Pierre Cérou

Pierre Cérou

Auteur de trois pièces de théâtre, le chevalier Pierre Cérou a été le précepteur de linfante dEspagne Marie-Isabelle de Bourbon-Parme, petite-fille de Louis XV. Il connaît au XVIIIe siècle un succès international avec sa comédie LAmant, auteur et valet. Avec larrivée du drame romantique il sombre dans un oubli complet. Ce nest quen 1978 que luniversité américaine dExeter le remet en lumière en inscrivant sa comédie au programme des étudiants en littérature française. En France, cette œuvre a été oubliée pendant près de deux siècles, mais elle a été rééditée en mai 2007, accompagnée dune biographie, dune étude historique de lœuvre et dune notice littéraire. On relève dans une interview d'Elisabeth Badinter, philosophe et historienne, après la parution de son livre "Je meurs damour pour toi" (Lettres à larchiduchesse Marie-Christine1760-1763 dIsabelle de Bourbon-Parme): "Avant de profiter de lenseignement de Auguste de Keralio, qui la initiée à lart militaire et à la stratégie, elle fut éduquée par Pierre Cérou, un homme fort cultivé qui lui donna le goût de la connaissance. On prétend que si Joseph II a modernisé larmée autrichienne, cest après avoir lu le traité dIsabelle sur la politique et les armées. Dans son for intérieur, elle sapprête à être impératrice dAutriche. Elle ne sait pas encore que la variole lemportera si tôt, à vingt-deux ans."

Sommaire

Biographie

Maison de Pierre Cérou
Maison de Pierre Cérou (détruite en 1905)

Pierre Cérou est à Gignac (Lot) le 7 juillet 1709. La maison familiale, imposante avec son toit à la Mansard, était située au centre du bourg, près de la halle aux grains. Elle a été utilisée comme maison décole après la mort du docteur Joseph de Cérou le 31 août 1866, puis détruite en 1904. Sur son emplacement a été construite en 1905-1906 lécole actuelle. Pierre Cérou, fils cadet de Jean Cérou, bourgeois de Gignac, fait ses études à Brive, dans le Collège que dirigent alors les Pères de la doctrine chrétienne. A 16 ans, il part pour Paris, au Collège Sainte-Barbe dirigé par Simon Ménassier. A 20 ans, il obtient, lors de la distribution des prix présidée par Rollin, les quatre principaux prix. Pendant ses études de droit, il écrit une comédie qui sera jouée en 1740. Cest sans doute grâce à Rollin quil devient précepteur dans la famille Riquet de Caraman, descendant du créateur du Canal du Midi. Le 8 février 1740, sa première comédie LAmant auteur et valet est jouée au Théâtre-Italien. La pièce obtient un très grand succès.

Il quitte Paris pour devenir précepteur dans la famille Riquet de Monrepos, avocat général au Parlement de Toulouse. Il retrouve dans la ville rose son frère aîné, Joseph, docteur en médecine, capitoul pour le quartier du Pont-Vieux.

En 1742, linfant don Philippe, du second mariage de Philippe V, roi dEspagne, avec Élisabeth Farnèse, se rend dEspagne en Italie. Il sarrête quelques jours à Montpellier. Le duc de Richelieu, gouverneur du Languedoc, fait préparer une réception solennelle en lhonneur de linfant qui arrive à Montpellier le 24 mars 1742 à 7 heures du soir. Il en repartira le 28 mars.

Pierre Cérou est envoyé par Jean Riquet de Monrepos à Montpellier pour saluer de sa part linfant et lui offrir des chiens de chasse.

Le 25 mars, le duc de Richelieu, qui avait la passion du théâtre, fait donner deux représentations en lhonneur du Prince : Mithridate de Racine, et LAmant auteur et valet, la comédie à succès de Pierre Cérou. Celui-ci profite de loccasion pour aller au spectacle. Il est admis au foyer des acteurs en sa qualité dauteur dramatique.

Ce soir-, Pierre Cérou fait la connaissance de Guillaume Léon du Tillot, garçon de chambre du prince, qui sera intendant général, puis premier ministre, quand linfant deviendra duc de Parme (1748, traité d'Aix-la-Chapelle). Guillaume Léon du Tillot organise une entrevue entre linfant et Pierre Cérou.

Pierre Cérou
Pierre Cérou (photo XIXe s d'un pastel du XVIIIe s)

Quand linfant devient duc de Parme, en 1748, du Tillot propose à Pierre Cérou dinstruire la jeune princesse Isabelle, en particulier au niveau de lhistoire, de la langue française et des lettres, et dêtre le contrôleur de la maison royale, des palais et des écuries. Il devient alors un personnage important à la cour du duc de Parme.

Blason de Pierre Cérou
Blason de Pierre Cérou

En avril 1751, Pierre Cérou est élevé au grade de chevalier de lOrdre de Saint-Jean de Jérusalem et décoré de la Grand-Croix dhonneur par le grand-maître Emmanuel Pinto da Fonseca, devenant ainsi le chevalier Pierre de Cérou. Il portait, comme son frère Joseph, médecin, Capitoul de Toulouse, puis juge de Gignac, un blason dOr à trois bandes de gueules, chargées de sept roues posées 2 et 3 et 2.

Lorsque léducation de linfante est terminée, en 1758, Pierre Cérou quitte la cour de Parme, apparemment pour des raisons politiques. En effet don Philippe, duc de Parme, comptait devenir roi de Naples à la mort de son frère Ferdinand VI, roi dEspagne. Il avait fait part de son intention damener avec lui, à Naples, Guillaume du Tillot et son ami Pierre Cérou. Mais le pape Clément XIII soppose à ce projet : il avait eu des démêlés avec Guillaume du Tillot, ministre de Parme, et les jésuites dénoncent aux cours de Paris et de Madrid Pierre Cérou comme étant un hérétique. Ils élèvent contre lui des protestations.

Pierre Cérou préfère se retirer. Le duc de Parme le récompense avec largesse, pour les services rendus à la cour de Parme. Il lui offre un anneau dor, avec son portrait entouré de diamants, et lui fait remettre une gratification de 50 000 livres.

Labbé de Condillac devient le précepteur du jeune prince.

En 1758, Pierre Cérou a 50 ans. Il rentre en France et fait représenter à la Comédie-Française une autre pièce le 10 juillet 1758, Le Père désabusé, jouée trois fois mais, semble-t-il, jamais imprimée.

Pierre Cérou revient dans son village natal, sinstalle à Brive, puis au château de Jayle, près de Malemort (Corrèze).

Le 15 avril 1790, Pierre Cérou reconnaît dans une lettre adressée à son neveu quil aime la Révolution, mais quil craint la licence ; car la licence ne veut pas de lois, et la liberté ne peut subsister sans lois. Il sent que la Congrégation des Doctrinaires est menacée : « Si on la supprime, jen serai fâché pour elle, pour moi, pour vous, pour tous. Quoique je veuille être despote chez moi, mon despotisme na rien de barbare, ni même de gênant pour ceux qui vivent sous ma domination. Ainsi, à tout événement, vous y trouverez toujours une place. Mais, souvenez-vous que, quoique votre ami, je veux toujours être le maître ».

Pierre Cérou
Copie du testament de Pierre Cérou (rédigée à Vielfour le 2 mai 1788)

Pendant la Révolution Pierre Cérou doit quitter le château de Jayle qui va, en grande partie, être démoli. Il se réfugie dans une petite maison quil possédait à Vielfour, un hameau de la paroisse de Gignac en Quercy. Désormais les habitants de Gignac vont lappeler le chevalier de Vielfour.

Le décret de l'Assemblée nationale du 16 février 1790 transforme les paroisses en communes. Le premier maire de Gignac sera son neveu, Dominique Cérou.

La même année, Pierre Cérou et son neveu Joseph, frère du premier maire de Gignac, font don à léglise Saint-Martin de Gignac d'une très belle sculpture sur bois achetée à l'abbaye d'Aubazine. Elle représente le dernier repas de Jésus. Ce panneau est alors été installé devant l'autel primitif il se trouve encore aujourdhui.

Le 2 mai 1788, Pierre Cérou rédige son testament en faveur de sa cuisinière Marie Sellier et de son domestique LEstrade. Il écrit également :

« Je prie mes héritiers de faire distribuer 40 quartons de blé mescle aux plus pauvres de la paroisse préférant toujours les plus vieux à choses égales et de consulter pour cela M. le curé de Gignac.
Je donne et lègue à tous ceux qui aideront à porter mon pauvre corps au nombre de huit une somme de six livres chacun qui leur sera payée comptant le jour de ma sépulture ».

Son esprit profondément religieux se dévoile en particulier dans son testament qui commence en ces termes :

« In Nomine Patris et filii et Spiritus Sancti Amen.
Après avoir recommandé mon âme à Dieu, lavoir remercié de toutes les grâces quil ma faites pendant ma longue vie, et le priant de me les continuer le reste de mes jours, et surtout après ma mort, jai fait la distribution du peu de bien qui me reste comme suit.
Je lègue à M. Blanché Curé de Gignac une somme de 40 livres une fois payée avec prière de dire tous les ans pendant sa vie une messe pour le repos de mon âme le jour anniversaire de mon décès et en cas de fêtes le premier jour libre suivant (…) ».

Il meurt le 25 frimaire de lan VI.

Une œuvre très appréciée au XVIIIe siècle

Le Mercure de France de février 1740 fournit des renseignements précieux sur la Première donnée par les Comédiens Italiens le 8 février 1740 :

« Le 8, ils donnèrent la première représentation dune petite pièce en prose et en un Acte, intitulée lAmant, Auteur et Valet. Elle fut bien reçue du public, et lon en continue les représentations avec succès. Elle est de la composition de M. Cerou, et son premier ouvrage, pour le Théâtre Italien. Nous nen donnerons ici quune espèce dargument, en attendant que limpression nous mette en état den parler plus au long ».

Les représentations : un bilan flatteur

Frontispice de la 1e édition
Frontispice de la 1re édition de la comédie

Cette comédie sera représentée au Théâtre des Italiens plus de deux cents fois en un demi-siècle, aussi souvent que L'Épreuve de Marivaux, jouée également pour la première fois en 1740. Ce succès est solide, comme le montrent les recettes et le nombre de spectateurs venus voir lœuvre de Pierre Cérou. Les sept premières représentations (jouées avec Le Double Dénouement) ont attiré 3593 spectateurs et rapporté 8865 livres. En 1740 et 1741 il y eut 39 représentations publiques au Théâtre-Italien. La comédie de Pierre Cérou a été vue par 18 800 spectateurs qui ont apporté une recette totale de 41 944 livres.

Le Mercure de France écrit : « La pièce eut un succès aussi brillant que mérité, elle est restée au répertoire et reparaît de temps en temps avec applaudissements ».

Dans son Cours de littérature, La Harpe consacre à cette comédie quelques lignes.

Les représentations vont continuer au Théâtre des Italiens jusquen 1789.

Dautres représentations sont données à Versailles, à létranger ou en province :

On a retrouvé par exemple à New York un exemplaire de lédition dAvignon qui comporte des indications manuscrites pour une mise en scène de la pièce.

La comédie de Pierre Cérou a été représentée à La Nouvelle-Orléans le 8 janvier 1764 lors de lentrée en fonction du nouveau directeur général de la Louisiane, dAbbadie. Selon Gaston Hall, cette représentation témoigne de la très large popularité dont jouissait jusquà la fin de lAncien Régime une comédie qui méritait mieux un tel succès que loubli dans lequel elle a sombré depuis.

Pendant la Révolution LAmant auteur et valet est jouée le 2 juin 1791 et le 21 juillet 1791 au Théâtre d'Émulation, rue Notre-Dame de Nazareth.

Au début du XIXe siècle, cette comédie connaît encore un succès certain, comme en témoigne par exemple Henri Troyat dans son roman Le Moscovite. Après lincendie de Moscou (septembre 1812), ayant appris la présence de comédiens français dans la ville, lempereur a ordonné de les aider à organiser des spectacles pour le divertissement de larmée. « (…) Pour la première représentation, lunanimité se fit sur Le Jeu de l'amour et du hasard que lon accompagnerait dun acte en prose de Céron (sic: lAmant auteur et valet ».

Le mercredi 7 octobre 1812, ces deux pièces sont jouées dans une salle privée dépendant de lhôtel dun richissime seigneur russe, Pozniakoff. Henri Troyat écrit : « Blottis derrière un portant, Armand et Pauline écoutaient leurs camarades jouer lAmant auteur et valet. Dénormes rires saluaient chaque phrase drôle. (…) La dernière réplique fut marquée par des trépignements et des battements de mains. Les acteurs saluèrent plusieurs fois et sortirent de scène, surexcités et transpirants ».

La dernière édition, dans la Suite du répertoire de la Collection des théâtres français, indique que cette pièce de théâtre était encore jouée en 1829.

Les éditions : un succès international

La première édition date de 1740. Publiée sans nom dauteur, elle sera suivie, de 1740 à 1829, de 28 autres éditions. Les traductions en allemand et polonais, les représentations de la pièce à La Nouvelle-Orléans en 1764, à New York et à Londres soulignent le succès international de cette comédie en un acte.

A côté des éditions séparées, il existe des recueils dans lesquels figure lœuvre de Pierre Cérou. Lédition de 1829 sera la dernière. Il faudra attendre un siècle et demi pour quune nouvelle édition voie le jouraux États-Unis, dans le cadre de lUniversité d'Exeter, en 1978.

Un nom dauteur qui a fluctué

La première édition de 1740 ne comporte pas de nom dauteur. Le Mercure de France de février 1740, page 330, attribue la pièce à Pierre Cerou, mais on peut lire dans le Mercure davril 1740 : « On sest trompé dans le Mercure de février p. 330 quand on a dit que la comédie nouvelle du Théâtre Italien intitulée lAmant auteur et valet était de M. Cerou. Elle est de M. Seron, Etudiant en Droit » (page 765). En fait, la première information était la bonne.

Dans le Mercure de France daoût 1758, on relève un compte-rendu de la représentation de la deuxième comédie, Le Père désabusé, et un résumé détaillé de la pièce attribuée à M. Seroux.

Sur la couverture des exemplaires anonymes de la première édition, on trouve parfois des indications manuscrites, tantôt M. Cerou, tantôt M. Céron.

Dans des éditions postérieures on trouvera :

  • Ceron (Besançon, 1764, et version allemande de 1755),
  • M. Cérou (avec accent, Paris, 1786, 1787),
  • M. le Chevalier de Cérou, Citoyen de Toulouse (Toulouse, 1785),
  • M. le Chevalier de Cerou, Citoyen de Toulouse (Paris, 1788, Avignon, 1792).

Une œuvre du XVIIIe siècle

Voilà donc une pièce qui mérite dêtre connue, ne serait-ce quà cause de limmense popularité quelle a connue jusquen 1789. Comment expliquer cette popularité ? Quels liens y a-t-il avec lœuvre de Marivaux ? En quoi rappelle-t-elle dautres œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles ? Sans doute le public a-t-il pu sinscrire dans cette illusion théâtrale parce quil sest identifié aux personnages ou parce quil a reconnu la société dans laquelle il vivait. Pour un provincial comme Pierre Cérou, originaire dune modeste paroisse quercynoise, la rencontre avec Paris a être lobjet de découvertes et de surprises. Sa parfaite intégration dans un monde si différent de celui quon pouvait rencontrer à Gignac ou Brive prouve combien il a été clairvoyant au point de donner de la société du XVIIIe siècle une image dans laquelle les spectateurs se sont reconnus.

Des éléments typiques du Siècle des Lumières

On rencontre dans la comédie un badinage élégant, dans un style proche de celui de Marivaux, peut-être plus naturel. Cérou, comme Marivaux, réussit à concilier, dune part, les tendances réalistes et engagées et, dautre part, le côté romanesque et féerique. Il y a dans cette œuvre une peinture du réel évidente, des milieux reconnaissables, une subtile critique de lorganisation sociale contemporaine.

On y trouve aussi des thèmes récurrents dans le théâtre du XVIIe et du XVIIIe siècle, des archétypes :

  • lamour dune princesse pour un prince (thème du sentiment amoureux),
  • lidée chevaleresque dune épreuve qui rend digne de lamour réel,
  • une représentation de la vie quotidienne lisible par les spectateurs (palais enchanté dans lequel la jeune femme ressemble à celles rencontrées dans la vie de tous les jours).

Les lieux

La scène est à Paris, chez Lucinde, nous dit Pierre Cérou, très probablement dans une salle de la maison, et non dans une maison de campagne ou dans un jardin, comme cest souvent le cas chez Marivaux.

Un deuxième lieu est largement évoqué dans la pièce : lAmérique, plus précisément le Canada. Lexotisme et le thème du Bon sauvage sont des sujets récurrents dans la littérature du XVIIIe siècle. En ce sens, la pièce est bien ancrée dans son époque et répond au goût du public.

« Je viens dun pays lon dit bonnement sa pensée. Il semble quon respire encore, dans cet heureux climat, un air de cette franchise, et de cette droiture naturelle aux Sauvages ; mais surtout, en fait damour. On se voit, on saime, on se le dit ; si lon se convient, on sépouse ». (Mondor, scène VI)

On retrouve dans ces propos le thème du bon sauvage : labsence dhypocrisie et la sincérité en usage dans cette Amérique- devaient faire rêver le public.

Les éléments du comique

La pièce repose sur des propos burlesques (Frontin, scènes X et XI), des situations et des répliques drôles, beaucoup dhumour, en somme tout ce quil faut pour entraîner le rire ou le sourire du spectateur.

Des contrastes vont favoriser les situations comiques :

  • Éraste est jeune, Mondor a 60 ans, et ils sont rivaux.
  • Lucinde et Lisette sont rivales.
  • Tout oppose les écrivains Eraste et Frontin.
  • Lartiste Éraste, poète et romancier, va chez un imprimeur, le commerçant Mondor va chez son banquier.

Sentences sur lamour, le mariage et le bonheur

première page
Première page de la comédie

Lhumour et la drôlerie alternent avec les remarques sérieuses, parfois sentencieuses. Les personnages sont à la recherche du bonheur. Le sentiment amoureux ne fait pas disparaître la raison. On a un va-et-vient incessant de lun à lautre. Les divers personnages portent des jugements lucides sur la vie. Ils restent clairvoyants malgré la passion qui les anime.

Quelques exemples :

Lobjet aimé nous frappe toujours dillusion et lon doit excuser les yeux que lon éblouit (Lisette).
Croyez-moi, les femmes ne sont jamais sincèrement fâchées des folies que lamour nous fait faire pour elles (Frontin).
Lamour ne donne pas le talent de deviner (Mondor).
La bouche est rarement linterprète du cœur (Lucinde).
Ce sont ordinairement les mauvaises manières qui détruisent lamour entre les époux, et par conséquent, les bonnes doivent le faire naître (Mondor).
Un mari est trop heureux quand on ne le trouve pas insupportable (Mondor).
Les richesses sont une faible ressource contre les chagrins domestiques, et une triste consolation des malheurs attachés à un mariage mal assorti (Eraste).
Un mari vieux est ordinairement un mari jaloux. Tout lui est suspect jusquaux attentions dune chaste épouse (Eraste).
Avec un mari jeune et tendre, on trouve un ami dans la société, un consolateur dans ses peines, un amant dans le sein même du mariage : il fait son unique affaire de vos plaisirs, parce que vos plaisirs sont les siens (Eraste).
Mes parents ne sont pas riches, mais ils coulent des jours paisibles dans cet heureux état de médiocrité la fortune est trop bornée pour inspirer de vains désirs, et les désirs sont trop modérés pour souhaiter une plus grande fortune, déclare Eraste. Et Lucinde de répondre : Voilà létat du vrai sage.

Voilà une œuvre à découvrir. En 1769, Jullien écrivait : « Cette pièce charmante eut un succès aussi brillant que mérité, ce qui aurait engager M. le Chevalier de Cerou à travailler pour en obtenir de nouveau ; cest cependant la seule pièce que cet Auteur ait donnée au Théâtre ».

Malgré le succès, malgré des éloges flatteurs, Pierre Cérou sombre dans un oubli total au moment de la bataille dHernani. Il faut attendre un siècle et demi avant que les Américains remettent en lumière la comédie de cet illustre Gignacois. En 1978, H. Gaston Hall, de lUniversité dExeter, parle dun « petit chef-dœuvre qui mérite bien de reparaître à la Comédie-Française, lon ne dispose guère de levers de rideau mieux faits ou plus beaux. (…) La pièce mérite dêtre connue de nos collègues dix-huitiémistes et historiens du théâtre ».

En France, il faut patienter encore trois décennies avant que lœuvre de Pierre Cérou ne soit publiée. Enfin les étudiants, les spécialistes du XVIIIe siècle et les Lotois vont pouvoir découvrir un auteur dont le renom a largement dépassé les frontières de la France.

Source

Robert Vayssié, Pierre Cérou, “LAmant, auteur et valet, Collection Les Introuvables, éditions L'Harmattan, 2007

"Je meurs damour pour toi" (Lettres à larchiduchesse Marie-Christine1760-1763 dIsabelle de Bourbon-Parme), Édition établie par Elisabeth Badinter, Tallandier, coll. « La Bibliothèque dÉvelyne Lever

L de Raynal, Un Périgourdin au XVIIIe siècle, le Chevalier Pierre de Cérou, 1709-1797, Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, 1888, pages 312-328

Histoire anecdotique et raisonnée du Théâtre Italien, Paris 1769, vol. IV. Les pages 492-499 sont consacrées à cette pièce (résumé de la pièce, un extrait de la scène 3, un commentaire)

Hall H. Gaston, Pierre Cérou, l'Amant auteur et valet, étude critique, University of Exeter, 1978, fascicule XXIX de la collection Textes Littéraires

Le Mercure de France

Archives départementales du Lot, acte de donation (2 juin 1785)

Archives communales de Gignac Lot, registres paroissiaux (baptême, décès) et registres des délibérations municipales

Archives privées



Lien externe

Ses pièces et leurs représentations sur le site CÉSAR


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre Cérou de Wikipédia en français (auteurs)

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