- Cromwell (Hugo)
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Cromwell Auteur Victor Hugo Genre Pièce de théâtre Pays d'origine France Lieu de parution Paris Date de parution 1827 Cromwell est une pièce de théâtre de Victor Hugo publiée en 1827.
C'est à la fois une fresque historique de l'Angleterre du XVIIe siècle et le portrait du lord protecteur d'Angleterre, Cromwell. Cromwell par ses dimensions démesurées (6920 vers) reste une pièce pratiquement injouable et injouée. Ses changements de décors fréquents ainsi que le choix de son sujet dans une histoire relativement proche en font, entre autres, un exemple de pièce romantique, rompant radicalement avec les traditions classiques.
Dans cette préface, Hugo écrit, entre autres, ceci : Que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire, sans pruderie,[...] sachant briser à propos. Cette exigence de liberté dans l'art est à la base même du combat romantique contre le classicisme. Comme l'a dit Jacob Talmon dans son ouvrage intitulé Romantisme et Révolte*, la littérature classique, contemporaine de la monarchie absolue du XVIIe siècle, présupposait que le monde était fondé sur un ordre rationnel d'unité, d'équilibre, d'harmonie et de plénitude, dans lequel nous naissons et contre lequel il serait vain de se révolter.
La tradition classique imposait des règles de forme dans la construction artistique. Il s’agit là, selon le mot railleur d’Hugo, de toutes ces «petites règles conventionnelles, de tous ces labyrinthes scolastiques, de tous ces problèmes mesquins que les critiques des deux derniers siècles ont laborieusement bâtis autour de l’art».
On le voit donc, Hugo méprise le dogmatisme artistique des tenants du classicisme. Il brisera les règles conventionnelles en s’attaquant à la théorie des trois unités au théâtre.
En effet, inspirée d’Aristote, la tradition classique indiquait que l’intrigue d’une pièce de théâtre devait se dérouler en un jour et un lieu bien déterminés. De plus, il devait y avoir une unité de l’ensemble de l’intrigue. Or Hugo n’admet que cette troisième unité. Pour lui, un théâtre réaliste ne peut maintenir les unités de temps et de lieu car elles n’ont aucune réalité dans la vie de tous les jours. Toute action est susceptible de se dérouler selon une durée variable et à des endroits différents. Aussi notre auteur n’hésitera pas à écrire des pièces de théâtre brisant avec la règle des unités de jour et de lieu de l’action.
Mais, d'après Pascal Melka, auteur de Victor Hugo, un combat pour les opprimés. Etude de son évolution politique [1], les controverses sur la structure de l’intrigue d’une œuvre ne sont pas les seuls motifs de l’opposition entre romantiques et classiques. Il y a autre chose dans cet affrontement.
Evoquant la littérature classique, Hugo dit dans la préface de Cromwell : la muse purement épique des anciens n’avait étudié la nature que sous une seule face, rejetant sans pitié de l’art presque tout ce qui, dans le monde soumis à son imitation, ne se rapportait pas à un certain type du beau. Type [...] faux, mesquin et conventionnel. Et c’est parce qu’elle est exclusivement tournée vers la quête d’un certain type du beau que la littérature classique emploie exclusivement un langage extrêmement soutenu, lequel crée une distinction entre les classes cultivées et les couches populaires.
Au contraire, Hugo veut décrire la société telle qu’elle est, dans ses affrontements et ses contrastes. Il entend mêler le grotesque au sublime et, pour ce faire, rendre toute sa place au langage parlé.
Malgré l'application exemplaire des principes romantiques dans Cromwell, c'est la préface de la pièce qui est restée comme un des textes fondateurs du romantisme, en défendant en particulier le drame en tant que forme théâtrale.
Catégories :- Pièce de théâtre française
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