nuisances sonores, trafic de drogue, contrebande de cigarette, toxicomanie, prostitution... Le quartier est d'ailleurs classé en Zone Urbaine Sensible (ZUS)[5].
Face à la vétusté des logements, un vaste plan de réhabilitation du quartier a débuté en 1983 avec la destruction de plus de 100 immeubles à ce jour, pour plus de 800 logements (et non immeubles) sociaux bâtis à ce jour. Ce qui fait du quartier, la plus forte concentration en logement social de l'arrondissement et contraste fortement avec le quartier voisin de la Butte Montmartre dont l'offre en H.L.M est nettement plus réduite. Le tissu urbain présente donc une forte hétérogénéité d'architecture qui mêle immeubles en pierre de taille haussmannienne, en pierre de Paris, de style "art déco" et ensembles H.L.M. Le mouvement de rénovation/réhabilitation, déjà bien avancé, est toujours en cours[6].
Tous les problèmes ne sont pourtant pas résolus, comme le montrent les émeutes début 2005, suite à une bavure policière dans le quartier (à ne pas confondre avec les émeutes des banlieues en novembre 2005). De plus le quartier est connu pour son trafic de drogue, notamment du crack mais aussi pour celui du trafic de cigarettes de contrebandes plus particulièrement au métro Barbès-Rochechouart[7]. Cependant, depuis 2009, un reflux semble s'être opéré, sous l'impulsion des actions décidées par le Ministère de l'Intérieur, pour lutter contre les trafics dans Paris et son agglomération[8]. Autour du Square Léon, le récent déploiement de la vidéo-surveillance semble faire refluer (déplacer?) le problème. Enfin, de nombreux habitants ou visiteurs dénoncent aussi la saleté persistante de nombreuses rues et places du quartier (papiers gras et détritus divers entre autres...).
C'est après la visite en 1991 d'Alain Juppé et Jacques Chirac dans ce quartier que ce dernier déclama sa célèbre phrase sur Le bruit et l'odeur.
Le quartier fait aussi régulièrement la une de l'actualité de par la saturation des 2 mosquées, qui attirent de nombreux fidèles du quartier et de banlieue parisienne. Cette affluence de plus en plus importante a été renforcée par l'arrivée des fidèles de l'ancienne mosquée de la rue de Tanger dans le 19ème arrondissement, fermée depuis plusieurs années. Devant cette saturation des salles de prières, les fidèles ont fait le choix de prier sur l'espace public les vendredis, avec la tolérance de la Mairie du 18e[9]. Un projet de la mairie de Paris en cours de construction va permettre l'agrandissement des deux mosquées via l'ICI (Institut des Cultures d'Islam) sur deux sites, rue Stéphenson et rue Polonceau[10].
Un autre des problèmes du quartier est la prostitution de très jeunes femmes d'origines africaines. Elles sont tenues par des proxénètes à qui elles doivent rembourser le prix de leur passage en France ou qui promettent des représailles sur leurs familles restées en Afrique si elles n'obéissent pas[11].
Un quartier en cours de gentrification
Pourtant, depuis les années 2000, comme de nombreux secteurs populaires du nord et de l'est de Paris, le quartier de la Goutte-d'Or n'échappe pas à la gentrification (ou « boboïsation ») progressive et de fait, le quartier s'embourgeoise. Certains secteurs ont d'ailleurs connu ces dernières années une gentrification assez significative et beaucoup plus marquée:la place de l'Assommoir, la Villa Poissonnière, le pourtour de l'église et du square Saint Bernard, les rues Polonceau et Saint Luc qui longent la partie Sud et Est du square Léon ainsi que certains immeubles du Boulevard Barbès, de la Rue de La Goutte d'Or et de la Rue Doudeauville. Dans son ensemble, le quartier est ainsi l'objet d'une hausse continue des prix de l'immobilier (+ 144 % sur la période 2002-2007), la demande étant largement supérieure à l'offre[12]. La quartier se transforme sous l'effet de nombreux ravalements de façades d'immeubles de style haussmannien notamment autour de l'église Saint-Bernard, d'une réhabilitation des logements à marche forcée, d'un réaménagement du boulevard Barbès en « espace civilisé », d'une requalification de la rue Doudeauville, etc. Le quartier prend peu à peu une ambiance villageoise de plus en plus appréciée, d'autant plus que les prix de l'immobilier restent très attractifs pour un quartier parisien aussi animé et bien desservi par les transports.
De nouveaux équipements ont été inaugurés dans le quartier, qui participent à ces changements. Au 64 de la rue Doudeauville se trouve une annexe de la célèbre maison de ventes aux enchères, Drouot. Le Centre musical Fleury Goutte d'Or-Barbara, équipement culturel et public financé par la Mairie de Paris, a ouvert ses portes en février 2008. Il accueille des artistes-musiciens en voie de professionnalisation ainsi que de nombreuses associations du quartier développant des activités autour des musiques actuelles. D'autres projets culturels sont en cours comme le futur Institut des cultures d'Islam (ICI), rue Polonceau dont les aménagements culturels et cultuels prévus ne sont pas sans rappeler la Grande Mosquée de Paris dans le 5ème arrondissement. On peut aussi citer la réouverture programmée du Louxor-Palais du cinéma (néanmoins situé dans le 10e arrondissement, de l'autre côté du boulevard de la Chapelle), racheté par la Mairie de Paris pour rénovation, face au métro Barbès-Rochechouart. Au printemps 2012, le quartier verra l'aménagement d'un nouvel espace vert, le square Alain Bashung, au niveau du 16 de la rue Jessaint (source Métro France du 20/09/2011: Un square "Alain Bashung" dans le XVIIIe http://www.metrofrance.com/paris/un-square-alain-bashung-dans-le-xviiie/mkit!r21th7MzLvlWc/)
La rue des Gardes (surnommée "Rue de la Mode") a vu l'installation de plusieurs boutiques de créateurs sous la direction de la Mairie de Paris[13].
Liste des places et rues du quartier
Article détaillé : Liste des voies du 18e arrondissement de Paris.- rue Cavé
- rue Myrha
- rue Richehomme
- Rue Stephenson
- rue de Laghouat
- rue de Suez
- rue de Panama
- rue Dejean
Liste des associations du quartier
- Accueil goutte d'or : aide aux nouveaux venus en France[14]
- Les enfants de la goutte d'or : propose un très large panel d'activités aux enfants du quartier[15]
- EGO : aide à destination des consommateurs de drogue[16]
- Goutte d'ordinateur : aide à l'utilisation des outils numériques[17]
- l'association salle Saint Bruno : Lieu à la disposition des associations du quartier[18].
- Accueil Laghouat : aide à l'accès aux droits, cours de français et accompagnement à la scolarité[19].
- URACA Unité de Réflexion et d’Action des Communautés Africaines[20]
- La compagnie GABI Sourire : Activité Théâtral pour grands et petits[21].
- L'écho râleur : choral[22].
Et pleins d'autres... (voir par exemple le site du centre Barbara Fleury).
Éducation
L'ensemble de la goutte d'or est placé en RAR (Réseau Ambition Réussite) autour du collège Clemenceau. Cela permet de déployer plus de moyen et de limiter le nombre d'élève à moins de 25 par classe[23].
Le Quartier de la Goutte-d'Or a :
- quatre écoles maternelles,
- quatre écoles élémentaires,
- deux écoles polyvalentes, et un collège[2].
Les écoles maternelles sont :- l'École Maternelle de la Goutte d'Or[24],
- l'École maternelle Marcadet,
- l'École Maternelle Richomme,
- l'École Maternelle Saint-Luc[25].
Les écoles élémentaires sont :
- l'École élémentaire Pierre Budin[26],
- l'École élémentaire Cavé[27],
- 'École élémentaire d'Oran[28], et
- l'École élémentaire Richomme[29].
Les écoles polyvalentes sont :
Le quartier a le Collège Georges Clemenceau[32].
Le quartier a la Bibliothèque de la Goutte-d'Or[33].
Inspirations
- Musique :
- Aristide Bruant dans sa chanson À la goutt' d'Or
- François Hadji Lazaro dans sa chanson À la goutt' d'Or
- Barbès, de FFF, où le chanteur parle de son quartier
- Barbès, de Rachid Taha
- La Zoubida, de Vincent Lagaf'
- la Scred Connexion, groupe de rap français vivant dans ce quartier
- Track no 8 sur l'album Tourist de St Germain
- Littérature :
- La Goutte d'Or, quartier de France, par Maurice Goldring
- La Goutte d'Or, par Michel Tournier
- L'Assommoir, d'Émile Zola
Galerie
Notes et références
- Paris 1954-1999. Données statistiques. Population, logement, emploi. 18e arrondissement (Archive, Wikiwix, que faire ?), Atelier parisien d'urbanisme, septembre 2005, p. 33.
- Présentation du rep-08 Goutte d’or." Centre Académique de Ressources pour l'Éducation Prioritaire. Consulté le 15 juin 2010. "
- plan des metros parisiens
- Autres projets de la mairie du 18e
- http://sig.ville.gouv.fr/Atlas/ZUS/ "Atlas des Zones Urbaines Sensibles", SIG du Secrétariat Général du CIV
- Etat des lieu de la rénovation de la goutte d'or en mai 2009
- France Soir "Barbès, le plus grand tabac de France" du 01/07/201
- "Le Figaro" du 28/12/2009 "Vaste offensive anti-drogue dans le Grand Paris")
- article du monde sur les prière dans la rue à la goutte d'or
- l'institut des cultures d'islam : projet de la mairie de paris
- Article le parisien sur la prostitution à la goutte d'or.
- Keren Lentschner, « L'immobilier s'assagit timidement en France », dans Le Figaro, 14 octobre 2007 [texte intégral].
- article sur la rue des gardes
- site de "Accueil goutte d'or"
- site des enfants de la goutte d'or
- site de EGO
- site de la goutte d'ordinateur
- association salle Saint Bruno
- site de l'association Accueil Laghouat
- [www.uraca.org site de l'URACA]
- GABI sourire au centre Barbara Fleury
- site de l'echo raleur
- Site de l'inspection de la goutte d'or
- École Maternelle de la Goutte d’Or." Ville de Paris. Consulté le 21 mai 2010. "
- Ecoles maternelles." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Ecole élémentaire Pierre Budin." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Ecole élémentaire Cavé." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Ecole élémentaire d'Oran." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Ecole élémentaire Richomme." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Ecole polyvalente de la Goutte d'Or." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Ecole polyvalente Emile Duploye." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Collège Georges Clemenceau." Ville de Paris. Consulté le 15 juin 2010. "
- Bibliothèque Goutte d'Or." Ville de Paris. Consulté le 22 février 2010. "
Voir aussi
Liens internes
- Château Rouge, une partie de la Goutte d'Or
- Église Saint-Bernard de la Chapelle, l'église catholique du quartier
Bibliographie
- Marie-Hélène Bacqué et Yankel Fijalkow, « En attendant la gentrification : Discours et politiques a la Goutte-d'Or (1982-2000) », dans Sociétés contemporaines, Presses de Sciences Po, no 63 « Gentrification : discours et politiques », hiver 2006, p. 63–84 (ISBN 2-7246-3060-2)(ISSN 1150-1944 et 1950-6899)
- Maurice Goldring, La Goutte-d'or, quartier de France : La mixité au quotidien, Paris, Autrement, coll. « Frontières », mai 2006, 186 p. (ISBN 2-7467-0831-0)
- Jean-Luc Pouliquen, À la Goutte-d'Or, Paris 18e : Chroniques pour un quartier, Paris, Aidda, 1997, 191 p. (ISBN 2-907226-12-6)
Liens externes
- Portail du quartier de la Goutte d'Or
- Description du quartier
- Entre deux portes, film de Benoît Raoulx sur les relations entre habitants et usagers de drogue dans le quartier de la Goutte d'Or (2000)
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