- Pierre Marchal
-
Pour les articles homonymes, voir Marchal.
Pierre Marchal (1878 - 1964) est un industriel français, fondateur de la SECA Marchal qui devint SEV Marchal (fabricant d'équipements automobiles).
Sommaire
Biographie
À la recherche de sa voie
Il naquit à Asnières en 1878, fils d'un médecin d'origine alsacienne qui mourut au cours d'un séjour en Algérie. Sous la direction de sa mère, Pierre Marchal commença ses études à Nancy, mais les poursuivit à Dijon au collège Saint-Ignace. Son baccalauréat de philosophie brillamment passé, il s'inscrivit à la faculté de Droit de Paris et en même temps à la l'École des Sciences Morales et Politiques, une licence de droit et un diplôme devaient sanctionner ses études.
A la découverte des temps nouveaux
Nous sommes en 1904, un foisonnement de découvertes bouleverse le début du XXe siècle. Pierre Marchal est fortement intéressé par toutes ces nouveautés, par cette course au progrès.
Ayant effectué son service militaire au volant des premières automobiles, il possède depuis 1900 le fameux certificat de couleur rose, lui donnant l'autorisation de conduire les voitures à pétrole.
C'est un homme d'une élégance naturelle, aussi bien physique que morale, très cultivé, actif et rempli d'une énergie extraordinaire. La question est : que va-t-il faire ? Il s'inscrit au barreau et prépare l'Inspection générale des finances. C'est un homme curieux de tout, il veut tout savoir, tout connaitre, il réalise en fait qu'une carrière administrative freinerait ses besoins d'indépendance mais surtout son désir d'activité créatrice.
Il s'est lié d'amitié avec Louis Renault, dont les voitures de conception originales sont recherchées par des amateurs enthousiastes. Les deux hommes ont à peu près le même age, et partagent la même passion pour la mécanique et les nouveautés.
Louis Renault cède une des deux 35/45 CV d'un modèle révolutionnaire, qu'il vient d'achever dans ses ateliers de Boulogne-Billancourt. Cette voiture est caractérisée par un long capot fuselé. Pierre Marchal prend part à la course d'endurance la "Herkomer Konkurrenz" qui s'étire à travers l'Allemagne et l'Autriche pendant un quinzaine de jours. À l'arrivée, il est récompensé par la Plaquette d'Or.
C'est encore son ami Louis Renault qui le parraine afin d'entrer à l'Automobile Club de France. C'est dans les salons de l'ACF que Pierre Marchal rencontre le Comte de Laperouse et le banquier Lafont, il confie à ces messieurs combien il aimerait consacrer ses efforts au développement de la locomotion nouvelle et à ses équipements. « J'ai votre affaire » lui dit le Comte de Laperouse qui ajoute « Les phares Blériot vont être mis en société, car Louis Blériot s'adonne de plus en plus à l'aviation et de ce fait ne peut plus se consacrer à la gestion de son entreprise. »
L'appel des phares...
Aussitôt Pierre Marchal se rend en Sologne, où Louis Blériot procède à des essais nocturnes. Il participe aux essais des projecteurs à acétylène qui pendant plusieurs nuits balaient les routes et allées. Avec son souci de la précision et de l'expérimentation poussée qu'il gardera tout au long de sa vie, ces essais sont concluants. C'est la révélation, l'éclairage décidera de l'avenir de l'automobile et cela permettra à l'automobiliste de de déplacer aussi de bien de jour que de nuit. Son avenir est tracé, il deviendra le pionner de l'éclairage automobile. C'est ainsi qu'il devient Administrateur Directeur des Phares Blériot.
Bien que constituant un progrès considérable par rapport aux lanternes à pétrole, les phares à acétylène ne sont pas d'un maniement aisé, et ils dégagent une forte odeur désagréable. Le dosage en eau est très délicat ce qui rend le mélange pas toujours homogène. De plus, pour allumer les phares, il faut descendre de voiture afin d'ouvrir la porte des projecteurs et allumer les becs d'où fusent le gaz, difficile par temps de pluie ou de fort vent...
Sous l'impulsion de Pierre Marchal, les perfectionnements se succèdent. En effet, les générateurs sont séparés des phares (sauf pour les petits modèles) et fixés sous le marchepied. Les formes s'affinent, les glaces et les réflecteurs sont améliorés.
Le temps passe très vite, nous sommes déjà en 1908, Louis Blériot laisse de plus en plus la direction de la société de la rue Duret à son associé, devenu son ami, ce qui lui permet, l'esprit tranquille de s'adonner a sa passion : voler.
Une révélation : l'éclairage électrique
Nous sommes maintenant en 1912, Louis Blériot ne s'occupe plus que de la construction des avions qui sortent à cadence accélérée et qui, pilotés par Aubrun, Beaumont, Leblanc, Mamet, Pegoud, etc. accumulent les exploits.
Les progrès, rue Duret, vont également à grand train, Pierre Marchal a compris que l'avenir est à l'éclairage électrique. Il décide donc d'orienter ses efforts dans cette voie là. Pour cela il s'est assuré la collaboration technique de l'ingénieur Pierre Bossu. Rue Henri Chevreau, une usine est ouverte où sont lancés les projecteurs Blériot-PHY alimentés par la dynamo PHY. Étant donné que l'électricité a pris place dans les automobiles, tout le monde veut les projecteurs électriques ainsi que tous les avantages que cela peut procurer, à savoir démarrage du moteur, recharge des accumulateurs, allumage des lanternes, plafonniers, etc.
Pierre Marchal ouvre alors au 8 boulevard Victor-Hugo à Neuilly-sur-Seine un atelier, où seront construit dynamos, disjoncteurs et autres pièces d'équipement électrique. Le succès encourage toutes ses initiatives.
En ces années précédant la Première Guerre mondiale, Pierre Marchal ne se doute pas qu'il est un vrai précurseur, la seule chose qu'il sache est que toutes les automobiles seront munies d'un système électrique.
Dans ses ateliers de Neuilly, il fait effectuer des montages en série. C'est un homme d'une curiosité débordante, il fait partie déjà de l'A.C.F et de l'Aéro-Club, ainsi que de plusieurs grands cercles.
Il se lie d'amitié avec Pierre Lafitte, l'éditeur de Je Sais Tout, Fémina et de La Vie au Grand Air, et qui vient de lancer le premier quotidien illustré intitulé L'Excelsior. Les deux hommes pratiquent les mêmes sports ensemble : le golf et le tennis. Ils se retrouvent avec un autre grand sportif : A. Sanz. Tous se retrouvent sur les planches à Deauville, où ils côtoient Van Dongen, Sem, Capiello, Jean-Gabriel Domergue, Tristan Berbard et l'Aga Khan.
Mais cela va changer, car le 2 août 1914, la guerre est déclarée...
La Première Guerre mondiale
Pierre Marchal s'engage dans l'armée en tant que soldat de deuxième classe. Le service de l'armée des automobiles est complètement désorganisé. Lors de la réquisition des véhicules tout a été mélangé, les camions, les automobiles ne sont pas regroupés, les pièces détachées n'existent pas ou pratiquement pas. Pierre Marchal passe brillamment son examen des officiers des Services Automobiles.
Un peu plus tard, il prendra le commandement d'une section sanitaire composée d'ambulances de volontaires américains en partance pour le front.
Il retrouvera un ami, l'ingénieur Henri Bailly, officier automobile, un de ses plus proches amis qui deviendra son collaborateur le plus précieux.
La guerre sera très longue, la belle conduite de Pierre Marchal lui vaudra d'être récompensé par la Légion d'honneur et la Croix de guerre.
Un grand chef d'entreprise
À sa démobilisation, Pierre Marchal retourne à la société Blériot. Mais malheureusement son absence s'est fait sentir. Le fondateur Louis Blériot ne s'en occupe pratiquement plus. À près de 40 ans, Pierre Marchal décide de quitter la société.
Nous arrivons à la grande époque de l'automobile où l'on copie les États-Unis en fabriquant des automobiles à la chaîne. C'est le cas de André Citroën, Louis Renault et Émile Mathis, qui construisent leur voitures suivant le principe que Henry Ford utilise dans son pays.
À tout cela s'ajoutent Panhard qui agrandit ses usines, Berlier, Delahaye, Hotchkiss, Peugeot, Voisin, qui sont eux aussi débordés de commandes.
C'est à ce moment-là que Pierre Marchal décide de monter une industrie de l'équipement électrique automobile moderne, située à Pantin. Il acquiert donc une usine qui sera spécialisée dans la fabrication des projecteurs électriques.
Il demande à son vieil et meilleur ami Henri Bailly de faire partie de la société, en compagnie de Maurice Dollfus, Georges Freeborn, Jacques Marais, Alfonso Sanz.
Pierre Marchal demande à Alfred Monnier, jeune ingénieur, de réaliser avec l'aide de Marsat, un chercheur, une lampe satinée diffusante, et dépose un brevet relatif au centrage rigoureux des filaments. Ces deux hommes perfectionnent ensuite la lampe à filament et trouvent l'ampoule sélective au sulfure de cadmium qui donne une lumière jaune, obligatoire en France depuis 1939.
La diversification
Les projecteurs Marchal, munis des tout derniers perfectionnements sont recherchés par les automobilistes et adoptés par la plupart des constructeurs français et étrangers.
Ces nouveaux projecteurs sont élégants et excellents diffusant une très bonne lumière. D'un galbe parfait, chromés réalisé avec le plus grand soin, ils permettent d'embellir la voiture de manière très chic.
Pierre Marchal décide de ne pas construire exclusivement que des projecteurs, mais également des dynamos et un démarreur de conception tout à fait nouvelle pour les ateliers Vaucanson. Ces produits sont fabriqués en série sous la marque Marchal-Vaucanson.
Mais d'autres produits seront également fabriqués en série, comme des avertisseurs, des bobines, interrupteurs et des essuies-glace.
Création de la S.E.C.A. Marchal et son historique
C'est le 4 avril 1924 qu'est fondée la Société d'Exploitation Commerciales des Appareils Marchal (S.E.C.A.M.). Société anonyme au capital de 300.000 Francs. Cette société aura pour but de distribuer les équipements Marchal. Son siège social est au 134 avenue Malakoff à Paris.
Le 11 avril 1924 le conseil d'administration était composé de
- Monsieur P. Marchal : Président.
- Monsieur A. Sanz : administrateur
- Monsieur P. Gosset
Le 22 octobre 1924, démission de Monsieur Gosset -
- Monsieur Henri Bailly devient administrateur.
En 1926
- Installation des services au 35, rue du Pont - Neuilly-sur-Seine.
Le 10 mars 1926
- Le capital est porté à 500.000 Francs.
Le 20 décembre 1927
- Le capital est porté à 700.000 Francs.
Le 10 février 1928
- Le capital est porté à 1.200.000 Francs.
Le 28 juin 1933
- Le siège social est transféré au 35, rue du Pont -Neuilly-sur-Seine.
Septembre 1937
- Démarrage de l'usine de Courbevoie.
Le 27 mai 1940
- Le capital est porté à 2.600.000 Francs.
Le 29 juin 1942
- Le capital est porté à 4.000.000 Francs.
Le 15 décembre 1943
- Le capital est porté à 6.000.000 Francs.
Le 7 juin 1944 Nouvelle dénomination sociale:
- SOCIÉTÉ D'EXPLOITATION ET DE CONSTRUCTION DES APPAREILS MARCHAL (S.E.C.A.M.)
Le 21 juillet 1944
- Monsieur Jean Lamarié est nommé administrateur.
Le 6 décembre 1946
- Le capital est porté à 15.000.000 Francs.
Le 16 décembre 1947
- Le capital est porté à 20.000.000 Francs.
Le 7 février 1949
- Démission en tant qu'administrateur de Monsieur Jean Lemarié.
- Monsieur Jean-Pierre Marchal est nommé administrateur.
Le 28 octobre 1949
- Le capital est porté à 60.000.000 Francs
Le 28 juin 1950
- Le capital est porté à 120.000.000 Francs
Le 27 juin 1952
- Monsieur de Herrypon administrateur est nommé directeur général adjoint.
Le 2 décembre 1953
- Madame Pierre Marchal est nommée administrateur.
Le 4 mai 1956
- Le capital est porté à 250.000.000 Francs.
Avril - Juin 1960
- Transfert à Argenteuil de l'usine de Courbevoie.
Le 12 juin 1961
- Le capital est porté à 500.000.000 Francs ( 5.000.000 de Nouveaux Francs)
Le 31 décembre 1962
- Le capital est porté à 7.500.000 de Nouveaux Francs.
Le 8 mai 1963
- Apport de l'usine d'Argenteuil à S.E.V. en échange de 35.000 actions S.E.V attribuées à S.E.C.A.M.
- Prise en charge par S.E.C.A.M. du service commercial rechange de S.E.V.
Le 11 décembre 1963
- Monsieur Hervé Dufresne est nommé administrateur.
- Monsieur de Herrypon est nommé Vice-Président.
Au 1er Janvier 1964 le conseil d'administration se présentait de la manière suivante:
- Mr Pierre Marchal - Président
- Mr Maurice de Herrypon - Vice Président Directeur Général Adjoint
- Mme Pierre Marchal - Administrateur
- Mr Alphonse Sanz - Administrateur
- Mr Henri Bailly - Administrateur
- Mr Jean-Pierre Marchal - Administrateur
- Mr Hervé Dufresne - Administrateur
- Mr Philippe Bailly - Secrétaire
Le 21 mai 1964
- Apport par la Société des Projecteurs Marchal de son actif industriel à S.E.V. en échange de 105.000 actions S.E.V.
- S.E.V. devient S.E.V. Marchal
Le 29 juin 1964
- Nouvelle dénomination sociale: Société d'Exploitation Commerciale des Appareils Marchal (S.E.C.A.M.)
Le 3 août 1964
- Décès de Monsieur Pierre Marchal, Président Directeur Général, Fondateur de la Société'
Le 4 septembre 1964
- Mr Hervé Dufresne est nommé Président Directeur Général.
- Mr de Herrypon confirmé Vice-Président Directeur Général Adjoint.
Le 4 décembre 1964
- Mr Claude Marchal est nommé administrateur
Le 22 février 1965
- Accord Marchal - Soubitez
Le 20 avril 1966
- Apport fusion par la Société des Projecteurs Marchal de tout son actif social à la S.E.C.A.M., en particulier 105.000 actions S.E.V. qu'elle détenait.
- Du fait de cette opération, le capital de la S.E.C.A.M. est porté à 12.132.600 Francs.
- Après différents achats, le nombre d'actions S.E.V. détenues par la S.E.C.A.M. s'élève à 140.000.
Le 17 janvier 1967
- Le capital est porté à 14.154.700 Francs
Le 2 janvier 1968
- Inauguration du nouvel entrepôt de Beauchamp.
Aujourd'hui
La société Marchal existe encore, elle est une filiale du groupe Valeo.
Un grand animateur
Pierre Marchal estime qu'il ne suffit pas de produire des appareils de qualité, il faut aussi le faire savoir et donner toutes les précisions possibles sur leur utilité et leur emploi, pour cela il faut aller au-devant des désirs et des suggestions de la clientèle, il faut la suivre et la servir.
Il faut également faciliter la diffusion et la vente à tous les échelons afin d'y arriver tous les moyens de l'époque sont bons « spots » à la radio (c'est également le début de la radio), les quotidiens, les magazines spécialisés et « à la mode », les dessinateurs et leurs talents sont également mis à contribution.
Il aime les animaux et a un superbe chat noir qui va lui inspirer un slogan qui sera sera reproduit à des millions d'exemplaires et qui fera le tour du monde : « Je ne prête mes yeux qu'à Marchal ».
Pierre Marchal organise ses services de vente en France et à l'étranger. Il est partisan des contacts humains et crée un climat de sympathie dans les rapports avec la clientèle. Plus spécialement avec le réseau de grossistes sur lequel il s'appuie et dont beaucoup deviennent des amis.
À l'étranger, il choisit soigneusement ceux qui vont devenir ses agents. Il favorise l'homme d'action qui saura à la fois imposer le nom de Marchal et développer sa propre affaire. Tous les agents à l'étranger sont ses amis et le demeurent.
Il tient à ce que la communication entre les grossistes, sur le sol français, et les agents à l'étranger, soient au courant des nouveautés, de perfectionnements apportés aux diverses fabrications, mais le plus important, il désire que les grossistes et les agents soient visités régulièrement.
Grâce à tout cela une équipe de collaborateurs est tissée et forme une équipe dynamique et solidement unie. Il a modèle à son image : dynamique et animé du souci de la qualité et de la précision. Ordre et réussite sont les éléments essentiels pour conduire à la réussite.
La Course, le meilleur des bancs d'essais
Pierre Marchal s'est toujours intéressé à la compétition, il comprend tout le bénéfice que les appareils qu'il construit peuvent tirer de la course. C'est une rude école, que l'on peut appeler l'école de la vérité. Quoi de mieux que de donner aux utilisateurs un produit testé pendant des courses.
En 1926 se déroule la troisième édition des 24 heures du Mans, épreuve d'endurance la plus dure qui existe, grâce à la renommée dont jouissent les projecteurs, la plupart des véhicules sont équipés de phares Marchal. C'est la première fois que les véhicules dépassent le 100 de moyenne. Mais c'était également la première fois que les voitures étaient équipées d'un anti-brouillard le "Monocle" (premier anti-brouillard en date) Les projecteurs Marchal avaient fait merveille, et continueront de la faire pendant de nombreuses années.
En 1962 une nouvelle technologie apparaîtra : la lampe à iode.
Catégories :- Personnalité de l'automobile
- Naissance à Asnières-sur-Seine
- Naissance en 1878
- Décès en 1964
Wikimedia Foundation. 2010.