Arsphénamine

Arsphénamine
Arsphénamine
Arsphénamine
Général
Nom IUPAC 2-amino-4-(3-amino-4-hydroxyphényl)arsanylidènearsanylphénol hydrochloride
Synonymes Salvarsan
606, 606 E, Ehrlich 606
Arsénobenzol
Etc.
No CAS 139-93-5 (2HCl)
No EINECS 205-386-6
PubChem 459226
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule brute C12H14As2Cl2N2O2  [Isomères]
Masse molaire[1] 439,001 ± 0,016 g·mol-1
C 32,83 %, H 3,21 %, As 34,13 %, Cl 16,15 %, N 6,38 %, O 7,29 %,
Propriétés physiques
T° fusion 190 °C (décomposition)
Classe thérapeutique
Antitréponème
Antiprotozoaire
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L'arsphénamine, plus connue sous le nom de Salvarsan ou de 606, est un médicament utilisé dans la première moitié du XXe siècle contre la syphilis et la trypanosomiase. Ce composé arsenical est souvent considéré comme le premier agent chimiothérapeutique moderne.

Historique

Les dérivés de l'arsenic sont connus de longue date pour leurs propriétés thérapeutiques, mais aussi pour leur toxicité, lorsque, en 1863, Antoine Béchamp synthétise un composé aniliné de l'arsenic[2],[3] et le baptise atoxyl pour marquer sa relativement faible toxicité. En 1902, des médecins allemands introduisent l'atoxyl dans le traitement de certaines dermatoses[2],[4]. En 1905, un Canadien et un Autrichien découvrent qu'il est efficace contre la maladie du sommeil. Les effets toxiques restent pourtant beaucoup trop élevés, et le médicament est bientôt abandonné.

Cependant, la découverte de l'activité de l’atoxyl sur le trypanosome a attiré l’attention du bactériologiste allemand Paul Ehrlich. Avec le chimiste Alfred Bertheim et le bactériologiste Sahachiro Hata, il se met à retravailler la molécule. Il synthétise et expérimente plus de neuf cents dérivés, dont le six cent sixième, ainsi dénommé 606 et dont Ehrlich et Hata signent ensemble la découverte en 1908, est introduit en 1911 contre la syphilis et se révèle d'une très grande efficacité[5],[6]. Amélioré secondairement en Néosalvarsan (néoarsphénamine), puis en Mapharsen (arsphénoxide), le produit reste pendant une dizaine d'années le traitement de référence de la syphilis.

Le succès du Salvarsan ayant relancé la recherche, de nombreux nouveaux médicaments arsenicaux sont introduits au cours des années suivantes, tels la tryparsamide de Jacobs et Heidelberger (1919), le stovarsol (1921) et l’orsanine (1925) de Fourneau, puis le mélarsoprol de Friedheim (1949)[2].

Quoique abandonné à son tour car trop toxique encore, le Salvarsan, directement issu de l'atoxyl de Béchamp, marque donc une étape essentielle dans le développement de la chimie des médicaments de synthèse. Il est souvent considéré comme le premier agent chimiothérapeutique moderne et Ehrlich est honoré par beaucoup comme « le père de la chimiothérapie ».

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a, b et c Christine Debue-Barazer, « Les implications scientifiques et industrielles du succès de la Stovaïne : Ernest Fourneau (1872-1949) et la chimie des médicaments en France », dans Gesnerus, n° 64, 2007, pp. 42-49. (Texte intégral. Consulté le 24 septembre 2011.)
  3. (en) K. A. Sepkowitz, « One hundred years of Salvarsan », N. Engl. J. Med., vol. 365, 2011, pp. 291-293. (Présentation. Consulté le 24 septembre 2011.)
  4. (en) S. Riethmiller, « From Atoxyl to Salvarsan : Searching for the magic bullet », Chemotherapy, vol. 51, 2005, pp. 234-242. (Présentation. Consulté le 24 septembre 2011.)
  5. (en) H. W. Jones, « Report of a series of cases of syphilis treated by Ehrlich's arsenobenzol at the Walter Reed General Hospital, District of Columbia », Boston Med. Surg. J., vol. 164, 1911, pp. 381-383. (Présentation. Consulté le 24 septembre 2011).
  6. (en) H. C. French, « Salvarsan (« 606 ») and mercury in the treatment of syphilis », Lancet, vol. 178, 1911, pp; 326-327. (Présentation. Consulté le 24 septembre 2011).

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Arsphénamine de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Arsphenamine — Arsphénamine Arsphénamine Général Synonymes Salvarsan 606 No CAS …   Wikipédia en Français

  • Arsphenamine — Arsphenamine, also known as Salvarsan and 606, is a drug that was used to treat syphilis and trypanosomiasis. It was the first modern chemotherapeutic agent.HistorySahachiro Hata discovered the anti syphilitic activity of this compound in 1908 in …   Wikipedia

  • arsphenamine — [ärs fen′ə mēn΄, ärs fen′əmin΄] n. [ ARS(ENIC) + PHEN(YL) + AMINE] a yellowish arsenical powder, [OH·C6H3 (NH2·HCl)·As] 2, formerly used in treating syphilis …   English World dictionary

  • arsphenamine — noun Etymology: International Scientific Vocabulary arsenic + phenamine Date: 1917 a light yellow toxic hygroscopic powder C12Cl2H14As2N2O2•2H2O formerly used in the treatment especially of syphilis and yaws …   New Collegiate Dictionary

  • arsphenamine — /ahrs fen euh meen , min/, n. Pharm. a yellow, crystalline powder, C12H12N2O2As2·2HCl·2H2O, formerly used to treat diseases caused by spirochete organisms, esp. syphilis and trench mouth: first known as 606. [1915 20; ARS(ENIC) + PHEN(YL) +… …   Universalium

  • arsphenamine — noun /ɑːsˈfɛnəmaɪn,ɑːsˈfɛnəmiːn/ A phenolic amine derivative of arsenic that was used to treat syphilis (under the trade name of Salvarsan) …   Wiktionary

  • arsphenamine — Formerly used in the treatment of syphilis, yaws, and some other diseases of protozoan origin, after neutralization with NaOH. The synthesis of a. in 1907 and the demonstration of its usefulness as a therapeutic agent by Paul Ehrlich and co… …   Medical dictionary

  • arsphenamine — n. drug formerly used to fight syphilis …   English contemporary dictionary

  • arsphenamine — [α:s fɛnəmi:n, ɪn] noun Medicine a synthetic organic arsenic compound formerly used to treat syphilis …   English new terms dictionary

  • arsphenamine — ars·phen·a·mine …   English syllables

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”