- Première guerre anglo-néerlandaise
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Première Guerre anglo-néerlandaise
Première Guerre anglo-néerlandaise Informations générales Date 10 juillet 1652
- 5 avril 1654Lieu Mer du Nord - Manche - Méditerranée Issue Traité de Westminster Belligérants Commonwealth Provinces-Unies Première Guerre anglo-néerlandaise Batailles Douvres — Plymouth — Elbe — Kentish Knock — Dungeness — Portland — Livourne — Gabbard — Scheveningen La Première Guerre anglo-néerlandaise (1652-1654) (appelée Première Guerre néerlandaise en Angleterre, et Première Guerre anglaise aux Pays-Bas) fut la première des quatre guerres anglo-néerlandaises. Elle s’est entièrement déroulée sur mer entre les navires du Commonwealth de l'Angleterre et ceux des Provinces-Unies.
Trouvant son origine dans des différends commerciaux, la guerre débuta par des attaques de navires marchands, pour tourner rapidement aux grandes batailles navales. La marine anglaise y a gagné la suprématie des mers autour de l’Angleterre, et a obligé les Néerlandais à accepter le monopole anglais sur le commerce des colonies britanniques.
Sommaire
Prélude
Au XVIe siècle, l’Angleterre et les Pays-Bas étaient étroitement associés contre les ambitions des Habsbourg. Ils ont coopéré à la défaite de l’Invincible Armada espagnole. L’Angleterre soutenait les Néerlandais dans la guerre de Quatre-Vingts Ans en envoyant de l’argent et des troupes. Il y avait un représentant anglais permanent dans le gouvernement hollandais pour assurer la coordination de l’effort de guerre.
L’effondrement de la puissance espagnole à la fin de la guerre de Trente Ans en 1648 signifia que les possessions coloniales des empires espagnol et portugais étaient remises en jeu. La course à l’empire qui s’ensuivit amena les anciens alliés à un conflit. En outre, les Pays-Bas, désormais en paix avec l’Espagne, entretinrent rapidement des relations commerciales avec la péninsule ibérique au détriment de l’Angleterre.
Au milieu du XVIIe siècle, les Pays-Bas possédaient la flotte marchande de loin la plus puissante d’Europe, possédant plus de bateaux que l’ensemble des autres nations réunies. Leur économie, principalement basée sur le commerce maritime, leur assurait une position dominante dans le commerce européen, particulièrement en mer Baltique. En outre, l’annexion de la majeure partie des possessions portugaises dans les Indes leur assurait le contrôle des échanges, très lucratifs, des épices. Ils gagnaient même une influence significative sur le commerce maritime de l’Angleterre avec les colonies d’Amérique du Nord, profitant des troubles qui résultèrent de la guerre civile anglaise.
Cependant, après la victoire hollandaise décisive sur la flotte espagnole d’invasion, à la bataille des Dunes en 1639, la guerre avec l’Espagne était limitée aux opérations terrestres, et la marine hollandaise demeurait à l’abri de toute attaque. Pour des raisons économiques, en 1648, les Hollandais liquidèrent une grande partie de leur flotte. En 1652, moins de cinquante vaisseaux étaient encore en état de naviguer, et il fallut donc armer des navires marchands pour parer au déficit. Tous ces vaisseaux possédaient une puissance de feu très inférieure aux navires anglais.
La marine britannique était en meilleure condition. Elle était ressortie victorieuse de la Guerre civile anglaise. Elle soutenait et fournissait l’armée d’Oliver Cromwell dans les guerres avec l’Écosse et l’Irlande, avait réalisé un blocus de la flotte royaliste du prince Rupert à Lisbonne; elle avait organisé un système de convois pour protéger le commerce du Commonwealth contre les essaims de navires corsaires à l’affut dans chaque port européen.
Le 24 septembre 1650, l’amiral Robert Blake défit la flotte du Portugal lors d’une violente tempête, qui coula le vice-amiral portugais, et rafla plusieurs prises, obligeant le Portugal à cesser de protéger Rupert. En 1651, les forteresses royalistes des îles Scilly, de l’île de Man et des îles Anglo-Normandes étaient prises et, en 1652, le général George Ayscue avait reconquis les possessions anglaises des Caraïbes et d’Amérique du nord. Le financement de la marine anglaise était assuré par une loi du 10 novembre 1650 imposant 15% de taxe sur les navires marchands. L’argent ainsi collecté devant être employé à assurer la protection des convois navals.
L’origine et le début du conflit
Le soutien français aux royalistes anglais amena le Commonwealth de l'Angleterre à dresser des lettres de représailles à l’encontre des navires français et contre les biens français à bord des navires neutres. Ces lettres autorisèrent le contrôle des navires neutres, pour la plupart néerlandais. Le parlement anglais adopta le premier des décrets de navigation (Navigation Acts) en octobre 1651. Il ordonnait que seuls des navires anglais ainsi que les navires du pays d’origine puissent importer des biens en Angleterre. Cette mesure visait particulièrement à entraver les navires néerlandais très dépendants du commerce, et elle servait souvent de prétexte pour s’emparer de leurs navires.
L’émoi des marchands néerlandais fut encore accru par la capture par George Ayscue en début 1652 de 27 navires néerlandais qui faisaient du commerce avec l’île royaliste de la Barbade, en contravention avec un embargo imposé par le Commonwealth. De plus, la mort du stadhouder (gouverneur) de Hollande Guillaume II fragilisa la politique extérieure des Provinces-Unies, la soumettant aux intérêts commerciaux d’Amsterdam et de Rotterdam. En conséquence, les États-généraux (parlement) décidèrent le 3 mars 1652 de renforcer la flotte de guerre en réquisitionnant et équipant 150 navires marchands.
La nouvelle de cette décision parvint à Londres le 12 mars 1652 ; le Commonwealth commença également à se préparer à la guerre, mais comme aucune des deux nations n’était prête, la guerre aurait pu être différée sans la rencontre inopinée des flottes de l’amiral néerlandais Maarten Tromp et du général Robert Blake dans la Manche, non loin de Douvres, le 29 mai 1652. Une ordonnance d'Oliver Cromwell décidait que toutes les flottes étrangères en mer du Nord ou dans la Manche devaient le salut au pavillon anglais ; mais lorsque Tromp refusa, Blake ouvrit le feu, commençant la brève bataille des Sables de Goodwin. Tromp perdit deux bateaux, mais il escorta son convoi en sûreté.
La guerre
La guerre est déclarée le 10 juillet 1652. Les Néerlandais réalisent ce qui est en jeu ; un des ambassadeurs en partance déclara : « Les Anglais se préparent à attaquer une montagne d’or ; nous, nous préparons à attaquer une montagne de fer ».
Pendant les premiers mois, les Anglais attaquèrent les convois hollandais. Blake est envoyé avec 60 navires pour perturber les activités de pêche en mer du Nord et les échanges hollandais dans la Baltique, laissant Ayscue avec une petite flotte pour garder la Manche. Le 12 juillet 1652, Ayscue intercepta un convoi hollandais revenant du Portugal, il captura sept navires de commerce et en détruisit trois. Tromp réunit une flotte de 96 navires pour attaquer Ayscue mais des vents de sud le maintinrent en mer du Nord. Se retournant vers le nord pour poursuivre Blake, Tromp rencontra la flotte anglaise devant les Shetland mais une tempête dispersa ses navires et l’affrontement n’eut pas lieu. Le 26 août 1652, Ayscue attaqua un convoi hollandais commandé par l’amiral Michiel de Ruyter mais il fut battu à la bataille de Plymouth et relevé de son commandement.
Tromp fut aussi suspendu après l’échec des Shetland, et l’amiral Witte de With prit le commandement. Le convoi hollandais sortit sain et sauf de l’attaque anglaise, de With vit alors une opportunité de concentrer ses forces et gagner le contrôle des mers. À la bataille de Kentish Knock, le 8 octobre 1652, les Hollandais attaquèrent la flotte anglaise devant l’embouchure de la Tamise, mais ils durent battre en retraite après de sévères pertes. Le Parlement anglais, pensant les Néerlandais proche de la défaite, envoya vingt vaisseaux pour renforcer ses positions dans la Méditerranée. Cette division des forces ne laissa à Blake que 42 vaisseaux en novembre, tandis que les Néerlandais s’efforcent de renforcer leur flotte. Ceci conduisit aux défaites anglaises de la bataille de Dungeness en décembre et de la bataille de Livourne au début de 1653. Les Hollandais ont alors le contrôle de la Manche, de la mer du Nord et de la Méditerranée, pendant que les vaisseaux anglais sont bloqués dans les ports.
En dépit de ses succès, la République batave était mal préparée pour une guerre navale. L’enrôlement était interdit, des sommes énormes devaient être dépensées pour attirer assez de marins. Pour rendre les choses plus difficiles, une controverse politique éclata sur la marche à suivre : la flotte hollandaise devait-elle être renforcée ou fallait-il prendre des mesures défensives contre une invasion terrestre ? Incapables de venir en aide à toutes leurs colonies, ils laissèrent les Portugais reprendre contrôle du Brésil.
Pendant l’hiver 1652–1653 l’Angleterre répara ses navires et renforça ses positions. Blake rédigea son Sailing and Fighting Instructions (Instructions pour la navigation et le combat), une révision importante des tactiques navales contenant la première descritpion de la ligne de bataille. En février 1653, les Anglais étaient prêts à affronter les Hollandais, et après les trois jours de la bataille de Portland en mars, et les deux jours de la bataille de Gabbard en juin, reconduisirent les Hollandais dans leurs ports.
La bataille de Scheveningen en août fut la dernière de la guerre. Les Néerlandais essayèrent de briser le blocus anglais, mais après des combats qui occasionnèrent de lourdes pertes dans les deux camps, ils se réfugièrent sur l’île de Texel, laissant aux Anglais le contrôle des mers. La nouvelle de la mort de Tromp, au début de la bataille, porta un coup fatal au moral des Hollandais, qui mirent fin à la guerre. Des sentiments semblables surgirent en Angleterre après qu’Oliver Cromwell eut dissout le Parlement jusqu’alors favorable à la guerre.
Les prises hollandaises durant la guerre (environs 1 200 navires de commerce) équivalent au double de l’ensemble de flotte marchande de mer d’Angleterre.
Les conséquences
Les négociations de paix aboutirent le 5 avril 1654 avec la signature du traité de Westinster en 1654, par lequel les Hollandais reconnaissaient le Commonwealth et acceptaient le Navigation Acts. Le traité avait une annexe secrète, l’Act d'Exclusion, interdisant aux Hollandais de nommer le fils du Stathouder, le futur Guillaume III, à la succession de son père Guillaume II. Pour les orangistes, cette dernière clause, demeurée secrète du temps de sa ratification, ne pouvait qu'être le produit des manigances républicaines de Johan de Witt. Il n'y a pourtant aucune preuve que de Witt ait demandé que cette clause soit ajoutée au traité.
Cependant, les rivalités commerciales entre les deux nations n’étaient pas résolues. Particulièrement dans les vastes empires d’outre-mer, les hostilités se poursuivirent entre les compagnies de commerce hollandaises et anglaises, qui armèrent leurs propres vaisseaux en guerre.
Les Néerlandais entamèrent un important programme de constructions navales pour remédier au manque de vaisseaux de ligne. La deuxième guerre anglo-néerlandaise était proche.
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