Antoine Megret d'Etigny

Antoine Megret d'Etigny

Antoine Mégret d'Étigny

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Antoine Mégret dÉtigny, administrateur français, intendant de la généralité de Gascogne, Béarn et Navarre, à Paris le 23 novembre 1719, mort à Auch le 24 août 1767.

Statue d'Antoine Mégret dÉtigny du sculpteur Gustave Adolphe Désiré Crauk faite en 1889 et située sur la place des thermes à Luchon.

Sommaire

Biographie

La famille dAntoine Mégret dÉtigny est à l'origine roturière, avant d'acquérir une noblesse de robe.

  • Son grand-père Nicolas Mégret était seulement procureur à Saint-Quentin.
  • Son père François-Nicolas, n'était d'abord qu'un simple commis au bureau des postes de Soissons, mais il a spéculé sur le blé pendant la guerre de Succession d'Espagne, ce qui lui a permis de bâtir une fortune qu'il a investie dans la recette des tailles de Soissons, puis dans la recette générale des finances en Auvergne (1714). Il est enfin choisi comme secrétaire du roi, chargé des finances (1719), puis grand audiencier de France. Il acheta enfin les seigneuries dÉtigny et de Sérilly en Bourgogne, en 1718.

La famille constitue ensuite une dynastie de grands commis dÉtat :

  • Le fils aîné, frère dAntoine Mégret dÉtigny fut dabord maître des requêtes en 1722, intendant du commerce en 1733, puis intendant dAuch en 1739-1742, avant de devenir intendant dAlsace. Il mourut brutalement en pleine ascension en 1752, alors quil aurait pu devenir contrôleur général des finances.
  • Une de ses sœurs mourut brutalement également quelques mois seulement après son mariage.
  • Le fils cadet reprit de son père la recette générale dAuvergne.

Antoine Mégret, seigneur dÉtigny, naquit le 29 novembre 1719, à Paris.

Ancien élève des Jésuites, il fut lui aussi maître des requêtes en 1744, et se maria avec Françoise Thomas de Pange, fille aisée dune noblesse de robe, qui lui donna deux fils en 1746 et 1748 et une fille.

Il fut appelé en avril 1751 à l'intendance d'Auch et de Pau, introduisit dans la province qui lui était confiée d'importantes améliorations, malgré l'opposition des Parlements et des villes elles-mêmes (notamment le Parlement de Bordeaux et, dans une moindre mesure, de Toulouse).

Son action sest caractérisée en particulier par lamélioration du médiocre réseau routier de lintendance. Il exploita au mieux les douze journées annuelles de corvées qui étaient dues pour lentretien des routes, sans toutefois hésiter à confier les travaux les plus nécessaires à des entrepreneurs professionnels, aux frais des communautés redevables de la corvée, plutôt quà les distraire de leurs activités agricoles. Il était soucieux de productivité agricole pour éviter les disettes, fréquentes à cette époque. Il ne sest dailleurs pas toujours fait rembourser les nombreuses avances faites sur sa cassette personnelle et qui ont ensuite causé sa ruine.

Il fit aussi beaucoup pour lexploitation des forêts de haute montagne, les voies navigables, les forges, le développement du thermalisme et les carrières de marbre, le développement du commerce et la promotion de foires commerciales.

Il cherchait avant tout à développer la production agricole, en défrichant et en introduisant le maïs ; il se passionna aussi sans grande réussite pour la sériciculture, la création de nouveaux haras ou lamélioration des ovins avec des Mérinos espagnols. Il poussa de son mieux les activités basiques de tuileries ou de minoteries, mais aussi les papeteries, faïenceries, entreprises textiles, tanneries.

DÉtigny fit en général preuve dintégrité et de justice, réellement impartial, mais sachant faire preuve de souplesse pour se concilier les populations sur des points mineurs mais symboliques ; ainsi, par exemple, il accepta les courses de taureaux dans les rues (alors quelles avaient été interdites par le duc de Richelieu). Il prit cependant linitiative de rédiger un ensemble de règlements pour donner un réel statut aux juifs discriminés au pays basque (avant dêtre désavoué par ladministration royale). Catholique fervent, il fut cependant dabord instinctivement hostile aux protestants, avant de sadoucir, et ce pourtant même après la révocation de lédit de Nantes.

DÉtigny était cependant contre les médecins communaux, institution pyrénéenne, quil jugeait une charge inutile, qui, selon lui, ne profitait pas effectivement aux plus nécessiteux. En termes de santé publique, son action fut limitée. Le développement du thermalisme avait plus un but économique que de santé.

De même, il était contre linstruction du peuple, quil pensait anti-productive en risquant de détourner des bras des champs pour les jeter comme des déracinés vers les villes. Pour les mêmes raisons, il nencourageait pas du tout lenseignement du français et trouvait en revanche suffisant de se contenter de faire seulement le catéchisme en gascon.

Il fit embellir plusieurs des villes de son intendance. Il fit exécuter, en grande partie en avançant lui-même les sommes, 200 lieues de routes (800 kilomètres).

Étigny avait la réputation dêtre particulièrement présent dans son intendance, quil parcourait inlassablement à cheval. Plusieurs anecdotes retracent sa présence sur un chantier au petit matin, dans le froid, attendant patiemment ses interlocuteurs en retard, après avoir lui-même chevauché plusieurs heures et avoir assumé dharassantes mondanités la veille au soir.

Dans son action, il a également froissé de nombreux personnages haut placés, qui ont pu lui nuire ensuite, alors quil pouvait à loccasion être sensible à la misère de ses administrés et fréquemment choisir dadoucir leurs sanctions.

Organisation administrative

À partir de 1756, il sappuya à la subdélégation de Pau sur Jean de Sallenave, avocat palois, qui lui avait été peut-être trop chaudement recommandé et quil avait dabord récusé, s'en méfiant. Son prédécesseur l'Intendant Aligre de Bois-Landry (1749-1751) - qui lavait lui-même hérité de son prédécesseur l'intendant Caze de la Bove (1744-1749) - avait dailleurs fini par le renvoyer.

Genain fut donc un premier secrétaire efficace jusquen mars 1763, mais il finit par le remplacer par Sallenave.

Celui-ci assuma de plus en plus de responsabilités et assura même fidèlement lintérim dÉtigny pendant sa période de disgrâce de 1765, puis après sa mort en 1767. Il poursuivit dailleurs sa carrière auprès des intendants dAine (1768-1774) et de la Boullaye (1776-1782).

Le subdélégué dAuch, Jean Baptiste Joseph Daignan, en poste depuis plusieurs décennies à larrivée dÉtigny, fut renvoyé pendant lété 1752 pour une désobéissance, ayant cherché à protéger le fils dun notable. Il fut remplacé par Seissan de Marignan, mais ne donnant pas satisfaction, il fut lui-même remercié en 1762.

Une trentaine de subdélégués, généralement des magistrats, relayaient localement laction de lintendant. Ils étaient exemptés dimpôts et rémunérés au coup par coup par vacations. Ils devaient donc tout à lintendant qui savait leur obtenir des faveurs sils le méritaient. Ils devaient préparer des rapports et sassurer de lavancement des projets, même sils sopposaient parfois aux autres autorités locales. Lintendant néchappa pas lui-même à la haine tenace du parlement de Bordeaux, qui finit par avoir raison de lui.

Avec naïveté, Étigny appuya des remontrances au roi du parlement de Béarn, avec qui il entretenait de bien meilleures relations, comme celui de Toulouse, quavec celui de Bordeaux. Le 27 mai 1765, on le rappela impérativement à Paris. Avec quelques arrestations, lenvoi dun régiment de Beauffremont, lactivité diplomatique dun Sallenave, la situation conflictuelle en Béarn fut rétablie, ce qui permit à dÉtigny de plaider sa justification au Roi et de reprendre ses fonctions. Son retour après un exil forcé avait renforcé son image localement et il bénéficia de nombreuses marques chaleureuses de popularité.

Mais sa santé se délabrait rapidement et il mourut en quelques mois, à l'âge de 47 ans, le 24 août 1767, à Auch.

Sa mémoire sera ensuite saluée aussi bien par les révolutionnaires, le Consulat, lEmpire que la Restauration.

"Je n'ai jamais eu en vue que le service de mon maître et le bien public, et quoique j'ai dérangé trés considérablement ma fortune dans cette province pour les objets qui lui sont utiles, je n'y ai aucun regret, parce que j'ai rempli mon inclination, et que je crois que ma mémoire y sera chérie" (dernière lettre du 12 août 1767) citée sur le monument à Luchon.

Luchon et dÉtigny

En 1759, le baron Antoine Mégret d'Étigny commence par créer à Luchon, une route carrossable, à coups de corvées et d'expropriations. Il est obligé de faire appel à une compagnie de dragons pour tenir la population en respect, peu habituée à un traitement aussi autoritaire.

En 1761, il réorganisera les thermes et leur donnera les bases de leur futur essor.

En 1763, il fait venir prendre les eaux au maréchal, duc de Richelieu, qui reviendra en 1769 avec une grande partie de la cour. La station thermale est lancée ! Il développera également l'exploitation forestière, capitale pour fournir du bois pour la marine et du charbon de bois pour les forges.

On donnera à Luchon son nom à l'allée dÉtigny, principale artère de la ville, et une statue à son effigie y sera élevée en 1889. Elle se trouve toujours placée devant les Thermes.

Une autre statue, plus fidèle à la réalité, se trouve sur les allées dÉtigny à Auch.

Source

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • Henri Pac, Luchon et son passé, Éditions Privat, 1984 (ISBN 2-7089-2385-4)
  • Maurice Bordes, Un grand serviteur de la Gascogne : lintendant dÉtigny (1751-1767), Éditions Cocharaux, Auch 1957 et Fabbro, Montréjeau, 1981
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