- Noé (patriarche)
-
Pour les articles homonymes, voir Noé.
Noé (hébreu : נֹחַ nōa'h : repos ou consolation) est un patriarche biblique lié au récit du Déluge. Sous les ordres de Dieu, il bâtit la célèbre arche portant son nom afin d'échapper aux eaux dévastatrices lancées pour éradiquer l'humanité corrompue. Son histoire, ainsi qu'une partie de la Genèse, correspond fortement à un récit de l'épopée sumérienne de Gilgamesh[1].
Noé aurait vécu 950 ans, et était marié, mais la Genèse ne donne pas le nom de la femme de Noé. Le Livre des Jubilés l'appelle Emzara, des écrits apocryphes chrétiens l'identifient à Haykêl, descendante d'Hénoch, des midrashim (la Genèse Rabba et le Sefer haYashar) à Naamah, fille de Lamech et de Tsillah (pour le premier), fille d'Hénoch, l'arrière-grand-père de Noé (pour le second)[2]. Il eut trois fils : Sem, Cham et Japhet. Son histoire est contée dans la Genèse aux chapitres 6 à 9[3]. Au chapitre 10, l'Ancien Testament expose comment les fils de Noé seraient à l'origine de l'ensemble des peuples de la Terre (voir Table des peuples)[4].
Le Coran présente également Noé (arabe : نوح) comme un prophète.
Sommaire
Récit biblique
Article détaillé : Arche de Noé.Selon la Torah, Noé est le fils de Lamech, dixième de la lignée d'Adam par Seth. Selon la chronologie du chapitre 5 de la Genèse[5], il naît 1056 ans après la création d'Adam et 126 ans après sa mort (10 générations entre Adam et Noé). Quand Lamech appela son fils du nom de Noé, il déclara : « Celui-ci nous apportera une consolation dans notre travail et dans la douleur de nos mains provenant du sol que Dieu a maudit. »[6].
Le monde dans lequel vivait le prophète s'était dégradé, mais lui-même ne se laissait pas corrompre, aussi la Parole de Dieu put-elle dire à son sujet : « Noé était un homme juste. Il se montrait sans défaut parmi ses contemporains. Noé marchait avec le vrai Dieu[3], [7]. » Le nom de Noé en hébreu, Noah, est formé des deux lettres Noun et Het. Inversées, ces deux lettres forment le mot 'Hen, grâce ; les deux mots figurent dans la Génese[8] : « Mais Noé (Noah, Noun Het) avait trouvé grâce (Hen, Het Noun) aux yeux de Yahvé ». Si Noé se regarde « dans les yeux » de YHWH, il y trouve « grâce », son nom inversé, comme dans un miroir.
L'histoire raconte que, peiné de voir la terre remplie de violence et de corruption, Dieu décida de noyer ses créations sous un déluge de pluie. Seuls la famille de Noé et des couples d'animaux de chaque espèce seront sauvés des eaux grâce à l'arche construite selon les plans divins. Par conséquent, tous les humains sont les descendants de Noé.
Annonce du déluge faite à Noé
« Yahvé dit à Noé : Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car Je t'ai vu seul juste à Mes yeux parmi cette génération. De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et sa femelle ; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple, le mâle et sa femelle et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et sa femelle, pour perpétuer la race sur toute la terre. Car encore sept jours et Je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et J'effacerai de la surface du sol tous les êtres que J'ai faits. »
Dans la deuxième épître de Saint Pierre, Noé est qualifié de « prédicateur de justice. »[9]
L'ivresse de Noé
Le récit en est fait dans la Genèse : « Or, Noé commença par être un bon cultivateur et planta alors trois vignes. Et il se mit à boire du vin et s'enivra, et ainsi il se dénuda au milieu de sa tente. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et en fit part à ses deux frères au-dehors. Sem et Japhet prirent un manteau... puis marchèrent à reculons et couvrirent la nudité de leur père... Noé s'éveilla de son vin et apprit ce qu'avait fait son plus jeune fils. Il dit : « Maudit soit Canaan ! Il sera pour ses frères l'esclave des esclaves ! ». Puis : « Béni soit Yahvé, le dieu de Sem... Qu'Elohim exalte Japhet... »[10].
La version retrouvée dans les Manuscrits de Qumrân ne fait état ni d'ivrognerie ni de nudité, (et donc de malédiction) ; il y est question de rendre grâce à Dieu après une fête consécutive à la première vendange après le déluge[11].
Une image prophétique chez les chrétiens
Les prophètes Isaïe et Ezéchiel ainsi que Jésus de Nazareth mentionnent Noé. Jésus et l'apôtre Pierre ont déclaré que les jours de Noé préfigurent « l'avènement du Fils de l'Homme » (le retour glorieux du Christ à la fin des temps) et un futur jour de jugement et de destruction des hommes impies »[12], [13], [14] : « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à du Fils de l'homme. Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ; et ils ne se doutèrent de rien, jusqu'à ce que le déluge vînt et les emportât tous : il en sera de même à l'avènement du Fils de l'homme. »
Dans l'islam
Dans l'islam, Noé (arabe نوح Nūh) est un prophète ("nabi" = qui reçoit le message) dont la mission fut de transmettre le message divin descendu sur terre sous forme de révélation ("Rissala" = Le message). Il a prêché la parole de dieu l'Unique à son peuple.
À ce titre, il est cité en de nombreuses occasions dans le Coran. La sourate 71 porte son nom[15], elle évoque le prêche fait par Noé à ses contemporains qui était l'appel à la soumission à Dieu seul. L'histoire du Déluge est aussi reprise d'une manière abrégée dans la sourate 11[16] et dans plusieurs autres sourates de façon encore plus brève.
Par rapport à l'histoire de Noé écrite de la Bible, le Coran comporte plusieurs différences ou informations supplémentaires notables :
- Le déluge est un fait sur lequel les savants musulmans divergent encore actuellement, le Coran et les Hadiths (Récit prophétique) laissent supposer que le déluge fut une catastrophe planétaire ou régionale.
- Noé a prêché 950 ans parmi son peuple[17] avec une patience légendaire. Seule une poignée de personnes l'ont suivi, dont les pauvres. Allah lui annonce alors que plus personne d'autre ne le suivra. La majorité idolâtre et polythéiste, les notables notamment, l'avaient traité de menteur comme bien souvent dans les prophéties[18].
- L'histoire de l'ivresse de Noé ne s'y retrouve pas. Car, les prophètes sont immunisés par Dieu contre les péchés capitaux comme l'ivresse, l'adultère et le mensonge.
- Les personnes sauvées dans l'arche n'appartiennent pas tous à la famille proche de Noé. Juste les personnes bonnes, qui croient en Dieu, ont été sauvées[19].
- Certains membres de sa famille ont péri. Sa femme est restée en arrière à l'instar de l'épouse du prophète Loth pendant la destruction de Sodome et Gomorrhe[20]. De plus, un des fils de Noé n'a pas embarqué sur l'arche se croyant à l'abri sur les hauteurs. Noé voulu lui porter assistance mais une vague s'interposa. Alors il invoqua Allah pour son enfant mais il lui fut révélé que celui-ci n'est pas de sa famille (spirituelle) car il est de ceux qui ont renié[21].
- Les israélites, qui sont les descendants d'Israël (Jacob), sont mentionnés dans le Coran comme étant de la descendance des survivants qui ont accompagnés Noé et non de sa propre lignée ce qui est stipulé dans divers versets[22].
- L'arche s'est posé sur le mont Al Joudi qui pourrait être situé sur la chaine de montagne Ararat dans le haut-plateau arménien. Le Coran parle de vagues grosses comme des montagnes[23].
- Le Coran cite les divinités idolâtres vénérées par le peuple de Noé dans la Sourate qui porte le même nom[24] : Wudd, Soua'â (Souwa'â), Yaghouth, Ya'â'ouq et Nasr.
Personnages similaires
Si l'on exclut les traditions orales, le plus ancien récit connu, le mythe de Gilgamesh apparu vers 2300 avant l'ère chrétienne, relate longuement l'histoire d'un déluge décidé par les dieux. Un homme cependant fut épargné par l'un d'eux qui lui indiqua comment construire une embarcation où, le jour venu, il fit monter par couples toutes les espèces animales qu'il fallait sauver. Cet homme porte différents noms selon la tradition qui en rapporte l'épopée : Ziusudra à Sumer, Outa-Napishti ou Atrahasis à Babylone avec de nombreuses variantes.
Certains voient en l'histoire d'un déluge un mythe écrit pour expliquer la découverte de fossiles ayant appartenu à des espèces animales disparues, ou pour indiquer l'origine commune de tous les hommes au-delà de leurs apparentes différences.[réf. nécessaire]
Notes et références
- Samuel Noah Kramer, L'Histoire commence à Sumer
- (en) Wives aboard the Ark. Cf.
- Genèse VI
- Genèse X
- Genèse V
- Genèse V,28-31
- Jude VI
- Genèse VI,8
- 2 Pierre II,5
- Genèse IX,20-27
- Manuscrits de la mer morte, version intégrale, plon éditeur, 2001, page 93 - manuscrit référencé : 1QapGen ; colonne 13
- 2 Pierre III,5-7
- 2 Pierre II,5,6
- Matthieu XXIV,37-39)
- Le Coran, « Noé », LXXI ; (ar) نوح
- Le Coran, « Houd », XI, 27 ; (ar) هود
- Le Coran, « L’Araignée », XXIX, 14 ; (ar) العنكبوت
- Le Coran, « Houd », XI, 36 ; (ar) هود
- Le Coran, « Houd », XI, 40 ; (ar) هود
- Le Coran, « Le Bétail », VI, 10 ; (ar) الأنعام
- Le Coran, « Houd », XI, 44-46 ; (ar) هود
- Le Coran, « Le Voyage nocturne », XVII, 02-03 ; (ar) الإسراء
- Le Coran, « Le Jour inévitable », LXIX, 11-12 ; (ar) الحاقة
- Le Coran, « Noé », LXXI, 23 ; (ar) نوح
Article connexe
Patriarches Enfant de :
LamechNoé {{{Années}}}*
{{{Epouse}}}Parent de :
Sem
Ham, dit Cham
JaphetAdam Hénoch Noé Héber Shélah Abraham Loth Ismaël Isaac Jacob Joseph Job آدم ادريس نوح هود صالح ابراهيم لوط اسماعيل اسحاق يعقوب يوسف أيوب Adam Idrīs Nūḥ Hūd Sāliḥ Ibrāhīm Lūṭ Ismāʿīl Isḥāq Yaʿqūb Yūsuf Ayyūb Jethro Moïse Aaron Ézéchiel David Salomon Élie Élisée Jonas Zacharie Jean-Baptiste Jésus Mahomet شعيب موسى هارون ذو الكفل داود سليمان إلياس اليسع يونس زكريا يحيى عيسى محمد Chou‘ayb Mūsā Hārūn Dhū'l-Kifl Dāwūd Sulaymān ʾIlyās al-Yāsʿa Yūnus Zakarīyā Yaḥyā ʿĪsā Muhammad Catégories :- Personnage de la Genèse
- Prophète de l'islam
- Personnage cité dans la Divine Comédie (Enfer)
Wikimedia Foundation. 2010.