- Oasis
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Une oasis (du grec ancien), en géographie, désigne une zone de végétation isolée dans un désert. Ceci se produit à proximité d'une source d'eau ou lorsqu'une nappe phréatique est suffisamment proche de la surface du sol ou parfois sur le lit de rivières venant se perdre dans le désert.
Sommaire
Rôle
Les oasis ont toujours joué un rôle important dans l'établissement des routes commerciales empruntées par les caravanes (transport de marchandises et de voyageurs/pèlerins), qui y trouvaient de quoi se désaltérer et se restaurer. Cela put être aussi l'inverse, les oasis purent être crées ou développées parce qu'elles pouvaient servir de relais sur ces routes du désert. Ces oasis n'étaient donc pas des points isolés et perdus dans les déserts, mais toujours de véritables carrefours et plaques tournantes. Ces fonctions ont largement diminué avec la diminution de ces transports. Ils n'en reste pas moins qu'elles sont le foyer d'établissements humains très importants dans le désert et d'une production agricole très loin d'être négligeable (voire des relais pour les migrations contemporaines: les migrants d'Afrique subsaharienne à destination de l'Europe).
Nature
Le mot « oasis » passe dans le langage commun pour désigner un espace réduit au milieu du désert rendu fertile par la présence d’eau. Or, la rigueur anthropologique et archéologique y introduit d’autres caractères essentiels. Une oasis, dans sa définition anthropologique et archéologique, est un terroir créé par la main de l’homme et entretenu par l’introduction d’un système de gestion technique et sociale de la ressource en eau. Il s’agit en fait d’un espace mis en culture par l'irrigation (avec par exemple des seguias) et donc parfaitement artificiel. La création et le maintien d'une oasis implique donc une présence humaine et un apport continu de travail; une oasis peut donc être définie comme l’association d’une agglomération humaine et d’une zone cultivée (souvent une palmeraie) en milieu désertique ou semi-désertique[1].
Une palmeraie d’oasis est un espace fortement anthropisé et irrigué qui supporte une agriculture classiquement intensive et en polyculture. L’oasis est intégrée à son environnement désertique par une association souvent étroite avec l’élevage transhumant des nomades (très souvent populations pastorales et sédentaires se distinguent nettement). Cependant, l'oasis s’émancipe du désert par une structure sociale et écosystémique toute particulière. Répondant à des contraintes environnementales, c’est une agriculture intégrée qui est menée avec la superposition (dans sa forme typique) de deux ou trois strates créant ce que l'on appelle « l'effet oasis » :
- la première strate, la plus haute, est formée de palmiers dattiers (le palmier-dattier caractérise la plupart des oasis) et maintient la fraîcheur ;
- une strate intermédiaire comprend des arbres fruitiers (oranger, bananier, grenadier, pommier, etc.) ;
- la troisième strate, à l’ombre, de plantes basses (maraîchage, fourrage, céréales).
Une autre constante de la structure oasienne est le travail en planches de culture, une organisation de l’espace appropriée à l’irrigation par inondation[2].
Les oasis sahariennes, milieux naturels et anthropiques, n'occupent qu'un millième de la surface du Sahara. La présence d’eau en surface ou en sous-sol est nécessaire, mais non suffisante à la création de tels espaces. Le Sahara est l'exemple type de l'actualisation de cette potentialité, mais pas l'unique. À travers le monde, le système oasien nourrit au moins dix millions de personnes. Cependant, il existe des régions désertiques sans oasis, malgré la présence d’eau (le Kalahari, par exemple). La création d’oasis est aussi contingentée par l'Histoire : de nombreuses oasis ont été créées ou se sont développées pour leur rôle de relais sur les routes commerciales (route saharienne de l'or ou route asiatique de la soie).
Développement
Les oasis sont l'objet régulier de projets de développement, nationaux ou internationaux, visant ces territoires comme potentiels agricoles ou touristiques, et témoignant de l'intérêt porté à ces écosystèmes limites en milieu désertique.
Au niveau des ONG et associations, il existe par exemple le Réseau associatif de développement durable des oasis (RADDO) créé en 2001 qui rassemble des associations de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et de Mauritanie. Son but — emblématique des approches environnementalistes récentes — est d'enrayer le déclin des oasis du Maghreb et la dégradation de leur écosystème par la mise en place d'actions d'amélioration de la gestion de l'eau et de la production de semences, d'aide à la diversification des activités et à la formation à l'agrobiologie.
L'extension des zones cultivées peut amener à une surexploitation de réserves d'eau souvent fossiles ou peu renouvelables. Ce fut largement le cas en Tunisie, par exemple, où la région du Jérid (Sud-Ouest, gouvernorat de Tozeur) vivait de l'eau de ses sources "naturelles"; elle ne dépend plus aujourd'hui que forages modernes équipés de puissants moteurs: la surexploitation des nappes aquifères profondes (Complexe terminal et Continental intercalaire) a finalement épuisé ces sources "naturelles" (elles sont toutes à sec aujourd'hui) et, si l'on peut dire, leurs gestions locales techniques et sociales[3].
Exemples
- Chili
- San Pedro de Atacama, etc.
- Égypte
- Al-Bahariya, Ad-Dakhla, El Bahreïn, Al-Farafra, Al-Fayoum, Al-Kharga, Selima, Sitra, Siwa.
- Iran
- Tabas, etc.
- Pérou
- Huacachina, etc.
Notes et références
- http://vbat.org/spip.php?article30. Vincent Battesti, 2005 et
- Vincent Battesti, 2005.
- Vincent Battesti, 2005 & 2011 à paraître.
Voir aussi
Bibliographie
- Vincent Battesti, Jardins au désert, Évolution des pratiques et savoirs oasiens, Jérid tunisien [détail de l’édition], Éditions IRD, coll. À travers champs, Paris, 2005, 440 p. (ISBN 2-7099-1564-2) (en accès libre sur HAL)
- Vincent Battesti, The Power of a Disappearance: Water in the Jerid region of Tunisia, in B. R. Johnston & all. (eds), Water, Cultural Diversity & Global Environmental Change: Emerging Trends, Sustainable Futures?, à paraître en 2011, UNESCO/Springer. (en accès libre sur HAL)
- M. Ferry, S. Bedrani, D. Greiner, Agroéconomie des oasis, CIRAD, GRIDAO, Montpellier, 1999, 230 p.
- Yves Lacoste, « Oasis » dans Encyclopædia Universalis, vol. XVI, Paris, 1990.
- Nadir Marouf, Lecture de l'espace oasien, Sindbad, La Bibliothèque arabe, coll. Hommes et sociétés, Paris, 1980, 281 p.
- A. G. P. Martin, Les oasis sahariennes, Auguste Challamel, Paris, 1908, 404 p.
- A. Moussaoui, Espace et sacré au Sahara : Ksour et oasis du sud-ouest algérien, CNRS, coll. CNRS anthropologie, Paris, 2002, 291 p.
- Les oasis au Maghreb, Mise en valeur et développement, Actes du séminaire Gabès, 4-6 novembre 1994. Tunis, Cahier du C.E.R.E.S., Série Géographique, vol. 12, 1995, 352 p.
- Ben Mohamed Kostani. Les oasis marocaines précoloniales, cas de Gheris, publications de l'IRCAM,2005
- Ben Mohamed Kostani. L'Oasis de Gheris et le protéctorat, mécanismes de changement et formes de résistance, thèse de doctorat, 2002, en cours de publication.
- Fayçal Ababsa Smati, Introduction au cours de socio-économie du développement des régions sahariennes en Algérie. Agroscopies Volume 1, 2007. Publication de l'INRA Algérie. (ISSN: 1112 - 7929).
- Fayçal Ababsa Smati, Les possibles différés de l'agriculture saharienne en Algérie. Agroscopies Volume 2, 2008. Publication de l'INRA Algérie. (ISSN: 1112 - 7929).
Articles connexes
Liens externes
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