- Narcisse (mythologie)
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Dans la mythologie grecque, Narcisse (en grec ancien Νάρκισσος / Nárkissos) est un chasseur originaire de Thespies en Béotie. Il est le fils du dieu fleuve Céphise et de la nymphe Liriope. Son nom semble lié au grec ancien narkê : sommeil.
Sommaire
Sources historiques et épigraphiques
L'histoire la plus détaillée est rapportée dans le Livre III des Métamorphoses d'Ovide. C'est cette version qui est la référence de la majorité des écrivains et artistes par la suite. Ovide s'est inspiré d'auteurs grecs de l'époque alexandrine comme le poète Parthénios de Nicée auquel on attribue une version de Narcisse composée vers 50 av. J.-C. (version redécouverte dans les papyri d'Oxyrhynque à Oxford en 2004[1]), cette version se terminant, à la différence de l'auteur latin, par le suicide du chasseur. Une version contemporaine d'Ovide est due au grammairien grec Conon dont l’œuvre non conservée est résumée dans la Bibliothèque de Photios au IXe siècle. Une version rationalisante paraît dans un court récit du géographe grec Pausanias le Périégète dans le livre IX sur la Béotie de Description de la Grèce au IIe siècle : Narcisse y est amoureux de sa sœur jumelle, morte trop tôt. Pausanias suggère que le mythe provient déjà d'une longue tradition orale. Cette tradition est attestée par la fleur narcisse qui a donné son nom au chasseur grec et dont le nom existe bien avant les récits du héros homonyme à l'époque alexandrine[2].
Ovide place le mythe de Narcisse dans un cycle épique autour de la cité de Thèbes aux côtés d'Œdipe dont la figure manque chez l'auteur latin. Certains chercheurs pensent qu'il s'agit d'un choix délibéré d'Ovide qui, au lieu de reprendre les traditions orales thébaines sur Œdipe, a substitué Narcisse au personnage œdipien. Narcisse a un succès immédiat dans les arts figuratifs romains, notamment dans de nombreuses fresques pompéiennes[3].
L'érudit en matière d'Antiquité grecque Denis Knoeplfer, en faisant des recherches épigraphiques, a retrouvé deux inscriptions sur un culte possible de Narcisse (la plus ancienne date du IIIe siècle av. J.-C.) remontant vraisemblablement « à l’âge du bronze finissant ». Il émet l'hypothèse que Narcisse est originaire non de la Béotie mais de la tribu Narkittis[4] dans l'île d'Eubée. Le géographe grec Strabon[5] mentionne dans la région d’Oropos le mnêma, tombeau de Narcisse l'Erétrien, appelé aussi le Silencieux ou le Silenciaire. L'helléniste Denis Knoeplfer date ce tombeau aux alentours de -600, date à laquelle Oropos était une possession d'Erétrie. Enfin le Pseudo-Probus, dans un commentaire des Bucoliques de Virgile, précise que Narcisse est le fils d’Amarynthus[6], « veneur d’Artémis ... qui fut un Erétrien originaire de l’île d’Eubée ». Le culte de Narcisse, chasseur de l'entourage d'Artémis, serait ainsi né en Eubée à l'époque archaïque, aurait transféré par Oropos pour s'établir à Thespies, cité rivale de Thèbes proche du mont Hélicon, lieu de retraite des Muses qui inspira de monbreux poètes grecs. Le mythe, à l'instar de l'enseignement d'Apollon à Hyacinthe, serait ainsi la formation du jeune éphèbe Narcisse par Artémis à devenir un citoyen accompli[3].
Mythe
À sa naissance, le devin Tirésias, à qui l'on demande si l'enfant atteindrait une longue vieillesse, répond : « Il l'atteindra s'il ne se connaît pas. » Il se révèle être, en grandissant, d'une beauté exceptionnelle mais d'un caractère très fier : il repousse de nombreux autres prétendants et prétendantes, amoureux de lui, dont la nymphe Écho, qui lui jette une malédiction : un jour qu'il s'abreuve à une source, il voit son reflet dans l'eau et en tombe amoureux. Il reste alors de longs jours à se contempler et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Il finit par dépérir puis mourir d'une passion qu'il ne peut assouvir, et est pleuré par ses sœurs les naïades. À l'endroit où l'on retire son corps, on découvre des fleurs blanches : ce sont les fleurs qui aujourd'hui portent le nom de narcisses.
L'histoire de Narcisse est passée dans le langage courant ; en effet, on dit d'une personne qui s'aime à outrance qu'elle est narcissique.
Autres versions
Narcisse était originaire de Thespies en Béotie, cité située entre Thèbes et le mont Hélicon ; il était le fils de la nymphe Liriope. Le devin Tirésias dit à Liriopé : « Narcisse vivra très vieux à condition qu'il ne se voie jamais. » Narcisse fut l'objet de l'ardente passion de très nombreuses jeunes gens et nymphes, mais il restait insensible à leur amour.
Parmi ses amoureuses se trouvait la nymphe Écho qu'il repoussa brutalement. Elle passa le restant de sa vie dans des vallons, se laissant dépérir, au point que ne subsista que sa voix qui répétait le dernier mot d'une phrase. Un autre jour, Narcisse envoya à Aminias, le plus fidèle de ses soupirants, une épée avec laquelle il se tua de désespoir devant sa porte. Artémis l'entendit : elle lui fit voir son reflet dans l'eau claire d'une source, et il tomba amoureux de sa propre image reflétée dans l'eau. Devant cette passion désespérée il préféra se suicider.
Selon une autre légende, il avait une sœur qui lui ressemblait beaucoup et dont il tomba éperdument amoureux ; quand la jeune fille mourut, il se rendit tous les jours près d'une source pour y retrouver son image en se mirant dans l'eau limpide. Depuis ce jour il tomba amoureux de lui même.
Écho, bien qu'elle n'eût pas pardonné à Narcisse, souffrait avec lui ; elle répéta, en écho à sa voix : « Hélas ! Hélas ! » comme il se plongeait un poignard dans la poitrine. Son sang s'écoula dans la terre et ainsi naquit un narcisse blanc à corolle rouge.
Une autre version, veut que amoureux de son image, Narcisse aimait la contempler sur le reflet de l'eau, et qu'un jour en voulant embrasser sa propre image reflétée par l'eau, il se noya. Des fleurs blanches seraient apparues à l'endroit de sa disparition, les Narcisses.
Influence sur la culture
Des anthroponymes de Narcisse (Narkissos, Narcissus) apparaissent dès la fin du Ier siècle av. J.-C.. Une statuette de Tanagra du IIIe siècle av. J.-C. est parfois interprétée comme un Narcisse. Le mythe inspire des auteurs médiévaux comme Boccace ou Maximus Planudes[3].
Évocations artistiques
- Narcisse, n° 5 des Six métamorphoses d'après Ovide pour hautbois seul de Benjamin Britten (1951)
Notes et références
- (en) David Keys, « Ancient manuscript sheds new light on an enduring myth », dans BBC History Magazine, vol. 5, no 5, mai 2004, p. 9 [texte intégral]
- Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes?, Seuil, 1983, p.108
- Denis Knoeplfer, La patrie de Narcisse, un héros mythique enraciné dans le sol et dans l'histoire d'une cité grecque, éd. O. Jacob , 2010
- Variante dialectale du grec continental Narkissos, elle est une des 6 tribus qui constituent les phulai, subdivisions du corps civique.
- Géographie livre 9 chapitre II : la Boétie Strabon,
- Héros éponyme du sanctuaire d'Artémis à Amarynthos (toponyme préhéllenique déjà attesté à l'époque mycénienne)
Voir aussi
Sources
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CCLXXI).
- Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (XLVIII).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 339-510).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (IX, 31, 7).
Articles connexes
- La nymphe Écho
- Le genre botanique des narcisses, Narcissus
- Le narcissisme
- La Cantate du Narcisse de Germaine Tailleferre
- Dansa di Narcis poème en frioulan de Pier Paolo Pasolini
Liens externes
Catégories :- Progéniture divine dans la mythologie grecque
- Métamorphose dans la mythologie grecque
- Homosexualité dans la mythologie grecque
- Mythologie et sexualité
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