Art Chinois

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Art chinois

L'art chinois, qui désigne en général l'art classique chinois, est un des patrimoines artistiques le plus ancien et le plus riche de l'histoire humaine. Fait unique à cette échelle, la notion d'art en Chine a donné lieu à une historiographie et une littérature critique autonomes, indépendantes de leurs équivalents occidentaux. Les prémices de cet art, datant de 10 000 avant Jésus Christ, sont la plupart du temps de simples poteries et sculptures, et sont communément considérés comme des fragments d'art de l'âge de pierre. Puis se sont succédé plusieurs dynasties, qui durèrent pour la plupart plusieurs centaines d'années. L'art taïwanais et celui des immigrants chinois peuvent être également considérés comme de l'art chinois dans la mesure où ces œuvres sont basées sur l'héritage de l'art chinois classique.

L'utilisation des quatre trésors du lettré notamment, a ouvert une voie originale au processus de création artistique, propre aux conceptions cosmologiques chinoises, notamment à travers sa calligraphie, condition nécessaire à l'apparition de sa peinture classique.

L'art chinois a depuis longtemps entretenu des rapports directs ou indirects avec l'Occident, influencé par exemple par les drapés dans la statuaire d'origine alexandrine, dont un écho transparaît dans les représentations bouddhiques de la déesse guanyin, ou plus tard dans l'utilisation de la perspective trigonométrique, puis, dans un type de peinture séparé, de la peinture à l'huile.

Avant l'adoption des normes réalistes-socialistes en art lors de l'avènement de la République populaire de Chine, des artistes influencés par l'École de Montparnasse ont travaillé en Chine. Depuis les années 1980, suite au mouvement d'ouverture et de réformes de Deng Xiaoping, la naissance de l'art contemporain chinois, sujet à de nombreuses controverses, a confirmé une pratique artistique distincte de l'art chinois classique.

Sommaire

Développement de l'art chinois jusqu'en 221 avant JC

Poterie néolithique

Les premières formes d'art en Chine ont été découvertes dans la culture néolithique de Yangshao, et datent du sixième millénaire avant Jésus Christ. Les trouvailles archéologiques comme celles de Banpo ont révélé que les Yangshao fabriquaient des poteries; les premières n'étaient pas peintes mais présentaient des marques de cordages.

La particularité la plus marquante de la culture Yangshao était l'usage répandu de poteries peintes, comportant généralement des formes géométriques symétriques, des visages humains, ainsi que des animaux tels que des poissons. À la différence de la culture de Longshan, les Yangshao n'utilisaient pas de tour pour fabriquer leurs poteries. Selon les archéologues, cette culture était basée sur des clans matriarcaux. Des excavations ont permis de mettre à jour des enfants enterrés dans des jarres.

La rivière Yangtze (delta).

Paysages peints sur des rouleaux

Le musée central de l’actuelle République de Chine à Pékin, possède la plus importante collection nationale de peintures, où l’on peut découvrir les traits caractéristiques d’un art pictural extrêmement raffiné. Nous y apprenons que les anciens maîtres chinois peignaient sur des rouleaux de papiers ou de soie; qu’ils utilisaient la couleur en touches très légères, en tenant le pinceau verticalement, ce qui exigeait une grande souplesse du poignet; qu’ils pouvaient reproduire un personnage d’un seul et très habile coup de pinceau. Certains peintres étaient aussi poètes et commentaient leur travail en phrases éloquentes, écrites directement sur le rouleau peint.

Le dragon de la cité interdite

En Chine, dans les contes les plus anciens comme dans l’art figuratif traditionnel, les dragons occupent une place de choix. Ce sont des personnages fabuleux à la force extraordinaire, qui symbolisent la puissance de l’empereur et sa suprématie sur les ennemis de Chine. Une représentation fantastique de cet être légendaire se trouve dans la « cité interdite à Pékin »: elle apparaît en bas relief sur des plaquettes de céramique polychromes et sa tête monstrueuse provoque l’admiration… ou l’effroi. On appelle « cité interdite » le quartier protégé où s’élèvent les anciens palais de l’empereur et de sa cour. En effet, autrefois quand la Chine était « l’empire du milieu » personne ne pouvait pénétrer dans ces lieux, à l’exception des courtisans et des personnes attachées aux services royaux. Ils forment aujourd’hui un immense musée, qui attire des visiteurs étrangers de plus en plus nombreux.

La culture de Jade

La culture de Jade des Liangzhu était la dernière des cultures néolithiques dans le delta de la rivière Yangtze, et s'étala sur une période de 1300 ans. Le Jade était travaillé finement, et constituait des objets divers comme de petits cylindres, des disques et des haches, ainsi que de petits objets de décoration ciselés dans des plaques et représentant des oiseaux, des poissons ou des tortues. Le Jade des Liangzhu avait un aspect blanc laiteux, principalement dû à la roche Tremolite et à l'influence des eaux aux alentours des sépultures. Dans les siècles passés, de nombreux ouvrages d’art et d’artisanat ont été importés de Chine. Ce sont les laques et les jades qui par leur beauté, ont le plus étonné les Occidentaux. Les laques chinois ont un secret de fabrication : le « Rhus succedanea ». Cet arbre d’extrême-Orient fournit une gomme résine qui, appliquée en couches successives, donne aux meubles, aux paravents et aux boîtes laqués un brillant incomparable. Sur certains ouvrages, vingt couches de laque au moins ont dû être apposées pour obtenir un lustre encore plus précieux. Les petites sculptures de jade -belle pierre aux tons verts et aux reflets changeants- constituent une autre production chinoise typique.

La représentation de l'espace dans l'art chinois et analyse de l'art chinois

L'art chinois est différent de l'art occidental parce que les artistes qui ont influencés l'Europe ne sont pas les mêmes qu'eux. Les problèmes de religion ont aussi bien influencé l'art européen que l'art chinois mais ces évolutions sont évidemment de natures différentes mais aussi à des époques qui ne coïncident pas entre l'Ouest et l'Est du monde. Mais avant de parler de représentation de l'espace il faut faire un peu d'histoire...

Les débuts de la peinture chinoise

Les premiers vestiges de l'art chinois datent du paléolithique, c’est-à-dire entre 300 000 ans avant Jésus Christ à 120 000 ans av. J.-C. Durant cette période, les hommes ont appris à tailler des instruments en pierre et dès le paléolithique supérieur(de 35 000 à 8 500 av. J.-C.), l'homme a commencé à faire de l'art et un outillage sur lame et en os. Un des vestiges de cette époque se trouve à Lianyungang, dans la province du Jiangsu, qui se trouve à l'est de la Chine, à la frontière entre le Nord et le Sud, dans la province où se trouve Shanghaï. Dans cette province, on a retrouvé des pétroglyphes gravés qui n'ont pour nous aucune signification. Ces dessins sont symboliques et sont gravés sur la pierre à l'état naturel, et ne racontent pas une histoire et ne se trouvent pas non plus dans une grotte. Ces dessins ont une connotation religieuse.

Il y a aussi des vestiges du néolithique, sur des poteries, sur le sol des cabanes à toit de chaume et des objets en terre. Pour le paléolithique, les peintures et les gravures se succèdent sur environ 10 000 ans et sur environ 3 000 kilomètres d'est en ouest. Ces œuvres supposent des croyances religieuses ou chamaniques. Parmi les plus anciens dessins gravés, dans le mont Yin, il y a une surface entourée de lumière: c'est le soleil. On y voit des plantes, des animaux, des rivières, des montagnes... et des corps célestes qui ont une conscience vivante. Ils croyaient qu'en transformant en images visibles, ils pouvaient influencer le processus naturel de la vie. Les peintures représentent des danses, des chasses, des accomplissements de sacrifices rituels et des guerres. L'apparition de l'arc avec les flèches date du néolithique. les images isolées, statiques deviennent juxtaposées, en action ce qui montre une évolution. Au lieu d'être un rayon, le corps céleste devient un corps debout, un personnage avec un arc à la main, un bâton dans son autre main et à côté, un personnage avec un couvre-chef en forme de plume. Ce personnage représente peut être un shaman car l'arc et le bâton sont dans la même main. Il incarne le pouvoir solaire car en miroir par rapport au personnage dans le soleil. La taille du "shaman" est assez grande, ainsi que son couvre-chef ce qui montre qu'il ou elle a une grande importance.

Il y a 2 500 ans, sous la dynastie Zhou orientale, l'usage du pinceau et de l'encre est tellement élaboré que le tracé des formes n'a toujours pas évolué. Il y a deux cours de peintures: l'un attaché à la représentation détaillée et techniquement maîtrisée d'une scène ou d'un objet, sous les Tang (618-907) et les Song (960-1279); l'autre est la représentation d'une apparence objective et subjective (début des Song). Toutes les peintures sont sur des surfaces infinies jusqu'à l'apparition et l'invention du cadre et donc de la préparation du fond, d'où l'apparition des formes manufacturées, des poteries, de l'architecture à charpente en bois. Dès lors, les supports unis, symétriques, la régularité de la direction, d'espacement et de groupement, sont en harmonie avec les formes des objets comme avec l'ornement des parties voisines. Sous la dynastie des Zhou orientaux (région méridionale du Chu au centre de la région moyenne du Fleuve Bleu), les personnages d'une iconographie fantastique: les musiciens sont des oiseaux ou des quadrupèdes. Une autre forme d'art avec des éléments géométriques et figuratifs avec des figures humaines très vivantes qui forment un motif spatial complexe. Par exemple (tiré d'un motif sur une boîte laquée, tombe 2, Baoshan, Jingmen, province de Houbei, 316 av. J.-C.(10,8 cm de haut et 27,9 cm de long)) si les personnages sont de dos ou de profil, ceux qui sont de dos sont proches du spectateur et sont soit sur un char, pour protéger leur maître, soit au premier plan pour regarder leur maître passer devant eux. Dans les deux, l'étagement des images, la variation de taille et la séparation des différents plans créent une forte impression de profondeur. Cinq arbres divisent la composition qui donne un récit continu (voir les arbres avec plus ou moins de feuilles). Un premier groupe de deux arbres définit le début de l'histoire et un second groupe de deux arbres marque la fin de l'histoire. Cette histoire se lit de droite à gauche. Un fonctionnaire est sur un char tiré par des chevaux, les chevaux accélèrent et les serviteurs courent devant. Le char ralentit; le fonctionnaire est accueilli par les personnages agenouillés. Pendant ce temps, un gentilhomme avec une robe sombre va à sa rencontre. Dans la scène finale, le fonctionnaire est descendu du char, rencontre son hôte, mais pour une raison inconnue, il porte une robe sombre alors que son hôte en porte une blanche. Ce rouleau montre le progrès dans l'espace et le temps. C'est un progrès dans le temps car les quatre saisons se succèdent correctement. L'hiver y est représenté par la migration des grues.

Étude et comparaison entre l'art chinois et l'art européen (et comment lire et comprendre les codes de la peinture chinoise)

Après avoir observé des peintures chinoises on peut remarquer que la perspective existait mais que l'horizon, la limite entre la terre et le ciel n'existe pas car aucune ligne ne le délimite pour ce qui est de la représentation des animaux et/ou des hommes, et la couleur de fond est la même pour les deux.

Seuls les objets ou les personnages suggèrent une position dans l'espace. Ce n'est que grâce à cela que l'on devine ce qui est proche ou lointain, et si les meubles par exemple sont plats ou ne le sont pas. Les objets sont en oblique extrême comme le sont les édifices, les édicules, et dénués de la connotation européenne d'une quelconque tension ou d'un danger. Dans l'art chinois, l'oblique extrême est totalement innocent et montre qu'il y a un point de fuite, qui est toujours unique, quelle que soit l'époque. Les personnages quant à eux, sont plus ou moins hauts dans l'œuvre, ce qui définit s'ils sont au premier plan, au deuxième plan ou à l'arrière plan.

La taille des personnages est respectée dans le sens ou il n'y a pas de hiérarchie par la taille, sinon les personnages sont de la même taille selon leur place dans le plan. Il y a également un jeu de couleur, comme dans les œuvres européennes mais contrairement à ces dernières, ce n'est pas pour délimiter les plans mais pour hiérarchiser les personnages: les personnages les plus importants seront en général en blanc, les autres couleurs sont pour les personnages secondaires, il y a donc tout de même une volonté de montrer l'importance des figurants. Les dessins dans l'art chinois sont assez simples, il n'y a pas de portrait et les personnages sont toujours montrés dans l'action, comme dans la chasse, la vie sociale, ce qui n'a pas évolué depuis la préhistoire. Les personnages n'ont jamais d'ombre, contrairement aux œuvres européennes où la lumière occupe une place importante, l'art chinois ne s'en préoccupe pas.

Les personnages évoluent sur un fond noir ou blanc et la ligne d'horizon n'est présente que dans les dessins ou les peintures de paysages, et encore, elle n'est pas toujours délimitée. Si les proportions n'étaient pas respectées à la préhistoire, dès l'année zéro de notre calendrier annuel, les chinois ont vite appris l'importance de retranscrire la nature telle qu'elle est, mais avec une touche personnelle de l'artiste tout en restant fidèle à la réalité naturelle. Les personnages et les animaux quant à eux sont représentés de façon grossière. On ne comprend leur nature que parce qu'ils ont la forme d'animaux connus ou d'hommes.

Dans la peinture chinoise, les paysages sont effectués de telle manière qu'ils sont identiques à ce que l'on perçoit, au niveau du tracé mais on ne la suit pas exactement et emploie plutôt un type d'expressionnisme. Quand des constructions humaines ou les hommes apparaissent dans un paysage, ils sont représentés en très petit, car ils sont dans un cadre cosmologique complet. Les paysages sont en général en bleu ou d'une couleur unique alors que les peintures qui ont pour sujet l'homme, les végétaux, les animaux sont riches en couleurs. Il y a un dégradé de couleurs : le fond bleu est pour le ciel, la mer ou la montagne car la "quantité d'air entre la montagne et l'œil la rend bleue". La peinture de paysage apparaît dès le IVe ou Ve siècle. Les Jen Wou (les hommes et les choses) ne doivent pas être trop travaillés ni trop simples et il faut qu'ils aient un lien avec le paysage (par exemple l'homme regarde la montagne et la montagne semble regarder l'homme). Les oiseaux sont aussi un signe des saisons: par exemple l'oiseau migrateur qui part en automne (comme la grue) et les jeunes hirondelles au printemps. Les maisons quand elles ne sont pas isolées, elles sont enchevêtrées, et aucune d'entre elles ne peut être aperçue intégralement.

Aucun objet n'apparaît inutilement dans l'art chinois: les chaises sont faites parce que des personnages font le mouvement de s'asseoir, les tables pour y manger ou jouer aux échecs (différents des nôtres), des lits pour s'y coucher. Dans l'art européen, au contraire, les meubles qui ne servent pas sont représentés quand même (peut-être pour un souci de réalisme). La plupart des œuvres chinoises sont des œuvres funéraires car après la séparation du pouvoir et les nombreuses guerres, les chinois se sont focalisés sur la décoration des tombes et la représentation du Bouddha, ce qui est une similitude avec l'art européen qui, depuis le Moyen Âge et cela jusqu'à la Renaissance, son début n'est axé que sur des œuvres religieuses car les autres sont interdites. Le point de fuite se situe presque toujours au centre et la perspective quant à elle, ainsi que les lignes de fuite sont toujours respectées dès 500 après J.C alors que dans les pays européens, c'est seulement dès le quattrocento qu'Alberti invente le traité de la perspective et donc que tous les peintres vont respecter les proportions humaines car avec la Renaissance, l'homme européen n'est plus qu'un sujet de Dieu et qu'Il est supérieur à l'homme (avec l'apparition de l'humanisme). L’art chinois est aussi différent de l’art européen parce que ce dernier tolère différentes actions d’un même personnage dans la même image, chose inconcevable pour les chinois, sauf dans le cas des rouleaux, mais les différentes actions sont séparées par un motif du décor qui se répète. Le rouleau sert à ce que toute l’histoire soit lue et que l’œil ne soit pas attiré par une chose en particulier. Les hommes et les femmes ont toujours été semi réalistes, dans les peintures, ils ont des visages ronds ou ovales et seules les barbes, les moustaches ou les cheveux permettent de distinguer si c'est un homme ou une femme; car les chinois ne représentent pas beaucoup les femmes, ce qui est différent de l'art européen qui a représenté des femmes dès la première peinture où apparaît Marie. Donc les européens caricaturent les traits mais respectent la réalité des corps alors que l'art chinois ne respectera la nature, les traits humains que dès le XXe siècle. Avant les corps sont dans des robes (simplifiés) et les traits du visages (yeux et bouches) sont les mêmes pour tous et de nos jours, les particularités sont respectées. Donc tout sépare l'art invariable des chinois de l'art sans cesse changeant qui est l'art européen.

Bibliographie

  • Daisy Lion-Goldschmidt: Arts de la Chine, 1960, réédition 1980.

Voir aussi

Liens externes

Art Chinois et Art Asiatique.

88-Mocca: The Museum of Chinese Contemporary Art on the Web

Peinture et calligraphie chinoises

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