- Musiques de la Jamaïque
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Musique jamaïcaine
Sommaire
Quand on évoque la musique jamaïcaine, le nom de reggae apparaît presque comme une métonymie. Mais aborder ce seul genre ne permet de parcourir tout l'horizon des formes musicales qui ont vu le jour en Jamaïque.
L'ethnomusicologie ou la sociologie de la musique ont trouvé dans l'île un terrain d'étude privilégié. Si le contexte caraïbéen et le temps long a eu une influence majeure sur les musiques populaires qui ont vu le jour dans l'île, l'histoire propre de la Jamaïque et de son peuple ont joué un rôle primordial dans le développement de formes musicales d'une grande variété.
Si les expressions musicales jamaïcaines connaissent une grande spécificité, elles sont aussi, comme le rappelle Isabelle Leymarie, membres à part entière de la famille des musiques caribéennes. Familiarité des rythmes, des thèmes mais aussi et surtout, histoire et héritages partagées comme peut l'être l'esclavage et l'arrière-plan colonial. Ainsi, les musiques jamaïcaines sont marquées par une apparente dualité entre les musiques du colon et les musiques des esclaves. Cependant, dans les premiers temps de la colonisation européenne, une relative communauté de rythmes entre Africains et Européens semble avoir existé.
Dub poetry
Musique sacrée et rituelle
Musique populaire
Mento
Le mento est la musique jamaïcaine jusqu'aux années 1950, dérivée du calypso de l'île de la Trinité avec un rythme swing en plus. Il a précédé le ska et le reggae, apparus avec l'industrialisation. D'origine rurale, le mento emploie traditionnellement instruments comme le banjo, la guitare, la contrebasse, les maracas, des percussions, mais également la rhumba box (dérivée de la marimbula) ou thumb piano, le violon, le piano ou le saxophone bambou. Les thèmes fréquemment abordés par le mento sont les critiques de la vie sociale et politique, des textes mélancoliques liés au déracinement culturel et humain, des adaptations de "Worksongs", et des textes à connotations licencieuses. Les voix féminines ont souvent un rôle important dans le mento. Par exemple Count Owen ou The Folkes Brothers.
Ska
Le ska - genre musical désigné par l'onomatopée qui le caractérise - fut porteur des espoirs et des doutes de la communauté jamaïcaine au sortir de la période coloniale, période de la prise du pouvoir par le Jamaica Labour Party. Mélange de mento ainsi que d'autres formes musicales locales, de jazz américain et de rythm and blues, le ska apparaît de prime abord comme une forme musicale joyeuse et enthousiaste. Mais une écoute attentive de ses pulsations polyrythmiques révèle qu'il est aussi porteur de la colère sourde des quartiers ouest de Kingston, où règne le chômage chronique et violence de gangs et des groupes politiques rivaux. Ainsi, on y trouve des messages protestataires ou les messages traditionnels des chants populaires proches du calypso.
Sound system
En Jamaïque, un sound system est une sorte de concert ou soirée itinérante extrêmement populaire. Le sound system peut-être considéré comme une sorte de discothèque ambulante. La scène des sound system est généralement considérée comme une part importante de l'histoire culturelle jamaïcaine et est à l'origine du ska et du dub. Le maître du sound system est le disc jockey, la grande gueule : un des premier à avoir enflammé la Jamaïque avait pour nom King Stitt, qui, avant U Roy et Big Youth, ne disait aucun texte mais criait et admonestait l'assistance. La plupart des gens, analphabètes, ne lisant pas les journaux, le sound system était un bon médium d'information sociale, les DJs abordant souvent des thèmes d'actualité.
Rocksteady et early reggae
Le Rocksteady est le résultat de la transformation du ska, rythme à quatre temps, en tempo binaire, plus lent, avec un peu moins de cuivres, mais plus de claviers et de chant. C'est une musique entre ska, soul nord-américaine et rythm'n'blues, diffusée par les radios des États-Unis. La contrebasse est souvent remplacée par la basse électrique et le temps fort est marqué sur le troisième temps. On trouve surtout des trios de rocksteady chantant des chansons d'amour (The Heptones). Il représente surtout une transition entre le ska et le reggae auquel il ouvre la voie en 1968.
Reggae explosion
Roots
Le Roots rock reggae est un genre de reggae par opposition au dancehall.
Raggamuffin
Le Ragga, abréviation de Raggamuffin : (« rag » = hardes, « muff » = empoté, bon à rien), est un genre musical issu du mouvement dancehall reggae et apparu en Jamaïque à la fin des années 1980, caractérisé par une diction répétitive rappelant les toasters. En argot jamaïcain, un petit « glandeur » et, par extension, un style de vie marginal, une façon d'être et de se comporter : un débrouillard qui galère mais qui restera honnête jusqu'au bout et fera tout pour s'en sortir sans jamais trahir personne. Ce terme désigne donc à la fois une catégorie d'individu et un genre musical. Les « raggamuffin » jamaïcains autoproduisent leurs disques où ils commentent l'actualité, et les vendent de ville en ville. La foule se rassemble autour du sound system, la sono où le DJ s'exprime sur la musique du disque proposé à la vente, dans une diction qui peut parfois être ultra-rapide. Le ragga comprend deux sous-catégories complémentaires : le slackness, aux textes paillards, voir sexistes, et le lover, plus romantique et pacifique.
Dancehall, digital et hip-hop
Le dancehall reggae est originairement jamaïcain, découlant directement du reggae et qui tire son nom du Dancehall (la salle de danse ou salle de bal, en français) qui désigne le lieu où l'on danse à l'intérieur comme à l'extérieur. Il est né en Jamaïque au tout début des années 80 et s'est rapidement propagé dans les Antilles avant d'atteindre le reste des pays francophones. Le style dancehall n'est pas précisément définissable. D'origine, il s'agit de toute musique jouée dans un espace clos. Ce terme désigne plutôt une connotation de groupe, d'ambiance, de rassemblement. Ainsi, le dancehall peut aussi bien sonner digital que roots. Vers la fin des années 1990, il a été associé à un style qui s'est développé sur la base de la musique indienne (voir le riddim bam-bam créé par Sly & Robbie) et du Hip-Hop. La grande révolution du dancehall moderne est l'arrivée des machines numériques sur l'île vers 1984/85. De nombreux compositeurs se sont mis à la composition audio-numérique (voir le riddim Sleng Teng de King Jammy).
Le digital est un style de musique proche du ragga, très en vogue durant les années 90.
Le mouvement Hip-hop est souvent appelé tout entier rap, ce qui est là aussi un raccourci, dans le mesure où ce terme ne s'applique qu'à la parole, scandée de façon rapide et saccadée, propre au MCing. La musique hip-hop peut en effet revêtir plusieurs formes : ou bien se limiter aux seuls beats du DJ (Disc jockey), auquel cas le terme de rap ne convient pas, ou bien se limiter aux seules rimes du MC (Maître de cérémonie), alors on peut parler de rap ou de slam, ou bien encore - et c'est certes le cas le plus fréquent - associer un DJ voire un beatboxer et un ou plusieurs MC, alors on utilisera indifférement le nom de « hip-hop » (c'est-à-dire expression musicale du hip-hop) ou « rap ».
Jazz jamaicain et autres rencontres
Bibliographie et sources
Bibliographie
- Edelyn Dorismond, « La musique caribéenne : esquisse d'une intuition sur la « sensibilité caribéenne » », dans La Caraïbe entre histoire et politique, L'Harmattan, 2006.
- Isabelle Leymarie, Du Tango au reggae - Musiques noires d'Amerique latine et des Caraïbes, Flammarion , 1989
- (en) Lloyd Bradley, This is Reggae Music - The Story of Jamaica’s Music, New York, Grove Press, 2000.
A lire aussi:
- Jérémie Kroubo Dagnini, Les origines du reggae: retour aux sources. Mento, ska, rocksteady, early reggae, L'Harmattan, coll. Univers musical, 2008 (ISBN 978-2-296-06252-8)
Discographie sélective
- Bongo, Backra, and Coolie : Jamaican Roots, vol. 1 and 2. Smithsonian/Folkways.
- Drums of Defiance : Jamaican Maroon Music From the Earliest Free Black Communities of Jamaica. Smithsonian/Folkways.
Documentation externe
- Kenneth Bilby, Musique des Nations africaines en Jamaïque
- L'Alliance globale pour la diversité culturelle de l'UNESCO : « Développement d’une stratégie nationale pour l’industrie de la musique en Jamaïque »
- « Musiques marronnes de la Jamaïques » LAMECA - Médiathèque Caraïbe Bettino Lara
- Neely, Daniel (2001). "Long Time Gal! Mento is Back!". The Beat, décembre 2001, vol. 20, no. 6: 38-42
- L'actualité quotidienne du ragga dancehall, ainsi qu'interviewes et reportages vidéos mais aussi une base de données francophone répertoriant plus de 600 artistes et 2000 albums.
- Les origines du ska par Jérémie Kroubo pour reggae.fr
Notes et références
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