- Premier régiment de France
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Le Premier régiment de France (1er RF) était une unité militaire créée par le gouvernement de Vichy pour lutter contre la Résistance intérieure.
Après la dissolution de l'Armée d'armistice le 27 novembre 1942 et la découverte par les Allemands de dépôts d'armes camouflés dans l'ancienne zone libre[1], le général Eugène Bridoux, secrétaire d'État à la Guerre, éprouve les plus grandes difficultés à reconstituer quelques unités armées dépendant du gouvernement de Vichy[1]. Pierre Laval obtient cependant d'Hitler à Berchtesgaden le 30 avril 1943 de pouvoir créer une force militaire de petite taille.
Le général Bridoux forme le 23 juillet 1943 le Premier régiment de France[1], composé de trois bataillons[1] et dont l'effectif maximum est fixé à 2 760 hommes, sous le commandement du général Antoine Berlon (°Toulon, 1890), considéré comme pro-allemand. Les bataillons sont stationnés le premier à Le Blanc (infanterie), le deuxième à Saint-Amand-Montrond (infanterie) et le troisième à Dun-sur-Auron (mixte). Le 1er RF reçoit un armement puissant. Il est rattaché à Pierre Laval.
Cette unité est composée d’un personnel attaché aux valeurs militaires mais qui sera qualifié de « profondément pétainiste »[2]. Elle accueille dans ses rangs une centaine de miliciens volontaires. Elle est chargée de monter des opérations contre la Résistance[1]. De multiples accrochages ont lieu. Ainsi, à Saint-Sébastien (Creuse), le 28 mai 1944, des éléments du 1er RF commandés par le lieutenant Bonioli montent une embuscade contre des Résistants après un parachutage et en abattent huit. Le 10 juin 1944, le 1er RF, de concert avec les Allemands, tire sur des maquisards à Ussel. Quarante-sept FTP sont tués.
Cependant, les personnels, hors les miliciens, sont dans l’ensemble profondément anti-allemands. À partir du débarquement, les effectifs désertent en grand nombre et rejoignent la Résistance et les FFI[1]. C'est ainsi que le 9 juin 1944, le soldat Henri Rognon et dix de ses camarades, lors du massacre d'Argenton-sur-Creuse, assistant à l'arrivée inattendue d'une colonne de la 2e division SS Das Reich, tirent spontanément sur elle. Il s'ensuit un combat qui nécessite l'utilisation d'un canon pour réduire les Résistants. Cinq soldats faits prisonniers sont exécutés le lendemain.
Le 1er RF est dissous le 21 août 1944 et ses derniers éléments sont fondus dans la brigade Charles Martel du colonel Chomel. Ils seront repris dans le 17e régiment de chasseurs à pied, le 27e régiment d'infanterie et le 8e régiment de cuirassiers. Ce dernier régiment de cavalerie se battra victorieusement contre la Wehrmacht au combat d'Ecueillé. Deux cent cinquante hommes de l'ancien 1er RF, commandés par le capitaine Colomb, s'y illustrent dans un combat improvisé où ils réduisent entièrement en deux heures un convoi allemand d'artillerie antichar.
Le général Berlon a été arrêté en juillet 1944 par le Maquis du groupe Indre-Est et transféré à Limoges le 21 octobre 1944. D'abord jugé à Bourges, il le sera de nouveau à Paris en 1948 et condamné à cinq ans d'indignité nationale.
Notes et références
- Robert Paxton, L'Armée de Vichy - Le corps des officiers français 1940-1944, Tallandier, 2004 ; rééd. Le Seuil, coll. « Points-Histoire », 2006, (postface de Claude d’Abzac-Epezy), p. 422-426.
- Cf. colonel Chomel, chef de la brigade de résistance Charles Martel.
Bibliographie
- Pierre-Jean-François Vin, Le Premier régiment de France, 1943-1944, publication P.J.F. Vin, Montgeron, 1990, 202 p. ; l'ouvrage contient une « Présentation du Premier régiment de France » par le général Antoine Berlon.
- Jacques Blanchard, L'Armée secrète dans la Résistance en région 5, 1992, 313 p.
- Philippe Naud, « La mise sur pied du 1er Régiment de France, avril-octobre 1943 », dans Guerres mondiales et conflits contemporains, Presses Universitaires de France, 2001/2-3, no 202 (ISBN 978-2-130-52721-3), p. 33-53.
- Robert Paxton, L'Armée de Vichy - Le corps des officiers français 1940-1944, éd. en anglais 1966 ; édition française (trad. Pierre de Longuemar) Tallandier, 2004, 588 p. (ISBN 2847341390) ; rééd. Le Seuil, coll. « Points-Histoire », 2006, (postface de Claude d’Abzac-Epezy) 567 p. (ISBN 2020679884), p. 422-426.
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