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Philodème de Gadara
Philodème de Gadara, né vers 110 av. J.-C. et mort vers 40 avant J.-C., est un philosophe épicurien originaire de Gadara, en Syrie. D’origine orientale mais fortement hellénisé, il romanise la pensée épicurienne[1].
Sommaire
Sources
Jusqu’au XVIIIe siècle, et pratiquement jusqu’à aujourd’hui, on ne disposait que de sources fragmentaires ou très partiales sur Philodème de Gadara, comme sur tous les épicuriens. De lui, les copistes médiévaux n’avaient conservé que trente-quatre de ses épigrammes au sein de l’Anthologie grecque, sans qu’on puisse déterminer si le fond (philosophique) ou la forme (poétique) y avaient le dessus. Sa pensée était en outre accessible par les écrits des stoïciens et des saints Pères de l’Église, qui font de lui quelques courtes citations pour l’attaquer et condamner sa pensée, à la manière dont tous les épicuriens ont été condamnés par les auteurs chrétiens[2].
Par un hasard exceptionnel, une bibliothèque de 1838 rouleaux de papyrus a été retrouvée dans une villa appartenant à Pison à Herculanum, la villa des Papyrus. Cette bibliothèque contient principalement des textes épicuriens, dont certains en plusieurs exemplaires, ce qui suggère que cette partie de la bibliothèque de Pison appartenait à Philodème. Cette bibliothèque nous est exceptionnellement parvenue grâce à l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C., éruption qui contrairement à Pompéi n’a pas recouvert de cendres Herculanum (cendres qui ont consumé tous les papyrus à Pompéi), mais de boue. Ces rouleaux de papyrus ont été découvert dans les années 1752-1754.
Il est très difficile de dérouler, lire et interpréter ces rouleaux. L’université de Naples a longtemps été mal équipée pour l’étude des textes classiques. De plus, les écoles philosophiques grecques sont restées mal connues ou ont été traitées avec dédain jusqu’à très récemment par la recherche historique ou philosophique, sous l’influence de la pensée chrétienne. Ces différents facteurs expliquent le manque d'intérêt des savants et la sous-utilisation de ces papyrus, et les premiers fragments ont été publiés en 1824 ; par la suite, les publications se sont faites au coup par coup, sans ordre, et sans respect de la rédaction originale de l’auteur, rendant particulièrement ardue l’utilisation de ces textes[3].
Récemment, cependant, en partie grâce aux efforts du Centre international d’étude des papyrus d'Herculanum, ces rouleaux ont été traités scientifiquement et constituent désormais un apport irremplaçable à l’étude de la philosophie hellénistique (voir la page de présentation du projet). Les chercheurs ont amélioré la machine de Piaggio (XVIIIe) de déroulement et d’encollage du dos des papyrus, et travaillent sur des photographies numérisées, retravaillées sur ordinateur, qu‘ils peuvent comparer à des clichés infrarouges, et des transcriptions du XVIIIe siècle des rouleaux qui ont été détruits pendant qu’ils étaient déroulés. Les rouleaux sont conservés à la Bibliothèque nationale de Naples. Les rouleaux de la villa des Papyrus contiennent 36 traités attribués à Philodème. Ces travaux traitent de musique, rhétorique, éthique, des vertus et des vices, du roi idéal, et défendent le point de vue épicurien contre les stoïques et les péripatéticiens.
Le Projet Philodème (en anglais Philodemus Project) est une initiative internationale, soutenue par le National Endowment for the Humanities et des participations individuelles et d’universités, pour établir une édition critique des textes de Philodème sur la poésie, la rhétorique et la musique. Ces textes seront publiés et traduits dans une édition critique de plusieurs volumes par les Oxford University Press.
Les prochains volumes prévus sont :
- On Poems V, édition établie et traduite par David Armstrong et Cecilia Mangoni
- On Rhetoric I-II, édition établie et traduite par David Blank
- On Rhetoric III, édition établie et traduite par Dirk Obbink et Juergen Hammerstaedt.
Étant donné l’état d’avancement incomplet de ces éditions, qui n’ont donc suscité que des études encore parcellaires, la présentation qui suit de la vie comme de la pensée de Philodème sont nécessairement amenées à être complétées et corrigées à l’avenir.
Biographie
Philodème est né à Gadara, située dans la Décapole (actuellement Umm Qeis, en Jordanie) en Cœlésyrie, région appartenant alors à la sphère hellénistique. Il part à Athènes pour suivre l‘enseignement de Zénon de Sidon, philosophe qui dirige le Jardin d'Épicure autour de 90 av. J.-C. Il s’établit ensuite en Campanie vers 80. Protégé par Pison, homme politique influent, il est impliqué dans le conflit entre Pison et Cicéron (in Pisonem, 29), qui fait cependant l’éloge de ses vues philosophiques et de l’« élégante lascivité » de ses poèmes[4] et l’attaque dans son Contre Pison[5]. Philodème est également précepteur de Virgile et influence l’Art poétique d’Horace. L’Anthologie grecque contient trente-quatre de ses épigrammes.
Pensée
Bien qu’une grande part de ses œuvres ne nous soit pas parvenue, et que ce qui nous est parvenu reste encore inconnu ou non étudiée, la pensée de Philodème est, parmi les philosophes épicuriens, une de celles qui nous sont le mieux connues : il ne nous est pratiquement rien resté des autres épicuriens. Formé à l’école de l’épicurisme ascétique au Jardin d’Épicure à Athènes, il s’installe ensuite en Italie, et réalise la synthèse entre l’épicurisme idéaliste dans sa version grecque, et le pragmatisme romain.
L’épicurisme est une philosophie qui se vit : elle propose d’atteindre le bonheur en évitant tout ce qui peut troubler la quiétude ; le bonheur est alors défini comme l’absence de troubles (ataraxie). Philodème suit ce précepte, tout en assouplissant la règle et en étendant le champ d’application de cette philosophie à des domaines que le fondateur de l’école, Épicure, n’avait pas abordés ou tenait comme mineurs : l’esthétique, et notamment la musique, la politique.
Sur la mort
Sur les arts
Les écrits de Philodème de Gadara sont particulièrement importants dans ce domaine. En effet, les épicuriens considéraient l’art comme une perte de temps[6]. Or, non seulement il trouve une utilité aux arts (bien qu’il déconseille des études trop ardues, celles-ci pouvant troubler la paix de l’âme), mais en outre il écrit lui-même des poèmes.
Sur la politique
Écrits
Ses écrits philosophiques portent les titres suivants : Aux amis de l'Ecole, Sur Epicure, D'Epicure et des autres, De la mort, De la musique, De la piété, Des choix et des aversions, Des caractères et des genres de vie, De la liberté de parole, Des dieux, Des passions, Des poèmes, De la rhétorique, Des signes et des modes d'inférence, Des Stoïciens, Des vices et les vertus opposées, Du bon roi selon Homère, Revue des philosophes et Sur la calomnie.
Ses écrits littéraires (épigrammes) le rattachent à l’école phénicienne de l’épigramme, à laquelle appartient également Méléagre. Cette classification est aujourd’hui remise en cause[7].
Voir aussi
Articles connexes
- Autres philosophes grecs dont les écrits ont été retrouvés à Herculanum :
- Démétrius Lacon,
- Polystrate, connu autrement uniquement par deux épigrammes de l’Anthologie palatine
- Carneiscos.
Œuvres publiées
- On Poems, Livre 1. Édition présentée, traduite et commentée par Richard Janko (en anglais). Oxford university press, 2000. 608 pages, 16 pages de planches.
- Contre les sophistes, édi. par F. Sbordone, Naples, 10947.
- De la pitié, édi. par Th. Gomperz, Leipzig, 1866.
- Des signes, édi. par P. et E. De Lacy, Philodemus, On method of inference, 2° éd., Naples, 1978.
Bibliographie sur Philodème de Gadara
- Clara Auvray-Assayas et Daniel Delattre, éd., Cicéron et Philodème: la polémique en philosophie, Éditions Rue d'Ulm, Paris, 2001 ;
- M. Gigante, La bibliothèque de Philodème et l'épicurisme Romain, Paris 1987.
- Annick Monet. Le jardin romain : Epicurisme et poésie à Rome - Mélanges offerts à Mayotte Bollack. Universite Charles De Gaulle, 2003. ISBN 978-2844670571
Sources de l’article
- Michel Onfray. Les Sagesses antiques, tome 1 de la Contre-histoire de la philosophie. Paris : Grasset, 2006. 331 pages, p 225-254
- Annick Monnet. Philodemus : une bibliographie des principales œuvres de Philodème de Gadara. Bibliothèque des sciences de l’Antiquité, août 2006. En ligne, [5], consulté le 13/01/2007.
- et pour la partie Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Philodemus ».
Notes
- ↑ Michel Onfray, Cours du 25 mars 2003 à l’Université populaire de Caen. En ligne [1], consulté le 15 janvier 2007
- ↑ Michel Onfray. Les Sagesses antiques, tome 1 de la Contre-histoire de la philosophie. Paris : Grasset, 2006. 331 pages, p 184
- ↑ Site de l’université UCLA. [2]. Consulté le 5 février 2007
- ↑ Horace, Satires, I. 2. 120
- ↑ Annick Monnet. Philodemus : une bibliographie des principales œuvres de Philodème de Gadara. Bibliothèque des sciences de l’Antiquité, août 2006. En ligne, [3], consulté le 13/01/2007. Introduction
- ↑ Site de l’université UCLA [4]. Consulté le 5 février 2007
- ↑ Évelyne Prioux et Anne Videau. Article Épigramme, dans le Dictionnaire de l’Antiquité, Jean Leclant dir. Paris : PUF, 2005
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