- Soldats maudits
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Les « soldats maudits » (Żołnierze wyklęci, en polonais) est le nom attribué à certains mouvements de résistance polonaise qui se formèrent vers la fin de la Seconde Guerre mondiale et après. Créés par quelques membres de l'État polonais clandestin, ces organisations clandestines continuèrent leur lutte armée contre le gouvernement stalinien de Pologne dans les années cinquante. Les actes de guérilla incluèrent un déploiement d'attaques militaires lancées contre les nouvelles prisons communistes ainsi que contre les bureaux du MBP, le Ministère de la Sécurité intérieure polonais, les lieux de détention pour prisonniers politiques, et les camps de concentration disséminés à travers le pays. La plupart des groupes anti-communistes polonais cessèrent d'exister à la fin des années quarante ou dans les années cinquante, pourchassés par les brigades d'assassins des services du MBP et du NKVD[1]. Cependant, le dernier « soldat maudit » connu, Józef Franczak, fut tué dans une embuscade seulement en 1963, soit presque vingt ans après la mainmise des Soviétiques sur la Pologne[2],[3].
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Les organisations de résistance anti-communiste polonaise les plus connues qui étaient opérationnelles dans la Pologne stalinienne étaient Liberté et Indépendance (Wolność i Niezawisłość, WIN), les Forces nationales armées (Narodowe Siły Zbrojne, NSZ), l'Union militaire nationale (Narodowe Zjednoczenie Wojskowe, NZW), l'Armée polonaise clandestine (Konspiracyjne Wojsko Polkskie, KWP), la Résistance de l'Armée Nationale (Ruch Oporu Armii Krajowej, ROAK), l'Armée nationale citoyenne (Armia Krajowa Obywatelska, AKO), et NIE (diminutif de Niepodległość, qui signifie Indépendance – nie signifie « non »), la Délégation des Forces Armées pour la Pologne (Delegatura Sił Zbrojnych na Kraj), et Liberté et Justice (Wolność i Sprawiedliwość , WiS)[3]. D'autres mouvements anti-communistes d'Europe de l'Est continuaient aussi le combat dans d'autres pays.
Sommaire
Contexte historique
Avec l'avancée des forces soviétiques à travers la Pologne et qui luttaient contre l'Allemagne nazie, les Soviétiques et les communistes polonais qui avaient établi un tout nouveau gouvernement appelé Comité polonais de libération nationale en 1944, réalisèrent que l'État polonais clandestin, loyal envers le gouvernement polonais en exil, devait être aboli avant qu'il ne puisse prendre tout à fait le contrôle de la Pologne[4]. Le futur secrétaire général du PZPR, Władysław Gomułka, déclara : « Les soldats de l'AK sont un élément hostile qui doit être supprimé sans pitié ». Un autre communiste important, Roman Zambrowski, suggéra que l'AK devait être « exterminée »[5].
L'Armia Krajowa (Armée de l'Intérieur, simplement surnommée AK) – le plus important mouvement de résistance polonaise durant la Seconde guerre mondiale – a été officiellement dissoute le 19 janvier 1945 afin de prévenir tout glissement vers un conflit armé avec l'Armée rouge devant la menace croissante d'une guerre civile dont l'enjeu serait la souveraineté de la Pologne. Cependant, beaucoup d'unités décidèrent de poursuivre la lutte dans ce nouveau contexte, considérant les forces soviétiques comme un nouvel occupant. Dans le même temps, les Partisans soviétiques en Pologne avaient déjà reçu l'ordre de Moscou, le 22 juin 1943, d'engager le combat avec les Armée rouge (le Groupe des Forces du Nord) et le NKVD commencèrent à mener des opérations contre les partisans de l'AK déjà pendant et juste après l'opération Tempête conçue par les Polonais comme une action préventive pour assurer le contrôle polonais plutôt que soviétique sur les villes après le retrait des troupes allemandes[5]. Staline avait pour but d'assurer qu'une Pologne indépendante ne réémergerait jamais dans la période d'après-guerre[7].
Formation du réseau anti-communiste clandestin
La première organisation de l'AK destinée d'abord à contrer la menace soviétique était NIE, formée vers le milieu de l'année 1943. Le but de NIE n'était pas d'entrer en lutte armée avec les forces soviétiques, mais plutôt d'observer et d'espionner tandis que le gouvernement en exil décidait de la conduite à tenir avec les Soviétiques. À ce moment-là, le gouvernement exilé croyait toujours que la solution pourrait se trouver par le biais de négociations. Le 7 mai 1945, l'organisation NIE ("NON") fut dissoute et transformée en Delegatura Sił Zbrojnych na Kraj ("Délégation des forces armées pour le Pays"). Cependant, cette organisation ne dura que jusqu'au 8 août 1945, quand la décision fut prise de la dissoudre et de cesser les activités des mouvements de résistance sur le territoire polonais[5].
En mars 1945, un procès public de 16 chefs de l'État polonais clandestin fut organisé par l'Union soviétique et se déroula à Moscou - l'Histoire l'a retenu sous le nom de procès des seize)[8].[9][10][11] Le délégué du Gouvernement, de concert avec la plupart des membres du Conseil de l'Unité Nationale et du commandant en chef de l'Armia Krajowa, furent invités par le général soviétique Ivan Serov avec l'accord de Joseph Staline pour une conférence on their eventual entry to the Soviet-backed Provisional Government. On leur avait garanti leur sûreté, mais NKVD les arrêta à Pruszków les 27 et 28 mars[12],[13]. Leopold Okulicki, Jan Stanisław Jankowski et Kazimierz Pużak furent les premiers arrêtés le 27 mars, douze autres furent arrêtés le lendemain. A.Zwierzynski avait été arrêté plus tôt. Ils furent conduits à Moscou pour être interrogés dans la prison de la Loubianka[14],[15],[16]. Après plusieurs mois d'interrogatoires brutaux et de tortures[17] ils furent assignés au tribunal avec les accusations forgées de « collaboration avec l'Allemagne nazie » et de « planification d'une alliance militaire avec l'Allemagne nazie »[18],[19].
Le premier gouvernement communiste polonais, PKWN, fut formé en juillet 1944 mais déclina toute juridiction sur les soldats de l'AK. Par conséquent, pendant plus d'un an, c'était des agences soviétiques telles que le NKVD qui gérèrent la question de l'AK. À la fin de la guerre, approximativement 60 000 soldats de l'AK avaient été arrêtés, et 50 000 d'entre eux furent déportés dans des goulags et des prisons soviétiques. La plupart de ces soldats avaient été capturés par les Soviétiques pendant ou juste après l'Opération Burza, alors que beaucoup d'unités de l'AK essayaient de coopérer avec les forces soviétiques pour un soulèvement national contre les Allemands. D'autres vétérans furent arrêtés quand ils décidaient d'entrer en contact avec le gouvernement après qu'on leur eût promis l'amnistie. En 1947, une amnistie fut déclarée pour la plupart des partisans; les autorités communistes s'attendaient à ce qu'environ 12 000 personnes rendissent les armes, mais le chiffre réel des personnes qui sortirent des bois s'éleva finalement à 53 000 personnes. Beaucoup d'entre eux furent arrêtés, en dépit des promesses de liberté; après la répétition de promesses non tenues pendant les premières années sous le contrôle des communistes, les soldats de l'AK ne firent plus confiance au gouvernement.[5]
La troisième organisation de l'AK était Wolność i Niezawisłość ("Liberté et Souveraineté"). Une fois de plus, son objectif premier n'était pas le combat; WiN était conçue pour aider les soldats de l'AK à faire la transition de leur vie de partisans à la vie civile. Le secret et la conspiration continuels étaient nécessaires vu l'augmentation de la persécution exercée sur les vétérans de l'AK par le gouvernement communiste. WiN avait, cependant, bien besoin de fonds pour payer de faux documents et pour fournir des ressources aux partisans dont beaucoup avaient perdu leur maison et des économies de toute une vie au moment de la guerre. Considérée comme une ennemie de l'État, privée de ressources, et avec une partie de ses membres qui s'exprimaient ouvertement pour une résistance armée contre les Soviétiques et leurs mandataires polonais, WiN était loin d'être efficace. Une victoire significative pour le NKVD et pour la police secrète polonaise nouvellement fondée, l'Urząd Bezpieczeństwa (UB) – le service de sécurité –, eut lieu dans la deuxième moitié de l'année 1945, quand ils réussirent à convaincre plusieurs chefs de l'AK et de WiN qu'ils voulaient vraiment offrir l'amnistie aux membres de l'AK. En quelques mois, ils réussirent ainsi à obtenir des informations sur un grand nombre de ressources et de gens de l'AK et de WiN. Plusieurs mois après quand les chefs (emprisonnés) de l'AK et de WiN réalisèrent leur erreur, l'organisation était cassée et des milliers de membres étaient arrêtés à leur tour.[5] WiN, finalement, se décomposa en 1952.
Persécution
Le NKVD et le Service de Sécurité eurent recours à la force brutale et au mensonge pour éliminer l'opposition clandestine. A l'automne 1946, un groupe de 100 à 200 soldats des Narodowe Siły Zbrojne (Forces armées nationales, NSZ) fut attiré dans un piège et massacré. En 1947, le colonel Julia Brystiger (surnommée Bloody Luna) du MBP déclara, dans une réunion sur la sécurité, que « l'[opposition] clandestine terroriste et politique avait cessé d'être une force menaçante », bien que l'ennemi de classe dans les universités, dans les bureaux et dans les usines doit toujours être « cherché et neutralisé ».[5]
La persécution des membres de l'AK was only a part of the rein of Stalinist terror dans la Pologne d'après-guerre. Dans la période de 1944-56, environ 300 000 Polonais,[20] voire jusqu'à deux millions de Polonais, d'après différentes sources, ont été arrêtés.[5] Il y eut 6 000 condamnations à mort d'annoncées, et la majorité d'entre elles furent exécutées.[20] On évalue à plus de 20 000 personnes le nombre de ceux qui moururent dans des prisons communistes, en comptant ceux qui furent exécutés « au nom de la loi » tels que Witold Pilecki, un héros d'Auschwitz.[5] Et encore six millions de citoyens polonais (soit, un tiers de la population polonaise adulte) furent rangés au nombre des membres suspectés d'un « élément réactionnaire ou criminel » et sujets d'enquête pour les agences de l'État. Durant l'octobre polonais de 1956, une amnistie politique libéra de prison 35 000 anciens soldats de l'AK. Tout de même, quelques partisans restèrent dans le service, ne voulant pas ou simplement n'étant pas capables de rejoindre la communauté. Le soldat maudit Stanisław Marchewka "Ryba" (« le Poisson ») fut tué en 1957; et le dernier partisan de l'AK, Józef Franczak « Lalek », fut tué en 1963, soit près de deux décennies après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quatre ans plus tard, longtemps après l'abolition de la terreur stalinienne, le dernier membre des Cichociemni ("Les Silencieux et Cachés") – une élite des services secrets polonais (qui agissait aussi comme groupe d'action) entraînés en Grande-Bretagne – Adam Boryczka fut finalement relâché de la prison en 1967. Jusqu'à la fin de la République populaire de Pologne, les anciens soldats de l'AK furent constamment surveillés par la police secrète. Ce ne fut qu'en 1989, après la chute du communisme, que les décisions de justice à l'encontre des soldats de l'AK furent déclarées invalides et annulées par la loi polonaise.[5]
Références
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- Żołnierze wyklęci: Antykomunistyczne podziemie po 1945 roku, Muzeum Podkarpackie, Krosno, 2007. Consulté le 29 mai 2011 (pl)
- Żołnierze wyklęci. Antykomunistyczne podziemie na Rzeszowszczyźnie po1944 roku », Institut de la Mémoire nationale, 2001. Consulté le 29 mai 2011 (pl) Agnieszka Adamiak, Oddziałowe Biuro Edukacji Publicznej, «
- Review of Sowjetische Partisanen in Weißrußland, par Marek Jan Chodakiewicz, dans Sarmatian Review, avril 2006.
- Rzeczpospolita, 02.10.04 Nr 232, Wielkie polowanie: Prześladowania akowców w Polsce Ludowej (Grande chasse : les persécutions des soldats de l'AK dans la République populaire de Pologne) (pl). Andrzej Kaczyński,
- ISBN 0-7864-0371-3. Google Print, p. 88, 89, 90. Tadeusz Piotrowski, Poland's Holocaust, McFarland & Company, 1997,
- Critique du Poland's Holocaust de Piotrowski dans Sarmatian Review, janvier 1999. Judith Olsak-Glass,
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- Otwarcie wystawy „Zbrodnie w majestacie prawa 1944–1956” – Kraków, 2 lutego 2006, Instytut Pamięci Narodowej. Consulté le June 01, 2011
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