- Philippe Grenier
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Philippe Grenier Parlementaire français Date de naissance 14 août 1865 Date de décès 25 mars 1944 Mandat Député 1896-1898 Circonscription Doubs Groupe parlementaire Gauche radicale Troisième République modifier Philippe Grenier (Pontarlier, 14 août 1865 - Pontarlier, 25 mars 1944) est un médecin, homme politique français et premier député musulman de l'histoire de France.
Sommaire
Biographie
Né à Pontarlier (Doubs), il est le fils d'Hippolyte Grenier, capitaine de cavalerie, membre de l'État-major de Napoléon III ayant servi dans les chasseurs d'Afrique à Mostaganem (Algérie), et de Marie Thiébaud, fille de Charles Thiébaud, notaire de Pontarlier. Son père mourra le 4 juin 1871 alors que son fils Philippe n'a que six ans. Effectuant ses études secondaires à Besançon, il obtient son baccalauréat et fréquente la faculté de médecine de Paris de 1883 à 1890 avant de s'installer à Pontarlier où il ouvre un cabinet. Cette année-là, il rend visite à son frère cadet à Blida en Algérie ce qui sera le début de sa révélation pour la culture musulmane de l'Empire colonial français. Choqué par la manière dont la France maintient les Algériens musulmans dans la misère et des injustices sociales de l'époque coloniale, de retour en Métropole, il se met à étudier le Coran. Quatre ans plus tard, en 1894, lorsqu'il effectue un second voyage en Algérie, il se rend à Blida où il se convertit à l'islam. Suite à sa conversion, il se rend à La Mecque à 29 ans et adopte la tenue traditionnelle des musulmans algériens. Il se fait élire conseiller municipal de sa ville et s'intéresse aux questions d'hygiène publique et d'aide aux nécessiteux grâce à son statut de médecin.
C'est suite à la mort de l'ancien député de Pontarlier (Doubs) que le Dr Grenier décide de tenter sa chance. Menant une campagne électorale modeste, il devint la risée de la presse qui se moque de ses « exubérances vestimentaires ». Malgré cela, et grâce à un discours convaincant, son programme social ambitieux pour l'époque lui permettra de décrocher le sésame pour le parlement au deuxième tour avec 51 % des voix et après un coup de théâtre électoral, le 20 décembre 1896. Ce jour-là, il devient le premier député musulman de l'histoire de France. Premier député de confession islamique au parlement français élu du Doubs de 1896 à 1898, il devient la curiosité de la presse de l'époque, très mal renseignée sur les us et coutumes musulmanes. La presse l'accusera tantôt de posséder un harem, tantôt de baiser le tapis de l'entrée de l'Assemblée nationale ou encore de se laver continuellement les pieds.
Devenant le « député des musulmans de France », il se rend souvent en Algérie pour le besoin d'enquêtes parlementaires. C'est suite à ses prises de position éthiques et à son combat pour la respectabilité de l'islam français, que les électeurs de Pontarlier l’accuseront d'oublier d'où il venait et qui il représentait à l'Assemblée[1].
Médecin et musulman, sa lutte contre l'alcoolisme (il demande une diminution du nombre des débits de boisson et la taxation des liqueurs) alors que la fameuse absinthe de Pontarlier fait vivre tout le pays du Haut-Doubs contribuera au mécontentement de son électorat[2]. C'est en mai 1898 qu'il sera battu à l’élection et à nouveau en 1902. Après ce double échec, il décidera de quitter la politique. Il s'éteint à Pontarlier à l'âge de 79 ans, le 25 mars 1944. Quelques mois plus tard, comme un coup du destin, ce sera une unité de tirailleurs algériens qui libèrera Pontarlier des armées allemandes. Depuis la fin de son mandat en 1898, aucun Français métropolitain musulman, n'a été élu au parlement français. Un collège, une rue et la mosquée de Pontarlier portent son nom.
Sa conversion à l'islam s'inscrit dans un contexte de représentation du colonisé, avec notamment les expositions coloniales. Ainsi son histoire personnelle religieuse a-t-elle été l'objet d'une chanson qui la tournait en dérision : Toujours kif-kif bourrico[3].
Bibliographie
- Fuligni (Bruno), La Chambre ardente : aventuriers, utopistes,excentriques du Palais Bourbon, Paris, 2001
Voir aussi
- Gaston Monnerville, premier Français noir élu sénateur en métropole (après avoir été député de Guyane) et devenu président du Sénat, en 1958.
Notes et références
- du ressort des seuls sénateurs. De nos jours, rappelons que le rôle des députés n'est pas de représenter les intérêts de leur région, mais ceux de la Nation. La défense et l'arbitrage des intérêts régionaux et collectivités territoriales est
- La chambre ardente, Bruno Fuligni, 2001
- Gilles Manceron, Marianne et les colonies, La Découverte, Paris, 2003
Catégories :- Personnalité de la Troisième République
- Médecin français
- Ancien député du Doubs (troisième République)
- Personnalité de la religion musulmane en France
- Naissance en 1865
- Naissance à Pontarlier
- Décès en 1944
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