- Pina Bausch
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Pina Bausch Pina Bausch (au centre) et Dominique Mercy (à sa droite) à la fin d'une représentation de Wiesenland en 2009Nom de naissance Philippine Bausch Naissance 27 juillet 1940
Solingen en AllemagneDécès 30 juin 2009
Wuppertal en AllemagneActivité principale Chorégraphe et danseuse
Style Danse contemporaine
Lieux d'activité Wuppertal Années d'activité Depuis 1960 Collaborations Dominique Mercy Formation Folkwang-Hochschule, Julliard School Maîtres Kurt Jooss Enseignement Paul Taylor et Antony Tudor Récompenses Bessie Award en 1984
American Dance Festival 1999
Lion d'or
Prix Nijinski
Prix GoetheŒuvres principales Café Müller
Palermo, PalermoPina Bausch, née Philippina Bausch[1] le 27 juillet 1940 à Solingen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie en Allemagne et décédée le 30 juin 2009[2] à Wuppertal, était une danseuse et chorégraphe allemande. Sa compagnie Tanztheater Wuppertal est située à Wuppertal, en Allemagne.
Sommaire
Biographie
Pina Bausch est la troisième enfant d'August et Anita Bausch, gérants d'hôtel à Solingen où elle est née[1]. Elle décrit son enfance en soulignant qu'elle a « grandi dans un bistrot », où elle passait son temps sous les tables à observer les gens[1],[3], une activité qu'elle qualifie de « belle et captivante ». Déjà enfant elle prend des cours de danse et participe à de petits spectacles pour enfants et des opérettes.
Elle commence sa formation de danse à 15 ans à la Folkwang-Hochschule d'Essen[1], berceau de la danse-théâtre, dirigée par Kurt Jooss et influencée par Jean Cébron. En 1958, elle obtient son diplôme de danse de scène et pédagogie de la danse avec mention, ce qui lui vaut d'obtenir une bourse du DAAD (Office Allemand d'Échanges Universitaires) pour partir étudier à la prestigieuse Juilliard School à New York[4]. À 19 ans, elle s'envole donc pour les États-Unis où elle poursuit ses études avec plusieurs chorégraphes, dont José Limón et Antony Tudor et travaille comme soliste pour plusieurs chorégraphes américains, notamment Paul Taylor et Antony Tudor[4]. Elle finit sa formation au sein de la Dance Company de Paul Sanasardo et Donya Feuer et en 1961, elle est embauchée par le Metropolitan Opera de New York et rejoint le New American Ballet.
En 1962, elle repart en Allemagne, rappelée par Jooss. Elle devient soliste du Folkwang-Ballett et assiste de plus en plus souvent Jooss dans ses chorégraphies. Au sein de cette formation, elle participe à de nombreuses tournées. En 1967, elle travaille avec le danseur et chorégraphe Jean Cébron et se produit en 1968 au Festival de Salzbourg. À partir de 1968, elle se met à la chorégraphie et prend la suite de Jooss en 1969. Elle est directrice artistique de la section danse de la Folkwang-Hochschule à Essen jusqu'en 1973 et à nouveau de 1983 à 1989.
Dès 1972, elle donne aussi des cours de danse moderne. Arno Wüstenhöfer, directeur du centre artistique Wuppertaler Bühnen, la convainc en 1973 de rejoindre la troupe et d'en assurer la direction en lui laissant une grande marge de manœuvre et en lui permettant d'engager des danseurs de la Folkwang-Hochschule. En 1972, elle rencontre Dominique Mercy aux États-Unis, et l'invite à rejoindre sa compagnie à Wuppertal en 1974, lui confiant alors les rôles principaux. Depuis, le centre artistique de la danse de Wuppertal porte son nom (Tanztheater Pina Bausch). En 1976, lors d'une soirée consacrée à Bertolt Brecht et Kurt Weill (Die sieben Todsünden), Pina Bausch rompt définitivement avec les formes de danse conventionnelles en expérimentant de nouvelles formes de cet art. Elle introduit le concept de danse-théâtre ou Tanztheater sur la scène allemande et internationale, provoquant à ses débuts de nombreuses critiques[5]. En 1979, elle est invitée par Gérard Violette au Théâtre de la Ville à Paris qui dès lors sera une de ses scènes de prédilection, où elle a présenté plus de trente spectacles, dont de nombreuses créations mondiales[3],[4],[5]. Jusqu'au milieu des années 1980, le Tanztheater Wuppertal est le fleuron du ballet allemand, et une des compagnies allemandes les plus demandées au niveau international. Il reste toujours une référence aujourd'hui[4].
Elle meurt le 30 juin 2009 à l'âge de 68 ans, cinq jours après avoir appris qu'elle souffrait d'un cancer généralisé[3].
Théorie et style
Contrairement à ses contemporains, Pina Bausch travaille non pas par rapport à des formes à reproduire, des pas bien définis, mais par rapport à l'anatomie du corps de chacun, aux possibilités qui sont données ou non aux corps. Elle interroge ses danseurs pendant tout le processus de création et creuse la vie de chacun, leur passé, pour les faire danser. Elle dénonce les codes de la séduction, la solitude dans le couple et travaille sur la communication dans les rapports hommes-femmes.
C'est une vision très pessimiste qui s'exprime par des petits gestes anodins répétés, ou par l'accumulation des danseurs sur scène. Souvent, dans ses spectacles, une femme reste impassible et engage une rupture ou une transition vers une autre scène. Les « rondes à la Pina Bausch » désignent ces petits gestes repris par les hommes ou les femmes ou les deux, une sorte de signature, même si elle les utilise moins en fin de carrière. Une autre marque est la fluidité qu'elle développe sur le haut du corps, induisant de grands mouvement de bras, la souplesse du buste, et des jeux récurrents avec les cheveux souvent très longs de ses danseuses. C'est un des exemples de langage ou de style par lesquels les chorégraphes ou les danseurs ont fait exister une autre danse.
Ses spectacles mêlent la parole et le jeu d'acteur à la danse, c'est pourquoi Pina Bausch a été très appréciée des gens de théâtre, peut-être avant ceux de la danse[3]. On a parlé d'opéra, de ballet, puis vers 1975-1976, de Tanztheater (théâtre de danse) pour qualifier son travail. Dans Café Müller, elle a travaillé sur son passé de jeune fille dans le café de ses parents en Allemagne. La fluidité du haut du corps balloté entre en collision avec des changements de tonus. La danseuse reste imperturbable par rapport à ce qui se passe autour d'elle, elle suit sa ligne tracée. Les personnages se croisent, nos souvenirs personnels interfèrent, et de la scène se dégage l'émotion intense de la solitude.
Chorégraphie
Dans l’attention aux détails, ses chorégraphies organisées le plus généralement sous forme de saynètes décrivent les émotions, notamment dans les rapports entre les hommes et les femmes, souvent teints d'érotisme léger. Un autre aspect central du travail de Pina Bausch réside dans une recherche scénographique très élaborée et généralement particulièrement spectaculaire (montagne de fleurs, champs d'œillets, parois végétales, bateau, rochers massifs, rivières et cataractes d'eau...) pour une salle de spectacles, composée depuis 1980 par Peter Pabst. À cela s'associent les longues robes soyeuses et colorées des danseuses et les stricts costumes deux-pièces ou chemises flottantes des hommes, pour les costumes créés par Marion Cito qui participent de la signature de la chorégraphe. Ses pièces sont également marquées par les musiques du monde[1].
Depuis une quinzaine d'années, elle s'est mise à créer des œuvres inspirées des grandes villes ou des pays du monde où elle séjourne, invitée avec sa compagnie en résidence afin de s'imprégner de l'atmosphère des lieux : Budapest et la Hongrie (Wiesenland), Palerme et la Sicile (Palermo, Palermo), Istanbul et la Turquie (Néfes), Tokyo et le Japon (Ten Chi), Lisbonne (Masurca Fogo), Hong Kong (Le Laveur de vitres), Madrid (Tanzabend II), Rome (Viktor en 1986 puis O Dido en 1999), Los Angeles, et le Texas (Austin) (Nur du), Séoul et la Corée du Sud (Rought Cut), Vienne (Ein Trauerspiel), le Brésil (Agua) et plus récemment l'Inde et en particulier Calcutta et le Kerala pour la création 2007. Sa dernière création date de juin 2009 et est inspirée d'une résidence de la compagnie en février 2009 à Santiago du Chili.
Elle travailla souvent en coordination avec son maître de ballet Alfredo Corvino, élève de quelques grands maîtres de l'expressionnisme, et son danseur historique et ami Dominique Mercy.
Œuvres
- Fritz (création le 5 janvier 1974)
- Iphigenie auf Tauris - Iphigénie en Tauride de Gluck (création le 21 avril 1974)
- Zwei Krawatten - Deux cravates (création le 2 juin 1974)
- Ich bring dich um die Ecke... - Adagio - Fünf Lieder von Gustav Mahler (création le 8 décembre 1974)
- Orpheus und Eurydike - Orphée et Eurydice de Gluck (création le 23 mai 1975)
- Frühlingsopfer (Wind von West - Der zweite Frühling) - Le Sacre du printemps (création le 3 décembre 1975)
- Die sieben Todsünden - Les Sept Péchés capitaux des petits bourgeois (création le 15 juin 1976)
- Blaubart - Beim Anhören einer Tonbandaufnahme von Béla Bartóks Oper „Herzogs Blaubarts Burg“ - Barbe-Bleue - En écoutant un enregistrement de l'opéra de Béla Bartók (création le 8 janvier 1977)
- Komm tanz mit mir - Viens danse avec moi (création le 26 mai 1977)
- Renate wandert aus - Renate s'en va (création le 30 décembre 1977)
- Er nimmt sie an der Hand und führt sie in das Schloß, die anderen folgen - Il la prend par la main et la conduit au château, les autres suivent (création le 22 avril 1978)
- Café Müller (création le 20 mai 1978)
- Kontakthof (création le 9 décembre 1978)
- Arien (création le 12 mai 1979)
- Keuschheitslegende - La Légende de la chasteté (création le 4 décembre 1979)
- 1980 - Ein Stück von Pina Bausch - Une pièce de Pina Bausch (création le 18 mai 1980)
- Bandoneon (création le 21 décembre 1980)
- Walzer - Valses (création le 17 juin 1982)
- Nelken - Les Œillets (création le 30 décembre 1982)
- Auf dem Gebirge hat man ein Geschrei gehört - Sur la montagne on entendit un hurlement (création le 13 mai 1984)
- Two Cigarettes in the Dark (création le 31 mars 1985)
- Viktor (création le 14 mai 1986)
- Ahnen - Les Ancêtres (création le 21 mars 1987)
- Die Klage der Kaiserin (Kinofilm) - La Plainte de l'impératrice (film) (sortie en 1989)
- Palermo, Palermo (création le 17 décembre 1989)
- Tanzabend II (Madrid) - Soirée de danse II (Madrid) (création le 27 avril 1991)
- Das Stück mit dem Schiff - La Pièce au bateau (création le 16 janvier 1993)
- Ein Trauerspiel - Une tragédie (création le 12 février 1994)
- Danzón (création le 13 mai 1995)
- Nur Du - Only you - Seulement toi (création le 11 mai 1996)
- Der Fensterputzer - Le Laveur de vitres (création le 12 février 1997)
- Masurca Fogo (création le 4 avril 1998)
- O Dido (création le 10 avril 1999)
- Kontakthof mit Damen und Herren ab '65 - Kontakthof pour dames et messieurs de 65 ans et plus (création le 25 février 2000)
- Wiesenland - Terre verte (création le 5 mai 2000)
- Água (création le 12 mai 2001)
- Für die Kinder von gestern, heute und morgen - Pour les enfants d'hier, d'aujourd'hui et de demain (création le 25 avril 2002)
- Nefés (création le 21 mars 2003)
- Ten Chi (création le 8 mai 2004)
- Rough Cut (création le 15 avril 2005)
- Vollmond - La Lune (création le 11 mai 2006)
- Bamboo Blues - (création le 18 mai 2007)
- Sweet Mambo - (création le 30 mai 2008)
- Kontakthof pour adolescents de 14 ans et plus - (création en novembre 2008)
- ...Como el musguito en la piedra, ay si, si, si... - (création le 12 juin 2009)
Distinctions et récompenses
- 1984 : Bessie Award à New York
- 1999 : American Dance Festival Award
- 1999 : Prix Europe pour le Théâtre
- 2004 : marque la remise d'un Prix Nijinski du meilleur chorégraphe pour rendre hommage à sa carrière dans le monde de la danse.
- 2007 : Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière le 20 juin 2007 dans le cadre du festival de danse de Venise organisé durant la Biennale.
- 2008 : Prix de Kyōto pour l'ensemble de sa carrière.
- 2008 : Prix Goethe
Cinéma
Pina Bausch fut également l'héroïne de Federico Fellini dans son film E la nave va de 1982, où elle interprétait le rôle d'une princesse aveugle, rappelant son rôle d'aveugle dans Café Müller[3]. La cinéaste Chantal Akerman a réalisé en 1983 le documentaire Un jour Pina a demandé... sur le travail de Pina Bausch. Pina Bausch a également été choisie par son ami le metteur en scène espagnol Pedro Almodóvar pour danser son célèbre Café Müller en introduction de son film Parle avec elle en 2001; on y voit également, à la fin, une scène du spectacle Masurca Fogo.
La cinéaste Lee Yanor a réalisé un « documentaire portrait » de Pina Bausch, Coffee with Pina, où l'on voit Pina reprendre son solo de Danzon par amitié pour Lee Yanor ; on la voit également dans des vidéos personnelles dansant avec un cheval que lui avait offert son ami Bartabas.
Pina Bausch réalisa également un film La Plainte de l'impératrice en 1989[3].
La chorégraphe, qui avait toute sa vie refusé la captation vidéo de ses spectacles, ne laisse que deux témoignages visuels de son travail. L'un à travers le film produit par François Duplat pour Bel Air Media, à savoir la reprise à l'Opéra national de Paris en 2008 de l'opéra dansé Orphée et Eurydice de Gluck. L'autre à travers la reprise de Kontakthof d'une part dans une version avec des sexagénaires qui n'ont jamais été des danseurs, et d'autre part dans une seconde version avec le film documentaire Les Rêves dansants (2010) d'Anne Linsel et Rainer Hoffmann, tourné en 2008, qui présente le processus de création de cette chorégraphe « avec des adolescents de plus de 14 ans ».
Le 6 avril 2011, sort en France le film tourné en 3D Pina de Wim Wenders en hommage à la chorégraphe, tourné après son décès, et présentant un grand nombre de reprises de ses chorégraphies filmées dans des lieux originaux.
Notes et références
- « Pina Bausch, exercices d'admiration », par Dominique Frétard dans Le Monde du 13 juin 2008.
- « Mort de la chorégraphe Pina Bausch », dépêche AFP du 30 juin 2009.
- Rosita Boisseau, « Pina Bausch, danseuse et chorégraphe allemande », Le Monde, 1er juillet 2009.
- (en) « Pina Bausch, German Choreographer, Dies at 68 » dans The New York Times du 30 juin 2009
- « Pina Bausch n'est plus », Libération du 1er juillet 2009.
Annexes
Bibliographie
- Leonetta Bentivoglio (textes) et Francesco Carbone (photos), Pina Bausch vous appelle, traduction française de Leonor Baldaque, L'Arche, Paris, 2007, 182 p. (ISBN 978-2-85181-650-4)
- Brigitte Gauthier (textes) et Guy Delahaye (photos), Le langage chorégraphique de Pina Bausch, L'Arche, Paris, 2009, 213 p. (ISBN 978-2-85181-689-4)
- Raphaël de Gubernatis, Leonetta Bentivoglio (textes) et Guy Delahaye (photos), Pina Bausch, Solin, Malakoff, 1986, 199 p. (ISBN 2-85376-057-5)
- Norbert Servos (textes) et Maarten Vanden Abeele, Francesco Carbone, Gert Weigelt (photos), Pina Bausch ou L'art de dresser un poisson rouge, traduit de l'allemand par Dominique Le Parc, L'Arche, Paris, 2001, 353 p. (ISBN 2-85181-501-6)
- Pina Bausch : Delahaye par Pina Bausch et Jean-Marc Adolphe, Actes Sud, 2007, (ISBN 978-2742764112).
- Pina Bausch, Kontakthof, with Ladies and Gentlemen over "65", DVD et livret en français, anglais, italien et allemand, L'Arche, Paris, 2007, 144 p. (ISBN 2-85181-649-7)
- Pina Bausch, Café Müller, DVD et livret en français, anglais et allemand, L'Arche, Paris, 2010, 96 p. (ISBN 2-85181-727-2)
- Pina Bausch, La Plainte de l'Impératrice, DVD et livret en français, anglais et allemand, L'Arche, Paris, 2011, 96 p. (ISBN 2-85181-756-6)
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