- Antoine de Thomassin de Peinier, comte de Peynier
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Antoine de Thomassin de Peinier
Antoine de Thomassin de Peinier, chevalier puis comte de Peynier, appelé également Louis Antoine, est né le 27 septembre 1731 à Aix-en-Provence [1], et mort le 11 octobre 1809 à Arance [2].
Sommaire
Origine
Il est le fils de Louis de Thomassin de Peinier (1705-1794), marquis de Peynier, intendant de la Martinique (1763-1771 et 1780-1785) et à la Guadeloupe (1775-1780), et d'Anne Dupuy de la Moute (1705-1785).
Carrière militaire
Alors que son frère aîné Jean-Luc (1727-1807), baron de Trets, s'illustre, comme ses ancêtres, en accomplissant une carrière parlementaire à Aix (conseiller au Parlement de Provence en 1746, puis président à mortier en 1748), Antoine de Thomassin de Peynier entre très tôt dans la marine royale. Il n'a que 13 ans lorsqu'il s'engage en 1744, en pleine Guerre de Succession d'Autriche, à laquelle il participe[3].
En 1751, il devient enseigne de vaisseau, puis part en campagne en Méditerranée entre mai et septembre 1752. Durant cette expédition, il est à bord du navire « le Triton », et fait escale à Tripoli, Smyrne, Tunis, et Alger[4]. Lorsque éclate la Guerre de Sept Ans en 1756, Antoine participe à une campagne de quatre ans aux Indes. C'est au cours de celle-ci qu'il devient, en 1757, lieutenant de vaisseau, et est blessé en 1759 ; ayant reçu un « coup de feu à la tête », il gardera des séquelles de cette grave blessure toute sa vie. En 1772, il est nommé capitaine de vaisseau.
Guerre d'Indépendance des États-Unis
En 1778, la France entre dans le conflit qui oppose l'Angleterre à ses treize colonies d'Amérique du Nord. C'est l'occasion pour le Royaume de prendre sa revanche sur cet ennemi séculaire après l'humiliante défaite de 1763, et le Traité de Paris qui avait consacré la perte d'une grande partie du premier empire colonial français, dont la Nouvelle-France. En 1780, à la demande du Marquis de La Fayette, la France envoie 7 000 hommes sous le commandement du lieutenant-général de Rochambeau, avec une escadre de trente-huit navires à la tête de laquelle se trouve l'Amiral de Grasse. Le 19 octobre 1781, l'armée royale française et les troupes américaines, toutes placées sous le commandement de George Washington, remportent une éclatante victoire à Yorktown, en Virginie.
En parallèle, deux opérations navales de grande envergure sont menées dans les Antilles et aux Indes. Alors qu'Antoine de Thomassin prend directement part à la seconde en tant que chef d'escadre sous les ordres du Bailli de Suffren, son père Louis participe à l'organisation logistique de la première dans les Antilles. En 1781, la flotte commandée par l'Amiral d'Estaing prend l'île de Tobago. Louis de Thomassin, alors intendant à la Martinique, y envoie un ordonnateur pour organiser la nouvelle administration de l'île et surtout son approvisionnement, afin de maintenir la présence française dans cette place stratégique qui permet d'établir un contact direct entre les Antilles françaises et les colonies espagnoles du continent, l'Espagne étant alliée à la France contre l'Angleterre.
Dans l'Océan Indien, la flotte française remporte victoire sur victoire. En 1782, Antoine de Thomassin et le Bailli de Suffren sont devant Madras. L'escadre du Comte de Peynier, devenu brigadier des armées navales, échappe à l'anéantissement de justesse mais la ville est prise. L'année suivante, le 20 juin, à bord du « Le Fendant », Antoine de Thomassin livre bataille devant Gondelour, dans le détroit de Ceylan. Cette bataille est une des victoires les plus éclatantes remportées au cours de cette campagne contre la Royal Navy. Malheureusement, les nouvelles de ces victoires arrivent trop tard en métropole. Le Traité de Versailles est signé dès le 3 septembre 1783, consacrant l'indépendance des États-Unis d'Amérique et la victoire de la France sur l'Angleterre. Le Bailli de Suffren est alors rappelé en France, et Thomassin de Peinier garde la commandement de la flotte française dans l'Océan Indien jusqu'en 1786 avec le titre de chef d'escadre[5].
Après la guerre, Antoine de Thomassin se rend aux États-Unis où il est reçu dans l'Ordre de Cincinnati, en temps qu'officier de la marine française ayant participé à la libération des États-Unis ; il reçoit le diplôme de l'Ordre des mains de George Washington.
En 1786, Antoine de Thomassin de Peynier rentre en France. L'année suivante, il obtient le commandement d'une frégate à Brest. C'est également en 1787 qu'il épouse, dans le Béarn, Jeanne Timothée Marthe Angélique d'Arros d'Argelos. Elle lui donnera deux filles, qui seront les dernières représentantes de la famille des Thomassin de Peynier.
Gouvernement de Saint-Domingue
Le 26 juillet 1789, le comte Antoine de Thomassin est nommé gouverneur général de la colonie française de Saint-Domingue, dans les Grandes Antilles.
Il y débarque à la fin du mois d'août, et reste en fonction jusqu'à la fin de l'année 1790. Le contexte politique est alors extrêmement troublé, surtout à partir de 1790.
Les deux cents douze députés de l'Assemblée de Saint-Marc montrent de plus en plus ouvertement leur tendance sécessionniste. Ces députés, qui sont tous des propriétaires blancs, vont jusqu'à ouvrir les ports de la colonies aux étrangers, ce qui va à l'encontre des lois de l'exclusif commercial toujours en vigueur dans le Royaume. En plus de leur tendance prononcée pour l'accession à l'indépendance, les colons blancs de Saint-Domingue sont également archi-esclavagistes. Le comte de Peynier ne marque pas son passage par son action, mais il est animé par son devoir envers l'État, et s'oppose ainsi à l'Assemblée. Dans la nuit du 29 au 30 juillet 1790, il fait disperser les députés. Quatre-vingt cinq d'entre eux quittent l'île à bord du « Léopard », afin de se rendre en France pour plaider leur cause auprès de l'Assemblée constituante. Le 2 novembre 1790, Jean-Paul Marat écrit dans l'Ami du Peuple : « Il est constant que le sieur de Peynier a exercé un despotisme épouvantable, qu'il a employé la violence pour désarmer la garde nationale de Port-au-Prince. […] Il armait contre eux les nègres et les gens de couleurs ».
En France, la perception des évènements de Saint-Domingue n'est que partielle. La majorité des acteurs politiques ne conçoivent pas l'existence d'une assemblée non démocratique. Pourtant c'est bien le cas, l'Assemblée de Saint-Marc est loin d'adhérer aux idéaux révolutionnaires de l'Assemblée constituante[6]. A la fin de l'année 1790, les colons blancs accusent ouvertement le gouverneur Antoine de Thomassin et le colonel Mauduit, commandant de la place de Port-au-Prince, d'être les protecteurs des hommes de couleurs[7].
Usé par tant d'évènements et par sa santé déclinante, le comte de Peynier remet ses fonctions au nouveau gouverneur, Philippe François Rouxel de Blanchelande, et s'embarque pour la France où il arrive au début de l'année 1791. Il doit alors rendre des comptes devant l'Assemblée nationale, laquelle approuve sa conduite durant toute la période où il fut gouverneur[8].
Révolution française
Le 7 octobre 1791, il déclare devant les officiers municipaux de la commune d'Orthez dans le Béarn qu'il avait prêté le serment civique imposé par l'Assemblée nationale, et qu'il l'avait renouvelé devant l'Assemblée de Saint-Marc. Il jure alors « d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir par tout son pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale ».
Au printemps 1792, il accepte un temps de prendre le commandement de la Marine Royale à Brest, mais revient sur sa décision et finit par refuser, sur le conseil du ministre Bertrand-Molleville[9]. Il donne sa démission de toutes les fonctions qu'il occupait encore, après une carrière de quarante-huit ans dans la Marine Royale, et demande le versement d'une pension de 4 300 livres, qu'il n'obtint jamais.
Après la chute de la Monarchie et la proclamation de la République à la fin de l'été 1792, Antoine de Thomassin jure devant l'officier municipal d'Orthez, Dutilh, « d'être fidèle à la Nation et de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir en la défendant ». Enfin, le 1er septembre 1793, il remet la Grand-croix de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, dont il était commandeur. Pourtant, il est emprisonné durant treize mois entre la fin de l'année 1793 et 1794, alors qu'il résidait dans son château d'Orthez. Selon sa déclaration faite au Comité révolutionnaire du district d'Orthez par lettre du 31 pluviôse An III (9 février 1795), cet emprisonnement était simplement le fait des « mesures oppressives et générales ».
En décembre 1794, un mois après la mort de son père Louis, il s'installe à Aix où il espère refaire sa santé. A cette époque, il est en voie de perdre la vue du fait de son ancienne blessure à la tête[10].
Le comte Antoine de Thomassin de Peynier meurt en 1809 à Arance.
Notes
- ↑ Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 5 Mi 1091
- ↑ Mention dans l'acte de mariage de sa fille Louise, le 27 septembre 1815 à Marseille
- ↑ Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 2e série, t. XXX, Pau, 1902, pp. 109-110 & 203-205.
- ↑ Thomassin de Peinier L.-A., Journal de la campagne que j'ay faitte en Levant sur le vaisseau du roy le Triton, manuscrit, 1752, 42 p.
- ↑ Une lettre de 1784 nous apprend que cette année-là, le navire d'Antoine de Thomassin s'est échoué entre Gondelour et Pondichéry à la suite d'une mauvaise manœuvre de l'officier de quart. Dans cette lettre, il précise que sa santé s'est largement détériorée, qu'il en avait fait part à son frère Jean-Luc, alors en résidence à Paris, pour qu'il fasse son possible pour transmettre la nouvelle de son état au commandement de la marine
- ↑ BUTEL (P.). - Histoire des Antilles françaises, XVIIe-XXe siècles. Perrin, Paris, 2002, p. 221
- ↑ LACROIX P. (de), Mémoire pour servir à l'histoire de la révolution de Saint-Domingue, tome I, Paris, 1819, p. 59.
- ↑ BENOT (Y.). - La Révolution française et la fin des colonies. Editions de La Découverte, Paris, 1989, p. 43-57 & 103-131
- ↑ Bertrand-Moleville A. F. (de), Mémoires particuliers, pour servir à l'Histoire de la fin du règne de Louis XVI, Tome I, Paris, 1816, pp. 185-187.
- ↑ Bulletin de la Société des Sciences…, pp. 109-111.
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