Mur de l'atlantique

Mur de l'atlantique

Mur de l'Atlantique

Mur de l'Atlantique.
Batterie Lindemann en France
Rommel menant une inspection du mur
Défense sur les côtes de Gironde
Construction du mur en 1943.
Pose de poteaux anti-débarquement sur une plage.

Le mur de l'Atlantique (Atlantikwall en allemand) était un système extensif de fortifications côtières, construit par le IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale le long de la côte occidentale de l'Europe et destiné à empêcher une invasion par les Alliés du continent depuis la Grande-Bretagne.

Ces fortifications s'étendaient de la frontière hispano-française jusqu'au nord de la Norvège (Festung Norwegen) mais étaient plus renforcées sur les côtes françaises, belges et néerlandaises de la Manche et de la mer du Nord.

Sommaire

Historique

Fin 1942-début 1943, le commandement allemand commence à prendre en compte le risque d'un débarquement des troupes alliées dans le nord-ouest de l'Europe, risque qui devient une quasi-certitude au début de 1944. Le 23 mars 1943, la directive n° 40 du Führer demanda officiellement la construction du mur de l'Atlantique. Déjà après le raid britannique sur le port de Saint-Nazaire le 13 avril 1942, Hitler ordonna que les bases navales et sous-marines soient lourdement défendues. Les fortifications restèrent concentrées autour des ports jusqu'à fin 1943 à partir de laquelle elles furent étendues au reste de la côte

L'organisation Todt qui avait déjà créée la ligne Siegfried le long de la frontière franco-allemande, fut responsable de la supervision de sa construction et la conception de ses principales fortifications. Des milliers de travailleurs forcés furent employés pour construire ce mur le long des côtes néerlandaise, belge et française de la mer du Nord et de la Manche ainsi que dans les îles Anglo-Normandes.

En décembre 1943, le maréchal Erwin Rommel se vit confier par Hitler une mission d’inspection du mur de l’Atlantique. En janvier 1944 il est nommé commandant du groupe d'armées B en charge de la défense du nord-ouest de l'Europe des Pays-Bas jusqu'à la Loire, la zone la plus probable pour le débarquement allié. La stratégie de Rommel visait à repousser le débarquement sur les plages. Le maréchal Gerd von Rundstedt en revanche était plus adepte d'un système de défense mobile : des troupes armées et blindées en retrait dans les terres qui livreraient combat après le débarquement. Selon lui, les Alliés ne pourraient combattre longtemps sans disposer d'un port. Mais Hitler donna raison au maréchal Rommel.

Rommel estima que les défenses côtières telles qu'il les trouva étaient inadaptées et insuffisantes. Il ordonna immédiatement leur renforcement. Sous sa direction, une ligne d'emplacement de tir abrité en béton renforcé le long des plages fut construite, et quelquefois plus à l'intérieur, pour abriter des mitrailleuses, des armes anti-chars et de l'artillerie légère. Des champs de mines et des obstacles anti-chars furent posés sur les plages elle-mêmes et des obstacles sous-marins ainsi que des mines posées juste à la limite de marée. Le but était de détruire les péniches de débarquement avant qu'elles aient pu débarquer leurs hommes ou véhicules.

Au moment du débarquement, les Allemands avaient posé plus de 6 millions de mines dans le nord de la France. Plus d'emplacements de tir et de champs de mines s'étendaient à l'intérieur des terres, derrière la côte et les routes menant aux plages. Dans les terrains susceptibles de voir atterrir planeurs ou parachutistes alliés, les Allemands plantèrent des poteaux pointus que les troupes appelèrent les Rommelspargel , les "aspeges de Rommel" et les abords bas des rivières et les zones d'estuaire furent inondées de manière permanente.

Mais malgré les efforts de Rommel et s'il avait "colmaté" les principales brèches, le mur de l'Atlantique n'offrait pas la profondeur que le maréchal allemand aurait souhaité et la seconde ligne defensive, plus en arrière du rivage était très incomplète, faute de temps et de moyens[1].

Les Alliés attaqueront les défenses du mur de l'Atlantique lors du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie sur les cinq plages différentes. Ils avaient alors fait le choix de débarquer loin d'un port, ces derniers étant trop solidement défendus, retenant l'expérience du débarquement de Dieppe de 1942. À l'exception d'Omaha Beach et de quelques batteries plus à l'intérieur des terres, les défenses côtières allemandes ne résisteront guère plus d'une heure au débarquement des troupes alliées.

Mais les Alliés seront encore confrontés aux défenses du mur de l'Atlantique lors de la prise de Cherbourg courant juin 1944, du Havre début septembre 1944 ainsi que lors de la bataille de l'Escaut en novembre 1944 pour libérer les accès maritimes du port d'Anvers. La sanglante et longue bataille de Brest entre juillet et septembre 1944 poussa les Alliés à ne pas s'attaquer aux autres forteresses des ports bretons dans lequel l'armée allemande s'était retranchée (Saint-Nazaire, Lorient, Brest) sauf Saint-Malo (libérée en août 1944), ni aux îles Anglo-normandes et qui ne seront libérées que le 9 mai 1945, lendemain de la capitulation allemande.

Composition

Il était composé surtout de batteries d'artillerie côtières, de postes de direction de tir, de bunkers, de nids de mitrailleuses, de tobrouk, parfois de tourelles de chars servant de tourelle d'artillerie, de stations radars de surveillance et des champs de mines, lesquels pendant 1942-1944 s'étendaient depuis la frontière franco-espagnole jusqu'en Norvège.

Sur certaines plages, des réseaux de poteaux en bois (asperges de Rommel), des fils de fer barbelé, des portes d'étables belges (qui n'étaient que des poteaux en acier assemblés et qui ressemblaient à des portes d'étables), des hérissons tchèques, des plots en bétons venaient compléter le dispositif défensif. Le maréchal Rommel avait une imagination débordante en ce qui concerne les systèmes de défense côtière : lance-flammes intégrés aux blockhaus, chars radio-commandés bardés d'explosifs, fils de fer barbelé reliant des poteaux surmontés de mines, ...

La partie la plus fortifiée et la mieux équipée était celle qui se trouvait dans le Pas-de-Calais car la plus proche en distance de la Grande-Bretagne et le lieu de débarquement supposé le plus probable.

Les troupes utilisées pour défendre les ouvrages étaient de faible valeur combative : souvent ces hommes étaient déclarés inaptes au combat des unités mobiles. On y trouvait également des étrangers enrôlés combattant sous l'uniforme allemand.

Les batteries d'artillerie

Un des canons de 15 cm de la batterie de Longues-sur-Mer en Normandie

Les batteries d'artillerie représentaient la raison d'être du mur. Ce fut autour d'elles que se développèrent les nids de résistance. Il s'agissait généralement d'un canon de marine autour duquel on construisit un bunker (généralement dans cet ordre au vu de la taille imposante des canons). Ces canons avaient une portée de plusieurs dizaines de kilomètres. Certaines batteries lourdes construites dans le Pas-de-Calais pouvaient tirer leurs obus jusque sur le territoire anglais. Le principe d'implantation d'une batterie moyenne (Marine ou armée de terre) est simple. Quatre casemates, orientées par deux ce qui permet d'augmenter l'angle de tir. Un poste de direction de tir, placé à l'avant des casemates (comme à Longues) ou décalé (fort de l'Eve à Saint-Nazaire). Les abris pour munitions sont construits à une distance déterminée (ni trop loin afin de maintenir un approvisionnement rapide, ni trop près à cause des bombardements de la zone). Les capacités de stockage sont en fonction du type des casemates. Enfin les abris pour le personnel servant les pièces d'artillerie, et les abris annexes comme les citernes, puits protégés, groupes électrogènes... Quelques cuves pour canons de DCA ainsi que des ouvrages de défense rapprochée complètent l'ensemble qui est clôturé et protégé par des champs de mines plus ou moins importants.

Les postes de direction de tir

Ces bunkers sur plusieurs niveaux abritaient les instruments électroniques et optiques (télémètres) nécessaires à l'orientation du tir des canons de la batterie.

Les tobrouks

Ces petits bunkers individuels étaient des sortes d'abris ouverts sur l'extérieur dans leur partie supérieure par un trou. Les personnels affectés dans les tobrouks étaient généralement équipés de mitrailleuses MG 34 ou MG 42. Les tobrouks pouvaient également être recouverts d'une cloche d'acier ou d'une tourelle de char du même diamètre. Ils pouvaient recevoir un ensemble de matériels assez variés, mais ce fut la version Vf 58c, pour MG qui sera la plus construite. D'autres pouvaient abriter un mortier de 5 cm ou 8 cm, un lance-flammes, du matériel de transmission optique... La liste des tobrouks est longue, et modifiée en "bauform" afin de clarifier cela. Chaque "bauform" correspond alors à un seul ouvrage. Ainsi pour chaque type de tourelle de char, tant allemands que de prise de guerre, celui-ci a un numéro.

Les bunkers

Différents bunkers abritaient les réserves de munitions, les réserves d'eau, le personnel… Ils étaient tous construits sur la base de plans standardisés dans un souci de gain de temps. Cette méthode s'est toutefois révélée en partie inefficace du fait qu'il fallait adapter les plans au terrain et aux ressources disponibles.

Aujourd'hui

De nombreux bunkers et blockhaus sont encore en place, par exemple près de Scheveningen, la Hague, et en Normandie mais aussi sur toute la côte du Pas-de-Calais. Certains ont été restaurés ou abritent des musées. Sur les côtes sablonneuses de nombreux bunkers, construits sur du sable se sont affaissés avec le temps. Par exemple, sur la côte aquitaine, on peut voir de nombreux blockhaus très endommagés au bord des plages alors qu'ils se trouvaient en haut des dunes. l'exemple le plus célèbre est constitué des blockhaus de la Dune du Pyla près d'Arcachon qui, construit sur la crète de s dunes, ont en 60 ans, descendu de plus de 100 m de haut. Une grande majorité des bunkers se trouvent à l'abandon, très dégradé et corrodé par le vent marin et les intempéries, largement taggués. Il est souvent dangereux de se risquer à y pénétrer.

Bibliographie

  • Remy Desquennes, 1940-1944, l'histoire secrète du mur de l'Atlantique, Éditions des Falaises

Notes et références

  1. Olivier Wieviorka - Histoire du débarquement en Normandie, éd. du Seuil, 2007, p. 192.

Voir aussi

Articles connexes

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