- Nouvelle revue d'histoire
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La Nouvelle Revue d'Histoire
La Nouvelle Revue d'Histoire/La NRH {{{nomorigine}}} Pays France Langue(s) Français Périodicité Bimestriel Genre Histoire Date de fondation juillet 2002 Ville d’édition Paris Directeur de la rédaction Dominique Venner Propriétaire Histoire et Mémoire / Véronique Villain ISSN 1764-2019 http://www.la-nrh.fr La Nouvelle Revue d'Histoire (devenue temporairement La NRH en 2006-2007[1]) est une revue bimestrielle française consacrée à l'histoire, créée en juillet 2002.
Sommaire
Équipe éditoriale
La revue, éditée par la SARL Histoire et Mémoire, est dirigée par Dominique Venner, prix Broquette-Gonin de l'Académie française en 1981 pour son Histoire de l'Armée rouge et ancien membre de Jeune Nation et d'Europe-Action. Les principaux contributeurs de « la NRH » sont des proches de la « Nouvelle Droite » (souvent anciens membres du GRECE), courant issu du nationalisme européen, tels que Philippe Conrad, Jean-Claude Valla et Jean Mabire (†), des historiens de sensibilité royaliste telle Anne Bernet, des universitaires tels Bernard Lugan (docteur en histoire, maître de conférence à l'université de Lyon III en histoire et géostratégie de la francophonie) ou François-Georges Dreyfus, professeur émérite de l'université Paris IV-Sorbonne, ancien cadre gaulliste et sympathisant du mouvement royaliste Restauration nationale, ainsi que quelques personnalités appartenant à l'équipe de Radio Courtoisie.
Politique éditoriale
D'après l'éditorial du premier numéro : « [la revue] a été créée par plusieurs historiens las des interprétations partiales et partielles de l'histoire récente ou ancienne[2]. » (Philippe Conrad, François-Georges Dreyfus, Bernard Lugan, Philippe Masson et Dominique Venner). Le même éditorial affirme aussi la volonté de retrouver « un héritage spirituel » européen destiné à fournir « les repères et le sens en dehors desquels tout n'est que chaos[2] ».
Chaque numéro explore un thème spécifique éclairé par des historiens d'opinions et de nationalités différentes. Parmi les thèmes divers déjà évoqués, on peut citer notamment ceux de « l'empire américain », de la « naissance du fascisme », des relations entre « la Russie et l'Europe », de « l'Amérique divisée » (au moment des élections américaines de 2004), de « la Chine et l'Occident », des « énigmes du terrorisme » ou dernièrement « L'Espagne de la Reconquista ».
Une orientation sujette à controverse
Si La NRH suscite des éloges et bénéficie de prestigieux soutiens[3], elle fait aussi l'objet de nombreuses critiques.
Ainsi, selon l'universitaire Christopher Flood[4], la revue affiche un tropisme politique de droite très conservatrice, voire révisionniste : « the overall flavour has been persistently, if subtly, revisionist » (« Le ton d'ensemble a été constamment, bien que subtilement, révisionniste »).
Marie-José Chombart de Lauwe abordant, dans le cadre d'une étude sur les réhabilitations du nazisme publiée dans le Patriote résistant (journal de la FNDIRP), l'orientation politique de La NRH, estime que la reprise d'un extrait d'une note de lecture de la revue dans le catalogue d'un éditeur d'extrême droite prouverait une « convergence » ou un « lien » entre les deux structures[5].
Selon Claire Mauss-Copeaux, historienne chargée de recherche au CNRS, la NRH entretient aussi une nostalgie de la colonisation et instrumentalise les violences qui lui sont attachées[6].
Selon le politologue Gwendal Châton[7], la NRH doit être analysée dans le cadre du parcours politique de Dominique Venner et de sa « conversion au combat culturel[8] » au début des années 1970 : la Nouvelle revue d'Histoire, comme précédemment Enquête sur l'Histoire, serait « l'aboutissement d'un projet ancien d'instrumentalisation de l'histoire[9] » à replacer dans le cadre intellectuel de la Nouvelle droite. La revue permettrait « une manipulation de l'histoire au service d'une mémoire politique[10] » en même temps qu'elle offrirait une apparence de légitimité à cette mémoire « en faisant voisiner des intellectuels des droites extrêmes et des universitaires souvent plus ou moins proches des droites parlementaires. Par ce biais la légitimité des historiens universitaires déteindrait sur leurs collaborateurs les plus engagés[11] ». Cette manipulation s'appuierait aussi sur des stratégies rhétoriques, en particulier la coexistence de « deux niveaux de discours[12] », l'un explicite et l'autre implicite : des faits réels verraient leur importance minorée ou augmentée pour servir le discours implicite afin de « retourner contre l'adversaire idéologique ses propres attaques[13] », la suggestion ou l'inférence, en particulier en ce qui concernerait la défense des positions des négationnistes[14], « l'utilisation légitimante des références universitaires et de l'apparence technique des écrits scientifiques[15] ». La revue fonctionnerait comme un pôle « d'aimantation qui attir[erait] des intellectuels issus de tous les courants des droites extrêmes[16] » : ce qui expliquerait la diversité des positions qui peuvent relever du « traditionalisme catholique, traditionalisme ésotérique, régionalisme ethnique, néo-fascisme, maurrassisme, vichysme, etc[17]. ». Toutefois, la revue présenterait, par-delà cette diversité, des thèmes récurrents ou plus importants, en particulier celui de « l'Europe face à la menace musulmane[18] » et la défense d'un « traditionisme » européen (notion développée par D. Venner) qui ne serait que « l'euphémisation[19] » de positions racistes[20]. On devrait donc voir dans certains thèmes de la revue ou éditoriaux de Venner une approche idéologique :
- la politique éditoriale de la NRH reposerait sur l'idée que les civilisations sont irréductibles les unes aux autres[21] ;
- la revue mettrait en avant l'idée que l'immigration est une invasion ou une colonisation[22] ;
- le projet européaniste que portent ces revues s'élaborerait ainsi à partir de l'affirmation d'une continuité ethnoculturelle – qui masquerait l'idée sous-jacente de continuité biologique – remontant à des temps immémoriaux[23]. Ce « mythe » permettrait également de soutenir implicitement l'idée de la sauvegarde d'une nécessaire homogénéité biologique des peuples européens[24] ; la rhétorique de la NRH s'appuierait alors sur cette définition de cette tradition européenne par opposition aux autres civilisations conçues comme radicalement étrangères aux Européens et qui seraient entre autres « l'Orient sémitique[25] », les Juifs[26], les Huns et les Sarrasins[27].
Une appréciation assimilable aux commentaires de Blaise Dufal qui, dans une tribune du CVUH, déclare que « cette revue apparaît désormais non seulement comme une simple lubie de vieux professeurs d’université mais comme un véritable lieu de construction d’une contre-histoire de l’Occident. »[28].
Thucydide.com, site consacré à l'histoire, qualifie quant à lui la NRH de « magazine nationaliste, très proche des idées d'extrême-droite[29] ».
L'association d'extrême gauche Ras l'front affirme que « nombre d'articles sont signés par des personnages connus pour leur engagement dans les rangs de l'extrême droite et les références à des maisons d'édition du même milieu sont légion », et que la revue est « un outil de désinformation et de propagande insidieuse au service des extrêmes droites[30] ». C'est également l'analyse de l'« antifasciste » belge Manuel Abramowicz, politologue[31] et journaliste sympathisant de l’extrême gauche trotskiste dont il est issu[32].
Parallèlement, une partie de l'extrême droite catholique accuse La NRH de diffuser — subtilement, en se ménageant, pour faire illusion, la collaboration d'auteurs apparemment « insoupçonnables » en matière de religion — des thèmes païens et antichrétiens (« traditionisme » de Dominique Venner, contestation de la profondeur de la christianisation de l'Europe, etc.)[33].
Contributeurs
- Parmi les principaux contributeurs, on peut mentionner (par ordre alphabétique) : Anne Bernet, Henry Bogdan (de l'Université Paris XII), Jean Bourdier, Frédéric Chambard, François Chamoux (de l'Institut de France), Aymeric Chauprade (du Collège interarmées de défense), Philippe Conrad, Régis Constans, Emma Demeester, Jacques Dupâquier (de l'Institut de France), François-Georges Dreyfus (Paris IV-Sorbonne), Jean Favier (de l'Institut de France), Jacques Heers (de l'Université Paris IV-Sorbonne), Philippe d'Hugues, Lucien Jerphagnon, Jean Kappel, Annie Laurent, Yann Le Bohec (Paris IV-Sorbonne), Yann Le Gwalc'h, Pauline Lecomte, Bernard Lugan (de Lyon III), Jean Mabire (mort en 2006), René Marchand, Philippe Masson (mort en 2005), Pierre de Meuse, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, Jean Tulard de l'Institut de France, Jean-Claude Valla, Charles Vaugeois, Dominique Venner.
- Parmi les historiens connus et personnalités qui ont contribué exceptionnellement (ou donné un entretien) à la revue, on peut citer (par ordre alphabétique) : Maurice Allais (« prix Nobel » d'économie), Henri Amouroux, Hélène Carrère d'Encausse, Bartolomé Bennassar, Stéphane Courtois, Hervé Coutau-Bégarie, Alain Decaux, Jean Delumeau, Chantal Delsol de l'ASMP, Maurice Druon de l'Académie française, Marc Fumaroli de l'Académie française, Emilio Gentile, Sylvain Gouguenheim, Emmanuel Leroy-Ladurie, Ernst Nolte, Mona Ozouf, René Rémond (†) ou encore Alain-Gérard Slama.
Notes et références
- ↑ En mai 2006, la Cour d'appel de Paris avait forcé la rédaction de la revue à renoncer à son titre La Nouvelle Revue d'Histoire, du fait d'une prétendue proximité du titre avec La revue de l'Histoire de Robert Lafont, qui avait cessé de paraître en 2005. Elle s'était pourvue en cassation (cf. « Qui veut tuer la NRH ? »), mais a finalement trouvé un arrangement financier avec la partie plaignante. La NRH est redevenue La Nouvelle Revue d'Histoire à partir du numéro 29 (mars-avril 2007), dans lequel on peut trouver de plus amples explications en page 6.
- ↑ a et b « L'épée de Thésée », La Nouvelle Revue d'Histoire, n°1 (« 5000 ans de civilisation européenne »), juillet 2002.
- ↑ Fin 2006, au moment où la revue était menacée de disparition, des historiens de renom, comme Emmanuel Le Roy Ladurie et Lucien Jerphagnon, ainsi que des écrivains tels que Jean Dutourd ont tenu à lui manifester leur solidarité et leur soutien : « Il n'est pas possible de citer tous [les] messages [de soutien]. Plusieurs viennent d'écrivains, essayistes ou journalistes comme Jean Dutourd (...). D'autres sont le fait d'historiens éminents, tels Emmanuel Le Roy Ladurie (...) ou Lucien Jerphagnon. » (cf. « La NRH ne mourra pas ! », La NRH, n°26, septembre-octobre 2006). Durant la même période, le journaliste Christian Brosio prenait la défense d'« une revue d'histoire menacée » unique en son genre par « l'esthétique de [sa] présentation », « l'originalité dans le traitement des sujets », la « profondeur des analyses » et « la qualité de ses collaborateurs » (cf. « Une revue d'histoire menacée », Valeurs actuelles, 28 juillet 2006). Moins d'un an auparavant, le périodique universitaire Conflits actuels recommandait un numéro de La NRH sur l'Europe réunissant « des philosophes des idées politiques, des historiens bien sûr des différentes périodes (de l’origine mythique de l’idée d’union au matérialisme de la « construction européenne ») » pour « un dossier très maîtrisé par la rédaction de la revue [qui] offre un panorama relativement achevé de la connaissance historique en la matière. » (cf. recension de Conflits actuels).
- ↑ Voir son article « The politics of counter-memory on the French extreme right », dans Journal of European Studies, no 35(2), p. 221–236.
- ↑ « Dans le catalogue des Éditions L'Homme libre de l'hiver 2005-2006, où figurent les habituelles idéalisations des armées nazies, il est fait mention d'un ouvrage, Nobilitas, dont l'auteur, qualifié de "spécialiste de l'idéalisme allemand", s'est "attaché à résumer les adeptes du gouvernement aristocratique en tant que système donnant le pouvoir aux meilleurs". La citation est extraite de la Nouvelle Revue d'Histoire, ce qui fait ressortir la convergence ou le lien entre les Éditions de l'Homme libre et La Nouvelle Revue d'Histoire. Ce nouveau bimensuel luxueux publie des articles de fond, souvent signés par des auteurs prestigieux. Mais derrière cette façade, des membres éminents de la Nouvelle Droite et du Club de l'Horloge développent leurs thèses », in M.-J. Chombart de Lauwe, « Réhabilitation du nazisme : des voies multiples depuis 60 ans », Le patriote résistant avril 2006.
- ↑ « De nouvelles revues d'histoire comme Reportages de l'histoire ou La nouvelle revue d'histoire ont été lancées ; ouvrant leurs pages aux nostalgiques de l'armée et à leurs héritiers, elles tentent de donner le change en s'attachant aux violences de leur adversaire, l'ALN. Elles n'hésitent pas à faire de la publicité et même à diffuser des photographies d'horreurs, reprenant ainsi la stratégie anti-FLN mise en place au début de la guerre. Il ne s'agit pas pour eux de replacer ces images dans leur contexte, d'évaluer, d'analyser et de dénoncer les sévices, mais de provoquer ou d'entretenir la haine de l'ancien adversaire. » ; Claire Mauss-Copeaux, version française de l'article « Die Erinnerung an den Algerienkrieg in den Medien », in Christiane Kohser-Spohn et Frank Renken éd., Trauma Algerienkrieg Zur Geschichte und Aufarbeitung eines tabuisierten Konflikts, Campus Verlag, 2006, (ISBN 3593377713)
- ↑ Gwendal Châton, « L'histoire au prisme d'une mémoire des droites extrêmes : Enquête sur l'Histoire et La Nouvelle Revue d'Histoire, deux revues de Dominique Venner », dans Michel J. (dir.), Mémoires et Histoires. Des identités personnelles aux politiques de reconnaissance, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Essais », 2005, p. 213-243.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 220.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 222.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 230.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 228.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 233.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 234.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 235 avec note n°70.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 235.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 229.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 228
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 236
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 227.
- ↑ « On est donc passé du racisme pseudo-scientifique biologique et hiérarchisant, à un néo-racisme qui prône le respect des différences culturelles mais dont la conséquence implicite est la ségrégation des peuples » ; G. Châton, op. cit., p. 227.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 2339 et passim, renvoyant notamment aux numéros 4, 7, 11 de la revue.
- ↑ G. Châton, op. cit., pp. 236-241 renvoyant entre autres aux numéros 4 (Éditorial de Dominique Venner) et 8 de la revue.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 232.
- ↑ G. Châton, op. cit., p. 231.
- ↑ « les autres civilisations, celle de la Chine, de l'Inde ou de l'Orient sémitique », La NRH, n°4 (cf. éditorial)
- ↑ « Les Japonais, les Juifs, les Hindous et d'autres peuples possèdent ce trésor qui leur a permis d'affronter les périls de l'histoire sans disparaître. Pour leur malheur, la plupart des Européens, particulièrement les Français, imprégnés qu'ils sont d'universalisme, en sont dépourvus. », La NRH, n°8 (cf. [1])
- ↑ G. Châton, op. cit., pp. 230-232.
- ↑ « Choc des civilisations et manipulations historiques. Troubles dans la médiévistique », site du CVUH, 11 mai 2008.
- ↑ « Histoire et Sciences Humaines dans la presse », thucydide.com
- ↑ « Gare à la Nouvelle Revue d'Histoire ! », avril 2003.
- ↑ Conseil scientifique du CREP.
- ↑ Manuel Abramowicz, « Mai 68, l’inhibition de l’extrême droite » : « cette revue est pourtant habituée à la réécriture de faits historiques qui sont liés à son propre ancrage idéologique. L'interprétation du mouvement soixante-huitard est donc tout naturellement présentée à sa sauce... Par une inversion des rôles, les historiens nationalistes de La NRH présentent les gauchistes de 68 comme étant les "enfants du gaullisme". Cette contre-thèse ne tient pas la route à la simple relecture des écrits analytiques de François Duprat, l'historien-idéologue des nationalistes français des années 1960-70 déjà cité dans notre article. Duprat et Dominique Venner, le patron de La Nouvelle Revue d'Histoire, militaient au moment des faits dans les mêmes rangs politiques... L'opération de recherche historique de Venner et de sa revue relève donc d'une démarche historique de type relativiste et révisionniste. En occultant (et en niant même !) l'existence des travaux historiques de leur "camarade Duprat". »
- ↑ On se reportera notamment au n°60 (printemps 2007) de la revue des Dominicains d'Avrillé, Le Sel de la terre.
Bibliographie
- (fr) Gwendal Châton, « L'histoire au prisme d'une mémoire des droites extrêmes : Enquête sur l'Histoire et La Nouvelle Revue d'Histoire, deux revues de Dominique Venner », dans Michel J. (dir.), Mémoires et Histoires. Des identités personnelles aux politiques de reconnaissance, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Essais », 2005, p. 213-243.
- (en) Christopher Flood, « The politics of counter-memory on the French extreme right », dans Journal of European Studies, n°35 (2), p. 221–236.
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