Parti communiste-ouvrier d'Irak

Parti communiste-ouvrier d'Irak

Le Parti communiste-ouvrier d'Irak (arab.: Hizb al-Shuyu'i al-'Ummali al-'Iraqi) est une organisation marxiste irakienne fondée en 1993. Il se réclame du communisme-ouvrier. Actif en Irak, il dispose également de branches dans la diaspora irakienne.

Sommaire

Histoire

Fondé en 1993, le Parti communiste-ouvrier d'Irak est né de la fusion de plusieurs groupes communistes, notamment le Courant communiste, la Ligue pour l'émancipation de la classe ouvrière, Lutte unie, Perspectives communistes et Octobre. Le regroupement, opéré sous l'impulsion de Mansoor Hekmat, a été facilité par les relations de longues dates que ces groupes entretenaient avec le Parti communiste d’Iran, puis le Parti communiste-ouvrier d'Iran, qui disposait alors de camps militaires dans les montagnes du Kurdistan d'Irak. Il a permis de mettre fin aux divisions, qui avaient affaibli les communistes lors de l'insurrection de 1991 au Kurdistan.

De 1993 à 2003, le parti a existé de manière clandestine dans le centre et le sud de l'Irak, alors que cette partie du pays était toujours sous contrôle baasiste. Au Kurdistan, son action a été publique jusqu'en 2000, malgré des heurts fréquents avec les partis nationalistes Kurdes au pouvoir. Suite à une opération policière de l'Union patriotique du Kurdistan, il est entré dans la semi-clandestinité. Amnesty international a dénoncé les tortures infligées aux militants communistes-ouvriers en détention.

Le 18 avril 1998, à Erbil, Shapoor Abdul-Kadir et Kabil Adil, deux membres de la direction du parti, ont été assassinés par un groupe islamiste, alors qu'ils préparaient un procès contre la fatwa lancée par un prédicateur local contre les dirigeantes de l'Organisation des femmes indépendantes[1].

Depuis 2003, il opère de façon publique dans les deux zones, bien qu'il soit toujours proscrit dans la zone contrôlée par l'Union patriotique du Kurdistan. En outre, il dispose d'organisations dans la diaspora irakienne, notamment en Australie, au Canada, en Finlande, en Grande-Bretagne, en Italie, en Norvège, en Suède et en Suisse.

Le leader actuel du PCOI est Rebwar Ahmed, mais plusieurs autres personnalités publiques comme la féministe Yanar Mohammed, Houzan Mahmoud, ou les syndicalistes Falah Alwan et Qasim Hadi, sont membres de la direction du parti.

Organisations liées au Parti communiste-ouvrier d'Irak

Plusieurs « organisations de masse » sont proches du Parti communiste-ouvrier d'Irak et animées par ses dirigeants.

Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak

La Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak est une organisation syndicale créé et animée par des militants communistes-ouvriers. Son président est Falah Alwan. Le Syndicat des chômeurs en Irak en fait partie.

Organisation pour la liberté des femmes en Irak

L'Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OLFI), également connue sous son sigle anglophone OWFI (pour Organization of Women's Freedom in Iraq) est une organisation non-gouvernementale consacrée à la défense des droits des femmes en Irak. Elle est fondée en juin 2003 par Yanar Mohammed, Nasik Ahmad et Nadia Mahmood. Elle défend la pleine égalité hommes-femmes et la laïcité, et lutte contre l'islamisme et l'occupation américaine. Sa présidente est Yanar Mohammed et sa porte-parole internationale, Houzan Mahmoud, toute deux membres du comité central du Parti communiste-ouvrier d'Irak.

À l'origine de l'OLFI se trouve l'Organisation indépendante des femmes, active au Kurdistan de 1992 à 2003 malgré la répression gouvernementale et islamiste, et la Coalition de défense des droits des femmes irakiennes, fondée en 1998 par des irakiennes en exil. L'OLFI concentre son action sur la lutte contre la charia, contre les enlèvements et assassinats de femmes et contre les crimes d'honneur. Forte de plusieurs milliers de membres, elle dispose d'un réseau de soutien à l'extérieur, notamment aux États-Unis. Ses militantes et ses dirigeantes ont plusieurs fois fait l'objet de menaces de mort de la part d'organisations islamistes.

Congrès des libertés en Irak

Article détaillé : Congrès des libertés en Irak.
Logo du Congrès des libertés en Irak : un globe, symbolisant l'Humanité, superposée à la carte de l'Irak et de son réseau fluvial, c'est-à-dire le « Pays des deux fleuves » et les trois lettres IFC.

Le Parti communiste-ouvrier d'Irak est à l'origine du Congrès des libertés en Irak, généralement désigné sous son sigle anglais, IFC (Iraq Freedom Congress). Ce parti politique irakien fondé en mars 2005[2] regroupe des organisations politiques, syndicales et associatives d'horizons divers. Son secrétaire général Samir Adil, ancien prisonnier politique sous le régime de Saddam Hussein est membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d'Irak.

L'IFC prône la démocratie et la laïcité et se réclame du progressisme. Il s'oppose à la fois à l'occupation américaine et à l'islam politique en Irak[3]. Son slogan le plus courant, « Ni chiite, ni sunnite, notre identité est humaine ! L'occupation est l'ennemie de l'Humanité[4] », exprime un refus des divisions ethniques et religieuses.

Partisan de la résistance civile, appuyé par une forte base syndicale, l'IFC s'oppose à l'usage du terrorisme et privilégie l'action politique et sociale. Il possède sa propre organisation armée, nommée les Forces de sûreté. Il dispose d'une implantation nationale, mais son nombre d'adhérents est inconnu. Il refuse de participer aux élections, dénonçant la fraude électorale massive et les scrutins tenus sous occupation militaire, ce qui ne permet pas de connaître son audience électorale.

L'IFC édite deux journaux, l'un en langue arabe, dont le titre signifie « Ensemble vers la liberté »[5], l'autre en langue anglaise intitulé Iraq Freedom. Depuis juin 2007, il dispose également d'une télévision satellite : Sana TV (« La lumière »). L'IFC dispose également d'un important réseau de solidarité internationale, notamment au Japon et aux États-Unis d'Amérique.

Positions

Le Parti communiste-ouvrier d'Irak est connu pour sa position de "troisième camp", c'est-à-dire d'opposition à la fois à l'occupation militaire et à la résistance islamo-nationaliste. Il s'est opposé à l'embargo, à la guerre en 2003, et réclame aujourd'hui le départ des troupes de la coalition. Mais il le fait sur la base d'une stratégie civile, en créant des syndicats, en organisant l'auto-défense et la vie sociale dans les quartiers, des mouvements de femmes, des associations. Il s'oppose au gouvernement islamiste, ce qui lui a valu des accrochages avec le Suprème conseil de la révolution islamique en Irak et l'Armée du mahdi, deux formations politique actuellement au gouvernement.

Groupes issus du Parti communiste-ouvrier d'Irak

En 1999, un groupe de militants est parti former l'Union communiste en Irak. Ce groupe reste, dans ses grands lignes, proche du communisme-ouvrier, mais il est moins nettement anti-nationaliste et plus proche du léninisme classique. L'un de ses militants a été assassiné par un groupe islamiste en juin 2005.

En 2004, sous l'influence des débats dans le parti communiste-ouvrier d'Iran, une scission s'est produite, à la fois en Irak et dans les organisations au Canada et en Allemagne. Elle a donné naissance au Parti communiste-ouvrier de gauche en Irak. Lors de cette scission, le Parti communiste-ouvrier d'Irak s'est rapproché du parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste.

Arbre généalogique des partis communistes-ouvriers en Irak

Pco irak genealogie.jpg

Notes et références

Bibliographie

  • Nicolas Dessaux, Résistances irakiennes : contre l'occupation, l'islamisme et le capitalisme, Paris, L'Échappée, coll. Dans la mêlée, 2006. Critiques par le Monde Diplomatique, Dissidences, Ni patrie, ni frontières. Publié en Turc sous le titre Irak'ta Sol Muhalefet İşgale, İslamcılığa ve Kapitalizme Karşı Direnişle, Versus Kitap / Praxis Kitaplığı Dizisi, 2007. (ISBN 978-2915830101) [Interviews de personnalités de la résistance civile irakienne, dont plusieurs dirigeants du Parti communiste-ouvrier d'Irak, avec notes et introduction permettant de les contextualiser]
  • Batatu, Hanna. The Old Social Classes and New Revolutionary Movements of Iraq, London, al-Saqi Books. 1978, republished, 2004. ISBN 0-86356-520-4
  • Salucci, Ilario. A People's History of Iraq: The Iraqi Communist Party, Workers' Movements and the Left 1923-2004. Haymarket Books (2005) ISBN 1-931859-14-0

Liens externes


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