- Musée de l'immigration
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Cité nationale de l'histoire de l'immigration
La Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) est un musée de l'immigration français aménagé dans le Palais de la Porte Dorée à l'est de Paris et ouvert au public en 2007.
L'attention a depuis longtemps été attirée sur le fait qu'il n'existait aucun lieu de ce type en France, à l'inverse, par exemple, des États-unis (Ellis Island) [1].
Sommaire
Histoire du projet
C'est en 1990 qu'une Association pour un musée de l'immigration est créée par un comité d'historiens comme Gérard Noiriel et Pierre Milza. Un rapport est remis au gouvernement en 1991 mais la gauche alors au pouvoir juge le projet prématuré.
En 1998, le journaliste Philippe Bernard et Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, tentent de relancer ce projet en s'adressant à Lionel Jospin alors premier ministre. Un nouveau rapport est demandé à Rémy Schwartz, maître des requêtes au Conseil d'État et à Driss El Yazami, délégué général de Génériques et vice-président de la Ligue des droits de l'homme. Le rapport conclut que la demande est forte et préconise d'agir mais il restera sans suite.
Après sa réélection en 2002, Jacques Chirac exprime de souhait de voir reconnu l'apport des immigrés à la construction de la France. Le comité interministériel à l'intégration (CII) réuni en avril 2003 par Jean-Pierre Raffarin décide de la création d'une mission de préfiguration d'un « centre de ressources et de mémoire de l'immigration ». Il confie la présidence de cette mission à Jacques Toubon et organise celle-ci autour des moyens de l'ADRI, agence pour le développement des relations interculturelles, sous la direction de Luc Gruson. Pour préparer la création de ce Centre, la mission s'entoure d'un comité scientifique, dont le secrétariat est assuré par Philippe Dewitte, d'un comité technique et d'un forum d'associations.
Le rapport qui sera remis en avril 2004 est le résultat d'une démarche participative qui a associé plus de trois cents personnes. L'objectif n'est pas de faire une étude de faisabilité de plus, mais de donner au Gouvernement tous les éléments du projet, y compris techniques et financiers.
La validation des orientations de ce rapport, y compris la création d'un musée national et le choix du Palais de la Porte Dorée, conduisent Jean-Pierre Raffarin a annoncer officiellement la création de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration le 8 juillet 2004.
Dans son discours, le Premier Ministre annonce en effet que l'institution sera hébergée dans « un lieu emblématique, central et prestigieux », le Palais de la Porte Dorée, et dévoile, en s’appuyant sur le rapport remis par Jacques Toubon, un projet ambitieux de musée largement ouvert au grand public et aux scolaires, conçu comme un point de repère national, un réseau d’acteurs, un lieu fédérateur d’initiatives déjà existantes, une vitrine de la culture vivante de l’immigration aujourd’hui. C’est également à cette occasion que le projet est baptisé « Cité nationale de l’histoire de l’immigration ».
La Cité sera tout d'abord créée sous la forme d'un groupement d'intérêt public de préfiguration, dont la constitution effective est réalisée en moins de six mois. Ce GIP est dirigé par Luc Gruson et présidé par Jacques Toubon. Entre 2005 et fin 2006, le GIP met en place le projet scientifique et culturel de l'établissement, prépare la programmation culturelle, le programme architectural et les statuts du futur établissement public.
L'établissement public de la Porte dorée, cité nationale de l'histoire de l'immigration est créé le 1er janvier 2007. Il reprend les droits et obligations de l'ancien GIP.
Le 18 mai 2007, huit universitaires membres des instances de la Cité de l'immigration (Patrick Weil, Gérard Noiriel, Nancy Green, Patrick Simon, Vincent Viet, Marie-Christine Volovitch-Tavarès, Marie-Claude Blanc-Chaléard, Geneviève Dreyfus-Armand) présentent leur démission à la suite de la création par Nicolas Sarkozy d'un ministère associant la question de l'immigration et de l'identité nationale, s'inscrivant selon eux dans « la trame d'un discours stigmatisant l'immigration et dans la tradition d'un nationalisme fondé sur la méfiance et l'hostilité aux étrangers dans les moments de crise »[2],[3].
Le 10 octobre 2007, lors de l'inauguration de cette nouvelle cité qui consacre l'apport de l'immigration à l'histoire de la France, le Président de la République, qui le 17 septembre avait inauguré la Cité de l'architecture et du patrimoine, souhaitant « remettre l'architecture au cœur de nos choix politiques », était absent tout comme le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Brice Hortefeux[4]. Seule la ministre de la Culture, Christine Albanel, se rendit sur les lieux, à 19 heures.
Le site du musée
Article détaillé : Palais de la Porte Dorée.C'est le Palais de la Porte Dorée, construit à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale de 1931 par Albert Laprade, qui abrite le CNHI sur ses 16 000 m2.
L'aménagement architectural a été confié à Patrick Bouchain.
Les présentations permanentes comportent 1 250 m2. Par ailleurs il est prévu un espace pour des ateliers pédagogiques comportant 450 m2.
On y trouve également un auditorium, une médiathèque ainsi que le fameux aquarium tropical qui date de la création du bâtiment.
L'aménagement respecte la construction initiale puisque l'extérieur est classé et l'intérieur est inscrit à l'inventaire supplémentaire.
L'architecte en chef des monuments historiques, Jean-François Lagneau, a procédé à une réfection des toitures et des façades.
Le projet muséal
L'organisation muséale est confiée à Hélène Lafont-Couturier, ex-responsable du Musée d'Aquitaine à Bordeaux. Elle veut proposer une exposition évolutive destinée au grand public avec des révisions tous les dix-huit mois.
Il s'agira de présenter trois thématiques principales :
- l'immigré ;
- la France en tant que terre d'immigration ;
- l'identité française telle qu'elle est façonnée par la diversité.
La rénovation et modification est une dépense de 20 millions d'euros. Son budget annuel de fonctionnement est de 7 millions d'euros.
Expositions
Des expositions temporaires accompagnées de conférences et de cycles de films sont organisées à la CNHI, telles que Reconstruire la nation. Les réfugiés arméniens au Proche-Orient et en France. 1917-1945 (16 octobre 2007-11 janvier 2008) ou 1931, les étrangers au temps de l'Exposition coloniale (6 mai-7 septembre 2008).
Notes & références
- ↑ Gérard Noiriel, Le creuset français, Paris, Editions du Seuil, 1988 — Tandis qu'aux États-Unis Ellis Island avait été transformée en musée, le centre de transit de Toul, en France, avait par exemple été rasé.
- ↑ « Identité nationale : 8 universitaires démissionnent », Le Nouvel Observateur, 18 mai 2007 (article en ligne)
- ↑ « Ministère de l'immigration: première crise, premières démissions », Libération, 18 mai 2007 (article en ligne)
- ↑ Dépêche AFP du 10 octobre 2007
Voir aussi
Bibliographie
- Marie-Claude Blanc Chaléard, « Une Cité nationale pour l’histoire de l’immigration : genèses, enjeux, obstacles », Vingtième Siècle. Revue d’histoire (ISSN 0294-1759), no 92, octobre 2006 (ISBN 2-7246-3033-5) [présentation en ligne]
- Maureen Murphy, Un palais pour une cité. Du musée des Colonies à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Réunion des musées nationaux, Paris, 2007, 64 p. (ISBN 978-2-7118-5452-3)
- « La Cité nationale de l’histoire de l’immigration : une collection en devenir », Hommes & Migrations (ISSN 1142-852X), no 1267, mai-juin 2007, p. 6-137 [présentation en ligne]
- « La Cité nationale de l’histoire de l’immigration : quels publics ? », Hommes & Migrations (ISSN 1142-852X), numéro hors-série, octobre 2007, 137 p.
- « Le patrimoine culturel des migrants », Museum international, édition française (ISSN 1020-2226), no 233-234, mai 2007, p. 4-163 [présentation en ligne]
- Luc Gruson, « Peut-on réconcilier diversité culturelle et cohésion nationale ? Le cas de la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration » (Communication pour le séminaire « la France et ses autres, nouveaux musées, nouvelles identités», 1er et 2 juin 2006) – article paru dans le N° 3 des « cahiers parisiens », The University of Chicago Center in Paris, Maison René Ginouvès, UP X Nanterre.
- Luc Gruson, « La culture et les immigrés, 30 ans de « relations interculturelles » en France, depuis la création de l’Agence pour le développement des relations interculturelles (ADRI) jusqu’à l’ouverture en 2007 à Paris de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration », contribution pour le colloque de clôture de l’année européenne du dialogue interculturel (Centre Pompidou, octobre 2008, actes à paraître en 2009).
Liens externes
- Site de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration
- Présentation du musée par Luc Gruson, dans le cadre d'un colloque à l'université de Poitiers, en 2006
- Upolin, site des universitaires ayant démissionné de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration
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