- Marino Faliero
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Marino Faliero[1], né vers 1285 et mort décapité le 17 avril 1355, est le 55e doge de Venise, élu le 11 septembre 1354.
Sommaire
Biographie
Marino Faliero est né vers 1285. On sait peu de choses sur sa jeunesse, si ce n’est qu’à l’âge de trente ans il devient membre du Conseil des Dix qui venait d'être constitué après la conjuration de Bajamonte Tiepolo. De noblesse ancienne, issu d'une famille probablement originaire de Fano qui avait déjà donné deux doges à la République de Venise[2], fort riche et propriétaire de vastes terres, Faliero était un homme d’action, hautain mais courageux, capable aussi de gestes violents comme lorsqu'il gifla un évêque qui s’était présenté en retard à une cérémonie présidée par lui.
Dogat
Après la mort d'Andrea Dandolo, Marino Faliero fut élu doge de Venise le 11 septembre 1354, au premier tour de scrutin. Il se trouvait alors à Avignon, comme ambassadeur de Venise auprès du pape Innocent VI.
Il arrive à Venise le 5 octobre suivant, sur le Bucentaure. Son arrivée fut cependant marquée par un incident qui fut qualifié de mauvais augure : perdu dans le brouillard, le navire accosta non pas devant la porte du palais des Doges mais devant les deux colonnes de Saint Marc et de Saint Théodore, entre lesquelles avaient traditionnellement lieu les exécutions capitales.
Son ambition de grandeur, son caractère violent lui firent considérer la fonction ducale comme insuffisante pour un homme de son tempérament.
L'époque de son dogat était en outre marquée par une récession économique dont le peuple pâtissait. Dans de telles conditions, la concurrence avec Gênes était économiquement insupportable : la guerre contre Gênes avait fortement perturbé le commerce et aggravé les difficultés économiques (ainsi, les taux d’intérêt avaient été relevés de 40%). De 1350 à 1355, Venise connut une situation économique particulièrement délicate.
Faliero tenta alors de négocier un accord secret avec le gouvernement de Gênes, destiné à assouplir la concurrence entre les deux cités rivales.
Conspiration
Faliero eut alors l’idée d’une conjuration permettant d’assoir la domination de sa famille contre l’aristocratie qui dominait la cité ; il parvint à rallier à son projet quelques grands bourgeois de Venise : Bertuccio Israello, propriétaire de navires, Filippo Calendario, tailleur de pierres et riche propriétaire de chalands, ainsi que Bertrando Bergamoso, riche tanneur.
La date de l’insurrection fut fixée au 15 avril 1355 : les insurgés, armés, devaient envahir le palais ducal, assassiner les membres des divers Conseils ainsi que les membres de la noblesse présents, supprimer le Grand Conseil et de proclamer le doge « Seigneur de Venise ».
La conjuration échoua à cause des confidences de Bergamose à un de ses amis, le praticien Nicolo Lion : les conjurés furent rapidement arrêtés et soumis à la torture et on put ainsi apprendre le nom de leur chef, le doge en personne. La ville fut alors mise en état d’alarme. Le 16 avril, Bertucio Israello et Filippo Calendario furent jugés et exécutés, en compagnie de neuf autres conjurés.
Exécution
Le 17 avril, ce fut le tour de Marino Faliero d’être jugé pour haute trahison : outre la tentative de coup d'État contre les institutions vénitiennes, il lui fut reproché d'avoir tenté de négocier l'accord économique avec Gênes, alors grande rivale de Venise.
Il fut condamné à être décapité. L’exécution eut lieu dans la cour du Palais des Doges, au pied du perron sur lequel, avant de ceindre la couronne ducale, Faliero avait prêté serment d’observer la « promissione ». Le bourreau, son épée sanglante dans la main, cria aux spectateurs : « constatez tous qu’il a été fait justice du traître ».
Le cadavre du doge resta exposé toute une journée, la tête tranchée.
Au soir du 18 avril, il fut déposé dans une gondole et inhumé sans aucune cérémonie, dans un caveau creusé dans une chapelle de l’église des Saints Giovanni et Paolo, nécropole des doges de Venise.
Divers
Marino Faliero est le seul des 76 premiers doges à ne pas être dépeint dans la salle du Grand-Conseil du Palais des Doges, pour cause de haute trahison. L'emplacement où devrait se trouver son portrait montre une tenture noire sur laquelle est inscrite la phrase suivante : « Hic est locus Marini Falieri decapitati pro criminibus » (Ici se trouve l'emplacement de Marino Falier, décapité pour ses crimes). Cette mise en scène était destinée à impressionner les ennemis de la République et à montrer qu'aucun, fût-il revêtu de la plus haute dignité, n'était à l'abri du châtiment.
Postérité littéraire et artistique
L'épisode de la conjuration de Marino Faliero a été porté à la scène à plusieurs reprises :
- Marino Faliero, Doge de Venise, tragédie historique en cinq actes de Lord Byron, terminée le 16 juillet 1820
- Marino Faliero, tragédie en cinq actes et en vers de Casimir Delavigne, représentée pour la première fois au Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris le 30 mai 1829
- Marino Faliero, tragédie lyrique en trois actes, musique de Gaetano Donizetti, livret d'Emanuele Bidèra, créée au Théâtre des Italiens de Paris le 12 mars 1835.
- Marino Faliero. A tragedy, pièce d'Algernon Swinburne publiée en 1885.
Notes et références
- On dit aussi simplement Marin Falier.
- Vital Faliero de' Doni (1084-1095) et Ordelafo Faliero, son fils (1102-1118)
Précédé par Marino Faliero Suivi par Andrea Dandolo Doge de Venise Giovanni Gradenigo Catégories :- Doge de Venise
- Personne exécutée par décapitation en Italie
- Naissance en 1285
- Décès en 1355
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