- Permittivité
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La permittivité, plus précisément permittivité diélectrique, est une propriété physique qui décrit la réponse d‘un milieu donné à un champ électrique appliqué.
C'est une grandeur macroscopique, essentielle de l'électrostatique, ainsi que de l‘électrodynamique des milieux continus. Elle intervient dans de nombreux domaines, notamment dans l’étude de la propagation des ondes électromagnétiques, et en particulier la lumière visible et les ondes utilisées en radiodiffusion.
On la retrouve donc en optique, via l'indice de réfraction. Les lois gérant la réfraction et la réflexion de la lumière y font appel.
Sommaire
Théorie
En électromagnétisme, le champ d’induction électrique représente la façon dont le champ électrique influe sur l’organisation des charges électriques dans un matériau donné, notamment le déplacement des charges (d'où la notation ) et la réorientation des dipôles électriques.
Dans un milieu simple (L.H.I.)
La relation des champs électrique et d’induction à la permittivité, dans le très simple cas d'un matériau linéaire, homogène, isotrope, et avec réponse instantanée aux changements du champ électrique, est :
où désigne la permittivité sous forme scalaire.
Dans un milieu plus complexe
- Si le matériau n’est pas isotrope, la permittivité est un tenseur de rang 2, c’est-à-dire une matrice . Dans ce cas le champ de vecteur n'est pas colinéaire à .
- Si le matériau n’est pas homogène, les coefficients de la matrice dépendent des coordonnées de l'espace .
- Si le matériau n’est pas à réponse instantanée (ces derniers milieux sont dits « parfaits »), les coefficients de la matrice dépendent des coordonnées de temps ou de fréquence .
- Si le matériau n’est pas linéaire, la relation précédente n'est plus valable.
D’une manière générale, la permittivité n’est pas une constante : elle varie suivant la position dans le matériau, la fréquence du champ appliqué, l’humidité, la température, et d’autres paramètres. Dans un matériau non linéaire, la permittivité peut dépendre de la force du champ électrique.
De plus, la permittivité en fonction de la fréquence des champs électriques et d’induction peut prendre des valeurs réelles ou complexes.
Dimensions
Le champ vecteur est exprimé en volts par mètre (V.m-1) et le champ vecteur est exprimé en coulombs par mètre carré (C.m-2 = A.s.m-2).
Pour conserver l'homogénéité de l’équation, la grandeur doit donc s‘exprimer en coulombs (c’est-à-dire ampère-secondes) par volt et par mètre (C.V-1.m-1).
Comme la charge d'un condensateur de capacité C, en farad F, soumis à une tension u, en volt V, est q = C.u, les unités sont liées par C=F.V, C.V-1=F, de sorte que s'exprime généralement en F/m (farad par mètre).
Permittivité du vide et permittivité relative
La permittivité d’un milieu peut aussi être exprimée par une quantité adimensionnelle : la permittivité relative ou « constante diélectrique », normalisée par rapport à un milieu de référence :
avec
- la permittivité ;
- la permittivité d’un milieu de référence ;
- la permittivité relative.
Le vide est choisi comme milieu de référence, car il est linéaire, homogène, isotropique, et avec réponse instantanée, et car avec ces propriétés, la permittivité du vide devient une constante :
Ce vide de référence est un vide absolu et théorique, qui ne peut être obtenu en pratique de façon expérimentale. Dans nombre d’expériences, on admet cependant un gaz neutre à faible pression (comme l’air, ou mieux un halogène) comme suffisant pour approcher le vide. Dans d’autres cas (notamment si le gaz peut être ionisé ou si la faible pression du vide approché expérimentalement est suffisante pour fausser les résultats), on tiendra compte de la permittivité relative de ce gaz.
Permittivité d’un matériau
Au niveau microscopique, la permittivité d’un matériau est liée à la polarisabilité électrique des molécules ou atomes constituant le matériau.
La permittivité d'un matériau est une grandeur tensorielle (la réponse du matériau peut dépendre de l’orientation des axes cristallographiques du matériau), qui se réduit à un scalaire dans les milieux isotropes.
Elle est très généralement complexe, la partie imaginaire étant liée au phénomène d‘absorption ou d‘émission du champ électromagnétique par le matériau.
La constante diélectrique est également notée k dans le domaine des circuits intégrés et des semi-conducteurs. Les matériaux dits low-k sont des diélectriques à faible permittivité. Ils sont utilisés comme isolants entre les interconnexions métalliques pour diminuer le couplage entre celles-ci.
Permittivité relative de quelques isolantsPermittivité relative de quelques isolants (aux conditions normales)[1] Matériaux
simples ou synthétiques
minimale
maximaleVide absolu 1 (par définition) 1 Air 1,0005 Styrol (mousse) 1,03 Teflon 2,1 2,1 Tétrachlorure de carbone 2,17 Polystyrène 2,4 3 Lucite 2,5 Polyéthylène 2,5 Plexiglas 2,6 3,5 Ébonite 2,7 2,7 Vinylite 2,7 7,5 Polycarbonate 2,9 3,2 Silicone 3,2 4,7 Polyester 3,3 Polyamide 3,4 3,5 Époxyde (résine) 3,4 3,7 Kevlar 3,5 4,5 Celluloïde 4 Durite 4,7 5,1 PVC 5 Stéatite 5,2 6,3 Sélénium 6 Isolantite 6,1 Alcool éthylique 6,5 25 Chlorure de sodium (sel) 6,12 Eau (distillée) 34 78 Dioxyde de titane 100 Titanate de baryum 100 1250 Matériaux
complexes ou naturels
minimale
maximaleBois sec 1,4 2,9 Papier cellulosique 1,5 3 Caoutchouc naturel 2 4 Paraffine 2 3 Gutta-percha 2,4 2,6 Cire d’abeille 2,4 2,8 Sol sec 2,4 2,9 Ambre 2,6 2,7 Gomme laque 2,9 3,9 Acétate de cellulose 2,9 4,5 Fibre d’amiante 3,1 4,8 Micarta 3,2 5,5 Nylon 3,4 22,4 Formica 3,6 6 Verre de silice 3,8 14,5 Batiste 4 Néoprène (gomme) 4 6,7 Mica 4 9 Verre Pyrex 4.6 5 Fibre textile 5 Quartz 5 5 Porcelaine 5 6,5 Mica rouge 5,4 Bakélite 5 22 Ardoise 7 Mycalex 7,3 9,3 Permittivité complexe
Dans un milieu diélectrique réel, il existe toujours à basses fréquences une faible conductivité liée à différents mécanismes microscopiques (défauts notamment). On parle alors de pertes diélectriques. On peut tenir compte de ces pertes en définissant une permittivité complexe :
Ces pertes sont souvent très faibles. La partie imaginaire est donc très petite devant la partie réelle. On parle alors parfois d'angle de perte, exprimé en pour cents et défini par :
Cette appellation s'explique par le fait que cet angle δe est l'angle formé par les vecteurs champ électrique et déplacement électrique dans le plan complexe.
Les parties réelles et imaginaires de la permittivité ne sont pas complètement indépendantes. Elles sont reliées par les relations de Kramers-Kronig.
Relations avec d'autres propriétés physiques
Permittivité et susceptibilité
Article détaillé : Susceptibilité électrique.La susceptibilité électrique χ est un nombre sans dimension tel que
Permittivité et polarisabilité
Article détaillé : Formule de Clausius-Mossotti.La permittivité est une grandeur macroscopique ; la polarisabilité est définie pour un atome ou une molécule. Sous certaines hypothèses, il est possible de relier les deux : c'est la formule de Clausius-Mossotti.
Célérité de la lumière dans le vide
Article détaillé : vitesse de la lumière.Constante de structure fine
Article détaillé : Constante de structure fine.Remarque
Si c est la vitesse de la lumière (dans le vide) et μ0 est la perméabilité magnétique (dans le vide), on a la relation c2ε0μ0 = 1.
Voir aussi
Notes et références
- (en) Technick.net : Constantes diélectriques de quelques matériaux.
Articles connexes
- Rigidité diélectrique
- Charge électrique
- Susceptibilité électrique
- Perméabilité magnétique
- Électrostatique
- Condensateur
- Coulomb (unité)
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