Préface (littérature)

Préface (littérature)
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Préface des Six Livres de la République de Jean Bodin (1576).

Une préface (du latin præ : avant et fari : parler) est, en littérature, un texte dintroduction et de présentation. Placé en tête dun livre, il en fait connaître les vues, le plan, prévient des objections, répond à des critiques ou encore donne une idée sur le message que veut transmettre l'auteur à travers ce livre (ex : la pauvreté de la société, l'inégalité, la prostitution, la violence, etc.). La préface est courte lorsqu'elle devient un avertissement et largement développée dans le cadre des prolégomènes.

Sommaire

Historique

Les Anciens mettaient des préfaces en tête de leurs livres. Les Grecs les faisaient simples et courtes, comme on peut en juger par celles dHérodote et de Thucydide. Les Latins composaient volontiers davance des préfaces pouvant sadapter indifféremment à nimporte quel ouvrage. Les premiers chapitres de la Conjuration de Catalina et de la Guerre de Jugurtha par Salluste, sont des morceaux de ce genre. Cicéron paraît avoir souvent suivi cette méthode.

Les Préfaces casquées (prologi galeati), pour employer lexpression de saint Jérôme, ont été de tout temps fort communes dans les livres de controverse, la moitié du travail de lauteur consiste à répliquer à ses adversaires ou à prévenir leurs attaques.

On cite des préfaces surprenantes, comme celle de Scudéry, écrite pour les poésies de Théophile et à la fin de laquelle il appelle en duel ceux qui ne seront pas contents des vers de son ami. Celles qui forment le début même de louvrage prennent le nom de préambule.

Autrefois, les écrivains résistaient rarement au plaisir de faire leur apologie que leur offrait la préface, et quelquefois ils se peignaient mieux, à leur insu, en une page ou deux, que par le livre tout entier.

Dordinaire, les lecteurs superficiels ne lisaient pas les préfaces, mais les gens sérieux sy arrêtaient pour prendre acte des engagements de lauteur. Les critiques pressés les lisaient aussi ou même ne lisaient quelles, et souvent cinquante comptes rendus bibliographiques des journaux nétaient que des variations du programme ou de lapologie placés au frontispice de louvrage.

Se présenter soi-même au public est une chose si délicate et parfois si périlleuse, que plusieurs écrivains faisaient écrire ou signer leur préface par un écrivain sympathique et faisant autorité. Après avoir parlé des dédicaces, Voltaire ajoute : « Les préfaces sont un autre écueil. Le moi est haïssable, disait Pascal. Parlez de vous le moins que vous pourrez, car vous devez savoir que lamour-propre du lecteur est aussi grand que le vôtre. Il ne vous pardonnera jamais de vouloir le condamner à vous estimer. Cest à votre livre à parler pour lui. » Beaucoup dauteurs, croyant masquer le moi, prodiguaient le pluriel de majesté nous, ou lindéterminé on, dans des phrases éclatait le sentiment personnel ; il y aurait souvent plus de vraie modestie dans lemploi simple et naturel de la première personne.

Les Italiens appellent la préface « la salsa del libro » : la sauce du livre. Marville dit que, si elle est bien assaisonnée, elle sert à donner de lappétit, et quelle dispose à dévorer louvrage.

Les préfaces les plus intéressantes sont sans contredit celles des pièces de théâtre, par la raison que leurs auteurs y ont la liberté de sexpliquer sur des points dont leur œuvre ne comporte pas le développement.

Au XVIIe siècle, les préfaces de Corneille, toutes celles de Racine et particulièrement celles de Britannicus et dIphigénie, celle placée par Molière en tête deTartuffe, au XVIIIe siècle, celles de lŒdipe et de la Mérope de Voltaire, celles de Beaumarchais, au XIXe siècle, les préfaces de Cromwell, de Marino Faliero, des Lionnes pauvres, celles ajoutées à son Théâtre par Alexandre Dumas fils, celle de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier donnent la mesure de ce que la préface peut offrir de commodité à un auteur dramatique pour entrer en communication didées avec le public.

On cite également comme des préfaces achevées le Discours préliminaire de l'Encyclopédie de DAlembert, et la préface de la 5e édition du Dictionnaire de lAcadémie (1835) par Villemain.

Source

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 1644

Bibliographie

  • Philippe Forest (dir.), L'Art de la préface, Editions Cécile Defaut, 2006.
  • Maxime Leroy, La Préface de roman comme système communicationnel : autour de Walter Scott, Henry James et Joseph Conrad. Thèse de doctorat soutenue à l'Université d'Angers, 2003. Mention Très Honorable à l'unanimité. Consultable et téléchargeable sur http://www.iquesta.com/Memoire-These/Document/Lettres-et-Langues/preface-roman-systeme-communicationnel.pdf
  • Laurence Kohn-Pireaux (dir.), Le Texte préfaciel, Presses Univesitaires de Nancy, 2000.
  • Alasdair Gray, The Book of Prefaces, Bloomsbury, 2000.
  • Gérard Genette, Seuils, Seuil, 1985.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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