- Prieuré de Saint-Thibault
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Prieuré de Saint-Thibault Présentation Nom local Église Notre-Dame Culte Catholique romain Type Prieuré Rattaché à Abbaye Saint-Rigaud Début de la construction XIe siècle Fin des travaux XVIIIe siècle Style(s) dominant(s) Roman et gothique Protection Classé MH (1840) Géographie Pays France Région Bourgogne Département Côte d'Or Ville Saint-Thibault Coordonnées modifier Situé dans l'Auxois, à proximité de Vitteaux et sur le territoire de la commune du même nom, le prieuré de Saint Thibault est un témoignage du développement monastique en Bourgogne durant les XIe, XIIIe et XIVe siècles. L'église fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].
Sommaire
Historique
Créé à la fin du XIe siècle et dédié à Notre Dame, le prieuré de Saint Thibault naît de l'abbaye bénédictine Saint-Rigaud, de type érémitique, sise dans le Brionnais. Celle-ci, par la médiation de l'évêque d'Autun, Aganon de Mont Saint Jean, venait d'être fondée, en 1071, sur un ermitage déjà existant, par une bulle du cardinal Pierre Damien au nom du pape Alexandre II, deux partisans actifs de la réforme grégorienne. Les partenaires laïcs en furent les seigneurs locaux de la famille des Bosonides, très présents dans la région (Abbaye de Charlieu). Fondation confirmée quelques années plus tard par Grégoire VII, le grand réformateur de l'Eglise du XIème siècle. En 1251 Innocent IV assouplit la Règle de l'abbaye érémitique.
Le plus ancien texte conservé concernant le prieuré de l'Auxois date de 1249. On ne sait rien de précis sur la translation dans cet Auxois giboyeux du XIIIe siècle, des reliques de Thibaut de Provins, jeune saint de Haute-Bourgogne Champenoise, ni à quelle date exacte elles arrivèrent là (deux côtes) ni par qui elles furent apportées pour honorer le petit prieuré de Fontaine, près saint-Beury, et faire démarrer un pélerinage d'envergure par l'intermédiaire de ce guérisseur thaumaturge d'origine bourguignonne, très célèbre à l'époque, à l'instar des Blaise de Sébaste, Gilles l'Ermite et Beury, et chanté par les trouvères et ménestrels. Ce sont les éléments du décor de l' église prieurale actuelle Notre-Dame de Saint-Thibault (ex Fontaine) qui permettent de supposer que la dédicace de celle-ci fut adressée à ce damoiseau de la famille de Champagne, pèlerin de Compostelle, ermite, jeune prêtre, jeune moine camaldule la dernière année de sa vie (1066), canonisé en 1073 par le pape Alexandre II à la demande du Cardinal Pierre Damien, les deux hommes contemporains de Thibaut, dont ils connaissaient l'apostolat dans l'ermitage de Vicence (Italie). Et, au même moment, le bourguignon Hugues de Semur-en-Brionnais, l'abbé de Cluny, pouvait jeter un regard amusé sur la jeune abbaye Saint-Rigaud, sa voisine toute fraîche émoulue, comme sur son minuscule prieuré de Fontaine près Saint-Beury, qui venait de naître au-delà d'Autun, en Auxois, et dont il ne pouvait prévoir, ni même se figurer, le singulier destin qui allait être le sien.
Ont été conservés des legs faits au prieuré. En 1257, Hugues de Quincy, vicomte de Tonnerre, fait un leg de 40 sous, en 1263, Jean de La Roche-en-Brenil promet 100 sous, puis un autre membre de sa famille fait un don de 5 sous par an. En 1298, c'est le duc de Bourgogne, Robert II, qui prévoit un legs de 100 livres. Guillaume de Bourgogne-Montagu lègue 60 sous viennois en 1299. Puis en 1323, la duchesse Agnès de France prévoit de donner 100 sous dijonnais.
La seigneurie de Fontaine-Saint Thibault appartenait à une branche de la maison de Thil, mais en 1270, Hugues de Thil l'engage pour 1000 livres au duc de Bourgogne alors régnant Hugues IV (1218-1272), sûrement l'initiateur du mouvement pèlerin à saint Thibault avec son épouse Béatrice de Champagne, fille de Thibaut le Chansonnier, comte de Champagne. Les ducs en resteront les seigneurs jusqu'en 1310. C'est surtout la noblesse locale qui participa à sa construction après les ducs de Bourgogne. On a d'autres documents mentionnant des dons de la famille ducale en 1345, 1372, 1375.
Le prieuré bénéficie donc à l'origine du soutien des puissants seigneurs de Thil et connaît, à partir du XIIIe siècle, une réelle importance avec l'arrivée de reliques de Saint Thibaut de Provins, qui en font le lieu d'un pèlerinage réputé, remarquablement enjolivé et développé par l'architecture, la sculpture et la peinture de l'église prieurale à partir de 1272 par le duc de Bourgogne Robert II (1272-1306), fils d'Hugues IV, son épouse Agnès fille de Saint Louis et leur descendance directe.
Ces différentes dates permettent de préciser les campagnes de construction du bâtiment tel qu'il subsiste :
- bras nord du transept, vers 1200,
- portail nord, vers 1260,
- chapelle Saint-Gilles sur le bras nord du transept, vers 1290,
- chœur, au début du XIVe siècle,
- prolongement d'une travée droite de la chapelle Saint-Gilles vers le transept et les voûtes du chœur, au XVe siècle,
- reconstruction de la nef et du clocher au XVIIIe siècle.
Son essor décline au XIVe siècle, du fait des difficultés financières de l'abbaye mère et des troubles de la guerre de Cent Ans. Au XVe siècle siècle, il n'y a aucune trace de donation. Puis, à partir de 1540, le prieuré est déserté et l'église sert pour le service paroissial.
La décadence s'accélère avec l'instauration de la commende au XVIe siècle. En 1616, des réparations sont nécessaires. Des réparations sont faites en 1682. Puis un orage détruit la charpente et les vitraux du chœur en 1701. En 1712, une partie de la nef s'écroule ne laissant couverts que le chœur et le sanctuaire. En 1723, on commence à entreprendre la restauration de l'église sous la direction de Charles Élie Le Jolivet, architecte et voyer de Dijon, grâce aux résultats d'une loterie. Un incendie se déclare en 1728, l'effondrement d'une autre partie de la nef en 1734. Finalement, en 1736, le clocher s'effondre. Jolivet propose alors de démolir le prieuré et d'en reconstruire un nouveau.
C'est le prieur de l'époque, Charles-François Piget, qui refuse de démolir et souhaite garder les anciennes parties subsistantes. Un autre architecte est alors choisi : Jean-Baptiste Caristie, de Saulieu. Le devis des travaux est présenté en 1748 à l'intendant de Bourgogne qui l'accepte en 1750. Le premier acompte est payé en 1752. Il conserve le chœur, la chapelle Saint-Gilles sur le bras nord du transept, le portail et reconstruit la nef et le clocher.Remarqué par Prosper Mérimée, le prieuré fait l'objet d'une restauration en 1844 par Eugène Viollet-le-Duc. Les travaux sont faits entre 1848 et 1850.
Une nouvelle restauration de l'église a eu lieu en 2010 et 2011 sur l'extérieur du chœur. La toiture est refaite et les murs sont nettoyés.
Architecture
L'église comporte sur le côté nord un remarquable portail du XIIIe siècle, avec une statue de saint Thibaut en son centre, revêtu d'habits sacerdotaux, surmontée de scènes de la vie la Vierge (Dormition, Assomption, Couronnement). Les quatre statues qui l'encadrent sont identifiées comme étant des représentations de l'adolescent Thibault, de son mentor Gauthier, de sa mère Willa et de son arrière-grand-oncle Thibault, archevêque de Vienne (957-1101), qui prophétisa très à l'avance la naissance du saint (lecture de droite à gauche).
L'abside de la nef, datant de la fin du XIIIe siècle, est un chef d'œuvre du style gothique avec quatre élévations décorées de fines colonnettes.
L'autel est surmonté de retables en bois du XIVe siècle. Un gisant du XIIIe siècle est identifié comme celui de Guy de Thil.
La chapelle Saint-Gilles abrite une grande chasse de saint Thibaut du XIVe siècle, qui a notamment connu les dévotions de la reine Jeanne, épouse de Jean le Bon, et de la duchesse de Bourgogne Marguerite.
Voir aussi
Notes et références
Bibliographie
- Frédéric Barbut, Alain Parinet, La route des Abbayes en Bourgogne, Éditions Ouest-France, 2002
- Christian Freigang, Peter Kurmann, « L'église de l'ancien prieuré de Saint-Thibault-en-Auxois : sa chronologie, ses restaurations, sa place dans l'architecture gothique » dans Congrès archéologique de France - Auxois-Châtillonnais - 144e session - 1986, pp.271-290, Société française d'archéologie, Paris, 1989
Articles connexes
Liens externes
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